L’affiche annonçait un gala de magie, mais c’est une bien étrange affaire dont nous, spectateurs, furent les témoins directs.
Vendredi 30 mai :
19h45 : La foule commence à se rassembler devant la salle du Laussy de Gières (38).
20h00 : Les portes s’ouvrent. Le comité d’accueil est des plus surprenants. Des individus à l’air louche, tous vêtus de noir, lunettes noires et pistolets en mains réceptionnent les nouveaux arrivants.
Nous sommes encerclés, ceci n’est pas un exercice. Au sol, des traces blanches, marquant l’emplacement de cadavres…
20h30 : l’histoire vire au polar.
Nom de code : L’affaire PAPAYA…
La salle est plongée dans le noir. Le silence se fait des plus oppressant.
Face, côté jardin, un écran s’allume. Le feuilleton commence….
Nous sommes projetés au beau milieu d’une enquête policière.
Claude Saboureau, dit l’Ancien, collectionneur et brocanteur de surcroît a été victime d’un odieux vol.
L’objet dérobé : une statuette de primate répondant au surnom de Papaya.
Le film sera la retranscription de l’enquête menée par le détective Mike Art (Artmik), chargé de l’affaire.
Chaque numéro sera précédé d’un extrait cinématographique, montrant l’implication des magiciens dans l’affaire.
Le film servant de lien pour créer la cohérence entre le spectacle et les différents numéros qui le composent.
Le réseau suspecté : Le RDVM (Rendez-Vous des Malfrats)
Voici la liste des principaux suspects interrogés et leur domaine d’activité respectif :
1e série d’interrogatoires :
– Anthony Nelson (Magie générale)
– Maxim et sa partenaire (Magie Burlesque)
– Mervil (Grandes illusions et acrobaties)
– Bertox (Magie poétique et jonglerie)
– Gaspard (Magie générale)
– Candide (Close-Up)
– Ponka (Tabarin)
2e série d’interrogatoires :
– Arnow (Manipulation)
– Jérôme Helfenstein (une Magie différente)
– Lancelot (Mnémotechnie délirante)
– Axel & co (Grandes illusions)
– Billy Ze Kid (Magie générale)
– Ponka et Raven (Magie burlesque)
– Pilou (Manipulation)
1e partie :
ANTHONY NELSON
(Talents de scènes 2007)
Rôle dans l’affaire : Le gamin
Anthony fera son apparition sur scène dans un style qui n’est pas sans rappeler celui d’un célèbre Gentleman Cambrioleur.
C’est sur la chanson de Jacques Dutronc, « Arsène Lupin » qu’il débutera avec l’apparition d’une rose au foulard, symbole, de séduction et de raffinement.
S’en suivra des apparitions et multiplications de bagues et de diamants.
Une boîte à bijoux est montrée vide, un collier de perles y est déposé, il disparaît et c’est une multitude de colliers de perles qui sont sortis de cette boîte aux trésors, avant d’êtres empochés.
Sur la non moins célèbre musique des Pink Floyd, « Time » aux innombrables sonneries de pendules, Anthony enchaînera avec des apparitions de montres à goussets, puis d’horloges, de plus en plus grosses.
Au final, l’apparition d’un diamant gros comme le poing.
A la manière d’Arsène Lupin, il laissera sa carte de visite, avant de quitter la scène, diamant en main et sourire en coin.
Un numéro d’une certaine classe, symboliquement très riche.
Malgré sa grande jeunesse pour jouer un tel personnage (seul détail dérangeant de l’histoire) il saura nous montrer tout le charme et l’élégance qu’il convient à ce rôle de Dandy de la littérature du XXe siècle. Dans quelques années, il est certain que son personnage prendra tout son sens.
