Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
Depuis l’enfance, j’ai toujours rêvé de devenir un super-héros. Ma première rencontre concrète avec la magie remonte à l’âge de sept ans, dans mon petit village de Côte-d’Or, en Bourgogne. C’était lors d’un stage d’initiation aux arts du cirque avec le magicien Alban William. Un vrai déclic.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Le véritable premier pas a eu lieu à douze ans, à la fin d’un cours de soutien en mathématiques. Mon professeur, qui était aussi magicien, nous a présenté un tour de cartes. J’ai été fasciné. À partir de ce moment, j’ai attrapé le virus de la magie et il ne m’a plus jamais quitté. C’est lui qui m’a ensuite guidé vers les premiers livres et DVD (oui, ça existait encore !).
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé ? À l’inverse, un événement vous a-t-il freiné ?
Il y en a beaucoup… Ce métier est extraordinaire, car il permet de rencontrer des personnes du monde entier, de tous horizons, et de se produire aussi bien pour une petite entreprise que pour une grande maison cotée en bourse. J’ai eu la chance de croiser des personnes clés à différents moments de mon parcours. Fabien Pradel, mon professeur de math, m’a remis sur le chemin de la magie. Jean-Luc Bertrand m’a appris, transmis et montré ce que signifie réellement être un magicien professionnel. Et enfin, HIRO, qui a littéralement changé ma vie. Sa philosophie, sa vision, sa confiance ont été un véritable tremplin. Je pense aussi à tous mes amis, magiciens ou non, qui m’ont soutenu à leur manière, parfois juste par une conversation, un moment partagé… Ils se reconnaîtront : Ludo, Ledger, Stefan, Alex, Tom, Nico, Ben, Jérémy…
Côté événements, je réalise en moyenne cent soixante prestations par an, mais certaines restent inoubliables. Notamment ma participation aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 : plus de dix jours de performance, un souvenir gravé. Il y a aussi ce voyage à Las Vegas pour la promotion des cartes Grimaud, où j’ai eu la chance de passer des moments privilégiés avec des légendes comme Kevin James, Teller, David Copperfield ou encore Jeff McBride. Merci à Katell Sevestre et Stefan Leyshon (Madgicprod), à l’origine de ces deux opportunités incroyables.
Côté frein, comme beaucoup, le Covid a été une période extrêmement difficile. J’étais encore en début de carrière. Mais j’ai tenu bon, je suis resté concentré sur mes objectifs. J’ai fait beaucoup de sacrifices, mais j’ai tenu. Et la tempête est passée.
Quels sont vos domaines de compétence ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros
Depuis 2017, je me produis exclusivement en événementiel, principalement lors d’événements d’entreprises ou de soirées privées. J’interviens en close-up (magie de proximité) ou sur scène, parfois avec des performances personnalisées à l’image de l’événement ou de la marque. Je ne me considère pas comme un créateur, mais j’essaie toujours d’apporter du sens à ce que je fais. Je privilégie les performances interactives, immersives, et percutantes. Car bien souvent, les invités ne sont pas là pour moi. À moi de capter leur attention, de leur laisser un souvenir.
Quelles prestations d’artistes vous ont marqué ?
J’aime profondément les spectacles qui ont du sens et qui véhiculent une émotion. Le spectacle In & Of Itself de Derek DelGaudio (disponible sur Disney+) m’a bouleversé. Dans un tout autre registre, j’ai été bluffé par le spectacle de Bertran Lotth au Futuroscope. Il ne dure que vingt-cinq minutes… mais quelle claque ! Tout est millimétré, brillant, efficace. J’adore Bertran. Et bien sûr… le show de David Copperfield à Vegas. Je l’ai vu en octobre 2024. C’est un monument. Quand il entre sur scène, on a des frissons. Une expérience inoubliable.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je n’ai pas de « style préféré » à proprement parler, mais j’éprouve un grand plaisir à me produire et regarder des artistes sur scène, face à tous les invités. C’est un format qui permet, selon moi, de faire passer plus clairement un message, une idée, une émotion. Et c’est ce que je recherche.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Côté magiciens, j’aime beaucoup le travail de Stefan Leyshon, David Stone (pour son rythme), ou Ben Aymerich (pour sa narration). Mais mes influences dépassent largement le cadre de la magie. J’adore les humoristes, je vais voir un maximum de spectacles. C’est un conseil que m’a donné mon ami Léo Brière, nourrir son cerveau en permanence.
Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune magicien(ne) ?
Soyez curieux de tout. Ouvrez-vous à d’autres disciplines. Nourrissez-vous de culture, de rencontres, de lectures. Et si vous voulez vraiment progresser en magie : privilégiez les livres. On m’a toujours dit que les vrais secrets étaient dans les livres… et c’est vrai. En plus de développer vos techniques, vous travaillerez aussi votre créativité, votre imagination… et votre orthographe ! Lire est essentiel à mes yeux.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je trouve que la magie n’a jamais été aussi présente. Elle est accessible, populaire, parfois virale, et c’est tant mieux. Mais j’espère qu’elle restera tout de même un peu rare. Car ce qui est rare attire. Ce qui est trop accessible devient invisible.
Quelle est l’importance de la culture dans l’approche de la magie ?
Je trouve cette question assez complexe et riche. Si je parle de mon cas personnel, mes parents ne viennent pas du milieu artistique et ne sont pas particulièrement passionnés par la magie. J’ai grandi dans une famille de classe moyenne, dans une petite ville de province. À première vue, je n’avais donc pas forcément les « meilleurs » atouts et la meilleure culture pour parvenir à m’intéresser et à vivre de la magie, et pourtant, j’y suis parvenu. Cependant, je reconnais qu’elle joue un rôle crucial dans l’approche de la magie. L’apprentissage culturel, par exemple, peut grandement influencer la manière dont on perçoit et pratique la magie. Les différences sociologiques, comme la classe sociale ou le milieu de vie, peuvent également affecter l’accès à la magie. Par exemple, vivre dans une grande ville peut offrir plus d’opportunités de formation et de spectacle, tandis que grandir dans une petite ville peut limiter ces possibilités.
Enfin, les différences ethniques jouent un rôle important. Les traditions magiques varient considérablement selon les ethnies, et cela peut influencer la perception de la magie dans la société. Certains ont peur, et d’autres hurlent de stupéfaction. On le voit d’ailleurs clairement lorsqu’on fait de la magie devant un public d’une autre nationalité. J’ai toujours entendu dire que le public français était l’un des plus difficiles en magie. Alors, lorsque l’on se retrouve face à des étrangers, c’est une autre énergie : Amazing audience 😊. À mon sens, même si la culture peut influencer l’approche, l’important est d’être passionné et de travailler dur, et ce, dans tous les domaines où vous rêvez d’exceller.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Ce métier est exigeant, alors je m’efforce de garder une bonne hygiène de vie. Je cours et je m’entraîne presque tous les jours. J’aime la compétition. J’écoute beaucoup de musique aussi, c’est un vrai soutien au quotidien. Et puis j’aime voyager… et surtout passer du temps avec mes proches. Je vis loin d’eux, c’est l’un des sacrifices que la magie m’a demandé. Mais au fond, la vraie magie, c’est eux. Ce sont ces moments-là.
À visiter :
Interview réalisée en juin 2025. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Flex Réalisation / Nicolas Nargeot / Tanh Long Bach. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.
