7ème journée française d’histoire de la Magie
Pour cette nouvelle édition, l’équipe du Collectoire a choisi un nouveau lieu de représentation au sein du Théâtre Adyar, niché au fond d’un square et situé à deux pas de la tour Eiffel. Une salle plus adaptée dans une configuration à l’italienne classique, qui offre une grande proximité entre les intervenants et le public. Le « Monsieur loyal » qui anime la journée se nomme Gaëtan Bloom. Celui-ci rappelle l’importance de ce genre de rencontre qui favorise l’échange de notre patrimoine magique dans la bonne humeur.
Le Collectoire a choisi d’aborder trois thématiques propres au mentalisme en lien direct avec l’actualité. La transmission de pensées revient à la mode. L’hypnose de spectacle est ultra médiatisée et se fait maintenant dans la rue ; la lecture de pensée fascine au travers de la série The Mentalist et Derren Brown n’a jamais été aussi populaire.
LE MENTALISME
1- La transmission de pensée
La seconde vue de 1845 aux années 1920. Extrait de la conférence de Didier Morax
Jean-Eugène Robert-Houdin peut être considéré comme l’inventeur de la seconde vue1. Il a inventé une méthode de transmission de pensée qu’il exécutait sur scène en 1845 avec son fils Emile dans le rôle du médium. Il en parle dans son livre Confidences et révélations. Dans son premier principe de double vue Robert-Houdin s’exprimait en parlant.
1 Fanch Guillemin et Thibaut Rioult ont trouvé des systèmes de codes dès 1257 dans un ouvrage sur la magie arabe. A la Renaissance, Luca Pacioli, assistant de Léonard de Vinci, raconte vers les années 1480 comment un habitant de Ferrare a dresser son jeune fils à communiquer avec lui par l’intermédiaire de chiffres, de signes et de gestes. On trouve d’autres systèmes utilisés au XIXème siècle avec Pinetti et son petit Turc automate, Le marquis de Puységur et son assistante Magdeleine. Enfin, selon le journaliste Jules Vallès, l’expérience de la seconde vue fut mise au point pas un perruquier londonien qui vendit son secret au fantaisiste Sir Lepsom. Lors d’un voyage à Paris et d’une séance au théâtre Robert-Houdin, Lepsom proposa au maître blésois d’échanger son secret contre deux automates. (Source : Magicus magazine n°235, mai-juin 2022)
En 1876 Thomas Frost relate dans son livre The lives of the conjurers qu’en 1784 à l’arrivée de Pinetti à Londres, ce dernier aurait mis au point un système de divination avec sa femme. Dans son livre Robert-Houdin unmasking, Harry Houdini essaya de contester la paternité de la Seconde vue au maître en présentant des « Antériorités » à ses créations.
En 1846 la Seconde vue devient une véritable routine et le 12 février, Emile Robert-Houdin devient un véritable partenaire pour son père. Jean Pierre Dantan le célèbre statuaire, qui deviendra un proche ami de son père, l’immortalise sous forme de dessins et de sculptures.
Dans le journal La Sylphide de mai 1846, le journaliste de Villemesant écrit : « Mais ce que tout le monde ignore, c’est, la manière toute simple, — nous n’oserions dire toute naturelle, — dont ce miracle est produit. M. Houdin père est un excellent ventriloque qui sait imiter avec une remarquable perfection la voix de son fils; M. Houdin adresse la question de sa voix naturelle et lui-même y répond sur-le-champ de sa voix imitative ; le fils n’a qu’à remuer les lèvres et tout le monde y est pris. Nous ne demandons rien au public pour l’avoir initié à ce secret de seconde vue ou plutôt de seconde langue, et Monsieur Houdin lui-même nous devra de la reconnaissance pour l’avoir proclamé premier ventriloque de la terre. »
Le succès de la seconde vue dépasse toutes les espérances, et toutes les frontières. Jean Eugène Robert-Houdin fait des représentations à l’étranger pendant plusieurs mois, et la seconde vue est en bonne place sur les affiches.
Le spiritisme importé des états Unis est en pleine apogée aussi les fervents du magnétisme font feu de tout bois pour résister. Joseph Adolphe Gentil publie en 1847 : « Magnétisme ….Explications du phénomène de seconde vue et de soustraction de pensée dont jouissent les Somnambules lucides. »
Un ancien militaire, Antoine-Francois Gandon se reconvertit dans la vie civile en montant un numéro de télépathie copié sur celui de Robert-Houdin. En 1849 Gandon publie La seconde vue dévoilée : Dernier coup porté aux sorciers et aux sortilèges. Ouvrage entièrement nouveau, donnant à tout le monde la facilité de faire des expériences dites de Seconde-Vue ou de Double-Vue. L’auteur décrit entièrement le système de codage !
En 1850, Robert-Houdin travaille avec Emile sur la modification de leur numéro. La seconde vue ou double vue devient muette. La clochette fait son apparition. Le numéro s’appelle désormais La seconde vue ou la clochette mystérieuse.
Emile Robert-Houdin.
Le nouveau numéro de Seconde vue est présenté et les plagiaires attitrés se mettent immédiatement à la besogne. Le 23 août 1850 sur les affiches de Robin on lit : « SECONDE VUE EXTRA LUCIDE ET A LA CLOCHETTE de Madame Robin ».
Le journal l’Eventail du 3 novembre 1850 relate la soirée donnée par Gandon et son médium nommé Gouhénant. Ils sont à Bordeaux. Il est précisé que Gandon a expliqué clairement et succinctement l’ingénieux système dont il est l’inventeur.
Dès 1851, Au Salon Lassaigne, passage Jouffroy à Paris, l’habile professeur Lassaigne a mis au programme La Transmission de pensée. Mademoiselle Prudence, avec qui il opère, est un résumé vivant des plus merveilleux phénomènes de l’art ; c’est-à-dire qu’elle possède l’audition sans le secours des oreilles, la vision sans l’aide des yeux, la communication des pensées, la divination et l’oubli, au réveil de cette léthargie lumineuse Mademoiselle Prudence joue aux cartes avec la prestesse d’un aveugle-né, elle devine votre pensée par l’intermédiaire de son magnétiseur, elle déchiffre vos secrets jusque dans votre poche. Vous criez à l’escamotage ; du tout, c’est un prodige. Sur son livre Mémoires d’un magnétiseur, il mettra en épigraphe : « La Prestidigitation est la Magie simulée, le Magnétisme est la Magie réalisée. »
Charles Lafontaine, magnétiseur et magicien a participé aux expériences du marquis de Puységur et devient un célèbre magnétiseur itinérant. Il est tellement itinérant qu’il a oublié de s’informer sur la nouvelle seconde vue muette mise au point par Robert-Houdin. Dans son ouvrage L’Art de magnétiser, ou le Magnétisme animal considéré sous le point de vue théorique, pratique et thérapeutique, sorti en 1852 il a écrit que ce prétendu phénomène trouve son explication dans la ventriloquie !
Le Livret Phénomènes extra magnétiques ou sciences de la Double vue par L.P. à Agen apparaît en 1853. Vers 1855 on peut acquérir Le Petit opuscule Dictionnaire de la double vue édité à Charleroi en Belgique chez Daubresse-Steiner, ainsi que le livre La Double vue dévoilée par B. Cazeneuve professeur de Prestidigitation. Ce dernier n’a rien à voir avec Marius Cazeneuve le toulousain.
En 1858 Robert Heller quitte la musique pour devenir magicien mais sa tentative ne dure pas longtemps.
A Philadelphie aux Etats unis, en 1860 le Livre de E. Mason Junior est édité. Il a pour titre : VENTRILOQUISM MADE EASY… Also, an exposure of MAGIC And the SECOND SIGHT Mystery.
Vers la fin de l’année 1862 Robin s’installe dans un théâtre fixe dont il a fait l’acquisition. C’est sur le boulevard du Temple à Paris. Avec son épouse il va continuer pendant un certain temps les expériences de seconde vue qu’il présentait en tournée. Il va exploiter le théâtre jusqu’à sa fermeture en février 1867. C’est un farouche concurrent pour le théâtre Robert-Houdin qui est implanté au 8 boulevard des Italiens depuis 1854.
Robert Heller s’est marié et se lance à nouveau dans la magie. Il propose entre autre » le grand mystère de la Seconde vue » Le succès est au rendez-vous. Pour la transmission de pensée Heller utilise une signalisation électrique faite par une troisième personne ignorée du public qui utilise un codage proche du morse.
L’an 1867 Louis Degean propriétaire du cirque Napoléon fait confiance à ses régisseurs dont l’illustre Franconi, pour engager un numéro qui va surfer sur la vague du spiritisme et de la seconde vue. Ils font appel aux frères Bonheur. Ils font un numéro de transmission de pensée silencieuse. Ces derniers obtiennent un beau succès qui malheureusement ne perdure pas. Certains journaux appellent au remplacement de leur numéro par un numéro de bêtes sauvages.
Edouard Raynaly, celui qui va avantageusement opérer au théâtre Robert-Houdin dans quelques années, remplace provisoirement, l’un des frères Bonheur. Nous sommes en 1871. Il va lui aussi devenir un adepte du bandeau, mais plus pour de la lecture de pensée.
Raynaly est ensuite remplacé par de Thorcey, spécialiste des attractions mentales. De Thorcy ou Thorcey managera Inaudi le célèbre calculateur prodige d’origine italienne, et tiendra quelques temps en 1895 la baraque foraine de projections cinématographique des associés Inaudi et Méliès.
Vers 1875, CUMBERLAND et de Bischop commencent à présenter des expériences de transmission de pensée non plus avec un sujet mais en exécutant les actes ordonnés mentalement et directement par les spectateurs. La base est la perception des réflexes inconscients qui ne peuvent être réprimés. Ces expériences vont prendre le nom de Cumberlandisme. Deux ans plus tard Donato deviendra le modèle du genre. Ses assistants seront de Thorcey, et Alberti qui deviendra Pickman.
En 1880 paraît le livre La seconde vue expliquée d’après les présentations faites auparavant par Robert-Houdin et Robert Heller. L’auteur est un américain nommé Washington Irving Bischop.