LES IMPOSTEURS ANONYMES
(Maxim et sa partenaire)
(2e prix FFAP 2006, Festival de Magie Méribel)
Rôle dans l’affaire : L’informateur
Nous voici plongé dans l’univers d’un bistrot. Parmi le brouhaha des conversations, le bruit cristallin des verres qui s’entrechoquent, la petite musique de bar et les allées et venues de la serveuse… un homme, vêtu à la mode du siècle passé, béret sur la tête, chemise et bretelles, attend impatiemment sa commande.
La serveuse finie par arriver, plateau en main et lui sert son verre.
A la première gorgée, Maxim crache le breuvage, apparemment infecte.
La suite du numéro sera un enchaînement de situations comiques dans lesquelles Maxim, dès que la serveuse aura le dos tourné, cherchera, par tous les moyens dont il dispose aux alentours, à se débarrasser de la nauséeuse boisson qu’on ne cesse de lui resservir.
Une dualité naît entre la serveuse et le client.
Parmi les comiques de situation :
Le client après avoir goûté l’infâme breuvage en perd sa langue ! Celle-ci sera par la suite recollée en bouche.
La bouteille apportée par la serveuse est flanquée d’une étiquette représentant une tête de mort. Le liquide est versé dans un pot de fleur, la fleur aussitôt fane.
Il sera également versé dans un journal, au grand étonnement du client le liquide aura disparu. Celui-ci tentera alors de se remémorer les gestes qu’il avait fait avant cette disparition.
Un foulard rouge sera sorti du journal avant d’y être replacé.
Réapparition du liquide qui aura pris une teinte rouge.
Sorti du foulard décoloré. Le client goûte le nouveau breuvage, celui-ci est délicieux ! Apparition d’une bouteille.
Final :
Il est temps de régler la note !
Le client sort son portefeuille qui prend feu ! Apparition d’une pièce géante.
La serveuse surprise et à la fois méfiante, croque dans la pièce pour
vérifier qu’il s’agisse bien d’une vraie. Une fois rassurée, son attitude change du tout au tout vis à vis du client, la dualité entre les deux personnages disparaît.
Elle part chercher une bouteille de champagne et deux flûtes.
Au final, Maxim débouche la bouteille : lévitation de la flûte à champagne sous les yeux étonnées de la serveuse.
Dernière image: les deux personnages levant leur verre et trinquant à leur nouvelle entente.
Un numéro théâtralisé à l’humour décapant, principalement axé sur le jeu d’acteur. Chaque effet magique s’intégrant parfaitement à l’histoire en venant la surligner pour lui donner toute sa crédibilité.
Je qualifierais ce numéro de comédie théâtrale, la magie n’en est pas le principal sujet mais est utilisée comme un accessoire qui vient saupoudrer l’histoire d’une belle note de fantaisie.
MERVIL
Rôle dans l’affaire : L’acrobate
Dans son numéro, Mervil nous fera voyager au cœur de la jungle.
Bruitages d’animaux sauvages, lumières aux couleurs bleues-vertes, décor végétal. Le magicien fera sont apparition sur scène à travers l’illusion de la Lanterne Japonaise.
L’ombre de ses mains glisse sur la toile de la lanterne, éclairée de l’intérieur, nous devinons sa présence.
La toile se relève, la lanterne est vide.
Le panneau est remis. Les ombres apparaissent une nouvelle fois, cette fois la toile se relève, révélant le magicien en costume de reptile.
Dans une gestuelle rappelant celle du lézard, Mervil entame une sorte de danse animale, couplée d’acrobaties.
Une première colombe apparaît.
Le magicien monte sur la lanterne et exécute une figure d’équilibre sur les mains.
Toujours dans un déplacement reptilien, Mervil enchaîne avec un ruban à la bouche, du ruban sort une nouvelle colombe.
S’en suit un salto avant avec apparition de colombe au final de la figure.
Nouvel équilibre et enchaînement sur une routine de D’lites symbolisant des insectes qui seront avalés par le magicien – reptile.
Au final, Mervil enlève sa crête de lézard avant d’exécuter un salto arrière.
