Avec : La compagnie du Scarabée jaune, Claude de Piante, Aude Lebrun et Eddy Del Pino.
Quatrième édition de cet événement organisée au Studio Stars Europe et présentée par les associations L’Atelier et ArteFake via ArteFaktory. L’idée de faire intervenir la compagnie du Scarabée Jaune était une évidence dans le processus du travail enclenché depuis 2015 avec Bruno Limoge (le chef des lieux) qui s’oriente de plus en plus vers une forme magique expérimentale et hybride rejetant petit à petit la structure classique du plateau d’artistes qui se succèdent avec leurs numéros. Claude de Piante étant l’un des premiers artistes illusionnistes à avoir visité les lieux lors de la première édition d’Illusions Magiques en tant que membre du jury. L’envie d’y créer un spectacle in situ était donc programmée. Beaucoup d’échanges par téléphone et une résidence sur les lieux ont permis la création d’un spectacle unique et expérimental entre théâtre interactif, magie, hypnose et murder party.
L’histoire
L’histoire est celle de trois personnages : Jack Blatte un psychiatre, Eve Opchka une voyante (qui fut sa patiente) et Barthélémy Bathrobe un prédicateur fou. Chacun a sa vision de la chambre 98, une chambre prétendument hantée dans laquelle, ils ont séjourné une nuit. Dans cette chambre de nombreux témoins prétendent avoir vu le fantôme d’une jeune femme à la langue coupée. Une chambre hantée qui rend fou, ceux qui y dorment une nuit.
Magie Théâtrale
Si l’illusion pure est basée sur une interprétation tronquée de la réalité. L’illusionniste fait en sorte de construire un espace spécifique où il peut projeter son monde « parallèle » et développer ses « effets spéciaux » d’ordre manuel ou mécanique.
Si les manifestations de l’art magique sont innombrables dans les différents domaines artistiques, ses « répertoires » de monstration sont bien spécifiques. Une de ses branches est la magie théâtrale. Celle-ci permet à l’artiste d’exprimer un univers, de développer une ou des histoires et de faire évoluer des personnages bien définis. Par opposition à la manipulation qui est une « démonstration de dextérité et de jonglerie », la magie théâtralisée joue sur la dramaturgie et les règles théâtrales instaurées depuis l’antiquité. Elle privilégie souvent l’émotion par l’identification à un personnage et par le choix d’histoires qui parlent au plus grand nombre. Par conséquence, les effets magiques sont justifiés et construits dans une scénographie totale (accessoires, décor, costumes, lumière, son). Il ne s’agit plus d’un « enchaînement de tours » mais d’une « logique » dictée par le récit.
Les époux Blatte.
Au-delà de l’effet spectaculaire que provoque un tour de magie, l’illusion prend tout son sens quand la technique est au service d’un message ou d’une histoire. Avec la théâtralisation, les effets magiques permettent toutes les fantaisies narratives et emportent le récit dans la dimension du merveilleux et du fantastique. Pour preuves le choix d’un répertoire axé essentiellement sur un potentiel à effets magiques.
Mille et une histoires
Le répertoire littéraire et dramatique est inépuisable et convoque mille et une histoires, nouvelles, contes et légendes. Des plus connues aux plus symboliques. Les arts sont friands de cette matière première et réinterprètent souvent « les mythes ». La magie blanche n’échappe pas à cette règle et puise beaucoup de son inspiration dans des univers prédéfinis, balisés et identifiables par le plus grand nombre.
La spécificité de l’illusion est qu’elle permet de réaliser des effets magiques et impossibles. Les littératures religieuses et mythologiques sont de ce fait incroyablement significatives avec leur lévitation, leur décapitation, leur don de double vue, et leur dédoublement symbolique… On ne s’étonnera pas non plus que les histoires les plus représentées sont celles de la littérature fantastique avec ses créatures iconiques, entrées dans l’inconscient collectif.