Les forains et les banquistes utilisent de plus en plus « La seconde vue ». C’est un exercice marquant qui leur permet d’appâter les clients pour les prédictions, et la voyance sources de leurs revenus. Beaucoup de magiciens vont contrecarrer le phénomène en proposant cette attraction dans leurs prestations en salle de spectacle et dans les soirées des grands hôtels de villes d’eaux ou de stations balnéaires.
Ernst Thorn, et son épouse, Hofzinser et sa compagne opèrent avec gloire et profits à l’étranger. Les Cordelier, alias Cousinet, docteur du diable, docteur Méphisto, les Hicks, les xxx, les Hommes merveilleux etc. travaillent avec l’imprésario De Thorcey. Ils vont tourner en Angleterre où ils obtiendront un succès sans précédent, puis dans les capitales européennes. C’est l’époque faste pour la transmission de pensée.
Dans le journal Le Petit Nord du 7 octobre 1884. On se rend compte qu’Eugène Laurent Verbeck, qui a exercé en tant que magicien sur la scène du théâtre Robert-Houdin, modifie le mode opératoire de la transmission de pensée. Le sujet exécute les actes qui sont mystérieusement transmis.
Le 18 septembre 1887 Donato qui maintenant se fait appeler « Fascinateur » débute à la galerie Vivienne à Paris. Mais il a déjà une notoriété acquise en province depuis des années. Ezu-Ala alias Alauze et Ackita présentent des attractions dont la transmission de pensée. Les magiciens commencent à glisser vers le spiritisme, dont la lecture de pensée tel qu’Onofroff (Henri Bally d’Onofroff) en 1889.
Après avoir tenu la baguette du cabinet fantastique, dont le premier glas vient de sonner, l’illusionniste Marga, va opérer avec la voyante Niranka. Ils présentent des transmissions musicales sur le violon des opéras, opéras comiques, opérettes etc.…. Ainsi qu’une Télépathie universelle dernière découverte scientifique.
Le XXème siècle débute et les frères Isola appelés « les cerveaux siamois » ont quelques accrochages dans leur numéro de « transmission de pensée », aussi ils substituent un moyen mécanique à leur mémoire parfois défaillante… D’une expérience ratée, les frères ISOLA avaient tiré un truc prodigieux, permettant d’obtenir des effets jusqu’ici inconnus dans le domaine du mentalisme.
Le commandeur Marius Cazeneuve et sa nièce font aussi de la transmission de pensée et de la suggestion.
En 1904. Miss Kollins et Daver présentent dans leur troisième partie La transmission de pensée dévoilée, pseudo magnétisme.
Elie Chautard alias Elias publie Les révélations d’un magnétiseur, ouvrage dans lequel il explique les trucs ingénieux employés au théâtre pour obtenir les phénomènes de la transmission de pensée, du magnétisme, et de l’hypnotisme.
Au 8 du boulevard des Italiens, Georges Méliès fête le centenaire de Robert-Houdin né en 1805. Le lecteur de pensée Talazac et la voyante Mickaella sont au programme.
Roskoff et Foska la jeune bohémienne qui sont engagés au Théâtre forain de Bénévol décrivent leur prestation de seconde vue par la phrase de Camille Flammarion : « la vue intérieure de l’âme, peut voir à des distances considérables, mais elle peut connaître d’avance l’avenir d’une personne. »
Les Zancigs, qu’il ne faut pas confondre avec Zancic le magicien américain, est un couple de danois, et non d’allemands, qui sont employés au service, dans une gargote de New-York. Ils montent un numéro qui porte le numéro de la seconde vue au paroxysme. Lui, Julius Jörgensen, a près de 50 ans et elle, Agnès Claussen Jörgensen un peu plus âgée a 57 ans. Ils deviennent artistes professionnels et perçoivent des cachets qui battent tous les records. Après le décès de son épouse en 1916, Julius a écrit l’opuscule How to Zancig dans lequel il dévoile leurs codes.
Courant 1908 Le professeur Dalmoras assisté par Mariska présente un numéro de transmission de pensée dans son spectacle complet.
Après la première décennie du 20 ème siècle, beaucoup de magicos, terme employé par nos aînés, dont Mireldo, vont augmenter la file des fervents de la seconde vue dont voici la liste : Honoré Coletti et Léale, MELINO et Miss Rita, qui deviendront Meline et Odette Duval, Milody-Jacquemet, Ornaly, Albertini de Roubaix et Stella Mathy, Ténoska et Doriano alias Ylaneb, Verdin alias SISKOFF, Pol Walter l’amateur rennais si réputé, Arkoff et Nadia……..qui ont porté le nom de Crispin et Claire de Beauval, Berry et Hamilta.
En 1925, Pickmann meurt. Il avait débuté sous le nom d’Alberti, il avait demandé des conseils à Robert-Houdin lors d’une représentation à Blois et le maitre s’était déplacé pour voir son spectacle. Il travailla peu de temps au théâtre des Soirées fantastiques avec Emile, celui qui faisait la seconde vue en 1845. Puis Il devint l’assistant de Donato mais je ne peux dire si ce fut avant ou après Dalmoras. On lui doit le terme « Liseur de pensée ».
L’homme radar
La seconde vue devient la première solution avancée pour l’explication, aux non-initiés, de l’expérience de conduite à l’aveugle devenue expérience de l’homme radar.
Dans les années 1930 un dénommé Gaston Ouvrieu se lance dans une tournée nationale, qui obtient un bon écho auprès des journalistes de l’ouest. Fougères, Vitré, Rennes, Nantes. Dans chaque ville il propose de conduire une automobile avec les yeux bandés. Les articles de presse se cumulent. Sa rengaine est bien rodée, à chaque interview il raconte que blessé à la tête dans les tranchées à la guerre 14-18 il avait perdu tous ses esprits. Quand il reprit ces derniers il s’aperçut qu’il percevait la pensée des personnes qui le côtoyaient. Aussi la présence à côté de lui d’une personne attentive qui pense fortement aux obstacles et à l’itinéraire lui permet de réaliser la prouesse de la conduite aveugle.
Ouvrieu a compris que ses prestations devenaient une publicité énorme pour les concessionnaires automobiles, et ces derniers ont vite compris leurs intérêts à présenter des modèles soignés. Le résultat final était une salle pleine pour la séance de magie qui avait lieu le soir de sa démonstration, et de temps en temps l’ajout de séances supplémentaires.
George Newmann, magicien et mentaliste américain mena une charrette tirée par deux chevaux, en conduite aveugle dans les mêmes années.
Depuis nous avons eu le droit à de nombreuses expériences de seconde vue en voiture, moto, et avion. Je vais vous faire partager le fruit de quelques recherches. Pour certaines prestations l’explication officielle consiste à percevoir ce que pense une personne placée à côté de l’artiste et pour d’autres l’hypnose ou l’autohypnose sont avancées. Chacun vend sa prestation selon l’angle qu’il désire.
L’extravagante Wilsonne.
Est projeté sur l’écran un montage de vidéos mettant en scène des hommes ou des femmes radar concocté par Pascal Friaut. On y retrouve Dominique Webb conduisant une décapotable les yeux bandés, Wilsonne l’inénarrable femme radar dans un show drolatique, Alain Marsat traversant Limoges, Jakie Jack, l’illusionniste-fakir et hypnotiseur.
La transmission de pensée dans la deuxième partie du XXème siècle jusqu’à nos jours
Robertson et Lucile, Carolus et Magdola, Myr et Myroska, O’shan et Naga, Georges Farah « Li king Si « , Monika et Don Lucry, Wilsonne et Wilson, Xavier Moriss et Véronika, Les Gilsons (Claudy et Mylène), Gilles et Blaise… puis Van Yen et maintenant Avril, Claude et Christine Jan, Pathy-Bad et Bettina, Philippe Warein et Laurence, Edouard et Sarah, Viktor et Malvina puis Viktor et Wanda, Fréderic Da Silva, Antoine et Val, Dan Taylor et Elisabeth, Claude de Piante…
O’shan et Naga
LES GILSONS
Claude et Mylène Gilsons entrent en scène pour nous présenter leur numéro de transmission de pensée dans un style music-hall ludique et rythmé. Claude présente sa partenaire, « celle qui sait tout de vous ! » il lui demande alors plusieurs choses comme la couleur du pull ou de la cravate d’un monsieur, son signe particulier, son numéro de montre, l’heure affichée (après l’avoir changé), la couleur du bracelet…
Claude Gilsons : « Interrogez Mylène sur n’importe quoi et elle vous répondra, c’est notre spécificité. »
Mylène devine une carte, le prénom d’un jeune homme, son origine, le dernier voyage qu’il a fait, la ville qu’il a visité. Elle réitère la même expérience avec un autre spectateur en allant plus loin et en devinant à quoi s’intéresse la personne et à qui elle pense en ce moment.
Claude Gilsons : « Vous pensez que nous procédons avec du matériel électronique, que Mylène porte une oreillette… Et bien, désolé de vous décevoir mais nous n’utilisons pas ce genre de trucage… »
« Madame, sortez-moi une pièce d’identité. » C’est au tour de Mylène de deviner le nom de famille, les deux prénoms de la dame, sa date de naissance, son département et sa ville d’origine.
Pour finir leur numéro, les Gilsons proposent aux spectateurs une expérience bluffante. Un nombre de trois chiffres est écrit sur une ardoise par trois spectateurs différents. L’ardoise est cachée et Mylène écrit une prédiction correspondant au total des trois nombres qui s’avère exacte.
Après leur représentation, Claude Gilsons raconte le parcours de sa famille qui remonte à cinq générations. Ses parents Gilsons et Mona faisaient le même numéro, que Claude et Mylène ont repris et adapté avec une autre méthode. L’arrière-grand-mère de Claude était une partenaire du magicien Bénévol. Sa famille possédait des entre-sorts sur les fêtes foraines comme la femme volante.
Claude a commencé le mentalisme à 4 ans où il donnait des représentations avec ses parents tous les soirs dans les cinémas. Il faisait le tour du « Dé au chapeau ».
