Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai prudemment et curieusement rampé à travers les portails du « monde magique » par le biais de la parole écrite (livres). Après, physiquement et viscéralement, j’ai expérimenté un spectacle de magie quand j’avais 11 ans. Après cet événement, je voulais savoir comment la magie “naissait” et comment on pouvait apprendre à faire et comprendre cet art. Par ailleurs, l’illusionniste que j’ai vu était le Dr. Harlan Tarbell, qui vivait dans ma ville natale à l’époque (Elmhurst, Illinois). En dehors de ses cours, il a également contribué à m’intéresser à la bibliothèque locale, qui s’est avérée être ma passerelle littéraire dans le monde étrange et merveilleux de la magie. Le déclic fut mon expérience avec Tarbell.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Comme indiqué précédemment, j’ai appris dans les livres à travers les mots. Après avoir pris des cours chez Tarbell, je lisais tous les livres élémentaires
dans la bibliothèque locale. Mon livre suivant fut le GREATER MAGIC. Puis j’ai appris et rejoint des clubs tels que The Mazda Mystics à Oak Park, Illinois, qui a été annexé à la Mazda Magic Shop. J’y ai rencontré beaucoup de magiciens qui m’ont ensuite enseigné des choses et guidé.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Rencontrer Eddie Fields. Il m’a ensuite présenté à Don Alan, Ed Marlo, Jim Ryan, et d’autres professionnels de Chicago. Il a également été la première personne à m’encourager à écrire. Mon premier livre, à vrai dire, était THE ARTFUL DODGES OF EDDIE FIELDS (1969).
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Dans le passé, mes spectacles professionnels étaient limités au close-up. J’ai travaillé en restaurant pendant deux ans, principalement pour tester l’efficacité de différentes astuces. J’ai fait cela parce que j’étais en train d’écrire sur la magie à l’époque et je voulais amener ma contribution. Je recevais d’autres magiciens.
J’écris, comme la plupart des écrivains ; je travaille dans la solitude et l’isolement de ma maison transformée en bibliothèque-bureau. La première chose que j’ai testé est la détermination et la patience.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Au tout début, j’ai été impressionné et influencé par Harlan Tarbell, Cardini, Channing Pollack, Don Alan, Paul LePaul, et Neil Foster. Plus tard, par Eddie Fields, Ed Marlo, Brother John Hamman, Albert Goshman, Tony Slydini, et Don Alan (pour des raisons différentes, cette fois).
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je suis toujours attiré par les artistes de théâtre qui travaillent sur scène et nulle part ailleurs, qu’elle que soit la taille de la salle, tant qu’ils comprennent l’importance de l’imagination, du récit, de l’émotion stimulante et qui sont en mesure de livrer ces choses à un public. Par exemple, j’admire les artistes qui livrent un one-man shows tels que Ricky Jay, Harry Anderson, et Arturo Brachetti.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Ceci est une question difficile à répondre succinctement. La plupart de mes influences sont littéraires et cinématographiques, en particulier les œuvres des poètes et artistes visuels. J’adore le travail de Borges et des cinéastes comme Ingmar Bergman et Federico Fellini.
Slydini et Racherbaumer.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Parce que je crois que le magicien doit aspirer à être un homme de la Renaissance, je conseille aux débutants d’apprendre autant que possible sur le théâtre, la psychologie, la philosophie, la science, l’anthropologie culturelle, le cinéma, la poésie, la communication, et d’autres sujets concernant « les outils d’influences ». Inutile de dire que je les encourage à apprendre tout ce qui concerne la magie, y compris son histoire et sa psychologie.
Une partie du processus d’apprentissage pendant des cours est d’être capable de tester et de répéter ce que l’on apprend. Cela nécessite d’être en mesure d’exécuter en public des centaines et des centaines de fois. Le défi est alors de trouver des lieux où l’on peut être « mauvais » tout en expérimentant. Il faut passer au moins 10 000 heures dans “les tranchées ». Cela n’est pas facile, surtout aujourd’hui. Gardez à l’esprit que le plus essentiel pilier est l’être humain. On ne peut pas maîtriser le pickpockétisme, l’hypnose, la comédie, ou toute autre chose en pratiquant seul dans une chambre ou devant un miroir. Il faut interagir dans le monde réel (comme les magiciens ont coutume de dire).
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Il semble y avoir plusieurs « changements » qui se déroulent. Tellement de choses sont déterminées par la culture dans laquelle on travaille, bien qu’il semble qu’il y ait une culture émergente, celle-là est normalisée à l’échelle mondiale (Le village global).
Les magiciens aujourd’hui sont également en concurrence avec d’autres “choses mystérieuses et merveilleuses”. La réalité virtuelle sera une force concurrente, avec d’autres innovations technologiques. Lorsque ces choses deviendront immersives et que les spectateurs seront dans ces mondes virtuels spectaculaires ; les magiciens espérant impressionner ou divertir les gens avec des balles flottantes, des disparitions de cages d’oiseaux, ou tout autre “trucs” du métier feront pâle figure en comparaison. L’objectif reste toujours de faire quelque chose d’extraordinaire avec de l’ordinaire
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Une réponse courte à cette question importante : la culture est tout. Dans un sens, cela revient à se demander « Quelle est l’importance de l’eau pour un poisson ? » Pour fournir une réponse explicative, on serait obligé d’écrire un livre entier sur le sujet. Pendant ce temps et à cet égard, je recommande la lecture de TRADE OF THE TRICKS de Graham M. Jones, ainsi que Inside the Magician’s Craft (2011), en particulier le chapitre (« La culture de la prestidigitation ») et son essai Toward a New Magic. Ce livre devrait être une lecture obligatoire !
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Les romans, la poésie, la musculation, le cinéma, les mathématiques récréatives, les échecs et la philosophie.
Interview réalisée en janvier 2016. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Jon Racherbaumer. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.