Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Comme pas mal de mes confrères, je pense… Mon premier contact avec la magie s’est fait enfant avec une boîte de magie reçue en cadeau de mes parents.
Sauf que les instructions étaient en néerlandais (j’habite en Belgique) et qu’à l’époque je n’y comprenais absolument rien… J’ai donc du me débrouiller pour essayer de trouver une utilité à tous ces objets bizarres. C’est sans doute ce qui a éveillé ma curiosité.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Vers 1975, j’ai vu une émission à la télévision belge sur un club de magie pour jeunes : Le Club des Jeunes Magiciens de Bruxelles !
J’ai harcelé mes parents jusqu’à ce qu’ils acceptent de m’y inscrire. Ce club qui fut initié par Paul Mandrex et Klingsor se tenait au premier étage du magasin de magie de Klingsor à Bruxelles.
numéro Feelings en 1987.
J’y ai appris énormément et surtout j’y ai rencontré d’autres jeunes magiciens dont plusieurs sont également devenus professionnels et avec lesquelles une amitié, qui perdure maintenant depuis près de 40 ans, s’est créée (Bob Alan, Marc Decoux, Stanislas, Fredini, Philippe Lelouchier).
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
L’élément qui a déclenché ma carrière professionnelle est la création du spectacle Les Magiciens en 1989.
Le magicien Stanislas, créateur du Cirque du Trottoir (mais aussi à l’origine du Cirque du Soleil) eu un jour la bonne idée de créer un spectacle avec uniquement des magiciens. Nous nous sommes retrouvés à 7 magiciens sur scène réalisant nos numéros individuels mais aussi et surtout des numéros collectifs.
Les Magiciens en 1989.
Ce spectacle connu un beau succès ; nous l’avons joué environ 200 fois un peu partout en France et en Belgique (aussi à l’Olympia en première partie du chanteur Nilda Fernandez). On peut vraiment dire que j’ai appris le « métier » durant cette période.
Et c’est suite à ce spectacle, avec l’assentiment de mon épouse, que j’ai quitté mon emploi de comptable pour devenir « Magicien ». Comme je suis assez résolu, non peu ou pas d’éléments perturbateurs.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’essaie d’être le plus polyvalent et le plus autonome possible. Je propose un éventail assez varié de spectacles allant du close-up aux grandes illusions en passant par le spectacle pour enfants et les galas.
Je gère également la partie technique lorsque c’est nécessaire, je suis donc bien équipé au niveau son et lumière pour essayer de reproduire des conditions théâtrales dans des lieux qui ne sont pas conçu à cet effet. J’aime également le changement, cela me convient donc fort bien de ne pas faire que du close-up ou que des spectacles pour enfants.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
J’ai depuis toujours beaucoup aimé voir les spectacles en vrais (je ne suis pas de la génération Youtube). J’ai donc participé à de nombreux congrès et ai eu l’occasion de voir beaucoup de numéros et de spectacles. Curieusement ce sont des numéros que je n’ai jamais vu en live qui ont marqués mon imagination… je pense à Richiardi qui avait, je trouve, un charisme incroyable, à Johnny Hart pour son numéro d’oiseaux.
La première fois que j’ai vu (lors de congrès FISM) des numéros comme Vito Lupo, Jeff McBride, Socrate ; cela m’avait fortement impressionné.
Et puis bien entendu dans les stars médiatisées David Copperfield reste sans aucun doute incontournable (et à raison). Actuellement j’aime beaucoup l’approche de Derren Brown, même si je ne suis pas un grand fan de l’engouement actuel pour le mentalisme.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J ‘aime tous les types de (bonne) magie mais j’ai une préférence pour la scène en général parce qu’elle permet justement une certaine « mise en scène » que ne permet pas, ou à de rares exceptions, le close up.
J’aime surtout les numéros qui font passer une émotion, la technique est importante mais quand elle est transcendée par l’émotion on arrive à un résultat « magique » (je pense au dernier champion du monde Yu Ho-Jin )
Quelles sont vos influences artistiques ?
Elles sont très variées, j’aime bien toucher à d’autres disciplines. J’ai dans ce but suivi plusieurs stages et travaillé avec des personnes venant d’horizons divers.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
De s’intéresser à des choses très diverses tant au niveau magie que artistique et culturel en général. D’essayer de sentir ce qui vous touche le plus de trouver votre voie et de vous fabriquer votre univers. Intéressez vous également à l’histoire, aux classiques dans les vieux livres (comme les Tarbell) on trouve bien plus d’informations que dans de très nombreux DVD.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Comme à toutes époques, il y a je pense de l’excellent et du moins bon…
Quand je vois l’inventivité des coréens, la mise en scène de Yann Frisch, je suis très admiratif.
Par contre j’ai un peu de mal avec la magie spécialement crée pour la télévision (comme Dynamo, Criss Angel, et d’autres) je trouve que la magie est un art vivant et qu’elle doit aussi pouvoir être présentée devant un vrais public. Détourner les techniques pour les rendre uniquement réalisables dans des conditions très très limitées ne me parait pas être le bon chemin.
Le point positif est que cela ouvre la magie vers le grand public.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Comme je le disais plus haut, pour moi il est très important d’avoir une culture artistique la plus large possible afin de pouvoir faire des choix personnels suivant ses affinités et ceci afin de créer une magie qui vous corresponde.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La cuisine, le vin, la musique, le cinéma et puis mes perroquets avec lesquels je passe beaucoup de temps à travailler des choses que je ne ferai sans doute jamais… juste pour le plaisir…
– Interview réalisée en janvier 2015.
A visiter :
– Le site de Daniel Adrian.
Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.