Aux questions : Comment travaillez-vous le rythme dans votre numéro ? Comment gardez-vous ce dynamisme et ce rebondissement constant ? Claude répond qu’il est allé voir un metteur en scène de théâtre pour travailler le rythme, la parole et la gestuelle. Selon lui, il faut jouer sur la performance. Des phrases ont été créées sur son rythme de parole. Une méthode spécifique a été mise en place pour qu’elle semble naturelle ; par exemple, dans ce système, le verbe « Voir » est conjugué à plusieurs temps.
Leur technique est de reprendre un principe de codification basique et de changer des mots par une correspondance chiffrée. Il y a aussi un système mnémotechnique qui associe des objets par catégorie… Chaque télépathe a sa méthode.
Pour monter un tel numéro, il faut avoir un minimum de culture générale comme connaitre sa géographie pour deviner des départements, des villes ou des pays du monde entier… Il faut aussi maîtriser certaines langues étrangères si l’on souhaite tourner dans le monde entier.
La concurrence n’existe pas dans ce domaine car nous sommes très peu à exercer la double vue. Cela s’explique par un grand investissement et un travail au quotidien à deux (3 à 4 heures de répétitions par jours au début). Sans quoi le numéro ne peut pas survivre.
Claude Gilsons passe ensuite en revue les autres duos de télépathes comme Gilles et Blaise qu’il considère comme les meilleurs au niveau de la présentation. O’shan et Naga possédaient quant à eux une méthode à part. Claude montre ensuite des photos de Magdola et Carolus, Robertson, Gilsons et Mona, Manita Carrighton, Nahad Ben et Myr et Myroska, les plus grands télépathes.
– Extrait vidéo du numéro mythique de Myr et Myroska, où Myroska devine le prénom des spectateurs, leur date de naissance, des objets qu’ils portent sur eux, ainsi que de nombreux détails. Les gens lui demandent même comment ils s’appellent.
Myr terminait la représentation par : « Il y a deux solutions : soit c’est un miracle ou soit c’est un trucage. Personnellement je ne crois plus au père Noël ! S’il n’y a pas de truc c’est formidable… Mais s’il y en a un, il faut reconnaître que c’est encore plus fort ! »
Pour Claude Gilsons, le duo légendaire avait une avance incroyable. Myr utilisait la technique du préshow en se baladant dans le public avant la représentation. Il prenait des notes et envoyait directement « les codes » lors de la représentation. Il est rapporté que Myr et Myroska n’hésitaient pas à suivre les gens chez eux et demander des renseignements au concierge par exemple…
Claude Gilsons nous montre ensuite des photos de télépathes modernes comme Pathy Bad et Bettina, Dan Taylor et Elisabeth, Edouard et Sarah, Gilles et Blaise, Philippe et Laurence, Dimotee Trost, Claude De Piante et Aude Lebrun.
– Un montage vidéo de Jean Régil nous montre en action Blaise et Gilles, Syl et Sun, Shirley et Dino (numéro comique de 2005), Antoine Newman et Valérie, ainsi que Xavier Morris et Véronika.
Claude Gilsons se prête au feu des questions :
– Comment le public perçoit les numéros de télépathie actuellement ?
– Il les prennent comme un divertissement. Il faut faire attention au « trop fort » en mentalisme car le ressenti peut-être négatif (exemple avec les chiffres du loto qui peuvent engendrer de la frustration). Les gens sont très sensibles à une certaine « performance ».
– Des gens viennent-ils vous voir, après le spectacle, pour retrouver leur fils disparu ?
– Oui, cela arrive fréquemment mais nous mettons les choses au clair dès le début de la conversation.
– Comment répétez-vous ?
– On ne répète plus depuis 15 ans ! Mais au tout début, on travaillait avec une ardoise et on « envoyait » des choses. L’importance est que Mylène est un retour sur scène. Il est aussi intéressant d’inverser les rôles entre l’émetteur et le récepteur ; ce que fait remarquablement bien Dan Taylor et Elisabeth.
– Que pensez-vous des nouvelles techniques comme Google Map pour du pré-show ?
– Mylène n’aime pas le pré-show. Moi, ça m’arrive d’en utiliser. C’est vrai qu’il y a pleins d’informations disponibles avec Internet, les possibilités sont infinies. Mais l’importance est de savoir comment on va en faire un spectacle.
Claude Gilsons termine son intervention par deux extraits vidéo :
– « Sar Rabindranath-Duval », sketch de Pierre Dac et Francis Blanche dans l’émission 36 chandelles de 1956. Un duo de télépathes comiques avec des jeux de mots irrésistibles (extrait : « Je vois…je vois double…la double vue, c’est quand j’ai trop bu ! »)
– Serge Gainsbourg et Jacques Martin pratiquant un numéro de télépathie dans un music-hall parisien.
2- La lecture de pensée avec Thierry Collet
Magicien et comédien, Thierry Collet travaille depuis une vingtaine d’années à renouveler les codes, l’esthétique et la dramaturgie de la magie, pour en faire un art en prise avec les problématiques humaines, sociales, morales, politiques et esthétiques de son époque : une magie contemporaine.
Après avoir été formé à la prestidigitation au contact de maîtres (dont Jean Merlin), il fait un crochet par la fac de psychologie puis se dirige vers le théâtre et rentre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique pour travailler sur les notions de personnage, de situation et de narration. Il commence à donner du sens à sa pratique de magicien.
Acteur, il joue sous la direction d’Eric Vigner, Lisa Wurmser, Eugène Durif, Jean Lacornerie et Roland Auzet. Concepteur et interprète, ses quatre premiers spectacles sont très narratifs (L’Enchanteur en 1995, La Baraque des prodiges en 1998, Maître Zacharius en 2000, L’Ombre en 2004), puis il inaugure avec Même si c’est faux, c’est vrai (2007) un nouveau cycle en collaboration avec Michel Cerda : les effets magiques ne sont plus directement reliés à un texte mais résonnent de façon libre et intuitive autour d’un questionnement sur la fragilité de nos modes de perception du réel. VRAI/FAUX (rayez la mention inutile) et Influences en 2009 prolongent ces thématiques plus psychologiques et politiques en abordant la question de la manipulation mentale. La voie d’une magie qui nous parle du réel s’affirme : Qui-Vive (2012), mis en scène pas Eric Didry, puis Je clique donc je suis (2014), évoquent les techniques de captation et d’utilisation de nos données personnelles.
Pour cette journée spéciale mentalisme, Thierry Collet nous a préparé une intervention en forme de laboratoire de recherches. Sa note d’intention : « Si le paranormal, l’intuition et les pouvoirs psy restent encore des thèmes très utilisés par les mentalistes en lecture de pensées – la montée en puissance de la vague spirituelle défendue par Jérôme Finley ou Neil Scryer en témoigne – d’autres dramaturgies se sont développées ces dernières années, notamment l’approche comportementale et cognitive popularisée par Derren Brown.
Le mentalisme me permet de parler de ce qui me passionne le plus dans la magie : le rapport au pouvoir, à l’exercice de l’autorité, à la création de croyance et à la manipulation mentale. Dans mon travail, j’établis des liens entre les savoir-faire du magicien – maitrise du mensonge, connaissance de la psychologie humaine, etc. – et l’utilisation de ces techniques dans le monde réel, en propagande politique ou religieuse, en publicité et à travers les médias.
A partir d’effets tirés de mes spectacles, de routines en cours de développement, j’évoquerai de nouvelles pistes de fictions et de présentations possibles pour les mentalistes en lien avec le monde contemporain : captation et utilisation des données personnelles via internet, fichage de la population, stéréotypes liés aux questions de genre, etc.
Mon but est de faire du mentalisme un outil qui questionne notre libre arbitre, notre esprit critique, notre système de valeurs et de croyances, un art qui nous confronte au monde réel plutôt qu’au merveilleux, qui nous réveille plutôt que de nous endormir. »
Sur scène sont disposés trois grandes photographies représentants un bébé qui pleure, un carambolage et un stylo pour écrire en relief.
Thierry Collet propose de nous montrer comment il travaille en lançant des pistes et des questions sur la lecture de pensée en livrant une matière brute et interactive. Il distribue, à plusieurs personnes dans la salle, un questionnaire. Les questions concernent les trois photos sur scène. Thierry « scan » alors plusieurs empruntes collectées à l’entrée de la salle. Celles-ci contiennent certaines informations « confidentielles » sur leur auteur : « Vous avez posé vos doigts dessus ; et sans vous le dire, je vous ai classé. Voyons quelles informations nous pouvons avoir… »
Thierry regarde sur son téléphone portable certaines informations concernant la première personne, puis donne son nom, son prénom et devine un dessin choisi par celle-ci…
« Il y a une véritable obsession pour les prévisions. Par exemple, sur Facebook, il y a un algorithme qui prévoit les épidémies de grippe. Mais comment prévoir des comportements de masse ? »
Thierry scan deux nouvelles empruntes et révèle d’autres informations confidentielles aux intéressés. Il fait ensuite la démonstration d’une « loi » sur le genre masculin et le genre féminin sous forme de test avec deux formes opposées (kiki et Buba), démontrant qu’il y a un conditionnement sur les rôles et les valeurs de chacun.
A la première question : « pourquoi ce bébé pleure-t-il ? », les hommes répondent en majorité que c’est une affirmation de soi, alors que les femmes y voient de la maltraitance. Nous voyons bien que le champ lexical différent et codifié pour les deux sexes. Pour Thierry Collet, travailler sur le langage, c’est travailler sur l’imaginaire.
Thierry présente aux spectateurs un tableau sur lequel est écrit le nom de couleurs « Rouge, Bleu, Vert et Jaune » dont la couleur de l’encre diffère. Le but est de lire le plus rapidement possible ce qu’il y a d’écrit sans se tromper. Il arrive fréquemment que la personne confonde la couleur avec l’écrit. Cet exercice montre bien que la perception que l’on a des choses est culturelle.
Pour sortir du code établit, pour sortir de la norme, cela demande une certaine « révolte ». Celui qui maîtrise les images mentales maîtrise le peuple et détient le pouvoir sur l’imaginaire (voir la propagande). Les outils du mentalisme sont utilisés par les politiques, par le marketing, etc. Ce qui nous amène à nous interroger sur d’autres pistes. Pourquoi avons-nous tous besoin de croire en quelque chose ? Quelle autorité morale nous « contrôle » ?
