Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
La mallette magie 2000…non.
Magicien de génération en génération…non.
Né avec un jeu de cartes dans les mains…non.
Le Cirque…oui !
Un pied dans une petite école de cirque Annecienne fut le point de départ. J’apprends les techniques des arts du cirque et, entre trois passes de jonglerie, un petit tour de magie. La télévision, les vidéos de Mr Bilis, et ma simple curiosité amplifient très vite mon engouement pour cette discipline. De petits tours en petits tours une équipe de cinq copains se forme. Et voilou c’est parti ! Nous montons sur les planches à la découverte du monde du spectacle . . .
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Je continue ma petite histoire. La compagnie s’appelle « Eclats de Cirque ». Pendant pas loin de sept ans nous avons joué des spectacles dans notre Savoie natale. Quelle belle expérience ! L’aventure fut des plus enrichissantes et, mes études scientifiques arrivant à leur terme, je prends la décision de faire de la magie (et du spectacle) mon métier. Pourquoi ? Une longue psychanalyse m’en dira un peu plus sur cette étrange décision. « Etrange » car je n’ai jamais projeté de vivre d’un tel métier et d’être fait pour jouer sous les projecteurs.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-il freiné ?
Aïe, aïe, aïe, si je dois remercier toutes les personnes qui m’ont aidé/influencé je ne suis pas arrivé à la fin de cette réponse.
Pour commencer les copains de la Cie Eclats de Cirque. Les potes du groupe Illusion aussi (vous notez l’originalité du nom donné au groupe ! hi) : Julien Labigne, Philippe Beau, David Coven et Julien Peccoud. Le clan FFAP Grenoblois : Luc Parson, Jo Maldera, Jean-Phlippe Loupi, Bernard Gil, Claude Brun …
Ma petite famille qui m’a toujours bien aidé dans l’élaboration de certains numéros.
Des freins ? Hum… à part quelques soirées close-up bien folkloriques qui peuvent traumatiser à vie de la magie, tout va pour le mieux . . .
Dans quelles conditions travaillez vous ?
Si on occulte quelque « close-up marathons », spectacles en igloo, et soirées avec auditoire anesthésié… dans de bonnes conditions.
Citez un ou deux tours qui vous viennent à l’esprit comme les plus beaux à regarder, puis les plus beaux à pratiquer.
Je laisse parler les souvenirs immédiats :
La cigarette à travers la pièce faite par Rudy Coby sur le plateau d’attention magie. La « pavel » présenté par Topper Martin. Le numéro génial de Franklin. Vito Lupo dans sa prestation en Pierrot. Les routines close-up Fism de Manuel Muerte et Thomas Fraps. Jonathan David Bass et sa vision moderne de l’approche d’un numéro d’oiseaux. L’incontournable Arturo Brachetti. Penn and Teller, si délirant et touchant.
Voilà les dix premiers noms qui me sont venus à l’esprit mais la liste est encore longue.
Plus le temps passe et moins je m’intéresse à la magie pure. J’aime la magie bien sûr, mais surtout le spectacle. Le mélange des genres, voilà ce que j’apprécie de voir et de faire. J’ai un penchant pour la magie qui souligne une thématique, une ambiance, un univers. On parle de cinéma d’auteur, peut-être que la notion de « magie d’auteur » conviendra bien à ce que je recherche.
Un vrai coup de cœur pour les sables de couleurs qui ressortent sec de l’eau. Je ne pratique pas ce tour mais qu’est-ce que j’adore l’effet ; c’est peu commun et très magique.
Côté pratique, dans trois de mes numéros je présente de manière différente la corde qui s’allonge. A croire que je dois vraiment aimer pratiquer cet effet !
Quel conseil. Quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Moi, donner des conseils ! Peut-être après vingt ans de métier mais pour l’heure je ne crois pas en avoir l’expérience suffisante.
Tiens si, j’ai une chose à dire : intéressez vous au spectacle et la création d’une manière générale : la danse, le cirque, le théâtre, le cinéma … l’art contemporain. Le travail technique et les trucs des marchands c’est une chose mais sans un minimum de culture du spectacle, difficile aujourd’hui de monter un spectacle magique dans l’air du temps.
Autre chose, essayez de faire une magie qui correspond à votre personnalité et sensibilité. Nous ne sommes pas tous obligés de nous prendre pour superman et faire apparaître des cartes à jouer avec une attitude killer, non ? Pensez à vos passions, vos goûts et préférences en matière musicale, cinématographique, littéraire… pour les faire ressortir dans vos numéros.
Pour les amateurs de close-up, mettez vos ouvrages théoriques et les 23458542 levées doubles que vous connaissez de côté pendant quelques secondes et allez opérer dans une soirée pour voir à quoi ressemblent du close-up dans de réelles conditions de travail. Vous comprendrez très vite les tours les plus adaptés à ces conditions et la façon dont il convient le mieux de les présenter.
Une dernière chose, on ne fait pas de la magie pour faire des compétitions et uniquement montrer les prouesses de ses petits doigts alors pensez à vous amuser, les gens le ressentiront, c’est empathique.
Quel regard portez vous sur la magie actuelle ?
Oulala !!! vaste programme !
La magie dite moderne pour nous magiciens est trop souvent considérée comme rétro dans le milieu du spectacle vivant. Combien d’amis comédiens ou jongleurs m’ont fait remarquer que le milieu magique était vraiment en retard par rapport à l’évolution de l’Art actuel. Bien d’accord avec cet avis. Maintenant je suis très optimise en voyant la nouvelle génération de magiciens qui arrive. Le concours du dernier congrès FFAP à Strasbourg fut très révélateur : le personnage attachant de Pilou, l’univers complètement décalé de Mikaël Szanyiel, les mouvements chorégraphiés du jeune Dion… on va dans la bonne direction !
Quelle est l’importance de la culture dans l’approche de la magie ?
Quand vous dites « culture » vous parlez de culture générale ou la culture magique ? Telle est ma question à cette question.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Faire de l’escalade avec trois demi dollars empalmé dans chaque main.
Lire des livres et des BD de Marc Antoine Mathieu avec le marque page en tenkaï
Aller au ciné plusieurs fois par mois en faisant des ombres chinoises avec le projecteur pendant la projection de la pub avant le film.
Réaliser quelques courts métrages avec en image subliminale des flashs de la lévitation de l’hôtel de ville de Gagny.
Jouer au squash avec une balle de manip piquée à Norbert Ferré au gala de Genève le 18/11/05.
– Interview réalisée en novembre 2005.
A lire :
– Le compte-rendu du numéro d’ombromagie.
– Le compte rendu de son spectacle Les voyageurs égarés avec Claude Brun.
– Le compte-rendu des Chapeaux blancs.
A voir :
– Le site « ombres et lumières » de l’artiste.
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