Ce fut la grande révélation du 44ème congrès FFAP à Paris. Yann Frisch, jeune magicien et jongleur de 20 ans a provoqué un ras de marée émotionnel lors du concours de Close-up. Bouleversé par le talent du jeune homme, le public lui a accordé une standing ovation, du jamais vue dans les annales de la compétition ! Yann Frisch a conquit le jury qui lui a décerné les quatre prix majeurs : Champion de France de magie, Grand prix, 1er prix de close up, Prix FFFF des USA, sans compter les mentions spéciales en Comédie et originalité !!! Un véritable hold-up artistique. Avec son numéro de gobelet revisité, alliant magie, mime et jonglage, Yann Frisch s’inscrit d’emblé comme un grand artiste d’une singulière originalité.
Les clés du succès
Avec du matériel réduit au strict minimum et une imagination débordante, ce jeune artiste a emporté avec lui une salle entière dans son univers décalé, bancal, drôle et inquiétant. En cinq minutes, il a fait voler en éclat l’image de la magie, les certitudes de certains persuadés que tout réside dans le truc. C’est que Yann Frisch est à des années lumières des préoccupations du prestidigitateur lambda. Le véritable travail artistique commence là où la technicité est « oubliée », où le truc n’est plus qu’un accessoire au service d’un message, d’une histoire, d’un scénario. Commence alors le travail de la mise en scène et du jeu du comédien. L’art n’est pas donné à tout le monde. C’est une sorte d’alchimie qui se produit comme par miracle. Yann Frisch a atteint cette alchimie particulière comme touché par la grâce.
Baltass, une logique de l’absurde
Comme l’indique le titre de son numéro, Baltass est basé sur la manipulation d’une tasse et d’une balle. Dès le début, l’ambiance est plantée. Un jeune homme bizarre est accoudé à une table et regarde avec insistance une tasse métallique qui lui fait face. Figure aussi un pichet remplit d’eau. Ces accessoires font penser à ceux que l’on utilise en collectivité, style cantine ou réfectoire. L’attitude du jeune homme nous donne une piste sur sa santé mentale. Bien qu’il ne soit pas habillé en blanc, la scène pourrait se passer dans un asile psychiatrique.
La séquence où celui-ci hésite à prendre le pichet et répète les mêmes gestes jusqu’à l’absurde est un grand moment comique et traduit un état perturbé. Il mime frénétiquement son geste comme pris de panique. Drôle et tragique à la fois, le personnage est envahie par une terrible angoisse. Il finit par se servir en eau, quand apparaît une balle rouge dans sa tasse ! S’en suit des apparitions et disparitions de cette balle sous la tasse à répétition jusqu’à l’absurde. La balle se dédouble, puis apparaît une troisième balle. Séance de jonglage et apparition d’une quatrième balle. Après différentes péripéties, les balles disparaissent une à une jusqu’à la dernière qui se transforme en eau dans le gobelet. Le numéro se finit comme il a commencé, la boucle est bouclée et l’arroseur arrosé !
La construction du personnage
Ce qui frappe d’emblée c’est l’incroyable présence du comédien qui joue une partition extrêmement délicate ! Il incarne une sorte de personnage schizophrène habité par une douce folie. Yann Frisch est possédé par une série de tocs incontrôlables comme le fait de se cogner la tête à répétition sur la table. Ce jeu tragi-comique convoque la pantomime des grands acteurs du cinéma muet.
Tout chez lui transpire la volonté de se donner corps et âme. Il y met ses tripes. Il ne joue pas, il incarne son personnage, mieux, il le transcende. Constamment sur la corde raide naviguant entre folie et lucidité, son jeu rappel celui du grand Cédric Paga alias Ludor Citrik. Avec Baltass, Yann Frisch se livre tout entier dans un voyage hors du temps. Virtuose du geste il se met à nu, digne représentant de la magie nouvelle. Nous en restons encore médusé. Une expérience à vivre en live. Pour lui, l’aventure ne fait que commencer. Formidable avenir !
A lire :
– Le Syndrome de Cassandre.
– Le Paradoxe de Georges.
– Terabak De Kyiv.
A visiter :
– Le site de Yann Frisch.
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