Thierry prend maintenant l’exemple d’une lettre de motivation dont on change l’agencement des qualités et des défauts suivant deux profils. Dans le profil A : Intelligent, travailleur, obstiné, anxieux, critique, impulsif. Dans le profil B : Anxieux, critique, impulsif, Intelligent, travailleur, obstiné. Inutile de dire que le profil A sera le mieux perçu…
A la deuxième question : « Quel est le prix de ce stylo ? », les personnes étaient influencées par une fourchette de prix, ce qui faussait leur perception du pronostic.
A la troisième question : « A quelle vitesse ces deux voitures se sont percutées ? » , les gens répondaient en moyenne 129 km/h. La question reformulée avec un mot différent : « A quelle vitesse ces deux voitures se sont heurtées ? », les gens répondaient en moyenne 39 km/h. Nous voyons bien ici que le choix du langage à une influence considérable sur l’interprétation.
Thierry Collet nous parle ensuite du musicien Franck Zappa qui lors d’un concert, au milieu des années 1970, amène la foule à reproduire un salut Hitlérien par mimétisme… se pose la question du rapport que l’on a avec son public en engageant sa responsabilité d’artiste. Le mentalisme n’est pas inoffensif, il remonte à l’origine de l’humanité. Le chaman avait un mode de pensée pré-scientifique. La science, le pouvoir et la magie sont intimement liés. Le mentalisme se rapproche d’une croyance ancestrale, il répond à des mystères enfouis au plus profond de l’être humain.
Thierry aborde la question sur la protection des données personnelles qui se retrouvent sur Internet et réalise un numéro de transmission de pensée avec un spectateur autour des applications de son I Phone.
Pour Thierry, la magie est un point de départ pour « détourner le réel » suivant la fameuse expression de Raphaël Navarro, chef de file du mouvement de la magie nouvelle. La magie est un outil qui nous interroge sur la fragilité de la perception ; c’est un moyen et non une fin. Trop couvrir le secret, c’est prendre le risque de se couper des autres et de ne plus échanger sur l’aspect artistique et conceptuel du tour. Les gens veulent de la croyance, ils veulent du mystère, ils veulent savoir quel est le projet artistique du « magicien » qu’ils ont en face d’eux.
Les nouvelles technologies sont extrêmement intéressantes (expérience de la reconnaissance faciale dans le spectacle Qui-Vive), le trouble est le même qu’un tour de magie « classique », mais cela réveille les gens au lieu de les endormir ; ce qui les amène à une prise de conscience socio-culturelle.
L’idée de l’éthique et de l’illégalité est aussi au centre de la pratique du mentalisme. Ce donne-t-on le droit de faire et de dire certaines choses ? Comme le fait de « voler » certaines informations… Pour Thierry, il faut assumer le mensonge et la malhonnêteté de la magie.
Le mentaliste peut aussi jouer sur les clichés et les stéréotypes car les gens pensent que tout se met dans des cases ! Il peut aussi parler du rapport de pouvoir (ce que les magiciens ont du mal à parler mais pas à faire).
3- Derren Brown par Claude De Piante
Pour Claude De Piante, Derren Brown s’interroge sur son temps comme le faisait Robert-Houdin aux XXème siècles. Ce qui intéresse le mentaliste anglais est le fonctionnement du cerveau. Brown travaille sur des associations d’idées de manière simple et basique. Sa grande force est d’être un formidable acteur capable de nous raconter des histoires qui créent des suggestions dans notre cerveau, sans qu’on s’en aperçoive. Ses constructions psychologiques sont à la base du mentalisme actuel.
Brown est né en 1971 dans la banlieue de Londres. Il fait des études et commence en parallèle la magie par le close-up en travaillant dans les restaurants et les bars anglais. Sa rencontre avec l’hypnotiseur Martin S. Taylor, puis avec Eugène Burger vont être les déclics pour appréhender et développer sa vision très personnelle de l’hypnose de spectacle et du mentalisme.
– Extrait vidéo du « clou dans le nez » du spectacle Something wicked this way comes (2005-2006). Derren Brown saisit un clou, le désinfecte avant de l’enfiler dans son nez à l’aide d’un marteau, face à une spectatrice. Claude De Piante a choisi ce passage pour illustrer l’attitude et le travail d’acteur du magicien britannique, qui a une façon bien à lui de raconter les choses. Pour De Piante, l’énergie de l’acteur vient de « la cible ». Il ne doit pas se contenter de montrer des choses, qui ne racontent rien, mais bien de voir à travers les yeux d’un personnage par la règle de la cible qui est extérieur. Le magicien-acteur doit se concentrer sur cette cible et imaginer l’enjeu qu’il y a derrière. Dans le cas de Brown, la cible c’est le clou (il lui parle de façon imaginaire par un dialogue intérieur). On sent bien dans cette scène qu’il y a un enjeu dramatique mais aussi un enjeu de séduction avec la spectatrice.
Le personnage de Derren Brown est constitué de trois parties :
– L’expert en phénomène d’influence
– L’aventurier des phénomènes psychiques (les processus)
– Le personnage de l’arnaqueur et du farceur
Ce qui est intéressant chez Brown, ce sont les failles du personnage.
Depuis 1999, il officie sur Channel 4 dans des émissions de mentalisme ; mais c’est en 2003 que sa carrière décolle avec le tour de « la roulette russe ».
– Extrait vidéo de « la roulette russe » (2003), véritable coup de maître télévisuel qui marqua les téléspectateurs. Derren Brown met en scène des armes, choisit son spectateur au hasard et le lieu de représentation dans une usine désaffectée (le côté clandestin de l’affaire). Le sentiment de danger est subtilement suggéré par tous ces éléments. L’émission était elle-même différée de 2mn au cas d’un éventuel suicide. Après que le spectateur est placé une balle dans le barillet et choisi un chiffre, Brown lui demande de compter à haute voix de 1 à 6. Il se concentre pendant une minute. Une minute de silence à l’antenne, c’est long et stressant ! Il appuie alors sur la détente en direction de sa tempe à trois reprises et la quatrième fois en direction d’un sac qui reçoit la balle. Le spectateur est pris dans l’émotion parce que le magicien a convaincu de l’impossible par des éléments de suggestion. Il a mis le spectateur dans un état de transe par la technique du forçage et du « saupoudrage ».
– Extrait vidéo de « la cabine spirite » du spectacle Enigma (2009-2010). Pour ce tour, Brown reprend des techniques classiques en mettant en transe légère des spectateurs. Les effets sont les suivants : tintement de la clochette avec une spectatrice ficelée, voltige d’objets, tremblement de la cabine, dessins fantômes avec trois personnes encagoulées et ficelées. C’est une histoire « enchassée » qui laisse ouvert le processus en hypnotisant la personne.
Si l’ensemble des techniques psychologiques vont logiquement déboucher sur le mentalisme tel qu’on le connait aujourd’hui, c’est surtout grâce à un homme : Milton Erickson (1901-1980), le « magicien du désert », aussi appelé « le sorcier de l’Arizona ». Médecin et psychiatre, Erickson est à la base du cold reading et à modéliser les éléments manipulatifs par la PLN de Richard Bendler pour guérir les gens en racontant des histoires.
– Extrait vidéo d’une séance d’hypnose Ericksonienne (A clinical session, 1958) où l’on mesure l’importance de la voix profonde du maître qui entre en résonnance avec le patient.
Derren Brown utilise l’hypnose en dehors de son contexte. Il a des intentions bien précises et met en pratique la technique de « saupoudrage » d’Erickson, ainsi que la « rupture de paterne » qui engendre un état de confusion favorable à la suggestion. Brown développe également « une pensée paradoxale ». Toute sa communication est faite pour empêcher l’accès à ses systèmes. Une manière pour lui de créer le paradoxe, d’élaborer une pensée subtile qui est faite pour protéger. Brown utilise des « fenêtres de perception » et crée une bulle lorsqu’il travaille sur un plateau de télévision ; c’est le principe du chat (les oiseaux oublient sa présence à un moment donné). Le but de Brown est de faire du spectacle, il sait très bien choisir ses sujets qui ont « d’extraordinaires capacités ». Sa puissance hypnotique vient du contexte. Brown recherche une réaction, une certaine spontanéité dans le choix des spectateurs qui sont au centre d’une mise en scène extrêmement bien pensée et produite.
Pour finir son exposé, Claude De Piante nous propose deux expériences qui questionnent les limites de l’hypnose, et qui soulèvent des questions d’ordre moral.
– Extrait vidéo de « l’accident de voiture » (Car crash) où une femme se voit morte au volant de sa voiture par un effet de suggestion. Cette dernière a été hypnotisée au préalable et se réveille à la fin de l’expérience. Dans un état de transe, la femme ne peut pas bouger et assiste à cette scène choc où des comédiens font semblant de ne pas l’entendre et emportent son corps (un mannequin hyperréaliste) dans une ambulance.
– Extrait vidéo du comédien sur scène qui va se faire tirer dessus par un spectateur assis dans la salle. Celui-ci a été conditionné au préalable par l’hypnotiseur qui fait défiler devant lui des éléments déclencheurs comme la robe d’une femme et la sonnerie d’un téléphone. Avec cette expérience qui fait froid dans le dos, nous voyons bien que le maniement de l’hypnose peut être fatal et dangereux. Brown démontre que l’on peut faire des choses contraires à notre éthique et à nos valeurs, car les gens savent aussi qu’ils vont être « protégés » dans la bulle du spectacle. A méditer…
Claude De Piante apporte quelques précisions de cet assassinat par hypnose :
On peut s’interroger à savoir si l’hypnose peut être dangereuse ou pas ? Les expériences de Derren Brown ne le démontre pas vraiment car on peut supposer que l’inconscient sait très bien qu’il ne s’agit que d’une expérience réalisée à la télévision. En d’autres circonstances, il n’est pas certain que le psychisme aurait réagit de la même façon et n’aurait pas censurer l’acte.
