Comment êtes vous entré dans l’univers de la magie ?
Par le passage commun à beaucoup de magiciens, celui d’une boîte de magie, à l’âge de sept ans ! Bon je sais ce n’est pas très original mais bon… !
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Peu de temps après avoir épuisé les ressources quelques peu limitées de ma boite de magie, en investissant dans une cassette disponible dans le commerce : ‘’la magie par les cartes » de Bernard Bilis, puis j’ai enchaîné avec une cassette de Gérard Majax sur la tricherie aux cartes. Mais c’est avec un livre de magie (trouvé dans le supermarché du coin) que j’ai vraiment pu me mettre au travail : on pouvait trouver à la fin de celui-ci les adresses de magasins de magie… On pouvait donc acheter du matériel de magie ?! Je me suis alors rendu dans plusieurs boutiques Parisiennes où j’ai pu me procurer mon premier ‘’vrai » tour : la boule volante ! J’ai ensuite acheter bon nombre de tours, avec une petite préférence pour les effets de lévitation, qui représentaient à mes yeux quelque chose qui s’apparentait à de la vraie magie. Puis à l’âge de neuf ans je suis rentré dans le club Robert-Houdin de Bourgogne. Mais j’ai surtout appris seul, avec mes petits livres et mes petites cassettes sous les bras.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidés.
A l’inverse un évènement vous a-t-il freiné ?
Plusieurs magiciens m’ont aidé à entrer dans le monde magique, mais c’est surtout Elysée qui a cru depuis le début en moi et m’a poussé à aller toujours plus loin… C’est par exemple lui qui m’a incité à me présenter au Diavol. J’avais 15 ans à l’époque. Et pour l’instant, rien ne m’a vraiment freiné… croisons les doigts !
Dans quelles conditions travaillez vous ?
Je résonne plutôt en terme d’images plutôt que de tours : j’essaye de voir quelle image je veux laisser dans l’esprit du spectateur, puis les moyens (magiques ou autres) qui me permettent d’y arriver. Je me mets alors à rêver éveillé de longues heures, (ce qui me pose à longue de petits problèmes au quotidien… ! « Alors Romain, encore dans ta bulle ? ! ») puis j’essaye de retranscrire le fruit de ce voyage vers l’irréel en quelque chose de possible et de réalisable !
Quelles sont les prestations de magiciens qui vous ont marquées ?
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Des personnes comme Harry Blackstone qui faisaient voler une ampoule au dessus des spectateurs, ou Fin John qui peut donner vie à une cravate et la faire devenir serpent m’ont beaucoup marquées et influencées étant enfant. David Copperfield a longtemps été un modèle pour moi, tant par ses prestations réglées à la seconde près, que par la qualité de sa gestuelle, de ses effets. C’est un véritable showman qui a fait un grand bien à la magie, dans la lignée de Doug Henning !
Mais je me suis lassé de ce type de magie, et me suis tourné petit à petit vers le mime qui m’a ouvert un univers si riche que ma principale difficulté à présent est de trouver des effets magiques aussi forts que ce que peut apporter le mime, à savoir : toucher les spectateurs. Pour moi, le plus grand magicien Français actuellement n’en est pas vraiment un : Philippe Genty. Ses spectacles, qui mélangent mime, marionnettes, effets visuels et théâtre, nous transportent littéralement dans un autre monde. Il va bien au delà de l’étonnement propre à la magie. C’était ce sentiment que laisse un tour qui me gène, à savoir le ‘’comment faites vous ? ». Le fait que le spectateur se demande comment fonctionne un tour plutôt que de se laisser transporter par dans univers m’a donner envie de travailler ma magie différemment. C’est ce que je développe petit à petit, en travaillant également d’autres supports : la vidéo et la musique m’attirent énormément et pourront m’aider à créer et matérialiser un monde où l’invisible côtoie le visible.
Citez un ou deux tours qui vous viennent à l’esprit comme les plus beaux à regarder, puis les plus beaux à pratiquer.
Le flying à la ‘’sauce » Cirque Plume, où un musicien s’envole sur une contrebasse, amené si subtilement est certainement un des plus beaux tours pour moi. Pour ce qui est des tours les plus beaux à pratiquer, le guéridon volant de Dirk Losander est mon tour favori !
Quel conseil ? Quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
De trouver sa vraie « personnalité magique », c’est à dire de faire une magie qui lui ressemble. Et aussi de se documenter sur toutes les formes de magie, pour pouvoir créer par la suite ses propres effets. Et surtout : Ne pas rester enfermé dans le monde magique et s’ouvrir à d’autres formes d’expression, comme la danse, le théâtre, le mime,… pour que la magie devienne elle aussi un moyen d’expression à part entière.
Quel regard portez vous sur la magie actuelle ?
Selon moi nous sommes de plus en plus face à un monde magique à deux visages : d’un coté, et je pense que je ne vais pas me faire beaucoup d’amis (et c’est sans aucune prétention !), j’ai l’impression que beaucoup de personnes de nos jours se disent magiciens, alors qu’en définitive il ne connaissent que quelques tours et osent se présenter au public comme des magiciens expérimentés, avec le plus souvent un égo surdimensionné. Mais heureusement ce n’est qu’une partie du visage… ! De l’autre coté nous trouvons de vrais professionnels… Norbert Ferré, Laurent Berreta, Jean Philippe Loupi, Elisabeth Amato, Bertrand Crimet, Carmelo… sont des personnes que je respecte énormément. Et j’en oublie !
Quelle est l’importance de la culture dans l’approche de la magie ?
Elle est d’une importance capitale car c’est ce qui va permettre d’enrichir chaque effet, chaque mise en scène, chaque personnage, de créer et de développer l’imaginaire.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le mime, mais ça je pense que vous l’aurez compris ! La musique (je vais me remettre dès que pourrai à l’accordéon) mais aussi le montage vidéo. Et bien sûr aller voir le maximum de spectacles !
A lire :
– son spectacle « Parcours libre ».
Interview réalisée en juin 2007. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Romain Lalire. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.