Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
J’ai fait une entrée timide dans le monde de la magie grâce à l’un de mes formateurs BAFA, Gérard Souchet, qui était magicien professionnel. Il y a de cela exactement trente-sept ans. J’étais fasciné par le côté divertissement et le fait de ne rien comprendre. On a gardé contact grâce à l’animation et maintenant je travaille régulièrement avec lui.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Par la suite, j’ai persévéré dans l’animation, d’animateur enfants en centre de loisirs et j’ai terminé par devenir responsable d’animation et animateur adultes en village vacances. L’attrait pour la magie était toujours là, et je me régalais lors des spectacles de fin de semaine (toujours différents d’une semaine sur l’autre). Je m’essayais à faire des tours visuels et des prédictions complètement farfelues. Mais à l’époque, en 1987, pas d’Internet. Il fallait ruser et se procurer le catalogue de Mayette ou celui de Mephisto, pour finalement acheter des tours, qui sans bagage magique, étaient compliqués à comprendre et apprendre.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Deux évènements croisés m’ont permis de progresser vers la magie. Le premier, c’est la rencontre avec le Cercle Magie Bretagne. Le second, mon premier (et seul) concours de magie. Un concours anecdotique qui m’a permis de rencontrer le « reporter » du CMB, futur président de cette même association, Vincent Delourmel. Je me souviens surtout de l’article très élogieux sur mon numéro. Par la suite, avec Vincent et d’autres magiciens du Cercle, des liens forts se seront créés et nous prendrons l’habitude de travailler sur nos tours respectifs. Et ce, toujours dans un esprit fraternel, bienveillant et créatif.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
L’envie de divertir les spectateurs passe par le close-up, les spectacles enfants et familiaux, des ateliers d’initiation, ou des numéros de scène. Un vrai plaisir que de partager la magie avec un public très large, des tout-petits, en passant par des bien plus vieux, des personnes en situation de handicap, en milieu carcéral, etc. Concernant mes tours, j’attache une énorme importance à la création, à la mise en scène, à l’histoire. Du coup je n’entends plus « ah je connais ! » ou « je l’ai déjà vu ce tour. » La création de mon dernier spectacle a pris plus de trois ans, mais je fignole les tours, l’histoire, le décor, les accessoires. Afin que ce spectacle colle vraiment à mon histoire et à mon personnage.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Celles à l’attention d’enfants en situation de handicap sont très marquées dans mes souvenirs. Un vrai régal que de partager avec ces enfants ultra ouverts à ce que je leur propose, c’est un véritable échange d’énergie positive. Il y a aussi quelques fois des rencontres avec des célébrités. J’ai eu la chance de travailler pour Omar Sy, Didier Bourdon, Nicolas Sirkis ou encore François Morel. Et de constater que face à la magie, ils sont comme tout le monde (en tout cas ceux-là), ils expriment leur étonnement, leur joie et leur bonne humeur.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’adore regarder les magiciens qui me font rêver et rire comme le maitre Voronin ou Raymond Crowe. Mais, j’aime aussi les nouveaux jeunes magiciens comme Dario Adiletta avec des numéros complètement fous et hypnotiques.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Des grands Messieurs comme Jean Régil (que j’ai eu la chance de croiser souvent). Un vrai magicien au service de la magie, altruiste et toujours porteur d’un bon conseil bienveillant concernant un nouveau tour.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je pense qu’on est toujours débutant quand on pratique la magie. On avance, on apprend tout le temps, mais, il faut savoir observer, sans copier, trouver son style et le peaufiner. Le chemin à suivre pour se faire plaisir grâce à la magie, on le trouve dans sa vie au quotidien, dans son entourage, dans son vécu et ses autres passions.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Mitigé. Mais en même temps je tends vers ce qui me touche et mets de côté ce qui ne m’intéresse pas. Internet n’aide pas, car on voit « fleurir » ici ou là des magiciens techniciens qui laissent de côté la poésie et le véritable but de notre art : divertir le public et le faire voyager. Après, il en faut pour tous les goûts !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Sans culture, pas de magie. L’histoire de la magie nous aide à comprendre pourquoi et comment. Heureusement qu’il y a encore des personnes soucieuses de tout ce passé très riche qui fait notre présent et fera notre futur. Et puis, il y a toute une éducation pour nos futurs spectateurs, quand je fais des ateliers avec des enfants, j’essaie au maximum de donner les bons conseils, les bonnes clés pour leur faire aimer le spectacle vivant.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Depuis peu, je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire. Alors, j’ai décidé de faire une liste et de barrer les éléments de celle-ci au fur et à mesure de mon temps et de mes disponibilités. Jouer du tuba, faire un trek dans un joli pays, lire encore plus que je ne lis actuellement, pratiquer le Taï chi, etc. Petit à petit cette liste diminue et il va falloir que je la renouvelle.
– Interview réalisée en octobre 2023
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