Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
Je suis entré dans la magie à l’âge de dix-huit ans après la lecture du livre Le pouvoir de l’illusion de Jacques H. Paget. J’ai réalisé avec cet ouvrage que les magiciens étaient des experts en psychologie et communication, et c’est ce qui me plaisait à ce moment-là. Dans le même temps, on a monté un club magie dans mon lycée avec trois amis. Cela n’a duré que quelques semaines mais ça m’a donné l’impulsion d’aller plus loin. Depuis, ma passion pour la magie ne m’a pas quitté et je touche du bois pour que ça continue.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
À dix-huit ans, je vivais alors à Gaillac, dans le Tarn. Il n’y avait pas de clubs, ni beaucoup de magiciens dans les alentours. Cependant, j’ai eu la chance de rencontrer dans mon lycée Rémi Demoen, qui était plus jeune que moi, mais avait un sacré niveau en magie. On a passé beaucoup de temps ensemble à apprendre de nouveaux tours et à performer de la magie. On a même réalisé nos premières prestations ensembles ! De plus, j’ai aussi passé beaucoup de temps à lire des livres et à visionner des vidéos pour apprendre de nouveaux tours et techniques.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un événement vous a-t-il freiné ?
J’ai la chance d’avoir rencontré beaucoup de personnes qui m’ont aidé. J’en ai déjà mentionné quelques-unes. Si je dois parler d’une rencontre particulièrement marquante, c’est celle avec le magicien professionnel Adrien Chauveau lorsque j’étais à Paris. C’est vraiment lui qui m’a donné envie de faire de la magie mon métier et qui m’a offert mes premières prestations en restaurant. À partir de là, j’ai vraiment passé un cap. Par la suite, de nombreuses autres personnes m’ont aidé comme Hiro, Jérémy Demon, Alexandre Wilmes, Dare… et bien d’autres ! Enfin, Big up à la famille et ma partenaire qui ont enduré des heures d’entraînement de magie tout en restant patients. Il est évident qu’un manque de support de ce côté-là aurait mis à mal mon projet d’émancipation.
Concernant les événements négatifs, je n’en ai pas eu de conséquents. Cela dit, je suis arrivé dans l’univers professionnel avec beaucoup de naïveté en pensant que tout le monde était gentil et bienveillant. Évidemment, ce n’était pas le cas. Malheureusement, le monde magique est parfois synonyme de commérage et d’ego surdimensionné. Heureusement, ce n’est pas la majorité et ça n’empêche pas de s’amuser.
Dans quelles conditions travaillez-vous ? Quels sont vos domaines de compétence ?
J’ai fait mes armes en magie en restaurant. C’est là que j’ai vraiment développé mes compétences. Avec le temps, j’ai travaillé de plus en plus lors d’événements privés (mariage, soirée entreprise). Aujourd’hui, je me suis spécialisé dans les événements d’entreprise en tout genre : soirée, séminaire, team building… Je suis donc un adepte de la magie de close-up avec un mélange de magie classique et de mentalisme. Il m’arrive de me produire de plus en plus en salon ou en scène, mais ça reste moins fréquent.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Dans un tour de magie, je recherche toujours trois choses :
- La magie doit être directe, puissante et surprenante
- L’interaction doit être au cœur de la routine
- La magie doit être pratique et réalisable en conditions professionnelles
Je suis donc attiré par la magie qui coche ces cases. Après, cela ne m’empêche d’être admiratif de styles de magie différents. J’adore voir Fred Kaps, Juan Tamariz, Shin Lim, Yann Frisch et plein d’autres…
Quelles sont vos influences artistiques ?
Ouh là là, la liste est longue. À mes débuts, quand je cherchais les explications de tours de magie sur YouTube, mes inspirations étaient Bernard Bilis et Sylvain Mirouf. J’ai dû regarder toutes leurs vidéos plusieurs fois. Ensuite, je me suis plongé dans les Cours de Cartomagie Moderne de Roberto Giobbi, qui a beaucoup marqué ma magie. Aujourd’hui, mes inspirations sont les suivantes : Ken Weber, Mark James, Oz Pearlman, David Blaine, Christopher Carter, Caleb Wiles, Nick Einhorn, Bill Malone, Sylvain Vip & Maxime Schucht… Cette liste est loin d’être exhaustive et fixe.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Essayez de garder et de dorloter la flamme qui vous anime. Je pense que c’est l’atout le plus précieux des magiciens, qu’ils soient débutants ou confirmés. C’est ce qui vous fera progresser et tenir dans le temps. Deuxièmement, profitez de votre perspective de débutant pour vivre les tours de magie comme des profanes. Essayez de vous souvenir de ce que vous ressentez lorsque vous êtes émerveillé face à la magie. Comme le dit Joshua Jay dans sa conférence Thinking like a magician, plus vous progresserez en magie, moins vous ressentirez cette émotion originelle que produit un tour de magie.
Pouvez-vous nous parler du blog Magie Mania ?
Pendant le Covid, j’ai commencé un blog sur la magie : Magie Mania. C’était alors une période de calme plat pour la magie, et ce blog était une façon différente pour moi de me connecter avec la magie. Je n’y enseigne pas de tours mais j’y parle un peu de tout : avis, réflexions et conseils sur la magie.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je suis clairement un magicien qui n’a connu que la magie actuelle. Je n’ai donc pas de recul sur la magie d’avant. Cela étant dit, je trouve ça sympa que cela soit devenu accessible. Aujourd’hui, si vous êtes vraiment passionné de magie, vous pouvez devenir magicien. Ce n’était pas aussi évident quand Internet n’existait pas. Et d’un autre côté, même si c’est accessible, ce n’est pas facile pour autant de devenir magicien. C’est cette antinomie qui me plaît. Deuxièmement, je suis ébahi de voir sortir autant de créations dans le commerce. J’ai l’impression d’être à l’âge d’or de la créativité en magie. Même si personne ne réinvente la roue, on sent que tout le monde veut apporter sa pierre à l’édifice magique. C’est génial.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Selon moi, une culture magique est indispensable pour devenir créatif. Pour créer des tours de magie originaux, il faut faire des connexions qui n’ont pas été faites jusqu’à maintenant. Et pour créer ces connexions, il faut accumuler un maximum de connaissances magiques. Concernant la Culture avec un grand C (littérature, cinéma, peinture…), je ne pense pas qu’elle soit indispensable à la magie. Cela étant dit, elle ne peut pas faire de mal à part vous rendre un peu snob.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’aime faire du sport (squash, foot, judo), lire (The Witcher, Harry Potter, Le comte de Monte-Cristo), regarder Netflix (Stranger Things, Squid Game), jouer à des jeux vidéo, écrire un blog… Bref, plein de choses mais je n’ai aucune autre activité où je mets autant de passion que dans la magie.
– Interview réalisée en juin 2022.
A visiter :
– Le site de Bertrand Gaté.
– Le blog de Bertrand Gaté.
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