Ce double DVD vient compléter celui sorti chez Arte vidéo en 2001 « Méliès, le cinémagicien ». Comportant 30 films, il met en lumière de nouveaux courts métrages, invisibles jusqu’alors, tournés de 1896 à 1912. Christian Fechner est à l’initiative de ce projet de compilation et de rénovation. Il a financé la restauration des films aux laboratoires Eclair et a suivi attentivement la progression du travail pendant deux ans. Des textes originaux de Méliès ont été retrouvés pour accompagner certain film pour soutenir et commenter l’action. Le grand acteur André Dussollier joue le rôle de bonimenteur dans certain court-métrage. Tous les films offrent un commentaire qui dévoile à chaque fois une partie cachée du cinémagicien.
1- Les 30 Films de 1896 à 1912 :
Méliès a œuvré dans tous les styles, de la reconstitution historique à la science fiction. Cette compilation permet de traverser tout ses univers et de comprendre l’évolution et la créativité du magicien de Montreuil.
Les films de Magie :
– Un homme de tête (1898).
Un illusionniste joue avec sa tête : il l’ôte de ses épaules et la pose sur la table. Il réussit ainsi à avoir trois têtes vivantes qui chantent ensemble. Comme elles chantent faux, il les écrase avec son banjo. Il en lance une en l’air, qui rejoint ses épaules.
Méliès démontre ici son don de mime. On retrouve le thème de la décapitation qu’il exploitait déjà sur la scène du théâtre Robert-Houdin avec le tour du Décapité récalcitrant.
– Le chevalier mystère (1899).
Dans un château, un magicien dessine sur un tableau noir une tête avec une craie. Il la détache, la pose sur une bouteille puis sur la lame d’une épée.
– Le déshabillage impossible (1900).
Dans une auberge, un voyageur tente de retirer son chapeau et son pardessus. Mais à peine les a t-il accrochés au portemanteau que des nouveaux vêtements lui apparaissent sur le dos. Le phénomène se reproduit indéfiniment jusqu’à ce que le voyageur devienne enragé. Il saute sur son lit… qui disparaît à son tour.
Il s’agit d’un des rares films de Méliès utilisant l’accéléré comme trucage. Le cinéaste utilise l’arrêt de la caméra comme trucage principal, par exemple lors de la disparition ou de l’apparition de vêtements, le fameux trucage par substitution.
– Spiritisme abracadabrant (1900).
Un homme rentre dans un château et tente de retirer sa veste et ses gants, seulement à chaque fois, ceux-ci réapparaissent sur lui.
– Le portrait mystérieux (1901).
Un illusionniste fait apparaître son double dans un cadre et dialogue avec lui avant de le faire disparaître.
Méliès utilise pour la première fois la technique du flou pour faire apparaître son double.
– La Sirène (1904).
Un gentleman se métamorphose en pêcheur à la ligne et met dans un aquarium des petits poissons qu’il pêche dans son chapeau. Se retransformant en bourgeois, le décor change autour de lui et une sirène apparaît dans l’aquarium. Elle se change également en charmante femme. Dans le dernier tableau, l’homme se métamorphose en dieu Neptune entouré de ses naïades.
Dans ce film, Méliès utilise un faux travelling avant. C’est en effet le décor et le personnage qui se déplacent vers la caméra qui reste fixe.
– Le fakir de Singapour (1908).
Un fakir fait grandir un œuf de façon démesurée, puis le coupe en deux, en met chaque moitié dans les plateaux d’une balance qu’il a fabriqué magiquement avec un lorgnon, et en fait sortir des poules, puis deux enfants.
Les films avec effets spéciaux :
– Dislocation mystérieuse (1901).
Utilisant un mime professionnel, Méliès réalise un petit bijou de pantomime surréaliste.
Au lieu de se déplacer, un Pierrot envoie ses membres et sa tête chercher les objets dont il a besoin. Puis les bras, les jambes, le tronc et la tête mènent chacun leur propre danse avant de se réunir et reformer le corps entier de Pierrot, qui salue.
– Le mélomane (1903).
Accompagné de ses élèves, un mélomane multiplie sa propre tête qu’il accroche à une portée musicale géante, afin d’y créer les notes correspondantes à l’hymne anglais.