En effet quelqu’un sous hypnose a simplement son mode habituel de fonctionnement temporairement désactivé, mais le psychisme reste le même,
un peu comme un acteur complètement dans son rôle, qui peut ressentir une vraie colère envers l’autre personnage mais n’irait pas pour autant tuer son partenaire.
L’hypnose n’est qu’une immersion totale dans un imaginaire, une croyance temporaire et on a jamais pu prouver qu’elle permette de nous conduire à bafouer nos propres valeurs…
Par contre, on peut condamner ce type d’émission car le retour du sujet, que l’on a transformé en assassin devant des millions de spectateurs, dans son quotidien risque d’être problématique. Que penseront désormais de lui ses proches et amis ?
4- L’hypnose de spectacle par Romaric Hoffmann
Romaric commence son intervention par une question-réponse :
– « Sommes-nous tous télépathe ? »
– « Je pense que oui. Nous avons tous cette faculté à nous mettre à la place de l’autre. »
– Extrait d’un montage vidéo montrant Romaric exécuter de la Street hypnose, avec des expériences comme l’oubli du prénom, la nudité apparente, la disparition de sa bouche, la crise de rire…
Romaric fait ensuite monter un de ses amis sur scène pour rendre plus interactif son exposé. Selon lui, l’hypnose est une manipulation de la réalité perçue.
– Extrait d’un passage du film Matrix (1999) des frères Wachowski où Morpheus explique à Néo la définition de la réalité dans un espace mental immaculé de blanc. « Imaginons que nous sommes dans une matrice et que nous interprétons et voyons avec notre mémoire. » nous dit ensuite Romaric.
– Projection de la fameuse illusion d’optique avec le damier et la colonne où la case A ce révèle la même que la case B. « Est-ce que les couleurs existent ? La réalité est peut-être un rêve éveillé et l’hypnose se révèlerait peut-être moins mystérieuse ? »
« Vous me voyez les pieds sur terre alors que c’est une hallucination puisque la rétine « voit » à l’inverse. C’est notre cerveau qui interprète et renverse l’image perçue. »
– Projection de la silhouette noire d’une danseuse qui tourne selon notre perception dans le sens des aiguilles d’une montre ou à l’inverse.
– Projection d’un schéma de notre cerveau avec le cortex cérébral et le système limbique.
Si la conscience de l’esprit humain est analytique et rationnelle, L’inconscient est lui plus complexe. On y retrouve, certains comportements automatiques, une mémoire à long terme, des habitudes, des croyances, des émotions et une partie « protectrice ».
Pour Romaric, l’hypnose n’est pas une « soumission » mais une nouvelle liberté de vivre les choses autrement, dans la bienveillance. C’est un état de conscience modifié dans lequel le facteur critique est contourné.
– Projection de deux images d’un même visage de femme mais avec une petite différence au niveau des pupilles. La majorité des gens se dit « attiré » par le visage avec les pupilles plus écartées, qui correspond à un signal du désir.
– Projection de deux formes opposées (kiki et Buba) pour constater que 93% de notre communication est non verbale.
L’hypnose est l’art de communiquer sans résistance, mais ce n’est pas de la « domination ». Plus on se rapproche de quelqu’un et moins il est à l’aise. Quand on est très proche, on peut « attaquer », l’attention ne peut pas aller ailleurs ! L’imagination créée une réponse physiologique, qui créée à son tour une expérience et une croyance : c’est ce qu’on appelle la « boucle hypnotique ».
Romaric nous montre alors les zones du cerveau qui sont « activées » lors d’un état d’hypnose. Le cerveau archaïque, l’émotion et l’inconscient. L’amygdale est le centre de la peur, celle qui génère l’hormone du stress ; Et sous stress, un individu réfléchit moins bien…
– Extrait du générique du « 20H de TF1 », inspiré du thème des Dents de la mer pour créer une sorte de fascination : « Il faut que les murs tremblent de peur ».
Romaric nous fait le test des mains jointes et des index décollés qui sont censés se toucher au compte de trois pour voir les personnes qui sont réceptives.
Pour Romaric, la conscience est un état de conscience modifié dans lequel nous vivons d’avantage le présent. Elle nécessite au préalable un contrat tacite fondé sur le partage présupposé de mêmes valeurs.
La transe est une augmentation ou une diminution significative du niveau émotionnel du sujet, une augmentation de la tension ou de la détente, et par ce fait une diminution du facteur critique.
L’hypnose est toute communication verbale et non-verbale exercée directement ou indirectement par un tiers qui contourne le facteur critique, afin de communiquer directement avec le système inconscient d’une personne.
Romaric nous propose de faire le test d’exécuter deux mouvements en même temps : faire un cercle avec le pied droit et dessiner un 6 avec la main gauche, sans s’arrêter. C’est quasiment impossible.
Romaric nous fait alors une démonstration d’hypnose quand il « endort » son sujet en le poussant légèrement en arrière puis en avant par la technique de « la vrille ». Il n’a pas d’autre choix que de tomber au sol. Le sujet ressent de la « fascination » et est absorbé dans une sorte de confusion et de saturation ; ce qui provoque la perte d’équilibre.
L’hypnose c’est, en quelque sorte, « l’aïkido » de la communication. C’est un processus éducatif. Notre suggestibilité est synonyme de notre faculté d’apprendre. L’hypnotiseur apprend au sujet comment intégrer rapidement une nouvelle information dans sa carte du monde…
5- L’hypnose au prisme de la Psychologie Sociale par Pascal Morchain
Pascal Morchain nous propose un singulier point de vue sur l’hypnose et le mentalisme. Voici en résumé sa conférence qu’il a dû condenser par manque de temps.
Introduction symbolique :
L’image du bandeau est le symbole sous-jacent du mentalisme. On peut aller à l’intérieur de soi-même quand on est caché : le fameux « regard intérieur ».
Une classification :
Le mentalisme, comme chacun sait, renvoie à cette branche de la magie qui présente une série de phénomènes semblant relever du contrôle de l’esprit sur l’esprit ou sur la matière. À ce titre, le mentalisme couvre une très large bande d’effets.
Pour le Mentalisme
– Phénomènes Psychiques et Mesmérisme (Psychic-Mesmerisme) : Télépathie ESP Précognition, Prédiction, Lecture de pensée, Clairvoyance, Clairaudience, Hypnose, Mesmérisme, Psychokinèse, Télékinésie.
– Illusionnisme Psychologique (Psychological illusionism) : Télépathie, ESP, Précognition, Prédiction, Lecture de pensée, Hypnose.
Pour les Amusements mystérieux (Mystery Entertainment)
– Mentalisme Théâtral (Theatrical mentalism) : Télépathie, ESP, Précognition, Prédiction, Lecture de pensée, Clairvoyance, Clairaudience, Hypnose, Mesmérisme, Psychokinèse, Télékinésie, Lectures, psychiques (Psychic readings)
– Magie Bizarre (Bizarre Magick) : Lévitation, Pénétration, Transposition, Production, Disparition, Réapparition, Transformation, Destruction, Restitution, Storytelling, Lectures psychiques, Télépathie, ESP, Précognition, Prédiction, Lecture de pensée, Clairvoyance, Clairaudience, Hypnose, Mesmérisme, Psychokinèse, Télékinésie, Spiritualisme, Démonisme.
La psychologie est réticente sur les phénomènes psy, uniquement descriptifs comme la clairvoyance, la psychokinèse ou la précognition. Sur 1100 professeurs d’université américains, 34% des psychologues déclarent les phénomènes psy impossibles.
Pour la zététique (le doute scientifique comme moyen de connaissance), de nombreux phénomènes inexplicables sont explicables, et pour certains expliqués, par la psychologie cognitive et la psychologie sociale.
Il est chez l’être humain ce que l’on appelle le « lieu de contrôle » (locus of control), et qui renvoie à la manière dont il interprète les évènements qui lui arrivent. Soit nous pouvons penser et dire que ce qui nous arrive vient du hasard, de la chance, du manque de chance (« j’ai eu un accident à cause du brouillard »), ou vient de nous-même (« j’ai réussi parce que j’ai fait ce qu’il fallait »). Dans le premier cas, on parle de « contrôle externe », dans le second de « contrôle interne ». Dans une situation de non contrôle, les gens sont plus influençables.
Avec « l’effet Barnum », les gens se reconnaissent aisément dans des descriptions psychologiques qui leur sont données comme avec l’horoscope, la voyance ou le cold reading (voir l’expérience en laboratoire de Forer en 1949).
Il est un mécanisme bien connu des psychologues : celui de la « prophétie auto-réalisatrice », ou encore de la « confirmation d’hypothèses », selon lequel finalement on observe, ou l’on vit, ce que l’on connaissait déjà. Nous percevons par des « filtres sociaux ». Nous sommes pratiquement à 98% en « pilotage automatique ».
Parmi les phénomènes qui nous influencent à notre insu, on trouve « l’ancrage » et « l’amorçage ». Un « ancrage » renvoie à l’influence d’une activation numérique sur des estimations subséquentes. « L’amorçage » est un phénomène proche de « l’ancrage ». Il renvoie à ce que, à la fin du XIXème siècle, on appelait en psychologie les phénomènes idéomoteurs (tout se traduit par les gestes – voir le cumberlandisme).
Nos processus adaptatifs, qui proviennent de très loin dans l’histoire de l’humanité, naissent d’interactions sociales.
Pascal Morchain nous présente pour finir les dernières recherches sur le mentalisme réalisées par des études préliminaires menées à l’Université de Rennes 2 entre la fin Avril et la mi-Mai 2014 par Floriane Hanzo et Anthony Picaud.
Dans cette première étude, ils sont partis de la classification de Landman (2013) et ils ont interrogé les personnes sur les différentes branches du mentalisme. 75 personnes ont été interrogées (67 via internet, 8 en entretiens individuels semi-structurés).
Le questionnaire :
‐ Selon vous, les disciplines suivantes relèvent-elles du mentalisme ?
‐ Selon vous, les disciplines suivantes relèvent elles ou non de véritables capacités psychiques ?
