Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Ma famille m’emmenait dans tous les cirques qui passaient près de chez moi. Ainsi est née ma passion pour l’impossible et pour la magie. J’ai très vite voulu savoir comment travailler la magie. J’ai tout appris par moi-même en autodidacte et sans m’en rendre compte, je fabriquais et construisais mes tours. J’aimais ce processus qui consiste à découvrir, à fabriquer et à interpréter.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Ma grande étape a été de me rendre en Europe (je suis Argentin), de changer d’air afin de faire évoluer ma carrière. Au départ, j’ai appris tout seul, puis j’ai intégré la Sociedad Española de Ilusionismo (SEI). Avoir étudié aux Beaux-arts et pratiqué le théâtre m’a aidé pour devenir magicien. J’ai commencé à travailler sur les boulevards de Barcelone et ensuite tout s’est enchaîné.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Il y a beaucoup de gens qui m’ont aidé en France : Yogane, François Normag, Hugues Protat, Gérard Souchet, Monique Nakachian, Dominique Webb… J’ai participé au festival Monte Carlo Magic Stars, puis voyagé en Chine, en Colombie, en Italie… J’ai également gagné la première émission de Got Talent España (dans sa première version en 2008).
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Actuellement, je travaille pour des festivals et dans des théâtres.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Ma référence est Rudy Coby pour sa magie si particulière avec une histoire de fond. Il y a aussi Tina Lenert dans son numéro de pantomime qui est de la pure magie.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La magie nouvelle et la magie avec une histoire. Ce qui m’ennuie c’est la magie sans contenu.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Elles sont complexes et ont nourri mon univers. Le théâtre, la peinture, la danse, le cinéma. Des mouvements comme le surréalisme et l’expressionnisme.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Etudier la danse, la musique et l’art en général. La magie est une façon d’exprimer un monde intérieur. Elle doit se construire étape par étape et on doit peser le pour et le contre dans la construction d’un numéro. Travailler progressivement.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Actuellement la magie manque de contenu et de poésie visuelle. Il y a beaucoup de jonglage, de virtuosité. L’atmosphère magique a disparu et le magicien travaille pour lui, ce qui a pour conséquence d’ennuyer le spectateur.
La magie a toujours été au service de l’homme, soit pour faire le bien ou POUR faire le mal, et son contenu a été vidé ! L’avenir de la magie, comme un art, dépend de la capacité à lui donner du contenu et à la rendre multidisciplinaire. Nous n’avons plus le monopole sur elle.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La capacité à surprendre est universelle, mais les réactions et l’interprétation d’une performance dépendent de la culture de chacun. J’ai dû changer mon numéro pour qu’il soit universel.
Toutes les réactions dépendent de la culture locale. En Espagne, les réactions à mon numéro sont plutôt comiques. En France, le public est en détresse parce que l’histoire est un drame. En Chine, il y a une réaction presque cérémonielle.
Il faut arriver à travailler sérieusement comme le font tous les artistes et étudier l’universalité de votre proposition sans perdre votre essence. Mon professeur dans ce domaine était le ventriloque Fred Roby.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La gastronomie, la cuisine (les desserts). Les Voyages, les rencontres et profiter de la culture locale. J’aime la France, ses châteaux, sa gastronomie, sa douceur de vivre, son paysage. Tout comme la Chine et tous les pays que je vais visiter lors de mes tournées, cela m’inspire. J’ai de grands amis à travers le monde, la magie bannit les frontières !
– Interview réalisée en mai 2016.
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