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LANTERNE MAGIQUE ET FILM PEINT

400 ans de cinéma (Paris, samedi 26 décembre 2013)

Sébastien Bazou

La Cinémathèque française et le Museo Nazionale del Cinema de Turin se sont associés pour mettre au jour leur exceptionnelle collection de plaques de lanterne (respectivement 17000 et 8000 plaques). La collection de la Cinémathèque française contient notamment les plus belles et les plus grandes plaques au monde, réalisées au milieu du XIXe siècle pour la Royal Polytechnic de Londres. Nous avons devant les yeux, une vaste iconographie des plaques de lanterne magique peintes à la main entre 1659 et le début du XXe siècle, qui durant plusieurs siècles, ont fait rêver des générations d’enfants et d’adultes. Comme les esprits les plus exigeants habitués aux hautes sphères de la pensée et de la création, tels Leibniz, Voltaire, Balzac ou Proust. Nous sommes conviés à un voyage à la fois onirique, scientifique et divertissant dans l’univers de la projection lumineuse.

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Pour les surréalistes, la lanterne magique est l’ancêtre de « l’art magique ». Outre des plaques de verre, nous retrouvons également des films peints à la main et bien sûr les indispensables lanternes. La lanterne magique est une boîte optique qui projette des images féériques sur un mur ou un écran. Les premières lanternes datent du XVIIe siècle, 1659 précisément. Son inventeur est l’astronome hollandais Christiaan Huygens. Les lanternes ont précédé le cinéma de quelques siècles, offrant aux spectateurs une multitude d’images : voyages, vie quotidienne, scènes de cour, fééries, contes et légendes, fantômes et diables, religions et ésotérisme, scènes érotiques, etc. Pendant trois siècles, la lanterne a alimenté les rêves et les terreurs, l’éducation et les distractions de toutes les couches de la société, un peu partout dans le monde, jusqu’en Chine ! Ce fut la machine à rêver la plus spectaculaire que le public ait connue. C’est elle qui a donné naissance aux premières salles de projection, comme à la plupart des procédés technologiques et narratifs utilisés par le cinéma. La lanterne a, en quelque sorte, tout inventé : le récit, le montage, le flash back, le fondu enchainé, le travelling. Au milieu du XIXème siècle, on racontait des histoires en alternant gros plans et plans moyens, vues générales et panoramiques. Entre les images étaient intercalés des textes encadrés préfigurant les intertitres du cinéma muet.

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La lanterne magique fut transportée à dos de colporteurs jusqu’aux plus petits villages, témoin de la vie quotidienne, de l’exploration du monde, des fantasmes et des croyances. La scénographie de l’exposition met en scène appareils et plaques pour récréer la magie du spectacle d’antan et découvrir les premiers dispositifs de projection. Les visiteurs rencontrent ainsi des personnages fantasmagoriques et terrifiants, drôles et cocasses. Ils peuvent découvrir d’apaisantes vues poétiques rivalisant dans la miniature avec les paysagistes anglais et flamands ou s’isoler dans un cabinet particulier pour être les témoins de scènes coquines et polissonnes.

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« Tout le cinéma dans son intégralité vient des premiers magiciens et des spectacles de la lanterne magique » Francis Ford Coppola.

L’exposition montre également comment les images peintes sur verre, fixes ou mécanisées, naïves ou complexes, ont influencé les premiers metteurs en scène (Lumière, Méliès, Zecca, Chómon), émerveillé les cinéastes classiques (Truffaut, Bergman, Fellini, Coppola), mais ont aussi conduit les cinéastes expérimentaux d’hier et aujourd’hui (Emile Reynaud, Len Lye, McLaren, Sistiaga) à peindre sur pellicule, image par image. C’est pourquoi, des appareils optiques du pré-cinéma sont présentés ainsi que des projections des premiers films à trucs et autres courts-métrages expérimentaux. L’exposition est divisée en dix univers thématiques pour permettre aux visiteurs de comprendre la portée multidisciplinaire des iconographies lumineuses.

1- Vie quotidienne

Apparue en 1659 aux Pays-Bas, diffusée par les colporteurs, la lanterne magique offre des saynètes de ville et campagnes, des drames ou des comédies domestiques, mais aussi les derniers événements politiques et sociaux.

2- Voyages

Dès 1664, la lanterne se diffuse à travers le monde. Très vite, les plaques illustrent des villes étrangères, des pays exotiques. Dès lors, l’appareil permet de voyager, y compris dans l’espace, grâce aux vues peintes et mécanisées.

3- Contes et légendes

La lanterne remet à la mode les contes de Perrault, les fables de La Fontaine, les récits mythologiques ou les grands romans, de Cervantès à Dickens.

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4- Sciences et enseignement

La rue n’a plus le monopole de la lanterne. L’abbé Nollet, sous les lumières, l’utilise dans les cabinets de curiosités et les salles de cours. Au XIXème, l’introduction de la photographie dans les plaques de verre en fera un puissant instrument d’enseignement.