Un univers et un personnage originaux, jusqu’à l’incohérence des colombes dans un environnement tel que la jungle. De jolies acrobaties.
BERTOX
Rôle dans l’affaire : le livreur
Dans une ambiance de gare, un jeune homme, valise en main, patiente en attendant son train.
Annonce : « le train en provenance de Dijon et à destination de Grenoble aura 10 min de retard ! »
C’est à partir de ce motif que Bertox nous invitera à partager cette attente avec lui. Une balle jaune comme sortie du néant tombe sur le sol. Le personnage intrigué la ramasse, la retourne entre ses doigts.
Tout commence ainsi, le personnage ne pouvant se résoudre à attendre patiemment son train, se voit propulsé dans les méandres de son imagination.
S’en suit un numéro très poétique et visuel de balles en mousse.
Les balles se multiplient, disparaissent.
Une balle verte apparaît dans la bouche du personnage.
Bertox jouera avec ces changements de couleurs entre balles jaunes et balles vertes.
Production de balles en masse.
S’en suit une très jolie apparition de balles au bout de l’index tendu.
Au final de cette partie : apparition de quatre balles jaunes en main droite, quatre balles vertes en main gauche et une balle rouge à la bouche.
Retour à la réalité pour le personnage avec une nouvelle annonce : « Le train en provenance de Dijon et à destination de Grenoble aura 45 min de retard ! »; Le personnage regarde sa montre et souffle, l’air blasé.
Mais son esprit s’évade une nouvelle fois.
S’en suit un très beau numéro de jonglerie avec des chapeaux.
Tout d’abord avec un seul, la routine se terminant par une lévitation du couvre chef. Un petit gag de rappel, avec une apparition de balles jaunes, vertes et rouges. Puis production de deux autres chapeaux, et jonglerie.
A la fin de la routine, une pluie de confettis sur scène, les confettis ne sont autres que les balles en mousse. Bertox nous fera l’honneur d’un final tout en humour. Une nouvelle annonce se fait entendre : « Le train en provenance de Dijon et à destination de Grenoble est arrivé quai n° 3! … départ immédiat !!! »
Dans la panique, le personnage tente de ranger la multitude de balles en mousses, le résultat est burlesque !
Il abandonne, saisit sa valise en trombe et court prendre son train.
Ce numéro est un de mes coups de cœur de la soirée de part son originalité, son côté poétique et clownesque et ce savant mélange de pitreries, de douceur, de magie et de jonglerie. Un personnage très attachant.
CANDIDE
(1e prix Championnat d’Europe à BlackPool)
Rôle dans l’affaire : Le nettoyeur
Candide fera son entrée sur scène pleinement investi du rôle de son personnage de polar, révolver en main.
Tout ceci s’avère des plus inquiétant. Mais après avoir posé sa mallette, ôté ses lunettes noires et ses gants blancs, sa personnalité se voit changer soudain du tout au tout.
C’est sur une musique pleine de poésie qu’il exécutera devant nos yeux son très joli Matrix au sol. Ses mains semblent léviter au-dessus du tapis sans jamais le toucher, les pièces paraissent s’envoler sans que nous ne soyons apte à saisir une bride de ce voyage instantané, tout est exécuté avec une extrême légèreté.
Candide enchaînera sur une routine d’Huile et eau. Après ce voyage au cœur de la poésie, place à l’humour.
« Savez-vous que les magiciens sont fous ? » nous demande t-il. Assurément la salle est unanime sur ce point !
« Ils y en a qui coupent leur femme en deux ; d’autres qui tentent de faire passer une pièce à travers une table ! »
Pour illustrer ce dernier exemple, Candide exécutera pour nous le passage de la pièce à travers la matière.
Tout d’abord à travers le tapis, puis c’est au tour de la table.
De plus en plus fou, il tentera cette fois-ci la traversée de la fermeture éclair !
