Comment êtes-vous entré dans le mime et dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Déclic… joli jeu de mot ! Il convient parfaitement, aux engrenages de l’automate, que je suis ! Car en réalité, je ne suis pas mime mais, automate, avec des mouvements mécaniques. C’est ce qui fait la différence avec le mime qui lui, a une gestuelle naturelle, comme vous et moi. Enfin… plutôt comme vous !
Alors, ce déclic s’est produit en 1981, à l’âge de 12 ans, après avoir été littéralement hypnotisé par un automate, sur le parvis de Beaubourg à Paris. Pour la petite histoire, cet automate m’a contacté, il y a peu de temps, après s’être reconnu à travers un petit texte qui se trouve sur mon site Internet, plutôt sympa !
En ce qui concerne la magie, (mon premier amour, avant que je ne découvre l’art de faire l’automate), c’est la très classique histoire de la boîte de magie offerte pour Noël, par mes parents. Rien de très original finalement ! J’ai su, il y a seulement 3 ou 4 ans, qu’il s’agissait de celle de James Hodges, dont j’apprécie le grand talent. Régulièrement, j’engageais mon jeune frère pour me servir d’assistant, lors des représentations que j’organisais pour mes parents. J’ai du le traumatiser, il n’a pas fait carrière dans le spectacle !
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Le premier pas ou plutôt le premier geste « mécanique », s’est fait à l’abri des regards, y compris ceux de mes parents car, j’avais l’impression que ma nouvelle passion, n’était pas très… courante et que par conséquent, elle risquait d’être mal perçue ! J’ai passé de longues heures devant un grand miroir, pour me voir en pied. J’ai d’abord trouvé une « posture » puis, j’ai décomposé chaque mouvement, en lui donnant un côté mécanique. Chaque articulation, poignet, coude, etc., a dû trouver son propre rythme afin de donner l’illusion d’un mécanisme bien huilé. Puis, le travail de la fixité du regard est arrivé en même temps que le caméscope ! En me filmant, je n’étais plus obligé de regarder « en coin », pour vérifier la justesse de mes mouvements, je pouvais enfin travailler l’ensemble du personnage (regard compris) et me concentrer davantage. La concentration joue un rôle considérable, elle permet de parfaitement incarner le personnage et de se créer une sorte de « bulle », nous protégeant ainsi, des tentatives de déstabilisations des spectateurs ! Cela fait partie du jeu ! Mon premier spectacle en public eut lieu en 1985, lors du mariage d’un cousin !
Les débuts de Fred Silhouette comme automate en 1985.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
C’est à Gien, dans le Loiret, que je suis allé me présenter, pour la première fois, à un magicien. Celui-ci présentait son spectacle à la salle des fêtes et à l’entracte, je me suis dit que c’était « L’occasion ». Il s’agissait de Marc Anthéor connu, entre autre, pour être à l’origine du Festival Talents de Scène, à Nevers. Il a parlé de moi à un de ses amis, Patrick De Berg et c’est lui, qui m’a fait faire mes premiers galas de Noël. La « machine » était lancée !
Le chemin, jusqu’à aujourd’hui, fut ponctué de belles rencontres telles que, Jean-Philippe Loupi (qui avait vu juste !), Jérôme Helfenstein, les membres de Parenthèse Cubique (Caro, Bertox et Maxime), Norbert Ferré, Kenris et Aurélia, Gaëtan Bloom, qui ont chacun apporté un petit quelque chose au numéro que je réalise avec Zuk et que nous avons appelé « The Magicrazy Act ».
Mais aussi des gens inconnus des magiciens, tels que Eric Renoust (qui peint à merveille et qui excelle dans tout un tas d’autres domaines techniques et artistiques), Didier Eloy (notre Géo Trouvetou !), Emmanuel Putigny (compositeur de notre musique), Nelly Graillot (couturière pleine de bonnes idées) ont mis leur grain de sel dans notre histoire. Merci aux membres de l’Atelier du CMD et à Pascal Labrosa !
