Originaire de Columbus, dans l’Ohio, le jeune Thurston avait d’abord envisagé de devenir prêtre. Les premières années de Thurston furent une escapade, il sillonna le pays comme vendeur de journaux, il fut ensuite jockey, groom, et enfin, jeune évangéliste. Mais, un soir, il assista à un spectacle du « Grand » Alexander Herrmann, et il ne put résister à l’appel de la magie.
Début de carrière
Thurston ne débuta pas avec des illusions très importantes, mais avec des manipulations de cartes originales comme l’empalmage arrière (il fut le premier à utiliser et améliorer cette technique inventée par Marck Schantz au milieu des années 1890) ou les cartes boomerang (empruntées à Alexander Herrmann). Il perfectionna également le tour connu de la Carte montante (Rising card) en l’adaptant pour la scène, avec lequel dit-on, il mystifia Adélaïde et Léon Herrmann, la veuve et le neveu de son premier mentor magique.
En novembre 1900, il donna sa première représentation au Palace Theatre de Londres ; il avait un engagement limité que les exigences du public lui firent prolonger de six mois. Thurston se transforma de « Roi des Cartes » en illusionniste de scène. Tout en continuant à se produire dans les théâtres de variétés, il présentait désormais de spectaculaires illusions déguisé en prince indien, ajoutant ainsi une note exotique que les spectateurs d’alors trouvaient particulièrement fascinante.
En 1900, le jeune Thurston pose avec un canard, son père et son nouvel assistant âgé de neuf ans, George White. White prit une telle importance dans le spectacle que Thurston refusait d’entrer en scène avec lui. Jusqu’à la mort du magicien en 1936, White demeura son employé le plus cher et le plus fidèle.
En 1902, Thruston attira l’attention de Tony Pastor qui l’engagea dans son Fourteenth Street Theatre. Il y remporta un tel succès qu’il l’inscrivit pour les tournées Keith et Orpheum.
The fairy fountain.
Thruston présenta rapidement des spectacles dans toute l’Europe, aux rois du Danemark, de Grèce, de Belgique à l’empereur François-Joseph et à Edouard VII. Puis il partit en tournée dans le Pacifique et en Extrême-Orient. C’est vers l’âge de 38 ans, après une tournée mondiale de deux ans et demi, qu’il devient le grand showman qui a fait sa réputation, capable de tenir un spectacle de 3 heures !
Jone, Queen of the air (1905).
Très vite, afin de se distinguer des autres magiciens, Thurston monta un spectacle plus grandiose que tout ce qu’on avait vu auparavant. Là ou d’autres faisaient apparaître par magie une personne dans un coffre, il en faisait apparaître neuf ! Son grand spectacle comprenait des décors peints, une grande distribution et une ménagerie incluant des canards, des oies, des pigeons, des lapins, un âne et un lion.
Le successeur de Kellar
En 1907, après ses tournées spectaculaires en Europe, en Angleterre, dans le Pacifique et en Extrême-Orient, Howard Thurston revint un temps aux Etats-Unis, au moment précis où Harry Kellar décida de se retirer du monde du spectacle. Kellar avait été le magicien le plus marquant des Etats-Unis pendant des décennies, mais sa vue déficiente et un compte en banque substantiel firent qu’il n’éprouva pas le besoin de prolonger davantage sa carrière. Un magicien allemand, Paul Valadon, qui avait voyagé avec Kellar pendant trois ans, était pressenti pour prendre sa place, mais Thurston, entendant parler de la retraite imminente du maître, lui fit une offre et racheta tout son spectacle avec son consentement. Pendant un an, Kellar et Thurston, accompagnés du magicien indien Bella Hassan, firent la tournée « des plus grands magiciens du monde ». Le spectacle s’ouvrait sur un gigantesque livre dont les pages tournées montraient les géants de la magie d’autrefois. A la dernière feuille, arrivait Howard Thurston, leur successeur à tous.
Le 16 mai 1908, sur la scène du Ford’s Theatre à Baltimore (Maryland), Harry Kellar prononça son discours d’adieu, plaçant le « manteau de la magie » sur les épaules de Howard Thurston. Ce qui est une date importante de l’histoire de la magie, a aussi produit une affiche vivante et mythique qui est aujourd’hui une pièce exceptionnelle pour les collectionneurs. L’effet, dramatique de cette passation solennelle est renforcé par l’excellent dessin de Kellar et Thurston. L’un, évidemment, est le professeur notoire et l’autre, le jeune élève qui a l’air de savoir exactement ce qu’il veut. Kellar dit : « Thurston sera le plus grand magicien que le monde ait jamais connu », cette affiche ne laisse pas place au doute et aura valeur de prophétie !
