C’est une tradition : la magie et le théâtre ne se sont jamais bien entendus et Broadway ne déroge pas à la règle. Si des magiciens comme Harry Blackstone et Howard Thurston ont fait du music-hall, le grand Houdini, joua à Broadway peu avant sa mort en 1926, ainsi que Dante, qui joua au Morosco theatre en 1940. Ils eurent, en dépit de critiques enthousiastes, un sale moment à passer avec la vente de leurs billets.
Il fallut attendre un jeune magicien canadien, dont l’image était aussi éloignée de celle d’un prestidigitateur traditionnel tel qu’on peut l’imaginer, pour renverser cet axiome. Doug Henning (1947-2000) créa en 1973 son premier spectacle de magie appelé Sepllbound au Royal Alexandra Theatre de Toronto. Quand les producteurs Edgar Lansbury et Joseph Beruh le rencontrèrent avec Ivan Reitman (le producteur de Henning à Toronto), ils prirent le spectacle pour Broadway, en y adjoignant l’histoire d’un livre de Bob Randall, une musique et des paroles de Stephen Schwartz pour renforcer encore plus les effets magiques. La première du Magic Show eu lieu au Cort Theatre, le 28 mai 1974.
The Magic Show emporta un grand intérêt général qui toucha particulièrement toute la profession magique en augmentant le nombre des adhérents des sociétés de prestidigitation et en ressuscitant la magie sous sa forme de grand divertissement.
L’histoire
La scène se passe dans une boîte de nuit minable, le Top Hat, où officie un vieux magicien alcoolique appelé, Feldman, le Magnifique. Manny, le propriétaire du Top Hat veut le remplacer en la personne de Doug. Doug est particulièrement atypique et accompagné de son assistante Cal. Cal est amoureuse de Doug mais celui-ci est concentré sur son nouveau job et s’attache à faire avancer sa carrière.
Donna et Dina sont les deux chanteuses rock du club. L’une d’entre elles est la nièce d’un grand agent nommé Goldfarb. Un jour, Goldfarb vient voir la performance de Donna et Dina et tout le monde est excité.
Pendant ce temps, Doug prête peu d’attention à Cal et décide d’engager une autre assistante. Cal est blessée, quand Doug évoque la belle Charmin. Donna et Dina sont jalouses et complotent avec Feldman pour exposer les secrets des tours de Doug pendant le spectacle. Doug se rend finalement compte qu’il aime Cal avant qu’elle ne parte. Charmin est renvoyée et tout finit bien.
Un répertoire modernisé
Dans le spectacle, les meilleures illusions de Doug Henning sont des versions modernisées de classiques de la magie. Au cours du spectacle, il scie une femme en deux, la fait léviter et se volatiliser (la lévitation classique Asrah), et réalise la célèbre Métamorphose d’Houdini. Dans une illusion exotique du spectacle, une belle jeune fille est transformée en puma vivant (une remise au goût du jour de La Dame et le Lion de Howard Thurston et du Dieu tigre de Horace Goldin).
A la télévision
Dans une grande émission spéciale World of Magic sur la chaîne NBC du 26 décembre 1975, Henning a présenté plusieurs nouvelles illusions (sans en répéter une seule du Magic Show). Son intervention commençait avec l’effet classique The flying birdcage (comme Harry Blackstone) continuait avec une manipulation de foulard en gros plan caméra, une apparition de jukebox, une version de La femme escamotée de Buatier De Kolta, puis pour finir,une version moderne de la Water torture cell (La Pagode chinoise) d’Houdini.
Un style qui détonne
Habillé en blue-jeans et en tee-shirt plutôt qu’avec les traditionnels chapeaux, smoking et cape d’opéra ; Doug Henning a créé une nouvelle image du magicien. Sa réussite phénoménale n’est pas seulement un reflet de sa personnalité et de son talent d’artiste, mais plus généralement elle montre que la magie traditionnelle s’est adaptée au monde contemporain.
Un style décontracté et précurseur qui deviendra la marque de fabrique des street magiciens à la fin des années 1990, David Blaine et compagnie…
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