Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
A la fin des années 1990, quand j’avais sept-huit ans, j’ai eu comme beaucoup de monde la traditionnelle « mallette de magie », mais j’ai vraiment commencé avec la collection J’aime la magie (2000) de Sylvain Mirouf. Tous les deuxièmes mercredis du mois, je rentrais de l’école en espérant que ma mère m’ai acheté le fascicule avec l’accessoire pour réaliser des tours. C’est un très bon souvenir car l’auteur était très pédagogue.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai appris grâce à la collection de Sylvain Mirouf et je n’ai ensuite jamais lâché l’affaire en continuant mon apprentissage pendant ma scolarité avec une autre collection Au cœur de la magie (2005) du même auteur. Je regardais aussi de la magie à la télévision et une émission m’a particulièrement marqué, Magie à Las Vegas (1999), encore avec Mirouf, que j’ai visionné en boucle des centaines de fois !
Mes premières représentations remontent à l’âge de seize ans, quand j’ai fait du « table à table » en close-up. Mon père connaissait les gérants d’un restaurant, ce qui a facilité mon « entrée ». Je me souviendrai toujours de ma première table où les gens se disputaient ; j’y suis quand-même resté pour faire des tours aux enfants présents. Par la suite, une copine de classe m’a invité à un événement dans sa famille pour faire des tours à une quarantaine de personnes en me payant 50 €…
Après l’obtention de mon baccalauréat, je suis allé faire de l’animation dans les Clubs Med comme G.O (Gentil Organisateur) pendant deux ans. J’ai ensuite eu l’opportunité de venir m’installer à Paris dans un des appartements de mon père. Une semaine après mon installation, j’ai trouvé un travail chez Magic Dream, la boutique de magie rue George Bernard Shaw. Ce fut une superbe expérience où j’ai pu rencontrer un tas de professionnels et d’amateurs français et internationaux. J’avais accès aux « secrets », aux livres, aux DVD, aux tours… Je rentrais chez moi étudier le matériel pour pouvoir en parler le lendemain aux clients et le vendre.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
La boutique Magic Dream m’a beaucoup aidé grâce à la rencontre de gens qui m’ont donné mes premières opportunités de travail dans des restaurants et en événementiel. Ce fut l’élément déclencheur. Je n’ai jamais été freiné dans ma progression et mon travail.
Dans quelles conditions travaillez-vous ? Quels sont vos domaines de compétence ?
J’ai fait tout et n’importe quoi. J’ai travaillé dans des conditions difficiles où les gens ne te respecte pas : bar à chicha, file d’attente d’un club de striptease… J’ai aussi travaillé dans des restaurants au rythme de cinq à six par semaine, voir deux à trois par soirée. Je testais beaucoup de choses : mes tours, mon humour…
J’ai fait beaucoup de close-up jusqu’en 2015 et j’ai ensuite envisagé la scène. Ma stratégie était que tout ce que j’envisageais de faire sur scène je le travaillais en close-up. Ainsi, quand j’ai fréquenté les premiers Comedy Club, j’avais déjà des tours préparés avec un texte ; une méthode efficace que je recommanderais aux magiciens qui débutent aujourd’hui. Actuellement, je commence mon expérience théâtrale seul en scène (depuis décembre 2021) au Théâtre des Mathurins à Paris.
J’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice avec ma personnalité, mes blagues, mes présentations, car je ne « révolutionne » rien avec mes tours. Je fais de mon mieux en réalisant mon rêve d’enfant.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Ce sont clairement mes voyages à Las Vegas qui m’ont marqué, en 2013, 2014 et 2017. Pendant quinze jours, j’allais voir tous les spectacles à l’affiche, de Copperfield à Penn & Teller, en passant par les spectacles du Cirque du Soleil. Des souvenirs inoubliables. Le spectacle qui m’a le plus marqué est celui de David Copperfield, mon idole de jeunesse, car il y a une vrai émotion derrière. Quand je l’ai rencontré après, en back stage, ce fut un beau souvenir. J’ai aussi eu la chance de visiter son formidable musée.
Il y a aussi un autre spectacle qui m’a marqué : celui de Derek DelGaudio à New York en 2017. Un spectacle de magie qui ne ressemble à aucun autre. J’ai aussi profité de mon séjour pour aller voir Derren Brown et Steve Cohen.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Tout ce qui est magie comique. Tout ce qui est participatif. J’aime Mac King et David Williamson qui amusent leurs spectateurs sans qu’il n’y ai le moindre ennui. J’adore les cartes. L’objet en soit est magnifique et le nombre de choses que l’on peut faire avec est inépuisable. Je suis toujours en admiration devant ses bouts de cartons que j’ai constamment dans les mains. J’aime aussi le pickpockétisme. Et je ne suis pas un grand fan de mentalisme qui a tendance à m’ennuyer.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Le fait de m’être inspiré d’autres magiciens a fait la personne que je suis devenue aujourd’hui. Ce sont les magiciens américains comme Williamson, Mac King et The Amazing Johnathan qui m’ont guidé.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Être à l’écoute de son public. Beaucoup trop de magiciens travaillent en mode automatique et n’écoutent pas les spectateurs. Ils n’arrivent pas à jauger et juger si par exemple une blague est bonne ou pas. Il faut aussi apprendre à être patient et ne pas forcément rechercher la célébrité. Avoir du respect pour la magie en l’étudiant, en la travaillant. Accorder autant d’importance à la technique qu’à la présentation.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Il y a des choses brillantes et des choses médiocres. Les spectacles de la compagnie 14:20 dont je soutiens le projet, sont intéressants. Les spectacles de Yann Frisch sont incroyables… Les meilleurs magiciens français actuels sont certainement Yann Frisch et Arthur Chavaudret.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Il y a des magiciens qui ont des difficultés à parler d’autre chose que de magie. Plus nous sommes cultivés et curieux, plus notre parcours et notre magie seront intéressants. Cultiver la discussion et la connexion avec les autres est essentiel.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Je suis cinéphile, volleyeur (entrainements et compétitions). J’aime aussi voyager et découvrir d’autres cultures. Je lis énormément d’ouvrages éclectiques : biographies de personnages célèbres, romans, livres de magie, développement personnel. J’aime les relations sociales et discuter avec les gens.
– Interview réalisée en mars 2022.
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