Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Histoire banale mais véridique : la fameuse boîte de magie offerte pour mon anniversaire. Je fêtais mes sept ans, et ce sont mes grands-parents maternels qui m’ont offert ma première boîte de magie. C’était une boîte Marvin’s Magic, avec un chapeau haut de forme à double fond et une marionnette de lapin qu’on pouvait animer depuis l’extérieur du chapeau. Il y avait également un set de petits gobelets, un tour avec un cube gigogne qui m’avait époustouflé la première fois que je l’ai vu, et quelques cartes truquées. J’ai joué avec pendant très longtemps. J’ai ensuite eu une boîte de magie de Patrick Sébastien, avec entre autres la fameuse boîte à miroir, qui m’a suivi dans mes premiers spectacles pendant de nombreuses années !
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Petit, je faisais des démonstrations surtout en famille, pour les fêtes de fin d’année. C’est en 2011, lorsque j’étais en classe de 5ème, que j’ai fait mon premier vrai spectacle pour l’arbre de Noël des enfants du personnel de mon collège. Je n’avais rien demandé en retour, et le directeur de l’établissement m’avait offert une carte cadeau en remerciements : mon premier cachet !
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé ? A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Plusieurs rencontres ont été déterminantes. Tout d’abord, la rencontre avec Bernard Bilis en 2012. J’avais reçu pour le Noël précédent son coffret réalisé chez OID Magic, exclusivement dédié à la magie des cartes. Voulant en apprendre plus, j’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai contacté sur Facebook. Nous avons commencé à discuter, je lui envoyais des vidéos de tours, il me corrigeait les défauts. Nous nous sommes rencontrés l’été suivant en région parisienne, et il m’a pris sous son aile. Il m’a appris à apprendre correctement, c’est ce qui est le plus difficile. C’est un peu mon tonton magique aujourd’hui, et je suis très reconnaissant de tout ce qu’il a fait pour moi.
J’ai ensuite eu la chance de rencontrer beaucoup de magiciens que j’admire. S’il fallait choisir une autre rencontre déterminante, je choisirais probablement la rencontre avec Stéphane Gomez. Nous nous sommes connus par le biais de DicoMagie (très bon site, plein de belles interviews, allez voir !), et le feeling est tout de suite passé. C’est avec lui que j’ai monté mon premier numéro de concours et que j’ai intégré l’Équipe de France de close-up FFAP. Je lui dois beaucoup. Enfin, travailler pour des concours (FFAP, FISM) a complètement changé ma manière de voir et de concevoir ma magie. Cela oblige à travailler différemment, à repousser les limites du possible, cela nous force à développer de nouvelles choses, à chercher de nouvelles idées, c’est très stimulant !
Dans quelles conditions travaillez-vous ? Quels sont vos domaines de compétence ?
Je suis à l’aise sur scène comme en close-up. J’ai pris plusieurs années de cours de théâtre étant petit, cela m’a beaucoup aidé à m’affirmer et à m’exprimer. Et cela se ressent dans ma manière de faire de la magie. Même si la scène m’attire, je préfère la proximité avec le public offerte par le close-up. Je touche un peu à tout dans ce domaine, avec tout de même une préférence pour la cartomagie. Donnez-moi un jeu de cartes, et je peux tenir deux heures !
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Magiquement parlant il y en a beaucoup, que ce soit en live ou simplement en vidéo. En vidéo, j’ai été hypnotisé par la poésie de Renée Lavand, bluffé par les miracles de Helder Guimarães, émerveillé par Miracles de Derren Brown, ému devant In and Off itself du génial Derek DelGaudio… En live, je suis en admiration devant les différents spectacles de Yann Frisch, j’ai été emporté par SOLO d’Arturo Brachetti, j’ai été abasourdi devant différentes performances FISM… impossible de choisir !
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Comme dit plus haut, je suis très close-up, et magie de salon. J’aime les effets simples et puissants. J’aime également beaucoup tout le courant de la « magie nouvelle » et les beaux spectacles/numéros qui en découlent.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Elles peuvent venir d’un peu partout. Je peux être inspiré par un spectacle (magique ou non), un numéro de cirque, par un film, une musique…
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Il faut apprendre à apprendre. Ne pas aller trop vite, ne pas hésiter à solliciter d’autres magiciens, lire, et écouter les conseils des maîtres. Beaucoup de jeunes qui débutent aujourd’hui veulent tout, tout de suite. Toujours de nouveaux tours, de nouvelles techniques, alors qu’ils ne prennent pas le temps de vraiment comprendre et maîtriser les tours qu’ils ont déjà « appris ». Ne pas non plus hésiter à sortir un peu des sentiers battus, à se faire confiance et à développer sa propre magie plutôt que de copier celle des autres.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Tout dépend de là où on regarde ! Il y a du très bon et du très mauvais, comme cela a toujours été le cas. La différence, c’est qu’aujourd’hui tout est accessible en même temps. Mais avoir des milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux ne fait pas forcément de vous un(e) bon(ne) magicien(ne)… J’ai tout de même l’impression que ces dernières années compliquées ont permis à beaucoup de magiciens de repousser leurs limites. Cela s’est ressenti cet été à Québec pour la FISM, les concours étaient de très haut niveau, avec de très belles innovations et des numéros à couper le souffle ! Sans ces années de « pause », je ne sais pas si tous ces magiciens auraient eu le temps de travailler sur ces nouveautés. Dans l’ensemble, j’ai quand même le sentiment que la magie évolue bien, et qu’elle est de mieux en mieux médiatisée (Got Talent, Fool Us…).
Quelle est l’importance de la culture dans l’approche de la magie ?
Elle a toute son importance. Que l’on en soit conscient ou non, la magie est un art mélangeant énormément de concepts, allant de l’artistique à la psychologie, en passant par les relations humaines, l’écriture… Plus on est cultivé, plus les sources d’inspirations sont nombreuses. Plus on a de notions de toutes sortes, plus on trouvera facilement les solutions à nos problèmes techniques pour réaliser un effet.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La magie est mon hobby principal, cela ne laisse pas beaucoup de temps pour développer d’autres choses. Mais j’aime lire (polars, thrillers), j’aime me poser devant un bon film ou une bonne série… En revanche, je ne suis pas très sportif (au grand dam de mes proches).
– Interview réalisée en août 2022.
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