Le mélomane est un exemple parfait de la multiplicité et de la virtuosité des trucages inventés par Méliès. Il utilisait principalement l’arrêt de la caméra, les fondus, les caches pour les apparitions et les disparitions. Pour ce film aux surimpressions multiples, sept expositions du film étaient nécessaires au cinéaste afin d’y apparaître sept fois simultanément. La caméra, très lourde, devait pour les prises de vue être d’une stabilité absolue. Le maximum de surimpressions est ici atteint avec le matériel disponible à l’époque.
– Le cake walk infernal (1903).
Dans son royaume, aux Enfers, le Diable fait venir un couple de danseurs professionnels qui font une démonstration d’une danse à la mode en 1903 : le cake-walk. Ensuite, un diable grotesque sorti d’un grand gâteau exécute une danse comico-acrobatique puis disparaît dans une explosion. Tous les habitants des enfers dansent ensuite une folle sarabande.
– Les affiches en goguette (1906).
Des affiches publicitaires s’animent, discutent entre elles et bombardent des sergents de ville venus constater l’agitation dans la rue. Les affiches tombent sur eux, puis ils se retrouvent accrochés à une grille pendant que les personnages vivants des affiches défilent devant eux en les moquant.
– Le génie du feu (1908).
Une jeune fille trop curieuse entraîne son fiancé dans une grotte mystérieuse malgré les mises en garde d’un prêtre. Pour avoir violé l’entrée du palais du Génie du Feu, les fiancés sont rendus aveugles. A la sortie de la grotte, le prêtre parvient à leur faire retrouver la vue.
Méliès y crée de magnifiques décors et manie les effets pyrotechniques en expert.
Les films fantasmagoriques :
– Le chaudron infernal (1903).
Un démon fait brûler dans son chaudron infernal trois malheureuses victimes dont les fantômes s’élèvent dans les airs, puis disparaissent.
Dès 1897, Méliès souhaite proposer des films coloriés au public. Il fait retravailler la pellicule et la fait peindre à la main par des miniaturistes ou des retoucheuses de photos. La pellicule couleurs n’existant pas, le film est tourné en noir et blanc puis colorié sur commande des forains. Un film colorié coûte deux fois plus cher qu’un film normal. Afin de lutter contre le piratage, Méliès intègre un copyright dans son décor. On y remarque le logo « Starfilm » (propriété de Méliès) écrit sous le chaudron. A noter la magnifique apparition finale des fantômes en surimpression floue.
– Les quatre cents farces du diable (1906).
L’ingénieur anglais William Crackford est amateur de records de vitesse. Il vend son âme à un alchimiste – qui n’est autre que Satan – en échange de pilules magiques qui lui permettent de voyager selon ses désirs. Après une chevauchée céleste en compagnie de son valet John, d’un cheval apocalyptique et d’une voiture astrale, Crackford, entraîné aux enfers par Satan, finit sur le feu au milieu de l’allégresse générale.
Le film présenté ici est un mélange des deux versions existantes, celle en couleur et celle en N&B. La version coloriée reste incomplète. Les 400 farces du Diable est un des films comprenant le plus de figurants. Le voyage céleste est certainement le plus magique jamais filmé par son auteur et les décors sont tous plus ahurissants les uns que les autres. Le jeu des malles, véritable tour de prestidigitation est admirable. L’élément le plus célèbre du film demeure sans conteste le cheval apocalyptique traînant ses voyageurs attrapant au passage des croissants de lune pour se nourrir ou allumant leur pipe au moyen d’une étoile.
Les films de conte et de mythologie :
– Cendrillon (1899).
Cendrillon est le souffre-douleur de sa marâtre et de ses deux sœurs. Cependant, sa Fée-Marraine lui permet d’aller au bal à condition qu’elle soit rentrée pour minuit ! En s’enfuyant du palais royal où elle dansait avec le prince, Cendrillon a perdu sa pantoufle de vair*. Le Prince l’essaye à toutes les jeunes filles du royaume : seule Cendrillon peut la mettre à son pied. Ils se marient au milieu de l’allégresse générale.
* Le substantif vair désigne une « matière fourrée de petit-gris », qui peut servir, par exemple, à fabriquer une pantoufle (ainsi, la pantoufle de Cendrillon est en vair, et non en verre)
C’est le premier film de Méliès qui dépasse les 100 mètres de pellicule. Les tableaux s’enchaînent sur un rythme soutenu, Méliès joue dans le film et interprète le gnome barbu dans la pendule.