Caricature de Thurston
Cette lithographie en noir et blanc de Thurston fut dessinée par le caricaturiste de Chicago George W. French en 1911, quand le magicien passa au célèbre McVickers Theatre de cette ville. Elle fait partie d’une série de caricatures de Thurston et fut utilisée pour sa publicité. On y voit une lévitation et des animaux sortant de la veste d’un spectateur (deux numéros qui ont duré toute la carrière de Thurston).
La « petite Mrs. Thurston émergeant d’une malle minuscule, nous la voyons sortir. Mais comment y est-elle entrée ? », c’est Beatrice Fleming Foster, la seconde des quatre femmes de Thurston, qui fut mariée à lui jusqu’en 1914. Bien que caricaturée et traitée de façon clownesque, elle apparaît comme une ravissante jeune femme sur une affiche en quatre couleurs du lithographe Strobridge, où Thurston la présente comme « Beatrice Forster, la reine de la magie ».
Troupes
Vers 1923, son spectacle marchait si bien que Thurston monta une troupe itinérante dirigée par un illusionniste d’origine danoise, Harry Jansen, qu’il présentait sous le nom de Dante.
Une seconde troupe eut pour vedette Tampa, « le magicien de la cour d’Angleterre » (Raymond Stanley Sugden). Le frère de Thurston, Harry, échoua dans sa tentative de monter une troisième troupe.
Quand Thurston donna son spectacle à la Maison Blanche, en 1924, il arriva avec vingt-deux assistants, tout un orchestre et un wagon rempli de matériel.
En 1928, la belle-fille de Thurston, Jane, rejoignit sa troupe, partageant la vedette avec lui. La belle adolescente enrichit le spectacle de son beau-père sexagénaire avec du chant, de la danse, de la vitalité et du sex-appeal. Elle était entourée par le reste de la distribution et encadrée par le beau rideau aux flamants réalisé spécialement pour son numéro.
Fin de carrière
Quand la crise prit fin à l’époque des grands spectacles de scène, Thurston écrivit une pièce à demi réussie intitulée The Demo. Il fit alors des tournées avec Publix et la RKO. En 1932, il se produisit à la radio avec une série d’aventures dramatiques.
En 1935, avec une nouvelle jeune femme (sa quatrième femme et de quarante ans sa cadette), Howard Thurston entreprit sa tournée d’adieu. Deux mois plus tard, il eut une attaque et mourut le printemps suivant, à soixante-sept ans. Il avait gagné et perdu plus d’un million de dollars et avait été le plus grand illusionniste des Etats-Unis pendant presque trente ans. Consécration suprême, après celle de Kellar, Thurston est considéré aujourd’hui comme le plus grand magicien de tous les temps.
Le répertoire de Thurston
La réputation de Howard Thurston repose essentiellement sur des illusions comme la dame flottante et l’Asrah, mais aussi le Piano fantôme, la Dame et le Garçon (les personnages principaux changeaient mystérieusement de place dans une caisse et une malle), ou le Triple Mystère (une jeune fille, d’abord matérialisée dans une caisse, était suspendue au-dessus de la scène dans un sarcophage de momie et réapparaissait dans une malle fermée par des cordes, accrochée au-dessus du public). Thurston développa un très grand nombre d’illusions et son répertoire s’enrichissait chaque année.
– Lévitation (1908)
– Avec La dame flottante (1902), le public fut conquis par cette lévitation mais Thurston savait que n’importe quel magicien pouvait acheter les agréments nécessaires pour la réaliser. Ce ne fut qu’en 1908, après qu’il eut hérité de tout l’équipement de Kellar, qu’il présenta le nec plus ultra des lévitations : La princesse Karnac.
Cette fabuleuse lévitation fut au programme de Thurston pendant toute sa carrière, de l’époque où il reprit le spectacle de Kellar jusqu’à la fin en 1935. Il combina les méthodes de John Nevil Maskelyne et de Harry Kellar, avec une Asrah. Fernanda Myro, l’une des principales assistantes de Thurston fut « la femme flottante » de son spectacle pendant de nombreuses années flottait au-dessus de la scène et du public, puis disparaissait comme un nuage qui s’évapore.