Il sort une fermeture éclair de sa poche et s’emploie à l’ouvrir… mais c’est sans compter sur le matériel défectueux ! Plan B ! Des fermetures éclair, il y en a d’autres, notamment celle du pantalon ! C’est ainsi que Candide, ne reculant devant rien se retrouvera en caleçon et… chaussettes écossaises roses et vertes à exécuter devant nous le tour de la pièce passant au travers de la braguette !
Nous qui croyions avoir entraperçu ici l’apogée du surréalisme, comme nous nous trompions, le pire était à venir : La pièce à travers la table, version Chariots de feux !
C’est sur la célèbre musique de Vangelis que Candide exécutera ce tour… au ralenti, dans un enchaînement de mimiques hilarantes avec pour arme ultime à la traversée de la matière : un marteau, petit gag qui viendra rehausser le comique de cette version.
Au final, il remettra ses lunettes noires et redeviendra son personnage de polar avant de quitter la scène sous un tonnerre d’applaudissements.
PONKA
Rôle dans l’affaire : Le caméléon
Ponka nous présentera ici, son numéro du chapeau de Tabarin, gagnant du concours Diavol 2007.
Entrée en scène du personnage vêtu d’une longue cape, d’un masque et d’un chapeau rappelant le Pschent des pharaons de l’Egypte Antique.
D’lites et feux de Bengale. Le chapeau et le masque sont enlevés. S’en suivra le numéro du chapeau de Tabarin où Ponka nous fera découvrir au total plus d’une dizaine de personnages, chacun accompagné d’une musique qui viendra souligner leur interprétation.
Parmi ces personnages : le vendeur de souk ; Charlot avec apparition d’une rose au papier flash ; une Nonnes en prière ; le célèbre personnage de série TV : Caroline Ingalls (ce personnage créant toujours une vive réaction au sein du public).Ponka investi de ce dernier rôle entamera une apparition d’ombrelles, puis un Splash bottle avec bouteille de scotch qu’il videra avant de s’élancer dans l’interprétation d’une danse Country un peu titubante.
Le chapeau deviendra toque et s’en suivra une danse Russe. Puis se sera au tour du chinois avec apparition de baguettes.
Robin des bois; un curé de campagne et son livre saint qui prend feu entraînant aussitôt l’apparition d’un crucifix et d’un chapelet d’aulx pour une séance d’exorcisme avant de se changer en diable coiffé de ses cornes.
Personnage d’Indou ; un Samouraï, épée en main virant en Hara Kiri mais arrêtant son geste au dernier moment.
Un cocher conduisant une diligence attaquée par des bandits.
Un soldat perdu dans le blizzard ; un corsaire et sa lunette de vue ; un pirate issant le pavillon noir.
Final avec le personnage du Toréador, se servant de la cape pour faire apparaître puis disparaître une tête de taureau.
Il terminera rose en bouche.
Petite note d’humour: pendant les applaudissements du public, il demandera à ce que son chapeau soit également congratulé.
SYLVAIN MIROUF
Rôle dans l’affaire : L’assureur
Le film reprend sur l’écran, le détective continue ses interrogatoires parmi le réseau RDVM. Il se rend chez l’Assureur répondant au nom de Miroufion.
Intervention surprise de Sylvain Mirouf dans le polar.
Une séquence en humour avec imitation des voix de Jacques Chirac et Patrick Sébastien.
Intervention du détective Mike Art sur scène, annonçant l’entracte.
L’entracte :
C’est pendant cette pause que le public se voit généralement coupé quelques instants du spectacle. Mais ici, il n’en fût rien !
Le public sort de la salle entouré d’hommes armés jusqu’aux dents nous invitant à garder notre calme et répondant au doux nom de «Rabatteurs ».
Autour de la buvette « Chez Dédé », les rabatteurs déposeront leurs armes le temps d’un Close Up sous les yeux ravis des spectateurs.