– Barbe bleue (1901).
Le seigneur Barbe-Bleue, déjà sept fois veuf, convole en justes noces. Partant en voyage, il interdit à sa nouvelle femme l’entrée d’une chambre du château. Mais, tentée par le diable, elle y entre pour y découvrir les cadavres des sept épouses. Voyant qu’elle lui a désobéi, Barbe-Bleue veut la tuer, mais les frères de la jeune femme arrivent à temps pour la sauver. Le tyran sera abattu.
Barbe-Bleue s’impose comme un des meilleurs films de Méliès, tant au niveau de la mise en images que de l’histoire, des costumes, des décors…
Cette féerie inclue la première réclame pour une célèbre marque de champagne.
– L’île de Calypso ou Ulysse et le géant Polyphème (1905).
Le récit de deux épisodes de l’Odyssée : Ulysse arrive dans l’île de la nymphe Calypso après avoir fait naufrage. La nymphe le séduit. La légende dit qu’elle le retint sept années dans son île. Puis Ulysse rencontre le cyclope Polyphème et lui crève l’œil unique avec une lance.
Il s’agit sans nul doute d’une des plus belles interactions entre un personnage principal avec une incrustation.
– Cendrillon ou la pantoufle merveilleuse (1912).
Premier « remake » du cinéma français (du Cendrillon de 1899). Les trucages sont toujours aussi formidables, les décors ahurissants de beauté et on se souviendra longtemps des multiples transformations, la plus belle restant celle de la citrouille en carrosse.
Les films de Science fiction :
– Voyage dans la Lune (1902).
Six savants, membres du club des astronomes, entreprennent une expédition qui doit les conduire sur la lune. Ils partent dans un obus tiré par un canon géant. Arrivés sains et saufs sur la lune, ils y rencontrent ses habitants : les sélénites. Ils échappent ensuite à leur roi et reviennent sur terre grâce à leur obus qui, tombé dans la mer, est repêché par un navire. Ovation, décorations et défilé triomphal achèvent pour les six héros, cette aventure spatiale.
C’est le premier film de science fiction reconnu par l’Unesco et le premier film sur la liste représentative du cinéma mondial. Il s’agit probablement du premier film contant une histoire originale. Chose rarissime, le film ne contient pas de cartons narratifs qui ralentissaient souvent leur rythme. Trois mois de tournage ont été nécessaires dans les studios de Montreuil. La figuration y est importante et on peut aisément parler de la première superproduction de l’histoire du cinéma avec son budget de 10 000 francs or. La durée du film était alors inédite, 16 minutes d’émerveillement. Ce Voyage de Méliès sera un succès mondial et sera immédiatement copié par d’autres cinéastes. Méliès s’inspire du roman de Jules Verne De la Terre à la Lune et du roman de H.G. Wells Les Premiers hommes dans la lune. Le film comprend trente tableaux et exploite tout le savoir-faire de Méliès avec des décors peints à la main, trompe-l’œil, carton-pâte, projections, perspective… et la caméra ne bouge jamais.
– A la conquête du pôle (1912).
La multiplication des expéditions polaires provoque une réunion des savants. Le comité doit choisir le meilleur moyen pour parvenir au pôle. C’est l’aérobus de l’ingénieur professeur Maboul qui est désigné. Six savants de différentes nations l’accompagnent dans la périlleuse mission. D’autres voyageurs employant différents moyens de locomotion échouent lamentablement. L’aérobus atteint le pôle mais s’écrase à l’atterrissage. Le Géant des Neiges effraie les explorateurs puis l’aiguille magnétique, axe du pôle, les retient momentanément collés à elle. Enfin, ils sont sauvés par un ballon dirigeable et regagnent triomphalement l’institut.
C’est le plus long film de Georges Méliès (30mn). Il a été retrouvé en Autriche d’où des intertitres en allemand, non sous-titrés datant de l’après seconde guerre mondiale. C’est l’un des trois derniers films de Méliès. Le film est boudé par le public, lassé de ce genre de féérie et à cause de la concurrence sévère. Le public est plus accoutumé à aller au cinéma et le cinéma évolue rapidement. C’est un grave échec commercial, mais une réussite artistique.
Les films burlesques :
– Une nuit terrible (1896).
