C’est dans le magnifique cadre du Magic Mirror1 (cathédrale laïque par excellence) que s’est tenu un enterrement en toute simplicité, jour de la Toussaint, exclusivement sur invitations2. Grâce à l’accueil de Clémentine et Jean-Paul Favand, aidé par le régisseur des lieux sans qui rien n’aurait été possible, Paul Houron. Nous voici donc aux premières loges des funérailles de Magicus magazine, après 44 ans de parution (depuis 1979) et 244 numéros. Il n’y avait pas que des saints à cette journée mais aussi des trublions, empêcheurs de tourner en rond, provocateurs de la bonne morale qui pourraient bien finir en martyres d’une société bien-pensante.
Didier Puech, le directeur de la publication et fondateur de l’association Magicus conduit ce moment fort en émotions en évoquant les personnalités qui ont contribué au magazine avec des invités de marque, des fidèles qui ont fait l’amitié d’être présents ou de témoigner leurs « condoléances » par vidéo comme Alexandra et Dominique Duvivier, François Montmirel, Jean Régil, Norbert Ferré, Jan Madd, Alain Choquette et Otto Wessely.
C’est ensuite autour d’une partie des rédacteurs du magazine de faire leur entrée sur la chanson Merci Patron des Charlots : Sébastien Vaissières (rédacteur en chef), Gérard Kunian, Sébastien Bazou, Janmill, Erick Fearson, Paul Houron et Micheline Mehanna. Didier Puech présente rapidement son équipe, remercie les propriétaires des lieux et annonce qu’il n’y a malheureusement pas de repreneur pour le magazine avant que Fabien Olicard entre en hurlant : « si, moi ! » et récite un texte avec des bouts de phrases marqués sur de grands papiers qui défilent. Didier Puech annonce que pour la première fois une voyante extra lucide va lire dans les pensées d’un mentaliste : Marie-Hélène (alias Hugues Protat), l’arrière-arrière-arrière-petite-fille de Robert-Houdin (habillée en tailleur rose du plus bel effet) lit alors l’avenir de Fabien Olicard en lui faisant du rentre-dedans. Puis elle va se rasseoir en disant : « 44 ans de parution, moi je dis chapeau ! » et la pétillante Luce vient présenter un rafraîchissant numéro de jonglerie avec des chapeaux.
Didier Puech invite sur scène Mervil et Charly Brahim, respectivement champion de France et premier prix de magie comique au dernier concours FFAP 2023 de La Grande-Motte. C’est ensuite autour de Peter Din, vice-président FISM, de venir participer à un petit jeu « gagné-perdu » avec des questions sur la FISM qui lui donnent le droit de gagner un magazine Magicus ou une Revue de la Prestidigitation (pour la mauvaise réponse).
Didier Puech annonce qu’on a retrouvé le premier abonné du magazine et entre le truculent M. Jules d’Auberge (oui parce que Jules Dhotel était déjà pris), alias Richard Amalvy qui a été un des premiers dans l’équipe du magazine dans les années 1980 et pour un temps président de l’association. Vient le moment d’évoquer les deux grands chroniqueurs du magazine : Pierre Brahma avec sa plume acérée, dont Hugues Protat rend hommage avec des jongleries de pièces (reprises de son célèbre numéro) avant de répondre à une petite interview. Et l’immense Jacques Delord qui a signé 70 chroniques dans Magicus magazine et dont un de ses élèves (des Ateliers du magicien à la télévision), Alain Sénéchal présente une partie de la mythique routine de corde Le Voyageur des mers lointaines.
Didier Puech invite sur scène François Normag qui lit un beau texte de Molière sur la censure et le droit d’expression, faisant écho aux nombreuses critiques, attaques et procès (deux procès que le magazine a gagné) que Magicus magazine a encaissé toujours en se relevant et repartant à l’attaque. Erick Fearson parle des Cahiers du Mentalisme une nouvelle revue trimestrielle éditée par Fantaisium (François Montmirel) dont il est le rédacteur en chef.
Benoît Rosemont présente un « super » carré magique où, après le choix libre d’un nombre à deux chiffres, il le retrouve dans des additions successives (en colonnes, diagonales et aux extrémités) ainsi que la date de création du magazine. Gérard Kunian présente un jeu « pile ou face » où le gagnant (le dernier à rester debout) se fera tirer le portrait en caricature à la fin de la journée par le Professeur Wonderfool. Flip Hallema, venu spécialement de Hollande, présente un joli effet original avec du papier et des enveloppes (celles utilisées pour envoyer le Magicus magazine) sur un texte bien choisi pour faire apparaître au final une petite bouteille de champagne.
L’intervention arrive à sa fin et Didier Puech invite le public à poser des questions. Sur la chanson Nous nous reverrons un jour ou l’autre de Charles Aznavour, il remercie les personnes présentes en cachant une forte émotion face à une standing ovation. L’après-midi se termine doucement avec un cocktail où ceux qui ont pu rester (certains sont venus de loin et doivent reprendre la route derechef ou des transports en commun capricieux) peuvent faire connaissance, discuter et échanger en toute liberté (comme une certaine presse écrite).
Notes :
1 Les Magic Mirrors ont connu un véritable succès en Belgique dans les années 1920 à 1960. Ces tentes à miroirs biseautés ambulantes tournaient de villages en villages au gré des fêtes et célébrations. Celle des Pavillons de Bercy (site regroupant le Musée des Arts Forains, le Théâtre du Merveilleux et les Salons Vénitiens), est une des six originales restantes, datant de 1924, montée, restaurée et présentée pour la première fois en France depuis 2014. Un espace circulaire hors du temps, puzzle de millier de pièces de 300 m² pouvant accueillir jusqu’à 250 personnes. Agrémentée d’un prestigieux décor en panneaux d’acajou et de miroirs, Jean-Paul Favand (qui a fondé le Musée des Arts Forains en 1996) y a ajouté des objets de sa collection comme des lambrequins aux perles de mercure, des lustres et autres objets de curiosités. Le lieu provoque de saisissants phénomènes optiques grâce à ses dix catégories de verreries différentes qui jouent avec la lumière du jour et l’éclairage artificiel.
2 Parmi la cinquantaine d’invités, adhérents et sympathisants, nous avons pu croiser Stefan Leyshon, Bébel, Laurent Beretta, Liliane et Vanina Hodges, Mme Sophie et Florent Garcimore, Jean-Michel Lupin, Serge Arial, Pascal Friaut, ainsi qu’une partie des membres du MHC : François Bost, Jean-Claude Piveteau, Thibaut Rioult et Thibault Ternon.
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