Liste des Rabatteurs :
Coyhott, Eric, Davide, Jérémy, Hugo, Youl L’automate, Thierry Belais.
2e partie :
Nous voici de retour dans la salle, le polar reprend annonçant le prochain numéro.
ARNOW
(2e prix de manipulation Angers 2007, 2e prix Colombe d’or 2008)
Rôle dans l’affaire : Le tueur à gage
Son nom est Bond, James Bond. C’est en tout cas le personnage que Arnow aura choisi de nous montrer à travers son numéro de manipulation.
Pas d’histoire prédéfinie mais une succession de situations dans lesquelles son personnage évoluera.
Entrée en scène révolver en main.
Production d’une balle blanche qui sera son Leitmotiv.
Apparition d’un badge au matricule 007.
Un numéro à 100 à l’heure où Arnow nous montrera sa dextérité au travers de productions de balles, cartes et révolvers.
Le magicien, pro de la gâchette, utilisera le revolver pour marquer la fin de chaque séquence de manipulation. Bruitage d’hélicoptère, s’en suit une fusillade, le personnage est touché, de sa blessure jaillira une balle rouge. Enchaînement sur une routine de balles Excelsior.
Très joli passage lors d’une séquence fusillade, où le personnage chaque fois qu’il rechargera son arme laissera tomber une balle blanche sur le sol, symbolisant la cartouche vide.
De même manière, production de cartes au bout de ses doigts joints, mimant le revolver. Les cartes apparaissant entre chaque tir.
Final avec rose à la bouche, apparition de deux révolvers, un dans chaque main, explosion et gerbes d’étincelles sortant du canon des deux armes.
Ce numéro malgré son thème n’est pas dénué d’une certaine poésie.
De très jolis passages de manipulation !
LANCELOT
Rôle dans l’affaire : Le cerveau
Ne vous fiez pas aux apparences ! Sous ses airs de grand sage, Lancelot est un personnage à lui seul. Imprévisible et délirant sont les mots qui le qualifient. Nous serons d’ailleurs les témoins directs de l’un de ses délires, à travers un numéro de Mnémotechnie.
« Monsieur et Madame sont au restaurant, ils se disputent. Et oui monsieur a oublié leur anniversaire de mariage ! « ; Vous êtes en plein examen, vous vous rendez compte au moment de passer devant l’examinateur que vous avez oublié votre carte d’identité !
Heureusement les « pilules Lancelot » sont là pour redonner à votre esprit toute sa capacité mnémotechnique ! En vente après le spectacle ! 2 lots de 5 pour le prix de 10 ! Tarif spécial pour les enfants sur présentation de la carte senior !»
Sur ces quelques paroles, le ton du numéro est donné. 5 chaises côté jardin, 2 chaises côté cour et des pancartes numérotées de 1 à 20 au centre de la scène.
Les Rabatteurs passent dans les gradins et sélectionnent au hasard les 27 spectateurs qui se rendront sur scène pour assister Lancelot dans l’expérience qu’il se prépare à nous faire vivre.
Des instruments de musique sont distribués aux 5 spectateurs côté jardin.
20 spectateurs viendront se placer chacun derrière l’une des pancartes numérotées.
Les deux spectateurs restant viendront se placer sur les chaises côté cour.
Un jeu de 52 cartes est mélangé par un spectateur et une carte est distribuée à chacune des 25 personnes situées au centre de la scène derrière les pancartes et côté jardin. 20 cartes seront données à l’un des spectateurs côté cours, les 7 restantes seront confiées au dernier.
L’expérience peut commencer.
Lorsque Lancelot citera le nom d’une carte, le spectateur en ayant hérité lèvera les bras au ciel, s’il s’agit de l’une des personnes ayant hérité d’un instrument de musique (Crécelle, sifflet, maracas…) elle devra en jouer.