Le personnage
Dans la magie avec « opérateur », le magicien joue un rôle et est celui par qui la magie arrive. Pour reprendre la célèbre formule de J.E Robert-Houdin, « le magicien est un acteur qui joue le rôle d’un magicien ». Il peut tour à tour incarner ces différentes facettes : illusionniste, escamoteur, prestidigitateur, sorcier, chaman, prêtre, physicien, bonimenteur, magnétiseur, hypnotiseur, mentaliste, etc. Il peut aussi interpréter des personnages historiques ou de pure fiction ainsi que des créatures mythologiques.
Claude de Piante et Eddy Del Pino.
On aura compris que tout passe par le personnage et son interprétation. L’interprétation est primordiale pour transporter les spectateurs dans une histoire et le faire « voyager ». Le personnage est le narrateur ou le guide qui va crédibiliser une situation et donner corps à un récit.
Le mystère de la chambre 98 : un spectacle en immersion
Jack Blatte et Eve Opchka nous reçoivent dans le manoir familial, un ancien hôtel désaffecté aux allures de Shining. Elle est voyante, lui est psychiatre et la folie, personnalisée par frère Barthélémy est omni-présente.
Le spectacle est une aventure magique, hypnotique et interactive autour d’un mystère à résoudre en direct qui débute avant la représentation (articles dans les journaux racontant un fait divers d’une chambre hantée, vidéos de témoignages sur Internet, exposition interactive avant le début du spectacle…) et ne se termine pas après la représentation (la logique rationnelle de l’énigme est déconstruite deux minutes avant la fin, si bien que l’on part sans connaître la solution véritable), d’autres vidéos et témoignages des personnages seront à découvrir sur Internet après le spectacle…
Exposition interactive dans le lieux de spectacle.
Les spectateurs commencent donc leur enquête trente minutes avant que ne débute le spectacle, à moins qu’ils aient déjà écouté les témoignages de ceux qui ont séjourné dans la chambre 98 et qui sont accessibles sur Internet plusieurs jours avant le spectacle.
Témoignages vidéos sur Internet.
Ils peuvent aussi participer, avant que la représentation ne commence, à une exposition interactive. Ils peuvent toucher les objets et les indices de l’enquête (une vieille machine à écrire, une lampe ancienne, un appareil pour diffuser de la musique, un ventilateur, des livres rares…), écouter des audios subliminaux et hypnotiques et surtout rencontrer les personnages de cette histoire. Un questionnaire est également disponible pour résoudre l’enquête.
Les spectateurs deviennent acteurs et enquêteurs, malgré eux. Plus qu’un spectacle, il s’agit d’une véritable aventure immersive qui est proposée au public, provoquée par le dispositif scénographique, l’hypnose, le subliminal, les images et les sons.
Teasing pour les journalistes
La compagnie du Scarabée Jaune a poussé le vice de proposer aux journalistes locaux de faire paraître dans la République du Centre, un mois avant le spectacle, des articles sous forme de roman policier à épisodes jouant sur la fiction et la réalité des faits. Un fait divers qui s’est produit, il y a 60 ans, le 31 mars 1959 à l’Hôtel de la Poste de Briare. Ci-dessous les cinq extraits :
1- Raymond Magon de La Lande se jette par la fenêtre de sa chambre d’hôtel et s’écrase sur le sol. Ce qui semblait s’avérer à l’époque un triste mais banal suicide, pourrait bien être un phénomène étrange et inexplicable. Un détail passé inaperçu et demeuré sans signification a alerté un spécialiste du comportement. La victime avait dans sa main gauche un peigne lorsqu’elle a chuté sur le sol. Au lieu de lâcher le peigne, ce qui aurait dû être le réflexe normal, le dénommé Raymond Magon de la lande, s’est accroché à son peigne comme à une bouée de sauvetage. Partant de ce seul indice, le spécialiste a mené son enquête et découvert que d’autres personnes ayant séjourné dans la chambre ont été victime de malaises, voir d’hallucinations. Hélas, l’hôtel a été depuis détruit et la police ne souhaite pas réouvrir ce dossier, considérant qu’aucun fait nouveau ne justifie une nouvelle enquête. Le mystère restera donc entier.