‐ Selon vous, les disciplines suivantes relèvent-elles ou non de la magie de spectacle ? (Ils précisaient « magie de spectacle », le prétest ayant montré que lorsque l’on disait « magie », les personnes comprenaient plutôt « magie-occultisme »).
‐ Selon vous, la personne qui pratique ces différentes disciplines acquiert-elle (a-t-elle) des connaissances sur vous ? (Cette dernière question était posée afin de préparer un matériel expérimental pour une autre étude dans le même programme de recherches).
Les résultats : l’Hypnose et la Lecture de pensée sont perçues comme étant du mentalisme. La psychokinèse, la télékinésie et l’hypnose relèvent de la magie de spectacle. L’hypnose révèlerait de vraies capacités mentales. Le mentaliste acquiert de la connaissance sur la personne (en lecture de pensée et en hypnose).
Les gens pensent que le mentalisme est réel. Le mentaliste possède, selon eux, des « pouvoirs psychologiques », il analyse et décrypte nos comportements et leur donne une signification grâce à l’observation et à l’écoute. Le mentaliste fait penser au psychologue et au cold reading. Il y a une différence entre un magicien et un mentaliste.
Les gens ont l’air de croire à ces phénomènes, alors attention de ne pas trop mélanger magie et mentalisme comme le disait Tony Corinda. Attention à l’éthique et à manipuler les gens sans le savoir en ayant une influence durable sur eux.
DOMINIQUE WEBB
Arrive le moment solennel de chaque journée du JMMHD : le Talk-show rendant hommage à une grande figure de la magie. Gaëtan Bloom est aux anges car il a connu Dominique Webb par le biais de sa boutique et de son école de magie quand il a voulu prendre des cours à l’âge de 12 ans. C’est donc parti pour cet entretien tout en intimité et sans langue de bois.
Où es-tu né ?
A Portel des Corbières, un village sur le chemin de l’Andorre, j’y suis né dans la maison de bon papa et bonne maman au milieu des vignes et des platanes, à l’époque où les cigales commencent à chanter le printemps.
Comment t’es-tu aperçu de tes pouvoirs de suggestion ?
Je suis élève de l’école communale de Portel, division et conjugaison me paraissent fort compliquées. J’appréhende donc le moment de l’interrogation. Lorsque je vois le regard de la maîtresse se poser sur moi je la supplie mentalement de ne pas s’adresser à moi.
Subit-elle ma première suggestion télépsychique lui suggérant d’interroger un autre élève ? Trop souvent pour que ce ne soit pas le hasard.
A l’âge de 6 ans, je confectionnais des petits tours de magie comme par exemple une boite de conserve dans laquelle je mettais au fond une éponge et puis je versais de l’eau et montrais à mes copains que l’eau avait disparu !
Qui a été à l’origine de ta vocation ?
Mon Papa m’a offert mon premier livre de magie du Professeur Marcel, camelot qui opérait sur les marchés parisiens (le roi des cartes biseautées). Il faisait des tours et les vendait avec un extraordinaire boniment très convaincant. Je lui ai acheté tous ses trucs !
Ensuite as-tu pris des cours ?
Vers 11 ans papa Achille m’accompagnait prendre des cours chez le magicien Sanas « l’homme au cerveau d’acier ».
Encore enfant mon cher papa m’inscrivit au club de magicien « le French Ring » dont le président était Eugène Piret. Papa était ravi de participer à ces réunions avec moi, à chaque fois c’était une vraie fête qui se terminait par un repas convivial et chaleureux. Mon adhésion à l’AFAP a suivi très vite.
A quel âge ta carrière a-t-elle vraiment commencé ?
Très tôt ! A l’âge de 14 ans, je vais au théâtre de l’Alhambra ou Jean Nohain animait son émission 36 chandelles avec l’intention de me présenter à lui.
Là, j’ai croisé Fernand Raynaud qui sortait de la salle et je lui ai demandé de me présenter à Jean Nohain ; sa réponse fut claire et brève : « Débrouilles toi ! ». Je me suis payé le culot d’aller en coulisses ; nombre de vedettes de l’époque étaient présentes et « suppliaient » Jean Nohain pour passer dans ses émissions ; la réponse était toujours la même : « On vous rappellera, promis ! ».
J’avance alors vers lui, me présente en disant que je viens de la part de Fernand Raynaud, je lui explique mon numéro et obtiens en retour : « On vous rappellera, promis ! ».
Je suis donc reparti, sans grand espoir. Quelle ne fut pas ma surprise quand dans la semaine suivante, j’ai reçu un appel de son équipe, m’invitant à participer à la prochaine émission !
A l’époque, je ne faisais que quelques tours pourtant insignifiants (type tour des 6 cartes, casserole aux colombes…) mais cela lui a plu et j’ai ainsi participé à nombre de ses émissions : 36 chandelles émission tout public, le train de la gaité … La seule remarque qu’il m’est faite lors de ma première, c’était : « Parles plus fort ; hier, on nous recevait à Paris et sa banlieue ; demain, on nous recevra jusqu’à Lille ; il faut qu’on t’entende ! ».
Y a-t-il un magicien qui t’as influencé plus particulièrement ?
Oui, le premier qui provoqua vraiment « le déclic » c’est Dominique, le pickpocket, à l’Olympia en première partie d’Edith Piaf. Il invitait certaines personnes du public à monter sur scène et je n’ai pas hésité à y aller pour me faire « pickpockéter ». J’étais très impressionné et il est devenu mon modèle pour mes premiers spectacles. J’étais surpris par l’audace notamment par la façon de détourner l’attention. Tout en étant très impressionné par ce formidable showman, j’étais très inspiré par lui, j’ai présenté à mon tour un numéro de pickpocket que j’ai vite transformé en spectacle d’hypnose.
As-tu passé d’autres auditions à part celle de Jean Nohain ?
J’ai le souvenir qu’à 15 ans avec mon frère Philippe nous avions auditionné à Bobino alors que les compagnons de la chanson étaient à l’affiche. Nous étions trois à être auditionnés : la chanteuse Danielle Rouillet, un chanteur Johnny Halliday et un magicien que j’étais. Johnny et moi avons été recalé mais la chanteuse engagée.
Puis plus tard j’ai fait des cabarets : la nouvelle Eve, la Table du Mandarin avec Tini Yong… mais très vite j’ai arrêté.
Penses-tu alors vivre uniquement de la magie ?
Oui, c’est pourquoi je mène de front d’autres projets dont la conception, la fabrication et la vente de boites de magie. Très jeune (vers 14 ans et mon frère Philippe 13 ans) nous allions ensemble aux Galerie Lafayette, BHV, le Printemps, Bon Marché…, je faisais la démonstration des tours de magie contenu dans les boîtes de jeux alors confectionnées une à une à la main collant nous-mêmes les cartes pour les truquer ; tandis que notre jolie maman tapait les explications des routines, en six exemplaires sur sa machine, grâce au papier carbone. J’ai le souvenir que Madame DE GAULLE était une cliente fidèle.
Très vite, la fabrication des jeux a prospéré, notre papa construisit un premier atelier dans le jardin de la maison familiale, puis 2, puis 3 et puis plus un seul m2 de jardin par la suite. Une trentaine de dames garnissaient les boites de magie mais aussi d’autres jouets de notre fabrication : petites cliniques, écoles, postes, chimie…
Après quelques années d’exploitation de la fabrique, nous avions une usine, une centaine d’employés et je n’avais plus le temps de me consacrer à ma passion : la magie ; aussi nous décidions de revendre cette activité aux éditions Robert Laffont.
Quelles sont les principales émissions auxquelles tu as participé après celles de Jean Nohain ?
En 1960, j’ai 19 ans et je présente un de mes numéros favoris « Les 6 cartes » dans l’émission La Vache enragée.
En 1961-1962, j’envoie un projet de scénario au directeur de la seule chaîne à l’époque et je reçois rapidement une réponse positive mais comme je n’ai pas la majorité (21 ans à l’époque), il m’adjoint un co-producteur, Jean-Jacques Bloch et la série de La foire aux Illusions débute.
C’est un duel entre un magicien, Monsieur Magic, qui accomplit des miracles en se servant de l’illusion et d’un réalisateur, Monsieur Oscar Truc, (interprété par Jacques Hilling), qui réalise ces mêmes miracles avec les effets spéciaux cinématographiques. Durée 23 minutes, diffusé avant le journal télévisé, une fois tous les 15 jours le jeudi.
– Extrait vidéo de l’émission La foire aux Illusions : « le prisonnier »
Peux-tu nous parler de la boutique magique que tu as ouverte à Paris ?
En 1966 c’est l’ouverture de la boutique magique, rue de Dunkerque à Paris. Lors de l’inauguration, Nancy holloway, Georges Ulmer et Francis Blanche se prêtent à des tours.
– Extrait vidéo de l’émission « Actualité mai 1966 »
Là encore, il s’agissait d’un nouveau concept : une boutique où je vendais des tours uniquement pour des magiciens et au sous-sol une salle de réunion et de spectacle réservée aux magiciens qui se présentaient leurs tours entre eux ainsi qu’une école de magie, J’avais un élève qui deviendra célèbre dans le monde entier : Gaëtan Bloom.
– Extrait vidéo de l’émission « l’art de tromper les gens » de 1968. « Un nouveau violon d’Ingres à la mode » (avec l’explication de la production d’une cigarette).
Quel a été l’évènement déterminant pour déclencher ta notoriété ?
En 1965, je propose à Guy Lux de prédire le tiercé en direct dans l’émission de Télé Dimanche. Il m’a dit : « ça me plait, mais si vous vous plantez devant dix millions de spectateurs, votre carrière s’arrêtera là ! »
Je lui répondis : « ok et 8 jours après l’affaire fût conclue et la réussite spectaculaire ! »
Le seul obstacle fut la réaction du PMU, Ils étaient furieux, dès le lendemain et pendant trois semaines, les paris ont chuté de moitié, le public craignant un trucage de la part du PMU, les paris ont repris ensuite puisque la couverture médiatique (peut être aussi pour disculper le PMU) m’a présenté comme le plus grand voyant de tous les temps.
J’avais réussi mon grand coup ! Cet exploit était très mal vu par la direction de l’ORTF et m’a valu une interdiction d’Antenne pendant un an.