La partie commence, tout le monde se prête au jeu. Lancelot sera capable, grâce aux fameuses pilules du même nom, de citer le nom et l’emplacement des 25 cartes distribuées au centre et à jardin, dans l’ordre et dans le désordre. Au final, il nommera dans l’ordre les 27 cartes restantes confiées aux spectateurs côté cours.
Un numéro tout en humour avec participation active du public. Et une prouesse mnémotechnique d’une grande habileté !
AXEL ET NICO
Rôles dans l’affaire : Les patrons de la boîte de nuit
Place à l’univers de la Grande Illusion avec Axel et Nico.
1)La boîte miroir. L’un des magiciens fait son entrée, seul, sur scène et présente un gros cube vide.
Il monte dessus et sous couvert d’un drap, apparition d’un second magicien à ses pieds au dessus de la boîte.
2)Octocubus. L’un des magiciens prend place dans une boîte. Les portes sont verrouillées. Deux grandes cheminées sont encastrées dans la boîte.
A ce stade, les âmes sensibles penseront à ce pauvre magicien et sa position inconfortable. Mais le tour ne s’arrêtera pas là.
Une multitude de tubes seront enfoncés dans la boîte, la traversant de part en part. Au final, tout est retiré. Le magicien sort indemne de la boîte.
3)Une version de la malle des Indes. La 3ème illusion est une sorte de malle des Indes surélevée exécutée à la manière du magicien Hans Klock.
Sur la scène : une grande boîte transparente dans laquelle est enfermé l’un des magiciens. La boîte est surélevée par un pilier à quelques mètres du sol.
La boîte sera recouverte d’un drap.
Le second magicien se tient au sol, à quelques mètres de là, un grand drap noir entre ses mains. En une fraction de seconde, les deux hommes vont permuter.
Le magicien au sol se retrouvant enfermé à la place de son collègue, à l’intérieur de la boîte.
De très jolies illusions exécutée avec une grande fraîcheur par ces deux jeunes magiciens.
BILLY ZE KID
Alias Brice l’artiste
Rôle dans l’affaire : Le streapteaser
Sur la gauche, un guéridon avec un chapeau haut de forme.
Sur la droite un petit mur et derrière le mur un tableau représentant un paysage avec une colombe.
Le personnage de Billy Ze Kid rêverait de devenir un artiste. Il démarre son numéro par un éventail et une manipulation de cartes.
Apparitions de peignes avec final de peignes en éventail. Justification du côté narcissique des artistes ?
Billy nous entraînera ensuite dans un personnage qui rêve de devenir musicien avec l’apparition d’un violon. Il fera mine d’en jouer, et en l’absence d’un archet cela reste imagé.
Apparition d’un pinceau sous couvert d’un foulard. Palette et pinceau en main, le personnage veut maintenant devenir artiste peintre.
Il s’emploie à peindre l’œil de la colombe représentée sur le tableau.
Apparition d’une vraie colombe.
Billy enchaîne sur le souhait de devenir magicien avec une petite routine de boule Zombie se terminant par une lévitation de la boule en mime. Apparition d’un éventail et neige japonaise. Apparition d’un micro et chanson en play-back. Le public l’accompagne en frappant le rythme dans ses mains.
Au final, Billy nous fera l’honneur d’un streap tease complet en ombres chinoises sous les encouragements des demoiselles de la salle. L’écran tombe, mais au lieu de le découvrir nu comme un vers, comme nous l’aurions cru, Billy fera sa réapparition, vêtu d’un beau costume argenté.
Très joli final, avec gros impact sur le public.
PONKA ET RAVEN
(Championnat de France de magie, 3e prix FFAP Strasbourg 2005)
Rôles dans l’affaire : Le mac et la call girl
C’est sur la musique d’Aqua « Barbie Girl » que nos deux compères font leur entrée en scène.
Raven, petit bonhomme moustachu vêtu d’un costard blanc et d’un chapeau haut de forme.
Ponka, son assistante, armoire à glace, vêtue d’une mini jupe, d’un petit débardeur et coiffée d’une perruque rose fluo.