2- Dans un précédent article, nous évoquions le triste suicide, de celui que nous avions appelé l’homme au peigne. L’affaire semblait être définitivement close quand plusieurs témoins se sont manifestés, suite à notre article pour affirmer avoir été victime d’étranges manifestations dans la chambre qu’occupait la victime. Quelques recherches ont permis de découvrir que cette chambre avait mauvaise réputation et qu’aucun la prétendait hantée. L’homme au peigne aurait peut-être été victime de la rumeur et se serait jeté par la fenêtre poursuivi par un fantôme imaginaire.
3- Sans parler de rebondissement dans l’affaire de l’homme au peigne, nous avons eu connaissance d’un courrier qui démontre que plusieurs personnes affirment avoir vécu quelque chose d’oppressant, d’inquiétant, voir de terrifiant dans ce qui était la chambre qui portait le numéro 98 et qui fut fatal au dénommé Raymond Magon De La Lande. Un journaliste, André Labigne, enquêtant sur des faits extraordinaires a séjourné dans la chambre. Son témoignage est surprenant et pour attester qu’il ne fut pas victime d’un égarement mental due à l’atmosphère oppressante et malsaine du lieu, il relève que son appareil enregistreur qu’il avait allumé, a été complètement déréglé après avoir ressenti une présence dans la pièce. Effectivement, le matériel est d’habitude, peu sensible aux défaillances de notre mental. Y aurait-il, alors un vrai fantôme ?
4- Le spécialiste du comportement qui souhaite garder l’anonymat nous a précisé que dans l’affaire de la chambre 98 (voir les précédents articles) la présence du peigne dans la main de la victime est un élément clef de nature à expliquer l’ensemble des phénomènes fantomatiques. Il s’en expliquera prochainement dans une conférence qu’il fera à Briare et où il fera des révélations sur ce qui semble devenir au fil des jours un mystère des plus surprenants.
5- Nous apprenons que dans l’affaire de la chambre 98, il sera procédé à une impressionnante reconstitution pour en expliquer la mécanique que l’on affirme des plus étonnantes. Comment un peigne serait-il à l’origine de tous les phénomènes que nous avons évoqués ? Nous serions enclins à croire à un canular, si nous n’avions pas la certitude que l’immense reconstitution est en cours de réalisation. Le studio a été chargé d’en assurer la réalisation dans ses locaux…
Une forme spectaculaire inédite entre expérimentations et défis
La compagnie du Scarabée Jaune a relevé le jeu du challenge artistique en proposant une histoire originale, un teasing de vidéos, des articles de journaux et une exposition interactive prenant place dans la ville de Briare. Avec pour base certains numéros de leur spectacle Les époux Blatte et leurs personnages déjà existants, ils ont expérimenté différentes formes de mise en lumière, d’effets spéciaux (soufflerie et lumières hallucinantes) et de dispositifs scéniques avec Bruno Limoge et l’équipe de Stars studio pour proposer aux spectateurs une expérience de spectacle inédite.
Claude de Piante a donc écrit une histoire originale et conçu des effets magiques (souvent sur des bases classiques mais avec un assemblage original). Les vidéos ont été tournées par l’équipe du Scarabée Jaune en une prise avec un texte que les personnes découvraient quelques minutes avant de commencer pour plus de spontanéité et de naturel…
Des références littéraires et cinématographiques multiples
Le mystère de la chambre 98 a pour références l’univers esthétique de Tim Burton, des personnages à la Addams family, et le côté spectaculaire et surréaliste de Tod Browning. Côté littéraire, l’énigme policière convoque la figure de Sherlock Holmes créé par Sir Arthur Conan Doyle mais aussi celle du reporter Joseph Rouletabille dans le célèbre Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux. A noter que chaque table de la salle de spectacle est sous le patronyme d’un célèbre enquêteur, détective ou romancier.
