Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé la magie à l’âge de 11 ans, un ami au collège a montré à la classe la passe au tourniquet avec un bouchon de colle… j’ai totalement buggé ! J’avais compris le principe du faux-dépôt mais ce qui me fascinait c’était la force de l’illusion, l’imitation du réel ! J’ai toujours été intéressé par les choses atypiques et incroyables du monde. Un sportif comme Michael Jordan par exemple dépasse les limites de l’entendement, c’est un magicien dans son domaine…
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Je me suis mis à faire de la magie un peu partout de manière boulimique. Pour ma famille et mes amis puis à l’âge de 16 ans dans un restaurant médiéval à Rennes (L’auberge du Chat-Pitre) 4 fois par mois, à raison de 3 spectacles par soir de 15 minutes pendant 4 ans… environ 600 spectacles de type « salon ».
J’ai donc beaucoup appris sur le terrain, c’est la meilleur école, cela permet de savoir très rapidement ce qui fonctionne et là où l’on doit s’améliorer. J’ai bien sûr rencontré des magiciens dans mon club breton, puis les congrès, ce qui m’a permis d’acheter des livres et VHS (c’est comme les DVD mais pour les vieux).
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
A mes débuts, j’ai beaucoup travaillé en événementiel, cela m’a permis d’avoir de bonnes bases en close-up. Puis je me suis formé avec des stages de théâtre et de mime : le CNAC en formation magie nouvelle ou l’école Jacques Lecoq en formation burlesque. Ce fut une grande opportunité pour moi qui suis autodidacte de me former dans des grandes écoles tout en continuant mes spectacles. Il n’y pas vraiment d’évènements qui m’ont freiné… je suis plutôt optimiste comme garçon !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Tout terrain en close-up, sur scène et lors de festival d’arts de rues en France et à l’étranger. Je travaille de plus en plus dans le réseau culturel dans de bonnes conditions, on m’engage pour des spectacles avec des conditions précises et une fiche technique. Même en rue dans les festivals, je demande parfois un gradin avec un public en frontal.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Slydini, Georges Carl, Larry Griswold, David Williamson, Juan Tamariz… il y a en a beaucoup ! Plus récemment Dani Daortiz et ma rencontre avec Yann Frisch et Arthur Chavaudret.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La magie intéressante :). Si j’aime le personnage, je vais aimer sa magie !
Quelles sont vos influences artistiques ?
Le cinéma muet de Keaton et Chaplin.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Faire de la magie partout et tout le temps et surtout de manière informelle pour développer ce que j’appelle le lâcher prise ! A la perpétuelle recherche du Graal : l’instant magique ! Celui qui dépasse le magicien et qui emmène les spectateurs dans un autre espace-temps… j’y travaille encore !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Pour avoir assisté à la dernière FISM à Rimini, il y a du niveau. Il suffit de s’intéresser à la magie espagnole ! Ils sont tous sauf classique ! Le mouvement de la magie nouvelle qui permet de voir des spectacles de magie programmés en scène nationale. Je pense que la magie est un art qui bouge constamment et qui n’est pas près de s’arrêter : Un Art Vivant !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je pense que toute forme d’art fonctionne de la même manière, si l’on veut progresser, il faut comprendre ce qu’il y a derrière, s’intéresser à l’histoire, fusionner les disciplines, ne pas rester immobile. Dai Vernon disait « on s’arrête toujours de penser trop tôt ».
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le cinéma et toutes les formes de spectacles vivants (musique, cirque, danse, théâtre), la cuisine, les voyages et l’humain.
– Interview réalisée en novembre 2015.
A visiter :
– Le site de Yohann Gauthier.
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