Tout en dansant sur le rythme de la musique, Raven dans un style un peu coincé ; Ponka dans un style dévergondé aux gestes brusques, ils exécuteront devant le public versant déjà des larmes de rire, un bonneteau aux cartes géantes.
En deuxième partie, ils présenteront une grande illusion, celle de la femme Zig Zag… ou plutôt de l’homme Zig Zag, l’assistante étant trop baraquée pour rentrer dans la boîte ! C’est sur la musique de « Chihuahua » qu’ils exécuteront ce dernier tour dans un style complètement burlesque. Une sortie de scène toute en finesse avec l’assistante qui, dans un geste d’amour, plaquera sa main sur le postérieur du magicien.
Une parodie de numéro kitch hilarante, à prendre au 5ème degré !
PILOU
(Champion du monde de magie FISM 2006, entre autres prix)
Rôle dans l’affaire : Le tricheur
« Paris a un enfant et la forêt a un oiseau ; l’oiseau s’appelle le moineau ; l’enfant s’appelle le gamin.
Accouplez ces deux idées qui contiennent, l’une toute la fournaise, l’autre toute l’aurore, choquez ces étincelles, Paris, l’enfance ; il en jaillit un petit être.
Ce petit être est joyeux. (…) et n’a rien de mauvais dans le cœur. C’est qu’il a dans l’âme une perle, l’innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue. Tant que l’homme est enfant, Dieu veut qu’il soit innocent.
Si l’on demandait à l’énorme ville : Qu’est-ce que c’est que cela ? Elle répondrait : C’est mon petit. »
Victor Hugo, Les Misérables
Si je cite ici cet extrait littéraire, c’est qu’il me semble convenir à merveille avec ce que traduit le personnage de Pilou. A travers ce gamin espiègle, ce Gavroche des rues, seul, sans amour, mais heureux d’être libre, Pilou nous entraînera au cœur d’un numéro qui respire la joie de vivre !
Pour seul décor scénique, un tonneau. Bien plus qu’un numéro de manipulation, c’est l’enfance à l’état pur qui nous est livré ici. Manipulation de cartes, apparitions de pommes, de journaux, jonglerie…
Petits gags avec apparitions de chaussures dans sa casquette, Pilou se retrouvant pieds nus sur scène souriant et sautillant. Final explosif de joie et de confettis.
Il me parait vain de vous décrire ce numéro dans son intégralité, j’ai trop peur d’en gâcher le contenu, il faut le voir pour comprendre. J’ai néanmoins été étonnée par une chose en particulier : cet adulte jouant le rôle d’un enfant. C’est quelque chose qui me parait très dur à réaliser, car même si nous en avons l’âme, le corps lui ne peut mentir. Ici il n’en est rien. Par quel mystère arrive t-il à cette perfection, je ne le sais, mais j’admire!
Samedi 31 mai :
2 numéros viendront s’ajouter à ceux décris précédemment.
GASPARD
Rôle dans l’affaire : L’artiste
Son numéro est un hommage au peintre surréaliste Magritte.
Pour mieux comprendre l’univers de ce peintre et sa conception de l’art, et donc du même coup le numéro de Gaspard, je vous invite à lire la petite biographie de Magritte.
Sur scène un paravent, avec une petite porte sur le côté gauche recouverte d’un voile et éclairée de l’intérieur, au milieu du paravent trône un tableau du maître surréaliste. Devant un petit guéridon avec divers objets dont une brique de jus d’orange. Gaspard fait son entrée sur scène en costume ordinaire. Il se rend derrière la porte, éteint la lumière et s’endors.
Le rêve de l’artiste commence. Change de costume lorsque Gaspard sort du paravent. Il est désormais vêtu d’un complet noir, d’un chapeau melon et d’un parapluie. Cette image est la représentation la plus connue du peintre, que nous pouvons également retrouver dans bon nombre de ses œuvres.