Des images fortes extraites des albums de Tintin surgissent également dans la représentation (la voyante de music-hall, madame Yamilah, Ragdalam le fakir, Philippulus le prophète, la lévitation du moine tibétain…)
Déroulement du spectacle
Le spectacle est divisé en trois parties entrecoupées de pause où le public, regroupé par équipe, est invité à résoudre en directe l’enquête avant la fin de la représentation grâce à un questionnaire disposé sur chaque table à la façon d’une escape room. Avant chaque partie, il y a un commentaire audio de Jack Blatte et des témoignages vidéos (de Barthélémy Bathrobe, Rodolpho Blatte, André Labigne, Jack Blatte, Eve Opchka, Nito Pattex et Sullivan Smith) qui mettent en condition les spectateurs, puis le spectacle vivant commence avec une forme théâtrale mêlant effets magiques visuels, auditifs et tactiles, lévitation, télépathie, mentalisme, voyance, hypnose (hypnose de spectacle et écriture automatique), langage subliminal et illusions diverses.
Eve Opchka arrive seule sur scène et se fait un jus de poussin en plaçant ce dernier, nommé Cricri, dans un vase recouvert d’un couvercle. Eve, dans le rôle de voyante, est ensuite rejointe par Jack Blatte. Elle nous convie à une démonstration de ses étonnantes facultés. Le charme des anciens numéros de music-hall plane sur cette séance. Sont disposées sur une table cinq enveloppes avec un symbole dessiné dessus. Sous une de ces enveloppes est placé un poussin, le fameux Cricri. Jack distribue dans la salle des cartes reprenant les mêmes symboles que sur les enveloppes et des spectateurs différents tirent, chacun leur tour, un symbole au hasard qui détermine l’enveloppe à écraser. Le suspense monte… est-ce que Eve va écrabouiller le pauvre poussin ? Il ne reste plus qu’un sac sous lequel se trouve… un énorme couteau ! Une scène de ménage drolatique s’en suit entre les deux époux.
Jack demande à quatre spectateurs dans la salle d’inscrire un chiffre, à chaque fois différent, pour constituer un nombre au hasard noté sur une ardoise. Eve est priée de révéler le nombre exact et elle y parvient. Mais ce n’est pas tout, car ce nombre de quatre chiffres est inscrit depuis le début du spectacle sur une carte de visite plantée bien en évidence sur le couteau. Une double révélation judicieusement montée ! Le couple se donne ensuite un pari stupide dans une joute verbale savoureuse où il s’agit de se couper le bras pour Jack et se couper la langue pour Eve. Ils s’exécutent et donnent ensuite une « fausse » et une vraie explication des effets.
Les yeux bandés, Eva perçoit ensuite une série d’objets qui sont remis à Jack par les spectateurs dans la salle, des dessins qu’ils réalisent, et elle répond aux questions qu’ils posent et révèlent des informations qu’elle n’est pas censée connaître. Puis elle décrit ses sensations et ses craintes quand lui sont remis des objets qui ont séjourné dans la chambre 98….
Tout se déroule parfaitement, quand tout à coup surgit le frère Barthélémy, un prédicateur halluciné, qui invite le public à stopper son enquête pour le remettre dans le droit chemin de la foi. Eve intervient et installe le frère sur une chaise pour lui « remettre les idées en place », une thérapie qui lui fait tourner la tête à 360° et lui fait perdre physiquement.
Jack Blatte arrive sur scène en conduisant une machine infernale dans le style steampunk et ses jambes lui sont enlevées par Eve.
Après un entracte de 10 minutes, pour que les spectateurs digèrent les informations qu’ils ont vu et réfléchissent sur l’enquête, le spectacle reprend avec de nouveau une mise en condition par les témoignages vidéos. Jack Blatte propose ensuite un test avec le public, celui de penser à une figure géométrique simple entourée d’une autre figure géométrique simple. Résultat, la très grande majorité de la salle a pensé à la même chose. Coïncidence ou pas, cette forme rappelle les initiales du fantôme d’Anna Obrian. Jack invite un spectateur à tirer quatre papiers d’une urne transparente remplie par le public avant la représentation. Il s’agit de questions adressées à la voyante Eve. Au lieu de répondre à ces questions, cette dernière devine de quoi il s’agit. Pour le dernier papier, Eve va retrouver la personne qui à poser la question directement dans la salle !