« Une belle jeune fille dormait en hypnose, son corps rigide suspendu entre deux assistants, son corps recouvert d’un drap, Thurston lui ordonna de flotter. Les spectateurs, dans un silence respectueux, fixaient des yeux un miracle, tandis que le corps s’élevait et dérivait à travers l’espace, au-dessus de la rampe, de la fosse d’orchestre, et revenait vers la scène. La voix ferme du magicien continuait à donner ses instructions ; alors la jeune fille dessina un tour complet, souleva sa main droite sous le drap, et monta encore plus haut. Le magicien fit un pas en avant, rejeta le drap loin de la silhouette flottante : elle avait disparu ! »
– La dame et le lion (1909)
Cette illusion inventée par Gustave Fasola et présentée jusqu’en 1929 utilisait deux grandes cabines. On les voyait toutes deux vides. La dame entrait dans la cabine à droite de la scène et les rideaux étaient tirés. Ils étaient également fermés dans la cabine à gauche de la scène. Quand on ouvrait la première cabine, on voyait un lion dans une cage. Quand on ouvrait l’autre, on voyait la dame dans une cage de métal suspendue à l’intérieur de la cabine. « Le lion qui remplace la dame dans la cage. Comment ? Nul ne le sait ». Emil Kio, un grand illusionniste de Russie et Doug Henning, dans son « Magic Show » de Broadway ont régulièrement présenté cette illusion dans des versions modernisées avec des méthodes différentes.
– The dancing handkerchief (1910)
Thurston effectuait le célèbre numéro du mouchoir dansant présenté pour la première fois par Nevil Maskelyne en 1888. Un mouchoir noué était placé dans un petit meuble. Il en sortait, bondissait sur la scène et se mettait à « danser ». Le magicien l’avait présenté comme « une nouveauté » et Harry Blackstone en fit un mystère mémorable.
– Tableaux spirites (1911)
Après le succès de l’illusion de Selbit, Thurston intégra les « tableaux spirites » dans son spectacle. Plusieurs toiles blanches étaient présentées au public. Un spectateur suggérait ensuite le nom d’un personnage célèbre dont le portrait apparaissait alors progressivement sur la toile, comme peint par des fantômes.
– The phantom piano (1911)
Un numéro de disparition sensationnel où une pianiste et son piano s’élevaient dans les airs à l’intérieur d’une structure protégée d’un rideau. La musique s’arrêtait, la structure et le rideau retombaient, la femme et le piano avaient disparu.
– Ghosts spirits (1916)
Dans ce numéro, Thurston invoquait notamment le fantôme de Katie King, un esprit avec lequel aurait communiqué la médium anglaise Florence Cook dans les années 1870. Une silhouette spectrale vaporeuse apparaissait alors progressivement derrière lui.
Peaufinant sans cesse son spectacle, Thurston accéléra le rythme de son « armoire spirite ». L’esprit invoqué se matérialisait dans une large sphère dorée qui flottait hors de l’armoire et se promenait sur la scène.
– Les Fontaines d’eau (1919)
Ce fut un des grands finals de Thurston sur une création du magicien japonais Ten Ichi. Le rideau s’ouvrait sur sa troupe habillé de costumes de clown blanc. Thurston commençait par amadouer un petit jet d’eau d’un bol posé sur une table. Ce jet se retrouvait ensuite au bout d’une baguette et était transféré à différents endroits de la scène pour se multiplier et jaillir comme une fontaine des costumes ou des têtes des assistants. Peu à peu, les jets d’eau se multiplièrent jusqu’à remplir la scène d’une douzaine de fontaines mystérieuses. Tenant une demi-coque de noix de coco en main, Thurston en faisait jaillir des litres d’eau. Le numéro se poursuivait avec un grand récipient d’eau, suspendu en coulisse, attaché avec des tubes en caoutchouc, à divers endroits de la scène, à des costumes et des accessoires. Le finale était une fontaine élaborée, au centre de la scène, avec une femme allongée horizontalement en lévitation, au-dessus des jets d’eau et tournant dans les airs avant que le rideau tombe sur elle.
– La femme coupée en deux (1923)
Thurston demanda à Horace Goldin et Harry Jansen (Dante) de l’aider dans la conception et la réalisation de ce tour devenu un mythe.
Thurston invitait des spectateurs sur scène pour inspecter son équipement et contrôler l’ensemble de la procédure. Ils tenaient les mains et les pieds de la femme enfermée dans une boîte. Lorsque la scie atteignait son corps et qu’elle se mettait à hurler, beaucoup de gens prenaient la fuite, pris de panique !