Quelques effets du numéro :
Production de CD de musique. Apparition d’une balle rouge, à l’image d’une pomme, il croquera dedans. Le morceau manquant apparaîtra aussi sur la pomme représentée dans le tableau du fond. Multiplication et routine de balles Excelsior qui apparaîtront également sur le tableau. Lévitation du guéridon. Celui-ci se tourne sur un angle de 45° avec tout le matériel posé dessus, y compris la brique de jus d’orange.
Au final, Gaspard s’en retournera à son sommeil, le rêve touchant à sa fin.
Un univers particulièrement difficile à décrire, de par son côté surréaliste déroutant et pas toujours explicite pour un spectateur non averti. Un très bel hommage malgré tout offert à la mémoire du peintre.
JEROME HELFENSTEIN
(Prix Diavol 1998, 1e prix FFAP 2000 en Close Up, Colombe d’or etc…)
Rôle dans l’affaire : Le second livreur
La magie de Jérôme n’est pas du déjà vu. Elle est singulière, novatrice, moderne, c’est une invitation au voyage. Terminée la magie d’Antan, le stéréotype que beaucoup ont encore à l’esprit ! Jérôme nous offre une renaissance de l’art. Là encore je ne saurais vous décrire ce nouveau numéro dans son intégralité, par peur d’en gâcher le contenu et la surprise.
Je me contenterais donc de quelques lignes en vous invitant à pousser par vous-même les portes de son univers.
Les rideaux s’ouvriront sur une vision quelque peut troublante : Un homme, vêtu sobrement, pauvrement, le regard vague, l’âme errante. A son cou, une corde avec un nœud coulant. Il ne fait aucun doute, cet homme est au bord du suicide. La longue corde traîne au sol formant quelques méandres ça et là. Elle relie l’homme à un arbre. Joli pommier couvert de fruits écarlates, gorgés de vie.
A son pied, un arrosoir, Leitmotiv du numéro. Ainsi commence le numéro, par un voyage dans l’esprit d’un homme torturé.
Ne vous fiez pas à ces précédentes lignes, car si cette vision vous paraît macabre, sachez que le numéro est emprunt d’une grande poésie et d’un sentiment très fort : celui de l’espoir. La dernière petite flamme qui anime cet être, le rendant si attachant, si vrai et si pur.
Chaque objet présent sur scène est doté d’un rôle spécifique. Pas de superflu. Chaque chose, chaque geste possèdent une signification, une symbolique, un véritable sens qui nous transporte aussitôt dans ce monde à la fois réel et virtuel. Mélange de magie, de mime, de jonglerie…
Fatalité, résignation, espoir, bien, mal, poésie, malaise, naïveté, sagesse, enchantement, tels sont les mots qui à mon sens qualifient ce magnifique numéro. Espoir oui. Et pas seulement pour le personnage de ce numéro. Mais également pour une évolution de la Magie à travers la vision novatrice de ce magicien.
Le dénouement de l’affaire :
Le détective Mike Art fait son entrée en scène, calepin en main. Après cette série d’interrogatoires il a réussi à reconstituer l’affaire et démasquer le coupable du vol.
Le commanditaire ? L’Ancien bien sûr ! Il a tout organisé ! Le vol de la statuette, la revente, l’assurance…
Quand aux autres, ils étaient tous complices ! Mais faute de preuves ils ont été relaxés.
C’est sur cette énigme résolue que s’achève l’affaire, et du même coup le spectacle.
Une 6ème édition très réussie pour l’association Rendez-vous Magique de Grenoble qui a frappé très fort cette année !
Un gala particulièrement original de par sa présentation et très riche de par son contenu.
Pour ma part, c’est sans conteste que je vous dis : à l’année prochaine !
A lire :
– Le compte-rendu de la 5ème édition du Rendez-vous magique en Isère.
– Le compte-rendu de la 8ème édition du Rendez-vous magique.
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