C’est en 2015 que le groupe Croate Museum of Illusions fondé par Roko Živković et Tomislav Pamuković, a ouvert le premier musée du gendre à Zagreb. Le concept a ensuite été dupliqué dans cinquante-quatre villes à travers le monde sous forme de franchise (Etats-Unis, Grèce, Belgique, Egypte, Hongrie, Qatar, Emirats arabes unis, Irlande, Allemagne, Turquie, Angleterre, Espagne, Pays-Bas, Italie, Australie, Inde, Croatie, Israël, Canada, Autriche…)
En France, le lieu a ouvert ses portes à Paris en décembre 2019 grâce à son co-fondateur Steven Carnel, qui a dupliqué le modèle à Lyon en juillet 2021. Le principe de base reste le même : « proposer des illusions simples, c’est ce qui fonctionne le mieux. »
C’est effectivement ce qu’on retrouve à l’intérieur du musée : les illusions d’optiques les plus connues du grand public qui inondent, depuis de nombreuses années, tous les livres sur le sujet. Le Musée de l’Illusion se veut familiale et accessible. N’oublions pas que c’est avant tout un modèle économique et commercial extrêmement lucratif avec des prix d’entrée un peu excessifs.
Les illusions d’optiques
Tout d’abord un mot sur la façade extérieure, avec son code couleur et son graphisme percutants, qui donne envie de rentrer dans le musée, un peu comme ces affiches sensationnelles des Freak show ; mais une fois à l’intérieur ont déchante un peu. Non pas que les expériences ne soient pas bien faites, mais plutôt par un conformisme généralisé et l’absence de vraies découvertes (à part « la chaise de Beuchet » qu’on a très peu l’occasion d’expérimenter en vraie).
Nous retrouvons toutes les illusions d’optiques les plus connues : « la spirale de Fraser », « la grille de Hermann », « l’illusion de Zöllner », « la perspective de Ponzo », « l’effet Müller-Lyer », « l’illusion du visage creux », le kaléidoscope, les hologrammes, « l’image rémanente », l’image composite, « les stéréogrammes », les images numériquement retouchées, la salle des miroirs, « la chambre d’Adelbert Ames »…
Il y a également des objets ambigus (anneau trompeur et rond/carré), « le vase de Rubin », un puits sans fond, une « table des clones » avec jeu de miroirs, un tunnel tournant « Vortex ». Que dire de « l’illusion du Sphinx » (« Bon appétit ! ») réduite ici à une simple curiosité alors que le concept original est d’une autre subtilité ! Mais cela fait partie du débinage actuel sans explications historiques et pédagogiques derrière.
Etonnant de ne pas retrouver d’objets ou de dessins impossibles (comme « le triangle de Penrose », les œuvres graphiques de Reutersvärd ou d’Escher), d’anamorphoses, d’autostéréoscopes, ou des jouets optiques du pré-cinéma. Tout cela n’est certainement pas le cœur de cible de ce musée comparable à un Disneyland des illusions.
Il y a quand-même des choses à sauver comme : « la chaise réductrice de Jean Beuchet », le « Crazy nuts illusion » de Jerry Andrus, « la boîte magique » avec son miroir à 45° faisant apparaître ou disparaître une pyramide ou un cube (mais malheureusement sans le « camouflage » de fond), et les miroirs découpés en lames horizontales recomposant une silhouette hybride avec deux personnes de chaque côté.
Conclusion
Vous l’aurez compris, ce lieu est destiné « au plus grand nombre » et ne surprendra pas les connaisseurs. C’est un genre de musée des attractions avec tous ces mauvais côtés : embouteillage dû à une forte influence, exiguïté des lieux, peu de visibilité, visite au pas de course, dégradation des installations… Ce dernier point est le plus marquant car en à peine deux ans d’ouverture (avec les mois de fermetures liés au Covid), le lieu est dans un sale état. Entre installations en pannes ou cassées et défraîchissement généralisé, les visiteurs sont pris pour des gogos. A cela s’ajoute, pour les fêtes de Noël, une décoration excessive du plus mauvais goût… peut-être pour masquer la misère et la décrépitude des lieux ?
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