Et puis, je dois également remercier Gérald Mainart et Gérard Majax qui, dès notre sortie de scène au championnat de France de Disneyland Paris, nous ont fait confiance et nous ont engagé pour le Gala de la Colombe d’Or 2011 ! Dominique Webb nous avait également approché pour le Festival Magic Méribel 2011. Puis, il y a eu Bruxelles avec un 3ème prix en magie générale et notre sélection aux Feux de la Rampes 2011, organisé par Jean-Claude et Carla Haslé (Pr. Al Carthy), qui sont adorables et ont le cœur sur la main. Là aussi, nous avons été primés. Je dois bien avouer, que depuis deux ans, les choses s’accélèrent et notre Lary d’Or, ne fait que confirmer que de belles choses nous attendent encore…
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Nous avons la chance de disposer d’une salle communale, mise gracieusement à notre disposition par un petit village de Haute Marne, à Lannes. Cela nous permet de répéter dans un espace proche des dimensions d’une véritable scène et avec un recul suffisant pour nous filmer. Nous répétons notre numéro tous les mardis. Nous le jouons plusieurs fois dans la journée et nous filmons et visionnons immédiatement après chaque jeu, de façon à corriger tout de suite, ce qui ne va pas. Les mauvaises habitudes se prennent tellement rapidement !
Présentez nous vos numéros
Le personnage de l’automate, me permet d’intervenir dans différents contextes. A l’accueil d’une réception ou d’un événement, cela surprend beaucoup et de cette manière, il se passe déjà quelque chose, dès l’entrée… Je peux également déambuler parmi le public ou les convives et faire participer les gens de façon humoristique.
Zuk et Silhouette dans Le « Magicrazy Act ».
Il y a évidemment d’autres possibilités, avec des numéros scéniques en solo ou en duo, avec mon partenaire Zuk. Nous avons un choix de personnages, assez vaste, ce qui nous permet de coller à peu près à tous les thèmes. Le « Magicrazy Act » est le dernier né !
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Vous vous doutez bien, qu’en tant qu’automate, mon cœur penche pour des numéros tels que celui de Vik & Fabrini, du Pr. Al Carthy ou encore des Frères Taquin ! Mais bien entendu, il y a d’autres artistes, qui ont une approche toute particulière de la magie. Xavier Mortimer, Jérôme Helfenstein, Norbert Ferré, les « Parenthèse cubique » font partie de ceux-là…
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Sans hésitation, la magie de l’histoire ! Lorsque l’artiste raconte une histoire, qu’il a un vrai personnage, une ambiance particulière et que la magie n’est là, que pour servir cette histoire. Pour moi, c’est ça, la « vraie » magie.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je me nourri de tout. Il y a tellement de domaines artistiques qui peuvent apporter une touche d’originalité dans un numéro de magie.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un automate débutant ?
Malheureusement, il est difficile de donner des conseils sur ce sujet, notre discipline est tellement particulière et si peu répandue, contrairement à la magie. Il n’y a pas vraiment de règles à suivre ou de recette miracle pour trouver LE chemin idéal. Je dirai simplement que l’originalité, la rigueur et la persévérance paient toujours.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
De beaux numéros ont vu le jour, ces dernières années. Malheureusement, beaucoup de jeunes magiciens se « contentent » de reproduire ce qu’ils voient, sans chercher à apporter une touche de renouveau. Du coup, j’ai souvent l’impression de voir sensiblement les mêmes numéros et ça, ce n’est pas bon pour l’image de la magie, auprès du grand public. Dommage que les magiciens (en général) ne soient pas plus imaginatifs. Le milieu du spectacle est un des rares domaines professionnels dans lesquels on peut être créatif et où presque tout est permis, alors lâchez-vous !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Elle est essentielle ! Elle permet d’ouvrir son esprit sur tellement d’horizons et de pistes de travail. C’est l’oxygène de la créativité !
Quels sont vos hobbies en dehors de l’automate et de la magie ?
Ce que j’aime faire en dehors de mon travail d‘automate et de magicien : la lecture, le cinéma, les spectacles (ceux des autres et en tous genres !) et la photographie.
A visiter :
– Le site de Fred Silhouette.
Interview réalisée en janvier 2012. Crédits photos – Copyrights avec autorisation : Loïc Pontonnier et Patrick de Berg. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.