Avant même d’entrer dans le chapiteau où se déroule ce singulier spectacle, une musique tzigane retentit de l’intérieur, la représentation est déjà commencée. Le temps que tous les spectateurs s’installent, les musiciens du groupe Kapalest mettent le feu sur un rythme endiablé. Un groupe d’artistes acrobates jouent aux cartes dans les gradins, un autre dort, une femme prépare à manger… Ce qui frappe d’emblée c’est que l’on pénètre directement à l’intérieur de la culture roumaine. Nous sommes invités dans le quotidien de ces « gens du voyage », invités à partager leur vie le temps d’un spectacle. D’ailleurs la soupe est offerte à l’entracte ! Le décor intérieur est composé d’éléments artisanaux, chaises, tables, fauteuil, roulotte et tapis d’orient au sol. Sans interruption de la musique, qui est le personnage principal du spectacle, trois acrobates réalisent des figures en équilibre main à main sur une petite scène surélevée. Un clown « benêt » filiforme nous fait rire et frissonner du haut de sa corde volante (Vincent Molliens étonnant équilibriste et jongleur). Une fil-de-fériste entonne des pas d’une vitesse folle en équilibre… Il n’y a pas un moment de répit, pas un moment où il ne se passe rien, car nous sommes immergés dans la vie de ces artistes qui nous donnent toute leur fougue et leur énergie.
Il y a des instants de pure jubilation dans ce cirque tzigane, notamment une improvisation de figures autour d’une table rectangulaire. Sa surface horizontale est utilisée comme une scène où les équilibres et les glissades sont légion. Autre moment virtuose, « une danse » entre une chaise et un homme. L’acrobate équilibriste utilise tous les recoins de sa chaise pour ne faire plus qu’un avec elle ; une symbiose étonnante ! Des moments de pure poésie surgissent ça et là, au détour d’un duo charnel d’acrobates avec Fredéric Escurat et la talentueuse Marie Molliens, qui reviendra plus tard en mariée dans une très belle séquence en apesanteur tirée du film « Underground » d’Emir Kusturica.
Le spectacle se clos en feu d’artifice au rythme de l’indomptable orchestre Kapalest et de son fabuleux violoniste Alain Poisot. Autour de dernières acrobaties collectives, Antoine Hélou nous subjugue avec ses équilibres en haut d’un mât chinois. La représentation est terminée et le public tapant dans ses mains en redemande ! C’est un bel élan de générosité qui s’est produit entre les artistes et les spectateurs. GENEROSITE, un sentiment rare dans le monde du spectacle contemporain habitué à la froideur et à l’intellectualisme.
A visiter :
– le site de la compagnie Rasposo.
A lire :
– Morsure.
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