Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Je fais de la magie depuis l’âge de 5 ans. Je me souviens avoir regardé les émissions télévisées de Doug Henning. Avec toutes ses illusions prodigues et fantaisistes, ce qui m’a le plus impressionné, c’est quand il a fait disparaître une pièce à mains nues ; si simple et pure, mais incroyablement magique. C’est alors que j’ai su… Je savais que la magie était quelque chose que je voulais faire. Cela m’a aussi inculqué un amour pour la magie de close-up plutôt que pour la scène.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
En grandissant, j’habitais avec ma mère dans un petit appartement à Huntington Park, CA. Il n’y avait pas de magasin de magie près de chez nous. Mais, je me souviens d’un jour où je marchais avec elle sur l’un des boulevards remplis de petites pharmacies et de magasins de vêtements, j’ai vu un endroit appelé « Fink’s Fun City ». Il y avait pleins de gadgets comme « la pièce à eau » ou du faux vomis, mais ce qui a immédiatement attiré mon attention, ce sont les faux pouces et quelques livres de magies. Le vieux monsieur derrière le comptoir m’a montré quelques tours amusants, puis une transposition avec des As. J’étais accro. Ma mère m’a acheté une version de poche du livre technique Expert Card Technique et un jeu de cartes (oh, et une guillotine à doigt) et à partir de ce moment-là, je suis devenu un « étudiant en magie ».
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Mes plus grandes opportunités sont survenues lorsque je suis devenu membre du Magic Castle en 1995. J’y suis allé fidèlement tous les mercredis soir pendant des années. Gordon Bean, le bibliothécaire du château, a joué un grand rôle dans mon développement en tant que créateur magique. Je rebondissais sur les centaines d’idées de mes collègues magiciens. Je me souviens avoir montré des routines à Larry Jennings au bar du château, ce qui était un moment incroyable. Je suis aussi devenu bon ami avec David Regal. C’est David qui m’a encouragé à réaliser mon premier DVD avec L & L Publishing en 2003, un double DVD intitulé Brainstorm. Je n’ai jamais cherché à devenir une célébrité en magie ; je voulais juste partager ma magie. J’ai été surpris du nombre de portes que ce DVD a ouvert pour moi. Par la suite, je ne savais pas alors que mon livre One Degree (2010) serait traduit en quatre langues à travers le monde; ou que je ferais le tour de l’Europe; ou que je deviendrais le chroniqueur Magicana pour le Genii magazine. Et les opportunités continuent.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
La majorité de mon travail est constituée de tours de magie déambulatoire, bien que je pratique aussi de la magie de stand-up et de salon. Récemment, j’ai présenté du close-up dans la galerie du Magic Castle, un mois plus tard, j’ai présenté un spectacle de stand-up de 90 minutes à San Diego. Ce sur quoi je me concentre ces derniers temps, c’est de jouer des tours de close-up pour un public plus large. J’ai eu quelques conversations perspicaces avec Michael Vincent et Roberto Giobbi à ce sujet. C’est une exploration merveilleuse de faire des changements « d’un degré » pour faire en sorte que tout le public apprécie quelque chose qui était initialement destiné à être vu dans un cadre rapproché.
Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir présenter de la magie aux gens, à la fois à des profanes et à des magiciens. Bien que je ne fasse pas de magie à plein temps, je reste sur le qui-vive pour me produire, créer et écrire et je prends toutes les opportunités que je reçois. De la magie en restaurant aux engagements corporatifs, mes expériences m’ont permis de faire la lumière sur un large éventail de sujets qui nous concernent tous en tant que magiciens. J’ai également eu le plaisir de partager ma magie avec d’autres magiciens à travers le monde avec mes DVD, livres et conférences.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
J’ai eu beaucoup de mentors et d’influences durant mes 25 années de pratique, comme David Regal et John Bannon. Paul Harris et Jay Sankey ont aussi joué un rôle important dans ma créativité. J’ai également la chance d’avoir un petit groupe de magiciens, dont Jack Carpenter, Stephen Hobbs, John Carey, Curtis Kam, Stephen Minch et Raj Madhok. Nous échangeons des idées presque chaque semaine. Il est important d’avoir des commentaires ouverts et honnêtes pour s’améliorer continuellement.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’ai travaillé dans toutes les formes de magie de close-up, mais j’ai finalement été attiré par les cartes en raison de leur riche histoire et de leur attrait moderne qui continue aujourd’hui. Elles ont une élégance classique qui peut aussi être utilisée de manière créative et décalée. De plus, il est important pour moi d’utiliser des accessoires organiques – ceux que connaissent le public – et les cartes conviennent parfaitement.
