Avec la participation de : Sébastien Fourie, Yann Frisch, Raymond Raymondson, Romain Lalire, Anaïs Albisetti et Pedro Consciencia, Béatrice Esterle, Chiara Marese.
Briare, 6000 habitants, à l’Est d’Orléans, connue, depuis le XIXe siècle pour son usine d’émaux, et récemment devenue une capitale de la navigation de plaisance, possède, chef-d’œuvre architectural auquel participa Gustave Eiffel, le très célèbre Pont canal de Briare (1896) qui traverse la Loire sur quelque sept cent mètres. Depuis 2013, un peu à l’écart de l’agglomération, Briare a accueilli STARS Europe, un grand studio de cinéma, préparations d’événementiels et de spectacles, créé et dirigé par Bruno Limoge, homme aussi discret qu’efficace. Très bien équipé avec projecteurs asservis, l’endroit est transformable en salle et scène d’une ouverture d’une quinzaine de mètres, pouvant accueillir quatre cent personnes…
Avec l’appui de l’Atelier, une association dirigée par Vincent Frégeai qui a pour but de créer des événements culturels, et d’Artefake partenaire artistique pour les magiciens, a donc été créée la première édition de ce cabaret avec, en alternance, des numéros d’acrobatie et de magie, ainsi qu’un trio de jeunes femmes avec des chansons de jazz, pour plus de trois cent spectateurs. Avec aussi remise d’un Prix à un magicien, un autre prix consistant en une semaine de résidence de travail à STARS pour un autre magicien, et un Prix du public, pour un circassien.
Sébastien Fourie a commencé la soirée avec un numéro de magie bien connu, celui dit des cordes, qui, très au point sur le plan technique, souffrait d’une esthétique assez faible.
Suivit le numéro de jeunes et brillants acrobates, encore élèves de l’Ecole du Cirque de Chalon en Champagne, Anaïs Albisetti et Pedro Consciencia. Avec portés et divers sauts périlleux : rapidité, souplesse, force et virtuosité, et donc à la base, un sacré travail physique mais aussi mental : le moindre dérapage pouvant être catastrophique…. Certains moments rappelant des merveilleux dessins de tombe égyptienne quelques deux mille ans avant J.C. L’acrobatie moderne remontant aux anciennes traditions méditerranéennes ou chinoises.
Le deuxième magicien, dernier champion du monde donc hors concours : Yann Frisch, lui aussi très jeune, fait preuve d’une virtuosité telle qu’il est impossible de suivre le mouvement de petites balles sur une table noire. Comme si notre rapport à l’objet en devenait, d’un seul coup, profondément modifié.
Suivit un numéro plus classique de tissus aériens par Béatrice Esterle.
Et après entracte, où trois jeunes femmes ont chanté des airs de jazz, un « solo à prétention magique » de Raymond Raymondson, celui d’un clown qui rate presque tous ses tours. Mais, faute d’une mise en scène correcte et de gags suffisamment travaillés, ce solo reste peu efficace.
Mavara project #4 de Chiara Marese, est un travail sur corde molle. Un voyage en soi-même, comme semble en témoigner la figure de petite fille qu’elle a contre son épaule et avec laquelle elle évolue avec une belle virtuosité. Promenade souvent émouvante et gracieuse, mais soutenue par une bande-son faite de bruits de la rue, chuchotements et paroles en sicilien, donc qui nous échappe un peu.
Dernier numéro de magie actuelle, à mi-chemin entre art visuel, acrobatie et théâtre d’ombres, Kumo (nuage en japonais) de Romain Lalire. Vêtu d’une longue robe noire, il glisse sur la scène avec une virtuosité exemplaire, tout en jonglant avec une grosse boule de verre, pendant que son ombre se projette sur l’écran, parfois accompagnée d’autres ombres… Impressionnant, et sans doute le numéro le plus poétique.
Enfin, un numéro de trapèze classique avec la même Béatrice Esterle, toujours au-dessus du public et sans filet, accompagnée par l’une des chanteuses, avec l’Ave Maria de Charles Gounod.
Le spectacle était « animé » par un Monsieur Loyal, très maquillé, en queue de pie rouge à paillettes dorées, pantalon noir et chaussures vernies, comme sorti d’un film de Federico Fellini, et auquel Gary Yann servait un peu de faire-valoir. Se présentant comme animateur et producteur de spectacles, et parlant à plusieurs reprises de sa longue carrière, « autrefois danseur à l’Opéra de Paris puis danseur soliste à l’Opéra de Nice « , récitant un poème de son cru à Béatrice Esterle. Et parlant de la France comme d’un pays dirigé par un gland. Comme un théâtre dans le théâtre ! Pathétique mais pas grave.
Les spectateurs étaient heureux d’être là ensemble, attentifs à ces formes artistiques du corps, plus qu’à un théâtre de texte. Le cabaret est un forme artistique qui ne cesse d’avoir des hauts et des bas depuis plus d’une centaine d’années mais qui semble avoir retrouvé ici, le temps d’un soir une belle jeunesse et un public populaire. Le prix du public alla au couple d’acrobates, la résidence fut attribuée à Sébastien Fourie, pour poursuivre son travail, et le Trophée à Romain Lalire, lui donnant une reconnaissance professionnelle très utile… A l’évidence, Vincent Frégeai, Bruno Limoge et leurs équipes ont bien réussi leur coup (un grand panneau affichait complet !) et n’ont aucune inquiétude à avoir pour une seconde édition.
– Source : Le Théâtre du Blog.
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– Illusions Magiques 2.
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