– « Beauty », Le pur-sang arabe (1925)
La saison 1925-1926 du spectacle de Thurston fut marquée par l’introduction d’une nouvelle illusion sensationnelle « Beauty », le cheval arabe de Thurston qui « s’évaporait entre ciel et terre » d’une plate forme suspendue au-dessus de la scène.
Thurston ne fut jamais satisfait de la première version de l’illusion car c’était toujours dangereux de faire monter un cheval sur une petite plate-forme ouverte. La saison suivante, une version améliorée fut au programme. La plate-forme ouverte avait été supprimée et le cheval et le cavalier entraient dans une sorte d’enclos aménagé. Un filet, puis une étoffe blanche sur laquelle était écrit « Regardez, regardez, regardez » descendait devant. L’étoffe blanche dégringolait tandis que l’enclos tombait sur la scène vide. Annoncée comme « une illusion à 50 000 dollars » (en réalité, elle avait coûté à Thurston environ 5000 dollars), elle était décrite en conséquence dans le programme : « Beauty, le magnifique cheval arabe, et son cavalier vont se volatiliser alors qu’ils seront sur une plate-forme volante, entre terre et ciel. La plus grande illusion du monde, il faut une camionnette spéciale pour la transporter. La voici présentée pour la première fois d’une façon totalement différente de la saison dernière. »
– La corde indienne (1927)
La légende du tour de la corde indienne (ou corde hindoue) remonte à la fin du XlVe siècle. Le célèbre voyageur marocain Ibn Batuta le rapporta, il l’avait vu non en Inde, mais en Chine, lors d’un spectacle au Palais d’été du Khan. Pendant des années, des douzaines de magiciens ont offert des récompenses mirobolantes si un magicien d’origine indienne acceptait de le leur montrer. Mais leurs propositions ne furent jamais acceptées. Pourtant, la légende du garçon qui grimpe à une corde magiquement suspendue en l’air, et qui se volatilise, persiste.
Tous les magiciens occidentaux se rendant en Inde cherchaient des fakirs réalisant le fameux tour de « la corde hindoue » sur les marchés. Ils découvrirent tous d’innombrables charmeurs de serpents sans jamais pouvoir assister à l’illusion légendaire pour la bonne raison que ce n’était qu’un mythe ! Ce tour ne fut donc pas importé par un fakir indien mais par un journaliste imaginatif du Chicago Daily Tribune en 1890. En 1927, Thurston intégra un groupe d’authentiques fakirs indiens dans son spectacle. Le cracheur de feu Abdul Abdullah, Mohammed qui réalisait le numéro du panier indien et Chundra, qui, enfermé dans un coffre, était plongé dans un bassin rempli d’eau pendant plus d’une heure. Beaucoup de magiciens en ont intégré diverses versions à leur programme ; à part Thurston, il y eut Nicola, Servais Le Roy, Talma et Bosco, et Blackstone. La version de Thurston fut une de ses illusions les plus coûteuses. On dit qu’il dépensa plus de 10000 dollars pour la mettre au point. La corde hindoue entra au programme de la saison 1927-1928 de Thurston et resta plusieurs années à son répertoire pour sa valeur publicitaire. Il était pourtant très compliqué de le réaliser correctement, et, même quand ça marchait à peu près, ce n’était pas aussi impressionnant que les autres tours du répertoire de Thurston.
– The vanishing Whippet (1928)
Lors de la saison 1928-1929, pour terminer son spectacle, Thurston présentait une automobile remplie de jolies filles qui se volatilisait comme par enchantement. Précurseur du concept du « placement de produit », dans chaque ville où il se produisait, les concessionnaires Willys-Overland fournissaient à Thurston une nouvelle Whippet en échange d’une publicité dans son programme imprimé. Avec cette « Torpédo qui s’évapore », Thurston cherchait à moderniser son spectacle.
Cette illusion reposait sur des accessoires plus imposants, une mise en scène plus élaborée et plus de sex-appeal que tout ce qu’avaient présenté Kellar et Herrmann auparavant. Elle illustre bien la théorie « plus c’est grand, mieux c’est ». Le programme la décrivait comme « l’illusion la plus importante et la plus déconcertante jamais présentée sur une scène. Une véritable automobile et sept jolies filles s’évaporent sur une scène brillamment éclairée (nouveau) ». Ce que le public voyait, c’était un grand écran à deux faces avec des barreaux devant l’automobile qui était un modèle de Torpédo Willys-Over land. Sous le couvert de flashes de lumières ou de fumigènes (Thurston variait les procédés techniques au cours de ses tournées) la Torpédo et les jeunes filles s’évaporaient en un instant. A travers les barreaux, on pouvait voir jusqu’au fond de la scène.