Un jeune homme est attaqué par de gros insectes alors qu’il s’apprête à dormir. Il se bat avec eux et en met plusieurs sur le tapis.
Ce film a été tourné dans le jardin de Georges Méliès, en plein air, avant la construction du studio A de Montreuil. Il s’agit d’un de ses films les plus anciens.
– Une chute de cinq étages (1901).
Un couple de jeunes mariés vient chez un photographe se faire tirer le portrait. Suite à un incident, l’appareil photo tombe des cinq étages de l’immeuble et s’écrase sur un passant. S’ensuit une véritable corrida où le passant est prit pour un taureau.
Ce Film burlesque est le précurseur du slapstick américain. (Comique brutal et cynique)
– Sorcellerie culinaire (1904).
Pour avoir chassé un mendiant qui lui faisait l’aumône, un cuisinier est puni. Des phénomènes paranormaux surviennent dans sa cuisine avec notamment l’apparition de diablotins.
Ce film annonce le surréalisme. Ce genre de film dit de « poursuite » sera repris dans le cinéma américain particulièrement chez Mack Sennett.
– La cardeuse de matelas (1906).
Un vagabond trouve refuge à l’intérieur d’un matelas destiné à être rembourré. Il se réveille et effraie les habitués d’un bar.
Ce film fait partie des œuvres les plus burlesques de Méliès, ou slapstick pour les américains.
– Les malheurs d’un photographe (1908).
Un auteur de pièces de théâtre convoque sa troupe chez lui afin d’y faire quelques essais de costumes. Il leur demande ensuite de venir poser devant l’objectif dans son studio annexe. Suite à une farce, l’appareil est relié à un tuyau qui asperge d’eau toute la troupe.
Les films réalistes :
– Une partie de cartes (1896).
Trois amis sont réunis paisiblement autour d’une table dans un jardin. Ils jouent aux cartes, trinquent et commentent l’actualité.
Il s’agit du premier court-métrage de Méliès tourné en juin 1896 dans son propre jardin de Montreuil, 6 mois seulement après la projection du premier film des frères Lumière, suivant le dispositif mit en place par ces derniers. Méliès commençait à filmer des petits sujets du quotidien afin de tester le matériel, en pastichant ouvertement les films des Lumière.
– Les incendiaires (1906).
Des bandits ont mis le feu à une ferme. Leur repaire est assiégé par les gendarmes. Ils s’enfuient, mais l’un d’eux est arrêté et emprisonné. Dans sa cellule, il voit la guillotine dans un cauchemar. On vient lui annoncer que son pourvoi en grâce est rejeté, on l’emmène et nous assistons à l’exécution capitale : sa tête tombe dans le panier et son corps est emporté dans une malle en osier.
Les Incendiaires est un mélodrame d’où il manque les six premiers tableaux dont un triple meurtre. Pour le tournage de ses films, Méliès ne sortait quasiment jamais de son studio de Montreuil. Il fait ici une exception en tournant dans les anciennes carrières de gypse de Montreuil et Bagnolet. Ce drame réaliste copié sur Ferdinand Zeka fut censuré dès sa sortie pour cause de reconstitution d’une exécution capitale.
– Il y a un dieu pour les ivrognes (1908).
Dans une crise d’éthylisme, un ivrogne casse tout chez lui et jette sa femme et sa fille par la fenêtre. Pris de remords, il veut mettre fin à ses jours mais rate son suicide. Son pistolet s’enraye. Il tente de se pendre mais sa famille arrive à temps. Il jure ensuite de ne plus jamais boire…
Les films de reconstitution d’actualité :
– L’affaire Dreyfus (1899).
Le commandant Du Paty de Clam dicte un texte au capitaine Dreyfus et compare son écriture avec celle du bordereau qu’il a en main. Il lui tend un pistolet pour qu’il se donne une mort honorable, mais Dreyfus refuse de se suicider.
Méliès a filmé en Angleterre en 1989 différents épisodes de l’Affaire.
C’est le premier film d’engagement politique, censuré à l’époque en France.
L’affaire Dreyfus est divisée en plusieurs tableaux:
– La Dictée du bordereau,
– L’Emprisonnement à L’Ile du Diable,
– La Mise aux fers,
– Le Suicide du Colonel Henry,
– Le Débarquement à Quiberon,
– L’Entretien de Dreyfus avec sa femme à Rennes, – L’Attentat contre Maître Labori,
– La bagarre entre journalistes,
– Le Conseil de guerre en séance à Rennes.