Es-tu allé tenter ta chance aux Etats-Unis ?
Non je ne l’ai pas fait malgré l’amitié qui me liait avec Line Renaud qui me l’a proposé. Mais je partais sur le paquebot France et lorsque j’arrivais à New York pour 4 jours, j’avais l’audace d’envoyer des lettres à Bruno Coquatrix pour lui dire que je serai de passage en France de telle date à telle date et que je souhaiterais qu’il me reçoive, car depuis l’âge de 15 ans, mon rêve était de me produire à l’Olympia. Mes courriers restaient sans réponses.
Raconte-nous un peu ton aventure à l’Olympia ?
Bruno Coquatrix m’a contacté le lendemain de ce fameux tiercé et cette aventure, fut elle aussi fabuleuse ! Notre collaboration commença de suite avec le 1er Festival international de la Magie en 1968 et dura jusqu’à la fin de sa vie. Nous étions devenus de bons amis et je fais partie des quelques personnes qu’il a convoqué quelques jours avant sa mort pour boire une dernière coupe de champagne et se remémorer les bons souvenirs, j’étais très ému, j’avais énormément de respect et d’affection pour ce grand Monsieur.
Bruno Coquatrix écrit en préface de mon 5ème Festival de la Magie :
« Il y a cinq ans, Dominique Webb, me proposa de tenir la scène pendant deux heures, sans chanter, sans danser, ni rien de tel. Il projetait de faire ce que certaines vedettes font bien involontairement : ENDORMIR LE PUBLIC.
C’était pour le moins inhabituel ; Je ne sais si à ce moment-là, j’étais déjà sous influence, mais je me suis entendu lui donner mon accord, ne sachant absolument pas de quoi il s’agissait. Cet état de chose dure depuis 5 ans. L’Olympia, une fois par an, pendant plusieurs mois, se transforme en temple de l’hypnose, dont Dominique Webb est le grand prêtre et les spectateurs sont surtout les acteurs inconscients. Je ne serai pas voyant extralucide en vous prédisant une excellente et étrange soirée en sa compagnie ».
Lors de ces Festivals à l’Olympia, je m’entourais des plus grands magiciens : Richiardi, Omar Pasha, Shimada, Alan Alan, Al Carty…
Pendant l’Olympia de 1971, lors de l’inauguration de la statut de Salvador Dali au musée Grévin, une séance d’hypnose s’organise dans la salle des mirages au cours de laquelle j’hypnotise Salvador Dali.
– Extrait d’une démonstration d’hypnose et d’une longue interview donnée dans une émission de Philippe Bouvard en présence de Raymond Devos. Lors de ce passage, Dominique Webb dit que l’hypnose n’est pas un pouvoir, qu’il n’y a ni miracle, ni fluide et qu’il a besoin de 5 ou 6 personnes « entrainées » employées par lui pour le déroulement de son spectacle.
Tu étais très ami avec Thierry Le Luron, comment vous êtes-vous rencontrés ?
En 1973, Paul Léderman me dit : « J’ai découvert un imitateur extraordinaire, je te le présente, il s’appelle Thierry Le Luron ». Il fut la vedette américaine lors de mon spectacle à l’Ancienne Belgique. Il a obtenu le succès qu’on lui connait.
Je me souviens avoir créé les effets spéciaux de son grand show au palais des congrès en 1980 Féeries magiques ; un tapis volant pour les danseuses, un tapis pour Thierry Le Luron, le tout en théâtre noir. Thierry s’envolait dans une tunique qui gonflait en imitant Demis Roussos ; ce fut un réel plaisir de monter ce spectacle très visuel…
Qui t’a contacté pour créer une illusion pour le musicorama de Christophe ?
En 1974, Christophe me demande de lui créer une illusion magique et musicale pour son passage à l’Olympia. Il souhaite une illusion très marquante pour le public. J’ai l’idée et je crée, pour lui, le numéro du Piano Volant.
Comment as-tu fait pour vendre une émission de magie à la Une ?
A la suite d’une rencontre fortuite à Cabourg, j’ai sympathisé avec Jean Cazeneuve, Président de la 1ère chaîne de télévision, auquel j’ai présenté mon projet : une émission de magie intitulée Des Magiciens. Cette idée l’a emballé.
Il m’a invité à me rapprocher de Jean Michel Hep, directeur des variétés pour la chaîne. Pour la petite histoire, cela faisait plusieurs années que j’essayais de vendre ce projet à J.M. Help qui régulièrement me laissait sur la touche.
Cette série d’émissions dura de 1976 à 1978. La particularité de cette émission était de prendre les chanteurs, chanteuses et autres artistes comme partenaires à mes grandes illusions. Il y avait également des magiciens internationaux qui venaient participer à l’émission.
– Extraits de l’émission Des magiciens de 1977 avec une lévitation de Line Renaud dans un décor de glacier.
Dominique Webb et Tony Slydini dans les années 1970.
Il y a longtemps que tu avais le projet d’un grand spectacle mêlant la magie, la danse, la musique et le cirque ?
Oui, Magic Story (1981), c’est l’histoire d’un illusionniste prisonnier de ses trucs qui va tomber petit à petit sous la coupe d’une extra-terrestre qui lui promet tous les pouvoirs.
Cette comédie magicale et musicale était composée de 25 comédiens chanteurs – danseurs – jongleurs – cascadeurs – 5 musiciens – 14 animaux, sur une musique de François Wertheimer.
J’ai fait venir des Etats-Unis John Gaughan pour qu’il dessine mes grandes illusions avec l’aide de Jean Régil.
Qu’as-tu fait après Mogador ?
Avec l’argent que je n’ai pas gagné à Mogador, j’ai acheté le Château de Verderonne pour y faire un lieu magique mais je suis immédiatement parti au cirque Beneweiss à Copenhague pendant 3 mois.
Ton nom a été associé à une compagnie d’assurance, peux-tu nous dire pourquoi ?
En effet pendant 3 années consécutives, je tournais pendant 3 mois à travers toute la France avec mon spectacle de Grandes Illusions pour la compagnie UAP.
Il invitait 1000 clients et prospects à une soirée magique. En 1ère partie, Bernard Golay animait de nombreux jeux puis les spectateurs étaient conviés à un grand buffet suivi de mon Grand Magic Show. Ma soeur Clarisse était la talentueuse chorégraphe de ce spectacle.
Cette tournée artistique s’est révélée être en même temps une tournée gastronomique à la découverte des meilleures tables de France avec pour seul regret d’avoir pris trop de kilos supplémentaires.
Dominique Webb et Sheila.
Parles-nous aussi de ton Château de Verderonne ?
En 1983, je propose une émission sur la une : Château Magique. C’est Raoul Sangla qui en sera le réalisateur et sa spécialité est un tournage en plan séquence, c’est à dire en continu. Alice Saprich, mes amis Evelyne Leclerc et Bernard Menez participent à une séance de table tournante mémorable.
Dans le Château Magique de Verderonne à 1 heure de Paris, j’organise des soirées événementielles avec personnalisation de produits, selon les entreprises, j’accueille des groupes associatifs… L’ambiance est un château « hanté » avec fumée, squelette, toiles d’araignées… C’est un succès !
A l’époque, tu me disais en avoir assez du brouillard, de la pluie et du froid dans l’Oise, alors où es-tu parti ensuite ?
En 1989 c’est la création du Castell del Misteri dans un authentique palais du XIVème siècle sur la Costa Brava en Espagne.
Ma fille Julia fait son 1er tour de magie. Je fais choisir une carte dans le public et je présente à Julia le jeu dont elle tire la carte choisie. Elle n’a jamais commis une erreur !
Le concept est toujours de faire vivre une journée magique à des groupes mais aussi à des visiteurs individuels. La journée type était :
Arrivée à 11h00 avec visite animée du musée, illusions d’optique – sarcophage du Pharaon : A la vue de tous, le visiteur qui prend place dans le sarcophage où il se métamorphose en momie égyptienne – Grandes Illusions avec par exemple l’énigme du pressoir de Yanco (l’original), la cage des métamorphoses… L’exposition des affiches des plus grands magiciens – La fontaine enchantée : Au milieu du Grand Patio au charme envoûtant du Castell del Misteri, coule la Fontaine enchantée. L’eau surgit d’une lourde pierre taillée flottant dans l’espace.
12h30 à 13h : Cocktail au bar magique : Le barman est aussi prestidigitateur et présente ses habiles manipulations « sous le nez » des spectateurs.
12h30 à 15h30 : Déjeuner dansant : Autour de la Fontaine enchantée du Grand Patio ou dans l’un des salons d’apparat du Palais en fonction du temps.
15h30 : au Cabaret théâtre du Castell des Misteri : Spectacle du « GRAND MAGIC SHOW » avec lévitation – tapis volant de la féérie orientale, disparition d’un personnage dans l’espace et bien d’autres merveilles et enchantements.
17h00 : les visiteurs, avant de quitter le Palais découvrent le Piano volant réalisé à moins d’un mètre de leurs yeux.
Les magiciens amis attitrés du Castell del Misteri sont alors Gaëtan Bloom et Dominique Dega.
Je suis aussi parti en Espagne pour échapper au FISC à cause de l’histoire du « Talisman Magique ». Avec cette médaille, je me suis fait de l’argent (Webb sort une médaille de son cou et dit : « Je suis catholique pratiquant et pêcheur ! »). C’était une médaille païenne, elle ne coûtait pas chère mais il y en avait des quantités astronomiques à vendre…
Ci-dessous, en exclusivité, l’extrait du document original :
LE TALISMAN MAGIQUE DE DOMINIQUE WEBB
Cet authentique Talisman magnétique peut-il vraiment vous faire GAGNER 1 MILLION DANS LES JOURS QUI VIENNENT ? (tout est gratuit si vous ne gagnez que 500.000 F).
Voici notre proposition
Portez cet authentique Talisman magnétique conçu par le magicien de renommée mondiale Dominique Webb.