– The Million Dollar Mystery (1929)
Cette illusion reposait sur un nouveau principe de dissimulation optique révolutionnaire inventé par Walter Jeans en 1927 et présenté pour la première fois à Londres, l’année suivante, par Percy Thomas Selbit. Bien qu’extrêmement difficile à présenter, Thurston avait acheté les droits de cette illusion en la faisant construire par Cyril Yettmah, Il pouvait faire apparaître pratiquement n’importe quoi hors d’un petit coffre isolé au milieu de la scène ! Ce tour fut repris avec succès par Carter the Great, Chefalo, Will Rock, Nicola, Blackstone Jr. et Doug Henning dans les années 1970.
– Iasia (1929)
Le nouveau numéro introduit par Thurston dans la saison 1929-1930, fut Iasia : une jeune fille disparaissait d’une cabine suspendue au-dessus de la tête des spectateurs. Il est décrit dans le programme du spectacle ainsi : « Iasia l’inaccessible atteint. L’impossible réalisé. Une femme en chair et en os suspendue au dôme du théâtre et se volatilise au-dessus des têtes des spectateurs. Ou va-t-elle ? Le plus étonnant miracle de l’époque. »
Dans cette illusion, une jeune fille habillée d’une longue robe indienne entrait dans une « cage à prière », en réalité une cabine avec des cloisons ouvertes de quatre côtés, avec une mince paroi comme plafond et comme sol. Pendant qu’on hissait la cage en l’air, la jeune fille oscillait au-dessus de la rampe, et Thurston criait : « Salaam, lasia, balance en avant la vieille cage à prière hindoue. » Alors la jeune fille baissait les rideaux sur les quatre côtés de la cabine et, tandis qu’elle s’élevait lentement au-dessus des têtes des spectateurs, jusqu’en haut du théâtre, elle lançait à Thurston des cartes à travers les fentes des rideaux, en les montrant aux spectateurs du dessous. Quand la cage s’arrêtait, au dessus du dôme du théâtre, Thurston, un pistolet à la main, criait : « Un, sept, lasia, Garawallah, vas-y ! » Au coup de pistolet, les rideaux tombaient et le fond à charnière de la cage s’ouvrait. La jeune fille s’était volatilisée. Le public avait le souffle coupé d’étonnement, tandis que Thurston parlait d’un ton dramatique : « Elle est partie. Les personnes qui sont en haut peuvent voir le dessus de la cage. Celles qui sont en bas peuvent regarder le fond, il est ouvert… Elle est partie… simplement partie… Je suis chaque fois surpris, je me demande où elle est partie, et si elle reviendra jamais… Elle revient toujours le jour de la paye… » Disparaître dans un coffre placé sur scène est une chose, se volatiliser dans un coffre suspendu au-dessus du public en est une autre nettement plus dangereuse et excitante. Le public pouvait voir tous les côtés du coffre mais la femme disparaissait quand même. Cyril Yettmah, le créateur de ce numéro, le qualifia de « la plus grande illusion de la brillante carrière de Thurston. »
– La femme transparente (1930)
Après le succès de la femme sciée vint celui de la femme transparente, inspirée de l’illusion de L’homme sans milieu de P.T. Selbit et inventé par Carl Owen. Thurston utilisait un sarcophage vertical dans lequel entrait son assistante. Cette dernière était découpée en trois morceaux à l’aide de deux grandes lames en métal. La partie centrale de son corps disparaissait et deux autres assistants venaient se placer derrière le sarcophage pour saluer le public.
– La femme transpercée (1932)
Cette version plus simple des illusions de tortures, fut inventée par Edward Massey pour Thurston. Ce dernier enfonçait un tuyau en acier à travers le corps de son assistante jusqu’à ce qu’il ressorte de la structure en bois qui l’entourait. Il versait ensuite du lait à une extrémité et le faisait s’écouler de l’autre côté.
À lire :
- Our life of magic de Howard Thurston et Jane Thurston Shepard (Éditions Phil Temple, 1989)
- The Last Greatest Magician in the World : Howard Thurston Versus Houdini the Battles of the American Wizards de Jim Steinmeyer (Éditions TarcherPerigee, 2012)
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