Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai d’abord découvert la Maison de la Magie, magnifique musée de Blois (41) dans lequel j’ai travaillé directement après avoir eu mon BTS Tourisme. J’avais 22 ans et à ce moment-là, je n’y connaissais absolument rien à l’art magique. J’avais un regard tout neuf.
J’ai découvert un monde attrayant et riche, l’histoire de la magie était pour moi mystérieuse et pleines d’anecdotes… Le déclic a vraiment été ce musée, ma rencontre avec l’équipe de l’époque et bien sûr, celui qui m’a formé par la suite, le magicien Arnaud Dalaine.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Voyant mon attrait grandissant pour cet art et mon investissement intensif au sein du musée, on m’a proposé de travailler sur un spectacle mélangeant magie et art équestre en étant un personnage principal du spectacle : 1 représentation et 1200 spectateurs. J’ai été formée en 15 jours aux techniques magiques nécessaires au spectacle par Arnaud. Répétitions des chorégraphies et des grandes illusions, cela a été intensif. Le premier tour de magie que j’ai travaillé a été la boule zombie. Par la suite, j’ai appris à travers les livres, les dvds et les échanges entre magiciens.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Arnaud Dalaine m’a vraiment aidé et m’aide toujours au quotidien d’ailleurs. Le fait de commencer par la Maison de la Magie m’a beaucoup aidé également. Chronologiquement, j’ai commencé par de la magie de salon avec Arnaud, ensuite, seule en close-up et enfin, la grande scène avec comme metteur en scène James Hodges et sa femme Liliane. Travailler toutes ses années avec eux m’a énormément apporté. J’ai joué dans 6 créations de James Hodges. J’ai eu une formation sur scène d’une richesse incomparable. J’ai également appris à réfléchir magie en équipe, à construire et fabriquer magie en équipe, à jouer magie en équipe. Ensemble, ça j’adore.
En ce qui concerne un événement qui aurait pu me freiner, rien de particulier si ce n’est la jalousie et les coups bas. Le fait d’être une femme dans un milieu d’hommes n’est pas simple non plus.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je travaille dans de bonnes et parfois dans de mauvaises conditions, comme tous les magiciens je suppose. On a tous eu nos lots de soirées grandioses, pleines de gloire et de reconnaissance et puis, celles où l’on s’ennuie un peu.
Théâtres, salles des fêtes, chapiteaux, salles de classe, restaurants, salons privés, parcs sont différents lieux pouvant m’accueillir.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Il y en a beaucoup. D’abord, j’adore James Thierrée et ses spectacles magnifiques. Artiste ultra-complet, je suis fan.
Je suis allée à Las Vegas en 2009. J’ai adoré le spectacle K du Cirque du Soleil. On a vraiment l’impression de le vivre, de ne plus être qu’un simple spectateur et c’est grandiose !
Et puis, bien sûr il y a eu différents spectacles de magiciens. Je retiendrais l’humour de Mac King, le pas de danse et les fauves de Rick Thomas, le culot et l’esthétisme de Penn & Teller, le glamour super dynamique de Jeff Hobson.
Récemment, je suis allée voir Alain Choquette à Paris. J’ai été emporté par son dynamisme et sa proximité avec le public. Je vous le conseille, il donne la pêche !
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime faire mes spectacles pour enfants. Je trouve que ce public est tellement différent du public adulte. Il y a moins de barrières, les enfants sont plus naturels et spontanés, je m’éclate bien avec eux ! Ils me font beaucoup rire.
Quand je vais voir un spectacle, j’aime être emmenée dans un univers. Pour les parties visuelles, j’aime bien quand il y a un réel travail esthétique (lumière, déplacement, image forte, symbolique). Il faut que la magie soit justifiée et fasse partie d’un tout.
Pour l’interactivité au sein d’un spectacle, je suis sensible au fait que l’artiste soit accessible. J’aime être surprise par des spectacles plein d’humour et l’improvisation avec le public.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Théâtre, musique, danse, chant, cirque… je pioche un peu partout 🙂
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
– Répétitions, patience, rencontre, échange et partage.
– Ne pas se laisser embobiner, faire ses propres choix.
– Connaître l’histoire de son art.
– Ne pas pratiquer uniquement la magie : aller faire de la danse ou de la gym (je trouve que les magiciens sont beaucoup trop raides et verticaux), du théâtre…
– La magie doit être pratiquée intelligemment. Ne pas faire des tours pour faire des tours. Avoir un but, une construction.
– Essayer de sortir de cette image poussiéreuse qu’à parfois le public à notre égard.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’aime toutes les formes de magie. Mais j’ai une préférence pour les spectacles avec une mise en scène privilégiant l’esthétisme.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
A-t-on besoin de connaître la culture magique pour pratiquer la magie ? Oui, il est important de connaître l’histoire de son art et de la technique travaillée. Il faut aussi être ouvert sur le monde et à d’autres disciplines. Personnellement, je pense que c’est toujours plus enrichissant.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
En dehors de la magie, je pratique la danse, le chant, le krav maga (combat rapproché israélien), le kick boxing et la course à pied (quand j’ai le temps). Je m’occupe de mes animaux et je fais de grandes balades en forêt. J’aime sortir et voyager.
– Interview réalisée en octobre 2014.
A visiter :
– Le site de Soria Ieng.
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