Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Vers l’âge de sept ans, j’ai commencé à développer un intérêt pour la magie après avoir vu les émissions spéciales de World’s Greatest Magic à la télévision. Je me suis lancée dans la magie comme le font la plupart des magiciens, en recevant une boîte de magie pour Noël quand j’avais environ huit ans. J’ai toujours aimé les histoires fantastiques et voir des gens réaliser l’impossible est une chose que je voulais faire !
Tiffany Allen en 2011.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai principalement eu un parcours d’autodidacte jusqu’à la vingtaine. Là où j’ai grandi, nous n’avions pas de grande communauté magique, alors j’ai appris à travers les livres. Je pense que cela m’a aidé dans ma formation parce que je n’avais aucune idée préconçue sur la façon dont les choses « devaient être faites ».
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
J’ai rencontré un super groupe de magiciens lorsque j’ai déménagé à Myrtle Beach, en Caroline du Sud, où j’ai travaillé dans un magasin de magie. J’ai ensuite rejoint une autre communauté magique à Charlotte, en Caroline du Nord, le Sleight Club, qui comptait de merveilleux créateurs et interprètes. Ils m’ont poussé à être meilleure et à ne pas me laisser faire de la magie « suffisante ».
Parallèlement, j’ai aussi rencontré des magiciens qui essayaient de me décourager de faire de la magie parce que j’étais une femme ! C’était exaspérant. Mais la meilleure façon de changer ce point de vue très étroit était de leur montrer que je pouvais être meilleure qu’eux.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai principalement deux types de magie différents que je pratique : des spectacles familiaux et des histoires bizarres. Ils ne pourraient pas être plus différents, mais je les aime tous les deux pour des raisons précises.
Dans mon spectacle familial, je joue en tant que « Princess Tiff » et je porte une robe très rose et très brillante. Grâce à beaucoup d’essais et d’erreurs, j’ai réussi à faire un spectacle principalement basé sur le mentalisme, habillée en princesse. C’est tellement amusant de voir des magiciens qui me demandent quels effets je fais dans mon spectacle. Et je leur donne cette réponse : « Un Smash and stab, un Ten card poker deal, et une Haunted key bien qu’ils ne soient certainement pas réalisés comme vous le pensez… »
Pour mon spectacle de « magie bizarre » avec une histoire, la base de mon travail reprend les expériences de The Georgia Wonder (Lulu Hurst), ou Georgia Magnet Act. J’ai passé la majeure partie d’une décennie à faire des recherches et à répéter pour ressusciter ce numéro si particulier des années 1890.
Dans mes recherches, j’ai beaucoup étudié les femmes qui ont réellement joué ce numéro à l’origine et j’ai découvert des histoires merveilleuses ! Cela m’a conduite à trouver d’autres histoires moins connues et à les combiner avec des effets magiques pour raconter quelque chose de différent. Mon personnage est une bibliothécaire qui collectionne ces histoires et qui les raconte d’une façon intéressante et disons « originale ».
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
L’effet Shadows de Raymond Joseph Teller a eu un impact énorme sur ma façon d’aborder la magie. C’était le premier numéro de magie où j’ai vu un côté plus sombre, mais beau de cet art. Après avoir vécu ce moment, je voulais faire ressentir à mon public ce que Shadows m’avait fait ressentir.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La « magie bizarre » ou narrative sont mes styles préférés. Bien qu’ils ne soient pas les plus populaires, ils englobent également toutes les autres formes magiques. J’ai vu des magiciens talentueux raconter des histoires avec un simple jeu de cartes, des balles d’éponge, ou des « objets maudits » provenant d’une « maison hantée ».
Quelles sont vos influences artistiques ?
Cela dépend du spectacle que je joue. Pour « Princess Tiff », je m’inspire beaucoup de Disney. Pour mon numéro de « Georgia Wonder », la majeure partie de mon influence vient d’histoires étranges ou stimulantes de l’histoire des femmes qui ne sont pas connues. J’aime les personnages forts et renverser ce que la plupart des gens pensent savoir ou connaître en leur montrant un autre aspect, moins conventionnel.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un(e) magicien(ne) débutant(e) ?
Apprenez un peu de tout avant de décider quel type de magie vous voulez faire, puis combinez vos pratiques favorites. Allez aux spectacles lorsque cela est possible et trouvez un mentor. J’ai trouvé mon mentor quand j’avais une vingtaine d’année, et ma magie s’est énormément améliorée ! Faites de la magie comme vous le souhaitez, et non comme on vous l’impose par des modèles préétablis.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La magie semble toujours se développer et, ce faisant, je pense qu’elle ne peut que s’améliorer. Plus nous intégrons d’éléments extérieurs dans la magie, plus elle devient meilleure.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Comme dans tous les domaines, la culture est également importante dans la magie. Chaque personne a une expérience, une sensibilité et une vie différente. Cela contribue à pratiquer la magie de façon unique et à élargir les horizons.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
En plus de la magie, je suis aussi une artiste. Dans mon quotidien, je travaille en tant qu’artiste en chef en résidence dans un studio d’art qui propose également des spectacles de magie. Je combine mon amour pour la peinture et l’art magique en un seul endroit. J’aime aussi trouver des histoires « historiques » un peu bizarres, qui ne sont pas souvent racontées. Les livres et la narration ont toujours été mes premiers amours et ont une très grande importance dans ma pratique magique. Même si j’ai beaucoup d’intérêts, ils semblent tous ramener à l’illusion d’une manière ou d’une autre.
– Interview réalisée en février 2021.
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