Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Enfant, j’étais passionné par le cirque. A chaque fois que je voyais un
chapiteau, je voulais toujours assister au spectacle ! Au cirque, c’était
les numéros de magie qui attiraient le plus ma curiosité. Puis, je me suis
procuré mes premiers livres d’illusionnisme, où j’ai appris mes premiers
tours. Je ne les quittais plus, je voulais tout apprendre !
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai rencontré un illusionniste, Francis Marianne, qui m’a initié aux tours
classiques de la prestidigitation. Au cours de ses spectacles, il me
laissait présenter quelques tours sur scène pendant cinq minutes. Il me présentait
au public comme étant son élève. Dès que j’avais la possibilité de présenter
des tours de magie, je le faisais ! Pendant les vacances, à chaque fois
qu’un petit cirque s’installait près de chez moi, je leur demandais si je
pouvais passer dans le spectacle du soir. Par gentillesse, le plus souvent,
ils acceptaient. J’avais l’impression d’être un véritable saltimbanque !
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé ?
Il y a plusieurs années, j’ai rencontré Ann Fialho, l’épouse de Philippe
Fialho. Il a fait de grandes choses pour la magie et les magiciens. Il était
vraiment passionné ! Dans sa maison, il avait conçu une pièce entière dédiée
à la magie. Mme Fialho habite ma région natale, elle m’a fait énormément
progresser car elle m’a transmis de nombreux secrets concernant aussi bien
la technique, la présentation de tours ou l’histoire de la magie. Par
exemple, elle possède le costume de scène de Fred Kaps que j’ai eu la chance
d’examiner.
A l’inverse, un évènement vous a-il freiné ?
Le temps ! Je n’ai peur que d’une chose, ne pas avoir le temps de réaliser
sur scène tout ce que j’imagine.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je travaille principalement dans les théâtres à Paris ou en province, où je
joue mon spectacle Le Script qui mêle théâtre, illusionnisme, mime et
improvisation.
Quelles sont les prestations de magiciens qui vous ont marquées ?
Arturo Brachetti pour son extravagance et la créativité dont il a fait
preuve pour faire évoluer l’art du transformisme. Penn &Teller pour leur
originalité et leur goût de la provocation. Jorgen Samson pour son numéro
d’apparition de foulards et de fleurs qui m’a le plus marqué étant enfant.
Orson Welles pour le charisme et le jeu d’acteur qu’il déployait lorsqu’il
présentait des tours de magie.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime la magie qui se présente sur scène. Le mentalisme est très
intéressant car il permet de développer un jeu théâtral plus complexe à
acquérir que lorsqu’on travaille des effets magiques avec des objets. La
magie comique me plaît beaucoup aussi avec les « numéros ratés » qui font
rire, car le magicien descend de son piédestal pour le public.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Philippe Genty car il a révolutionné les marionnettes et parce que ses
spectacles sont de véritables spectacles d’illusion. James Thierrée et son
univers poétique, son mélange d’acrobatie, de danse et de théâtre d’objets.
Buster Keaton pour ses films aux situations comiques qui sont universelles
et intemporelles. Louis de Funès pour sa précision et ses gags millimétrés.
Woody Allen pour son personnage de névrosé et de maladroit si attachant.
Quel conseil. Quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Oser ! Je pense qu’il faut oser et ne pas avoir peur de monter sur scène
pour présenter ses tours devant un vrai public. L’idéal serait aussi de
pratiquer d’autres disciplines en parallèle comme le théâtre, le chant, le
mime ou les marionnettes. Et enfin, ne jamais se décourager.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Elle connaît une transformation. Elle s’enrichit d’autres disciplines :
théâtre, danse, arts du cirque, mime, etc. Qu’on l’appelle magie nouvelle,
magie théâtrale ou magie contemporaine, elle est différente de ce qui
existait il y a 15 ans. Elle retrouve sa place au théâtre dans des
spectacles complets d’1h30 scénarisés. Les spectacles se multiplient de plus
en plus, et je pense qu’il existe plus de lieux pour se produire qu’avant :
salles de théâtre, festivals, scènes ouvertes, évènementiel, etc. On sent
une véritable émulation et un intérêt de la part du grand public.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Comme pour le cirque, la magie se rénove par le contact avec les autres arts
et les autres disciplines : peinture, danse, cinéma, nouvelles technologies,
sciences cognitives, etc. Il faut donc faire un détour par ces univers pour
mieux faire évoluer l’illusionnisme et procéder par analogie. Par exemple,
observer la façon dont un ballet de danse est structuré, la manière dont la
narration et la technique sont combinés permet de poser un regard en neuf
sur un spectacle de magie en cours de préparation.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Je vais très souvent au musée, j’aime la peinture moderne et contemporaine.
dès que je peux également, je vais au cinéma ou je regarde des bons
classiques.
– Interview réalisée en avril 2011.
A lire :
– Le compte-rendu de son spectacle Le script.
A visiter :
– Le site de Rémi Larrousse.
Crédit photo : Bruno Perroud.