Si dans les 2 mois vous n’avez pas gagné au moins 1 million au tiercé, quarté ou loto… retrouvé l’amour ou résolu le grave problème qui vous obsède en ce moment même… Il vous suffira de nous retourner votre authentique Talisman magnétique et cette expérience (vous devez la faire) ne vous aura rien coûté.
Des pouvoirs surnaturels
Dominique Webb a prouvé la réalité de ses fabuleux pouvoirs devant des parterres de Rois et de Reines, devant des Présidents, devant l’élite dirigeante des plus grandes nations.
Sous leurs yeux stupéfaits il a fait disparaître l’éléphant sur lequel il entre sur la piste… soulevé à distance un piano à queue et sa pianiste au beau milieu d’une pelouse… écrasé un homme sous un bulldozer sans le blesser… fait ruisseler de chaleur ou trembler de froid des salles entières hypnotisées… et annulé les effets de l’attraction terrestre pendant près de 20 secondes en stabilisant un corps à 50 cm du sol (lévitation). On ne peut discuter les pouvoirs de Dominique Webb sur la matière. Les faits sont visibles. Il possède des pouvoirs identiques dans le monde de l’invisible.
« Il y a 10 ans, un inconnu est venu frapper à ma porte, me proposant de tenir la scène pendant 2 heures sans Chanter, sans danser, ni rien de tel. C’était pour le moins inhabituel. Je ne sais si, à ce moment-là, j’étais déjà sous influence, mais je me suis entendu lui donner mon accord, ne sachant absolument pas de quoi il s’agissait. Cet état de chose dure depuis 10 ans et c’est bien l’un des rares spectacles où le public est aussi assidu. »
Bruno Coquatrix, Directeur de l’Olympia.
Cet homme peut vraiment vous aider. Ses pouvoirs sont immenses. Il est l’un des rares voyants à avoir prédit le tiercé dans l’ordre.
Peut-être avez-vous assisté à ce fait sans précédent. Il s’est déroulé à la télévision en direct, et aucun truquage n’était possible. Aujourd’hui les scientifiques considèrent toujours ce qui s’est passé ce jour-là comme un fait réel mais non explicable.
Devant 10 millions de téléspectateurs, une demi-heure avant le départ du Prix de Diane, Dominique Webb griffonna 3 chiffres sur un papier. Celui-ci fut enfermé par un huissier dans une boîte rouge, elle-même placée dans un coffret en plastique transparent le tout resta sous la surveillance constante de l’œil d’une caméra.
Après la course l’huissier déplia le papier. 3 chiffres y étaient portés : 2-5-8. Le tiercé dans l’ordre.
Ce fait est sans précédent. Jamais aucun voyant n’a pris le risque d’annoncer en direct les futurs numéros d’arrivée d’une course. Seul Dominique Webb a lancé ce défi et l’a gagné prouvant ainsi l’incroyable puissance de ses pouvoirs psy. Cet homme est prêt à vous aider, à vous faire bénéficier de ses immenses pouvoirs. Faites-lui confiance, vous le pouvez.
Un transfert d’énergie
Il est un autre fait inexplicable : vous le constatez vous-même lorsque vous passez l’authentique Talisman magnétique Dominique Webb autour de votre cou.
Pas sur l’instant, mais dans les 30 minutes environ. Une sensation étrange, comme un grand, calme, comme si la pression des événements, des soucis se levait et disparaissait.
Très peu de gens admettent ne rien ressentir (2 à 3 personnes sur 100 seulement) ce sont des exceptions pour lesquelles on parle de blocage, de manque de confiance.
Dominique Webb est formel à ce sujet : ce Talisman magnétique qu’il a spécialement conçu ne peut rien si vous ne l’avez pas demandé dans un but précis et si vous n’êtes pas convaincu que désormais vous atteindrez ce but.
Cette Croyance est une clé nécessaire. Si vous ne la possédez pas, si vous ne croyez pas, tout le processus mental se bloque et vous n’obtenez rien.
Cet authentique Talisman Dominique Webb est peut-être le bien le plus précieux que vous ne posséderez jamais.
Pour expliquer les résultats incroyables obtenus par les porteurs de ce Talisman magnétique ainsi que le calme ressenti on admet plusieurs explications. La plus courante est que les ondes surpuissantes qu’il émet en permanence construisent un véritable rempart psychique autour de vous, vous protégeant des agressions, des pensées négatives, de tout ce qui vous harcèle et risque de vous détruire peu à peu.
L’impression de calme que vous ressentez dans les 30 minutes semble être la preuve que votre mur psychique se construit ! Si désormais vous étiez enfouis à l’abri des pensées mutilantes ?… des comportements destructeurs ?… s’il vous suffisait d’étendre le bras pour toucher votre but ?… d’ouvrir la main pour ramasser tout l’argent dont vous souhaitez la possession ?… d’ouvrir les yeux pour découvrir l’amour ? (il se cache souvent près de vous)… d’ouvrir les oreilles pour vous entendre donner la meilleure façon de résoudre un problème difficile ?…
Faites confiance à l’authentique Talisman magnétique Dominique Webb, sa puissance et votre Foi en ses pouvoirs peuvent réellement bouleverser votre vie.
« Je crois totalement au pouvoir de la Foi, de la pensée Positive qui permet d’atteindre vite le but qu’on s’est fixé. Cette Foi est en l’homme, l’homme créé à l’image de Dieu et qui lui a donné des pouvoirs extraordinaires dont on ne sait pour quelles raisons il ne s’en sert pas. Le Christ a dit : Si vous avez la foi, vous déplacerez des montagnes… Il n’y a pas de limites à cela, si vous croyez, tout est possible… » Dominique Webb
GARANTIE TOTALE : 1 Million dans les 2 mois
OUI, je souhaite recevoir gratuitement et par retour (sous réserve que je sois remboursé totalement et sans discussion en cas de non satisfaction) :
-1 TALISMAN AUTHENTIQUE DOMINIQUE WEBB au prix de 146 Francs (140 F + 6 F frais d’envoi), + chaîne gratuite.
Au verso de la médaille est apposée la Signature de Dominique Webb prouvant l’authenticité de ce Talisman magnétique.
BON à retourner à SOLIS – 8 avenue des Ecoles – B.P. 3 Rocheville – 06114 Le Cannet Cedex
Il faisait très chaud en Espagne, pourquoi es-tu parti à Saint-Barth en 1994 ?
Parce qu’il fait encore plus chaud à Saint-Barth ! Je plaisante, en fait tu connais mon amour pour les îles et aussi ma philosophie qu’il faut toujours joindre l’utile à l’agréable, d’ailleurs on ne paye pas d’impôt là-bas.
Donc voici la naissance du Magic House restaurant – spectacle magique à Saint-Barth aux Antilles, île paradisiaque. Les tables sont au bord de la scène et le piano volant s’envole sous le nez des clients à moins d’un mètre. Tom Hanks vient souvent à Saint-Barth et me demande à prendre la place du pianiste pour s’envoler lui aussi. Une fois il est arrivé en compagnie de Steven Spielberg que J’ai également fait voler. L’aventure de Saint-Barth s’achèvera par le passage du cyclone Luis qui dévasta le Magic House.
Quand j’étais au Castell en Espagne, tu partais tourner l’émission Sacrée Soirée peux-tu nous en dire plus ?
En 1990, parallèlement au Castell del Misteri, Gérard Louvin me contacte pour passer régulièrement dans l’émission Sacrée Soirée avec Jean Pierre Foucaud. C’est ainsi qu’en DIRECT je transforme un lion en Peugeot 106 (je me souviens que tu n’es pas étranger à la création de cet effet dont nous avons beaucoup parlé ensemble) – je fais disparaître 2 éléphants – l’ubiquité avec disparition d’une moto et son passager dans l’espace et ensuite sa réapparition – des lévitations et bien sûr le Piano Volant…
Une autre de tes grandes réalisations : ton spectacle au Futuroscope en 1996, raconte-nous cette aventure ?
Lors d’un 31 décembre en Martinique, j’ai le plaisir de présenter mon spectacle à l’hôtel « Bakoua ». Le Ministre René Monory était en vacances dans ce même hôtel. J’échange quelques mots sympathiques avec lui et je sens que le courant passe.
A mon retour, je décide de lui envoyer un projet que j’avais depuis quelques temps en tête : une attraction nouvelle pour le Futuroscope. Très rapidement sa secrétaire me rappelle pour me fixer un rendez-vous. Quel ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il connaissait ma carrière par cœur, qu’il était souvent venu m’applaudir à l’Olympia et qu’il était passionné par la magie. Nous nous sommes beaucoup vu pendant la réalisation de ce projet et cela a toujours été avec beaucoup de plaisir.
C’est amusant qu’aujourd’hui, le spectacle que présente mon ami Bertran Lotth, que j’ai d’ailleurs vu récemment et que j’ai trouvé formidable, s’appelle Imagic aussi, cela me fait très plaisir.
J’ai fait partie de la 1ère édition du Festival Magic Méribel, pourquoi as-tu choisi Méribel pour faire ce festival ?
En 2001, Je suis à Méribel au Club Med en vacances avec mon ami Miredieu comme chef de village. Nous discutons et je lui parle d’organiser un festival de magie, l’idée lui plait et aussitôt il appelle Jean Marie Choffel alors directeur de l’office de tourisme, c’est ainsi que débuta l’aventure du Festival Magic Méribel. Le 1er eu lieu l’hiver et devant le succès, Jean Marie Choffel décida de le programmer l’été car si la station est pleine l’hiver, il faut attirer de nouveaux vacanciers l’été. Nous sommes cette année à la 15ème édition.
– Extraits vidéo du Festival de 2013.
Fin de l’entrevue. Dans la salle, Didier Morax rappelle les partenaires qui ont souvent accompagné Dominique Webb : Dominique Dega, Gilles Weiss, Claude Brunel, André Karadgi et Les frères Mamou. La famille Webb vient saluer la salle sous un tonnerre d’applaudissements bien mérité !
A lire :
– Le JMMHD 2.
– Le JMMHD 3.
– Le JMMHD 4.
– Le JMMHD 5
– Le JMMHD 6
Crédits photos – Documents – Copyrights : Franck Boisselier, Didier Morax, Jean Merlin, Dominique Webb, S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.