Conférence dirigée par Pascal Friaut sur des documents inédits fournis par Didier Morax, tous deux membres du Cercle Magique de Paris.
Le théâtre Robert-Houdin
Le 3 juillet 1845, ouvre au Palais Royal, les soirées fantastiques de Jean Eugène Robert-Houdin dans un théâtre de deux cents places. Robert-Houdin est habillé en maître de maison qui reçoit ses invités dans son salon. Pour la première fois, chapeau pointu et toge de magicien sont abandonnés au profit d’un costume. Le maître des lieux présente des effets novateurs pendant deux heures de spectacle avec une douzaine de tours dont le carton fantastique et l’oranger mécanique pour finir avec des projections de lanterne magique. A l’entracte des éventails sont distribués aux spectateurs. Le théâtre R-H est ingénieusement truqué par l’emploi de trappes, de pistons mécanisés et de principes électriques (encore inconnus du grand public à l’époque).
En 1852, le magicien Hamilton, formé par Robert-Houdin dirige le théâtre. En 1854, le théâtre déménage 8 boulevard des italiens. La salle peut contenir 225 personnes. La scène fait 17 mètres de longueur sur 6 mètres de large et 4 mètres de haut. Hamilton reprend le répertoire de Robert-Houdin et présente aussi ses propres créations, tandis que Robert-Houdin se retire dans son prieuré à Blois. En 1861, le magicien Cleverman reprend la direction du théâtre et présente le tour du panier indien pour la première fois à Paris.
En 1874, Emile Robert-Houdin confit la direction du théâtre à Brunnet. C’est le succès de la malle des indes, de la triple malle des indes, du cabinet spirit et duTour du Japon. En 1881, Emile Robert-Houdin dirige le théâtre. Jacques Inaudi fait quelques prestations sur scène. Il n’a que 14 ans et son imprésario est Dombley.
En 1883, Dicksonn assure les représentations au théâtre. En 1886, interviennent Emile Voisin (fabriquant et marchand de trucs), Raynaly et Jacobs.
Méliès
En 1888, Georges Méliès, alors âgé de 27 ans, rachète le théâtre Robert-Houdin. Georges Méliès est passionné de dessin. Il passe son temps à caricaturer ses professeurs. Il est très vite attiré par le théâtre et donnera ses premières représentations en 1877. Il travaille, un temps, chez son père dans une fabrique de chaussures. Il part ensuite à Londres travailler dans un autre magasin puis dans de la lingerie féminine ! C’est en visitant l’Egyptian Hall, dirigé par J.N Maskelyne, qu’il attrape le virus de la magie. Il confectionnera même du matériel pour le grand David Devant et commencera à se produire sur scène en solo. En 1886, Méliès, de retour à Paris, donne des soirées privées de prestidigitation. En 1888, Il récupère 500 000 francs de l’entreprise de son père, comme héritage, et l’investit dans l’acquisition du théâtre R-H, de sa troupe et de ses automates.
– Commentaire audio de Jehanne d’Alcy (la muse de Méliès) datant des années 1950, où celle ci parle de sa relation avec le maître. Extrait : « J’ai été escamotée plusieurs fois ! »
Méliès ne tarde pas à engager Carmelli et, avec Duperrey, ils présentent les tours de La Stroubaïka persanne et du Grand truc merveilleux. En 1889, Dicksonn ouvre un théâtre passage de l’Opéra pour faire concurrence à Méliès. Dans le même temps, Méliès part en tournée avec sa troupe dans le nord de la France et en Belgique. Durant ce lapse de temps, le théâtre sera loué à des espagnols qui présenteront des corridas avec des taureaux en carton ! En 1889, Méliès crée le journal La Griffe où il publie des caricatures. Au théâtre R-H, c’est l’heure des grandes illusions : Le nain jaune, les farces de la lune, le château de Mesmer, le calife, les spectres et le manoir du diable.
En pleine vogue du spiritisme, Méliès décide de combattre les charlatans en montant un numéro qui reproduit les expériences des pseudo médiums. En 1891, Méliès fonde l’académie de la prestidigitation sur le droit des magiciens.
En 1891, Harmington entre au théâtre. En 1892, Méliès assiste aux projections du théâtre optique d’Emile Raynaud. Il découvre ensuite le Kinétoscope d’Edison et le Chronophotographe de Marey. En 1895, Méliès assiste médusé à la première représentation publique du Cinématographe des frères Lumière.
– Commentaire audio de Méliès datant de 1938 au sujet du Cinématographe.
En 1896, Méliès construit le Kinétographe et projète des séances de vues animées au théâtre R-H. Il réalise la même année son premier court-métrage, Une partie de carte. Suit Escamotage d’un femme au théâtre R-H, premier film de fiction à truc de l’histoire. Il construit alors le premier studio de cinéma au monde dans sa propriété de Montreuil. Méliès inventera les trucages et le cinéma en couleur… D’autres magiciens utiliseront le Cinématographe dans leur spectacle tels David Devant et Trewey.
En 1896, au théâtre R-H on joue Le miracle du Brahmine. Arnould assure les représentations. En 1901, Le théâtre R-H s’effondre et la salle est reconstruite. Les magiciens à demeure sont Raynaly et Legris.
En 1905, le théâtre R-H fête les cent ans de son créateur. On y présente l’automate au trapèze. En 1912, Méliès produit son dernier grand film, A la conquête du pôle. En 1913, Georges Méliès est ruiné et quitte le théâtre Robert-Houdin. En 1917, André Maurier est le dernier directeur du théâtre R-H. En 1920, le théâtre cesse définitivement ses activités. En 1924, le théâtre R-H est démoli.
En 1925, Méliès ouvre une boutique de bonbons gare Montparnasse. En 1929, un gala est organisé pour remettre à l’honneur Georges Méliès et son oeuvre en sa présence. En 1937, Méliès est décoré de la légion d’honneur et meurt en 1938.
– Commentaire audio de Christian Fechner sur Méliès. Extrait : « Il se ruina pour son art et sa passion. Jusqu’au bout, il garda sa combativité et sa dignité. Apollinaire dira de lui qu’il enchantait la matière vulgaire « .
Bibliographie :
– Georges Méliès, l’illusionniste fin de siècle ? de Jacques Malthête et Michel Marie (Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1997).
– Pour une histoire des trucages de Thierry Lefebvre (Revue 1895 AFRHC n°27, 1999).
– Méliès, magie et cinéma de Jacques Malthête et Laurent Mannoni (Fondation Electrique de France, Paris musées, 2002).
– L’oeuvre de Georges Méliès par Laurent Mannoni (Editions de La Martinière, 2008).
– Georges Méliès l’enchanteur de Madeleine Malthête-Méliès (Editions La tour verte, 2011).
A Lire :
– Le dossier Méliès, L’homme orchestre.
– La présentation de Méliès par Caroly.
– Le compte rendu de l’exposition Méliès, magicien du cinéma.
– Le compte rendu du spectacle Méliès, Cabaret magique.
– Le dossier Magie et cinéma.
– Méliès Mage.
– Méliès, lettre manuscrite.
A voir :
– Le DVD Georges Méliès, l’intégrale !
– Le DVD Méliès, 30 chefs-d’œuvre.
– Le DVD Méliès, le cinémagicien.
– Le DVD Méliès, Encore.
– Le DVD collector George Méliès, à la conquête du cinématographe. Livre réalisé en partenariat avec les Amis de Georges Méliès-Cinémathèque Méliès, contenant les 2 DVD précédents de Fechner productions + un DVD de films inédits (novembre 2011).
A visiter :
– Les Amis de Georges Méliès-Cinémathèque Méliès.
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