Mon style de magie dépend d’une manipulation fluide et gracieuse, que les cartes me donnent l’occasion de présenter. En dehors des cartes, mes performances comportent une combinaison de divers objets du quotidien, comme des élastiques, des pièces de monnaie, des cartes postales, etc. Quels que soient les accessoires utilisés, il est important de se rappeler l’expérience mémorable que doit vivre notre public.
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’ai déjà mentionné mes influences magiques, mais j’ai un plus large éventail d’éléments qui renforcent ma magie. J’adore dessiner et jouer de la guitare, et à bien des égards, cela m’a influencé à transcender ma magie. Par exemple, une chanson n’est pas seulement une série de notes ; c’est une expression de sentiment et d’âme. J’essaie aussi d’instiller ça dans ma magie. J’ai également tiré partie de mon travail dans la publicité et la philanthropie. Je construis des marques, fais avancer des causes et fais de la magie dans le monde entier depuis plus de 20 ans… et cela m’a aidé à développer une vision globale : relier les gens à l’extraordinaire !
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
J’encourage un débutant à lire beaucoup. D’acheter une compilation comme The Collected Almanac de Richard Kaufman, qui contient tous les numéros de l’Almanach de Kaufman et qui est rempli d’une variété, quasi illimitée, des meilleurs noms de la magie de close-up comme Vernon, Jennings, Harris, Sankey, Dingle, Carney et bien d’autres. C’est également une excellente ressource pour aider les magiciens à se concentrer sur la magie avec laquelle ils s’identifient, ce qui en fait un excellent tremplin pour explorer d’autres livres et notes de ces magiciens.
Une autre astuce consiste à préparer et préparer un peu plus. Jouer de façon professionnelle est très différent de jouer pour des amis. Cela demande plus de pratique et de préparation que nous ne le pensons souvent. Tout comme un pilote de ligne, qui doit accumuler plus de 1 500 heures de vol avant de devenir capitaine, nous devons, en tant que magiciens, accumuler de nombreuses heures de spectacle avant d’entrer dans l’arène professionnelle. Commencez avec la famille et les amis, puis les amis des amis. Faites du bénévolat et donnez votre temps pour de petits événements. Exposez-vous dans différents environnements, des fêtes bruyantes aux soirées élégantes. Performer des heures, puis encore plus, avant de vous prétendre « professionnel ».
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Mon point de vue sur la magie actuelle est de tout embrasser. La magie continue d’être présente dans les films, la télévision, les émissions de téléréalité, YouTube, etc. L’ère numérique a rendu la magie plus accessible que jamais. Je sais qu’il y a des avantages et des inconvénients à cela, mais je pense finalement que tout cela est bon pour la magie. Elle continuera d’évoluer. Nous avons tous un rôle à jouer. Il est important de se concentrer sur nos propres priorités et pas sur celles des autres.
Quand il s’agit de magie, je me considère comme un « explorateur rétif », comme Jon Racherbaumer m’a décrit. Je pense sans cesse aux approches, idées, présentations, et tout le reste. Dans mon livre One Degree, je parle des petits changements qui peuvent entraîner un impact extraordinaire. L’approche « à un degré » consiste à faire des raffinements cruciaux pour renforcer la magie. Un changement « d’un degré » peut être aussi simple qu’attendre un moment avant de révéler une carte, ajouter un seul mot à votre présentation, remplacer une technique par une subtilité (ou vice-versa), ou appeler votre spectateur par son nom.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je crois que la magie est beaucoup plus que le fait de trouver une carte ou de tromper les sens. Il s’agit de se connecter avec les gens. Que ce soit pour une ou cent personnes. Je vois la magie comme un cadeau qui aide les gens à croire que tout est possible. C’est le vrai pouvoir de la magie !
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Quand je ne joue pas, que je ne crée pas de magie ou que j’écris pour le Genii magazine, j’ai plusieurs autres centres intérêts. Ceux-ci comprennent les affaires, la course, la guitare, l’art et le design, et ma famille.
– Interview réalisée en novembre 2017.
A lire :
– Un degré de plus par John Guastaferro (C.C. Éditions, janvier 2014).
– En route par John Guastaferro (C.C. Éditions, septembre 2017).
A visiter :
– Le site de John Guastaferro.
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