Jack Blatte revient sur scène avec une blouse blanche, signe des expériences d’hypnoses qui vont se dérouler par la suite. Il propose aux spectateurs d’aller plus loin dans la méthode et la préparation mentale et de les faire entrer dans un état hypnotique. Il commence par un premier test de « réceptivité » en demandant au public de croiser leurs doigts sauf leur index qui doivent se rapprocher petit à petit. Un deuxième test consiste à fermer les yeux et de placer un doigt sur le haut de son crâne et d’imaginer la transparence de ce dernier grâce à une lumière qui inonde l’intérieur de la tête. Les paupières sont collées et le spectateur est invité à « descendre » à l’intérieur de lui-même.
Jack descend ensuite dans la salle choisir deux spectateurs qui ont encore leurs doigts collés au-dessus de leur tête. Ces deux sujets réceptifs continueront les expériences d’hypnose de spectacle sur scène. La première spectatrice est mise en catalepsie semblant se transformer en statue, ses pieds et ses mains ne pouvant plus bouger. Elle est ensuite endormie au sol par Jack Blatte. La deuxième spectatrice est plongée dans un état hypnotique et participe à une séance d’écriture automatique. Alors qu’elle est en sommeil hypnotique, sa main écrit sans qu’elle en ait conscience, sans comprendre elle-même, ce qu’elle est en train d’écrire. Le texte ainsi bizarrement rédigé contient plus d’une surprise pour elle et pour le public. Un prénom qui correspond à celui retrouvé dans une des enveloppes, disposées sous les tables, et choisie au hasard dans le public et deviné par Eve. Le double signe géométrique y est aussi matérialisé. Notons que ce sont de véritables phénomènes hypnotiques qui sont expérimentés avec le vrai public et qu’il n’y a pas de complices.
Le public a maintenant trois véritables indices à sa disposition pour essayer de résoudre le mystère de cette chambre 98 et compléter pour la dernière fois leur questionnaire. Dans cette confusion hypnotique, Jack met Eve en catalepsie, puis en lévitation, suspendue dans les airs (suspension verticale de Yogano). Celle-ci a une vision et aperçoit Raymond Magon de La Lande, le mort, dans sa chambre…
Pendant que Jack et Eve décortiquent, en coulisse, les questionnaires pour connaître l’équipe victorieuse, Le frère Barthélémy revient distraire le public.
Le couple revient sur scène et désigne l’équipe victorieuse en donnant une explication rationnelle, mais néanmoins surprenante du mystère et de l’origine des phénomènes de hantise dans la chambre 98 provoquant des perturbations hallucinatoires… Une histoire de fantôme et de suggestion qui se termine par une disparition et une transformation inattendue rappelant les phénomènes spirites des médiums de la fin du XIXe siècle avec leur matérialisation d’ectoplasmes. A noter que cette disparition est une création complète pour le lieu, jamais encore testée devant le public et mise au point la veille de la représentation.
Le spectacle se termine par un commentaire audio de Jack Blatte donnant une autre lecture du spectacle et remettant en cause l’enquête et ses conclusions…
Conclusion
La compagnie du Scarabée Jaune, spécialiste de la magie théâtrale, nous a démontré avec brio l’étendue de leurs talents. Claude de Piante est un formidable storyteller qui sait captiver comme jamais son auditoire. Doué d’une diction parfaite et d’un sens de la dramaturgie, il fascine le public qui boit ses paroles. Cela tombe bien car l’illusionniste qu’il est joue aussi l’hypnotiseur. Aude Lebrun est une voyante lituanienne plus vraie que nature avec son délicieux accent. Elle est parfois à la limite de la folie quand ses visions prennent le dessus. Un tempérament de feu se cache sous son apparente douceur… Que dire de l’inénarrable frère Barthélémy Bathrobe, prédicateur fou et lubrique qui apporte un sens comique inattendu dans ce genre d’entreprise où la rigueur est de mise. Avec lui tout peut arriver et le fou rire nous guette, nous « brebis égarées ».