L’équipe de restauration a pu retrouver 9 tableaux sur 11.
Il manque :
– La dégradation,
– L’épisode de la venue du Capitaine au tribunal.
L’Affaire Dreyfus est un film extraordinaire montrant un suicide de manière crue et réaliste.
De plus, Méliès en véritable orfèvre et soucieux du détail, reconstitue avec minutie les épisodes successifs de l’affaire. Méliès, esprit libre et radical, incarne l’avocat de Dreyfus, Maître Labori.
– Le sacre d’Edouard VII (1902).
Ce film est une anticipation. C’est la répétition de diverses phases du couronnement du Roi d’Angleterre Edouard VII qui succédait à sa mère, la reine Victoria. Il s’agit d’une actualité reconstituée comme pour L’Affaire Dreyfus.
Ce film de reconstitution historique a été tourné avant même l’événement !
En effet, Méliès n’avait pas reçu l’autorisation de filmer le véritable sacrement, de plus la caméra était trop lourde et la pellicule trop faible pour permettre de filmer sur place l’évènement à Westminster. Qu’importe, Méliès reconstitue l’abbaye dans ses studios de Montreuil et sélectionne les moments caractéristiques du Sacre. Le film débute par trois photos issues du véritable cortège royal.
2- Les bonus :
Parmi les bonus, une large place est faite aux interviews donnant la parole aux descendants directs du cinéaste. Méliès c’est avant tout une affaire de famille !
– Les interviews du fils de Méliès, de sa petite et arrière petite-fille et petit fils, du producteur et magicien Christian Fechner.
Dans Méliès, père et fils de Georges Franju, son fils fait l’éloge de la figure paternel dans le jardin de la demeure familiale d’Orly. Le créateur du spectacle cinématographique, inventeur du truc par substitution a propulsé le cinématographe dans le spectaculaire. Appareil scientifique pour les frères Lumière, la caméra est devenue pour Méliès une lanterne magique moderne. Artiste peintre, illusionniste, il était l’auteur total de ses films, un véritable homme orchestre. « Monsieur Méliès et moi faisons le même métier : nous enchantons la matière vulgaire. » Guillaume Appolinaire.
Madeleine Malthête-Méliès nous dévoile son grand père dans l’intimité et ce qu’il a fait après avoir quitté le cinéma.
Réalisateur de 520 films entre 1896 et 1913, Méliès fut un homme mystérieux très proche de sa famille.
En 1923, ruiné, il quitte avec sa famille sa propriété de Montreuil.
En 1925, il épouse son actrice Jeanne d’Alcy et reprend une boutique de bonbons et de jouets gare Montparnasse.
En 1929 un hommage salle Pleyel à Paris, lui est rendu.
En 1931, il reçoit la légion d’honneur.
En 1932, la mutuelle du cinéma installe la famille Méliès au château d’Orly.
En 1936, il est enfin reconnu unanimement comme un mythe vivant.
Il meurt en 1938, après avoir donné une série de conférences lors de l’exposition universelle de 1937.
Depuis, sa petite fille Madeleine, secrétaire de Langlois à la cinémathèque Française dans les années quarante, recherche et restaure les œuvres de Méliès à travers le monde. Aujourd’hui, 200 films sur les 520 réalisés ont été retrouvés.
Marie-Hélène Lehérissey, arrière petite fille de Méliès parle de l’association des amis de Georges Méliès qui s’efforce de retrouver et de projeter les œuvres du cinémagicien à travers le monde. Les copies retrouvées sur support nitrate sont restaurées et converties sur un support acétate qui en pérennise la durée de vie. Parfois, il arrive que certain film, comme « Le manoir du diable », ne soit pas restauré à cause de son trop mauvais état. Au-delà des films, se sont également des dessins, des affiches et des photos qui sont retrouvés avec le temps grâce à la mobilisation de chaque membre de la famille Méliès.
Lawrence Lehérissey, est l’arrière petit fils de Méliès Il a composé la musique pour les courts-métrages du DVD. Il a aussi improvisé certains passages, comme au temps du muet où les films étaient accompagnés d’un pianiste.