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5- Erotisme

Au XVIIIème, les spectacles des colporteurs alternent vues lestes, voire pornographiques et images scatologiques. Les grands apprécient ces « plaisirs du soir ». La lanterne libertaire et débauchée annonce les changements profonds de la société.

6- Religions et ésotérisme

En 1671, le père Athanase Kircher présente au collège romain une scène du Christ sur la croix. Le clergé utilisera la lanterne pour enseigner le catéchisme ou effrayer avec des représentations de l’enfer.

7- Arts et spectacles

Décorateurs de théâtre, chorégraphes, magiciens, chansonniers, metteurs en scène s’en emparent. Le célèbre Loïe Fuller l’utilise pour ses spectacles chorégraphiques lumineux. Les peintres sont séduits par sa capacité « mégalographique » d’agrandissement.

8- Fantômes

A la fin du XVIIIème siècle, les améliorations techniques permettent l’éclosion de la fantasmagorie de Philipstal et Robertson. L’art trompeur, « qui se joue de nos yeux et dérègle tous nos sens » atteint une sorte d’apothéose. Ses fins connaisseurs en optique se sont mis à développer des spectacles particulièrement effrayants à destination du grand public, dans des salles souvent remplies de fumigènes, ils projetaient des images de squelettes, de diables, de têtes de Méduse. Abusés par ce procédé nouveau qu’ils ne connaissaient pas, les spectateurs croyaient vraiment à la réalité de ce qu’ils voyaient, d’autant que des comédiens cachés dans la salle faisaient parler les personnages, jusqu’à ce que les sièges du public fussent électrocutés ! Une salle spéciale est dédiée aux fantasmagories d’Etienne-Gaspard Robertson, qui ressuscite les morts grâce à ses effets visuels et sonores terrifiants.

9- Le monde à l’envers

Cuisiniers changés en veaux, barbiers coupant la gorge aux clients, gendarmes se transformant en tigre, squelettes dansants, histoires à la morale totalement illogique. Un « art magique », proche de Jérôme Bosch et du futur surréalisme, prend forme.

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10- Abstraction

Au XIXème siècle, des lanternistes ou des scientifiques conçoivent des plaques très complexes. Les chromatropes offrent des feux d’artifices envoûtants. Rosaces vertigineuses absorbant le spectateur au cœur même de l’image. Héritiers des peintres lanternistes, des artistes d’avant-garde reprennent, dès la première moitié du XXème, le principe de la peinture sur film. Ainsi, le néo-zélandais Len Lye est connu pour avoir réalisé le premier film dessiné à la main directement sur le celluloïd en 1921. Tandis que l’écossais Norman McLaren, peint, dessine, gratte et grave sur la pellicule sans caméra. A la fin des années 1960, l’artiste basque José Antonio Sistiaga entame son incroyable « film peint » en 108000 photogrammes aux motifs multicolores hypnotiques dans la veine du mouvement psychédélique.

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Le plasticien anglais Anthony McCall, quand à lui, clos l’exposition en nous proposant une installation lumineuse qui reprend la thématique de la projection. Le spectateur est prit dans un film de lumière solide hypnotique et peut interagir avec le faisceau. Ce qui rend cette exposition indispensable, en dehors de la qualité exceptionnelle des pièces exposées, ce sont ses séances de projections comme au temps passé ! De véritables spectacles de lanternes magiques sont présentés par des lanternistes et conteurs accompagnés de musiciens.

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Illustration publicitaire du théâtre optique (Collection Oudart-Reynaud).

La pièce maitresse du parcours est sans aucune mesure, le théâtre optique de Charles-Emile Reynaud (1844-1918). L’exemplaire que possède la Cinémathèque française (une copie, car l’original n’existe plus) est installé, prêt à fonctionner sous nos yeux ébahis par tant d’ingéniosité. Un opérateur place la bande de celluloïd dans l’énorme roue dentée et actionne deux manivelles pour faire défiler les dessins. Ceux-ci sont projetés, sur un écran, grâce à une source lumineuse (une lanterne) et à un triple jeu de miroir. Comme en 1894, nous assistons à la projection de Autour d’une cabine, un des premiers dessins animés de l’histoire. Les personnages évoluent sur un décor fixe projeté par une deuxième lanterne magique. Le résultat est tout simplement fascinant. La séance se termine au bout de 5 mn et nous restons émerveillés comme des enfants devant cette installation imposante et poétique qui est aux antipodes des systèmes de projection actuelle.

A lire :
– Le monde fantastique des images lumineuses.
– Magie lumineuse au château de Talcy.
– Magie et cinéma.
– Musée de la lanterne magique de Padoue.

A voir :
– l’encyclopédie DVD MEDIA MAGICA.

Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Stéphane Dabrowski, S. Bazou, Cinémathèque française. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.

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