Il faut également souligner la virtuosité de l’écriture de ce spectacle, d’un scénario à rebondissement où le suspense et la surprise sont les moteurs de l’action comme chez Hitchcock. La forme flirte avec l’étrange, la peur, le malaise, le surréalisme, le burlesque et l’humour. Des genres antagonistes qui se marient de façon inattendue.
Une forme qui est magnifiée par une histoire travaillée dans les moindres détails : situations, décors, accessoires, personnages. C’est grâce à cette profondeur des choses que le public est plongé dans une intrigue dont la véracité est établie alors que la fiction en est le moteur. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est ce qui est faux ? Quel est le « vrai » meurtrier ? Y a-t-il même eu un meurtre ? Des questions qui restent en suspens à la fin de la représentation, malgré les explications données, pour laisser volontairement le public dans le doute, la confusion et la réflexion avec une histoire qui le hantera longtemps…
Au final, le spectacle nous questionne sur la manière dont notre cerveau enregistre des informations à l’insu de notre conscience. Existe-t-il une réalité que nous percevons d’une manière subliminale et qui dirige notre vie, sans que nous nous en rendions totalement compte ? Notre perception du réel et de la normalité (sain d’esprit ?) est également remise en cause. L’un des personnages déclare à un moment : « Il n’y a que les fous pour croire que derrière les apparences se cachent la réalité, derrière les apparences, il n’y a que d’autres apparences… ».
La compagnie du Scarabée Jaune
Claude de Piante artiste de spectacle et hypnothérapeute, dont le site « les secrets du langage métaphorique et hypnotique » permet de faire découvrir, à tous les techniques de l’hypnose pour développer ses potentiels, augmenter sa mémoire, sa concentration ou gérer son stress. Il est, aussi, l’auteur d’un livre Théâtre et magie destiné aux professionnels du spectacle et le créateur de la compagnie du Scarabée Jaune, une compagnie de théâtre expérimental qui a notamment développé le concept de « criminologie de spectacle » en 1983, sur lequel s’appuient de nombreuses créations dont Le mystère de la chambre 98.
Aude Lebrun est comédienne et artiste de music-hall. Elle a fait partie de plusieurs compagnies de théâtre dont Fiat Lux, spécialisée dans le burlesque visuel. Elle a joué dans divers téléfilms, comme Petits meurtres en famille avant de se consacrer au mentalisme.
Elle a créé le personnage d’Eve Opchka, une voyante aventurière. Dans son spectacle La voyante, la femme qui sait tout et plus encore, elle lit dans les esprits en racontant sa vie et en évoquant une galerie de portrait dans l’univers forain et rocambolesque de la voyance itinérante. Elle a rejoint la compagnie du Scarabée Jaune, il y a plus de dix ans et a joué dans les spectacles : La collection n’est plus à vendre, Le Great Leon, L’affaire Anna Maria Opchka et Le mystère de la chambre 98.
Eddy Del Pino est comédien, chanteur, metteur en scène, auteur, réalisateur, diplômé du Conservatoire National de Région de Rennes. Il se définit comme un artiste polyvalent et caméléon. Il tourne depuis plus de 25 ans pour le cinéma et la télévision. Il a participé en tant qu’acteur mais aussi en tant que réalisateur à plus de 90 films en longs, moyens et courts métrages et vidéos clips pour des entreprises locales et collectivités territoriales. Il joue également dans des spectacles ou dans des concerts en qualité de chanteur et harmoniciste.
Il travaille également le théâtre d’improvisation sous toutes ses formes et il donne sa voix pour divers supports. Eddy Del Pino a récemment fait un buzz international avec un personnage de faux druide remplaçant les médecins de campagne dans une commune de Bretagne.
A visiter :
– Le Facebook de la compagnie du Scarabée Jaune.
A lire :
– Théâtre et magie, la voix de l’imaginaire par la Cie du Scarabée Jaune (Editions Yogano – Scarabée jaune, 2010)
– Illusions Magiques 1
– Illusions Magiques 2
– Illusions Magiques 3
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