Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
À l’âge de sept ans en ayant vu un magicien à la télé produisant des pièces d’argent dans ses mains (hélas je ne me souviens plus de son nom ni de l’émission, en 1973 il n’y avait pas encore d’enregistreur vidéo). Ce programme, présentant les meilleurs illusionnistes de cette année, m’a littéralement envoûté et plus jamais lâché.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai reçu ma première boite de magie Jumbo, un peu plus tard. Mais c’est surtout le livre dans cette boite : Jumbo Hocus Pocus Show 60 Tricks, écrit en sept langues différentes avec en préface les « 10 commandements pour tout prestidigitateur », qui m’a inspiré le plus. Je l’ai encore.
Ensuite je me suis inspiré des magiciens qui passaient à la télé de l’époque en essayant de les imiter (Richard Ross, Finn.Jon, Shimada, etc.) A l’époque je ne savais pas qu’il y avait des marchands de trucs et des livres spécialisés et le Cercle de magie à Zürich me refusait l’adhésion au CMS par ce que j’étais trop jeune. Frustration complète. Heureusement, et par hasard, en me baladant à Paris pendant les vacances avec mes parents j’avais fait la découverte d’un magasin ayant épuisé toutes mes économies acquises pendant mes shows avec l’orchestre de mon père. Je me souviens comme si c’était hier du logo avec le chapeau claque et le lapin au 47, rue Notre Dame de Lorette. C’est là où j’ai trouvé de nombreuses inspirations.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Mon père m’a beaucoup soutenu. Il jouait dans un orchestre de jazz populaire en Suisse et m’a poussé à présenter mes petits spectacles dans les intermèdes pendant de nombreux concerts.
Personne ne m’a freiné, à part peut-être moi-même. Quand j’avais 16 ans, j’ai fait une pause de 13 ans dans le domaine de la magie et je me suis entièrement consacré à la musique. De nombreuses années plus tard, j’ai eu la chance de reprendre un théâtre de magie en Suisse. C’est là où j’ai fait la connaissance de mon ami Mickaël Stutzinger. C’est lui qui m’a redonné goût à la magie et il m’a ouvert de nombreuses portes !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Aujourd’hui je fais beaucoup de close-up. Les conditions sont bien connues. Parallèlement, je joue dans des productions théâtrales que je trouve plus enrichissantes et avec moins de limites d’expression.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je ne sais pas par où commencer ? Il y en a tellement. Pour les magiciens de scène, je dirais toujours les classiques de « mon époque » comme l’originalité et la forme de pensée de Finn Jon, le talent de Richard
Ross, la présentation de Norm Nielsen. Pour la magie de close-up, je crois que c’est l’astuce d’Al Bertini et de Bruno Copin, l’humour et la simplicité d’Aldo Colombini et les influences de mon ami Mickaël Stutzinger. Pour les idées et l’état d’esprit c’est Finn Jon et Gaëtan Bloom.
Sinon, à part des magiciens, je crois que ce sont les prestations de Jango Edwards, Jakob Ahlborn et La Fura dels Baus. Je ne mentionne pas tous les musiciens que j’adore ; la liste serait trop longue.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je préfère en générale un style qui « gêne » à celui de vouloir plaire à tous prix. La magie théâtrale ou de comédie : Jeff Hobson, Otto Wessely, Tommy Cooper, Gaëtan Bloom, Mac King.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Elles viennent de partout. Films, livres, théâtre, musique, peintures, images, des rencontres.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Jacques Brel, le talent c’est d’avoir envie de faire quelque chose. Les livres pour les routines, les vidéo pour la technique, s’intéresser à tout pour l’inspiration. Suivre son intuition et essayer de trouver son propre chemin, et évidement, bosser, bosser, bosser…
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
On la croyait morte il y a quelques années, elle est plus actuelle que jamais. Je trouve qu’il y en a même de trop ! (par exemple, cet été 2015 au Pays Bas, 4 diffusions de street magic différentes à la Dynamo/David Blaine en même temps). Par compte j’adore Fool Us de Penn & Teller. Je trouve que c’est un mix de divertissement
parfait. Je pense que l’art de la magie va de mieux en mieux et grâce à l’Internet a subi un rebondissement.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je ne peux pas vraiment répondre. Il y a deux semaines on m’a demandé de faire une représentation pour une centaine des réfugiés Syriens à Amsterdam. Après tout ce qu’ils ont vécu, ça m’a fait quelque chose de les voir rire. Rarement j’ai vu un public aussi reconnaissant et chaleureux.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La musique, le sport, le théâtre, bouquiner, cuisiner.
– Interview réalisée en octobre 2015.
A visiter :
– Le site de Chris Bordet.
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