L’interaction du public, du bonimenteur, du musicien et de l’écran est la formule qui caractérise le spectacle cinématographique.
Christian Fechner raconte les débuts de Méliès qui avait deux passions : le dessin et la prestidigitation. Formé au théâtre J.N Maskelyne à Londres, amis du grand magicien David Devant, il fut un bon prestidigitateur. A Paris, il côtoie Voisin, le codirecteur du théâtre Robert-Houdin de l’époque, et est nommé propriétaire des lieux à seulement 26 ans. Au milieu du répertoire classique du théâtre (automates, pièces mécaniques de Robert-Houdin), Méliès introduit des saynètes magiques ainsi qu’une pantomime fantasmagorique (influencé par les grandes illusions de Maskelyne) qu’on retrouvera dans ses films.
C’est le premier à créer une fédération des magiciens français, La chambre syndicale de la prestidigitation, qui reconnaît les magiciens comme des artistes à part entière. Le cinéma est pour Méliès une suite logique de son travail de magicien. Depuis les débuts des recherches sur les images en mouvement, l’image et la magie sont intimement liées (lanterne magique, ombre chinoise). Les magiciens ont été les premiers cinéastes et les premiers à promouvoir ce nouveau média.
– Présentation de l’affaire Dreyfus par Madeleine Malthête-Méliès. Ce film rare de 1899 est le premier docu-fiction du cinéma et le premier film politique engagé s’inquiétant du sort fait à une personne et donc aux droits de l’Homme.
– La restauration : Des exemples de restauration nous sont exposés par les techniciens d’Eclair. Nous voyons le travail sur les instabilités, les poussières (points blanc et noir), les battements lumineux (contraste et densité), et les moisissures (champignons).
– Les affiches : Le Voyage dans la Lune, Cendrillon, A la conquête du pôle.
– Un livret de 30 pages qui reprend en détail le sommaire du double DVD et les synopsis des films. Le tout agrémenté de très belles photos.
Bibliographie :
– Cinématographe, invention du siècle de Emmanuelle Toulet (Découverte Gallimard, 1988).
– Méliès. Images et Illusions (Editions Exporégie, 1996). Ecrit par Jacques Malthête. Sorti pour le centenaire du premier tour de manivelle en 1896 de Georges Méliès, ce mode d’emploi est un guide offrant quelques repères dans le dédale apparent des chemins artistiques empruntés par Méliès.
– Georges Méliès, l’illusionniste fin de siècle ? de Jacques Malthête et Michel Marie (Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1997).
– Pour une histoire des trucages de Thierry Lefebvre (Revue 1895 AFRHC n°27, 1999).
– Méliès, magie et cinéma de Jacques Malthête et Laurent Mannoni (Fondation Electrique de France, Paris musées, 2002).
– L’oeuvre de Georges Méliès par Laurent Mannoni (Editions de La Martinière, 2008).
– Georges Méliès l’enchanteur de Madeleine Malthête-Méliès (Editions La tour verte, 2011).
A lire :
– Méliès, Magie et Cinéma. De Jacques Malthête et Laurent Mannoni (2002). Un hommage à l’occasion du centenaire de son film-phare, Le Voyage dans la Lune.
– Méliès, l’homme orchestre.
– La présentation de Méliès par Caroly.
– Le compte rendu de l’exposition Méliès, Magicien du cinéma.
– Magie et cinéma.
– Méliès et le Théâtre Robert-Houdin.
– Méliès Mage.
– Méliès, lettre manuscrite.
A voir :
– Georges Méliès, 30 Courts-métrages. Coffret double DVD disponible chez Studio Canal (avril 2008).
– Le DVD Méliès, le cinémagicien (1997-2001). Un film de Jacques Mény. Conseillé historique Jacques Malthête, avec la participation de Christian Fechner. Quinze de ses films les plus célèbres. 185 minutes.
– Le DVD Georges Méliès, le premier magicien du cinéma (1896-1913).
– Le DVD Méliès, Encore.
– Le DVD collector George Méliès, à la conquête du cinématographe. Livre réalisé en partenariat avec les Amis de Georges Méliès-Cinémathèque Méliès, contenant les 2 DVD précédents de Fechner productions + un DVD de films inédits (novembre 2011).
A visiter :
– Les Amis de Georges Méliès-Cinémathèque Méliès.
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