Lors de la Deuxième journée française d’histoire de la magie qui a eu lieu le 13 juin 2009 à Paris, nous avons pu constater combien Jean Régil chérissait et puisait son inspiration dans tout ce qui a trait au spectacle.
Voici de nouvelles vidéos commentées de plusieurs « bêtes de scène ».
1- Sammy Davis Junior (1925 – 1990) artiste américain touche-à-tout génial, danseur, chanteur, comédien, musicien et show man exceptionnel.
Au début il parle de Michael Jackson : « c’est un vrai fils pour moi, il est fantastique, il m’emprunte mes bandes…».
Puis Sammy Davis Junior imite parfaitement Michael Jackson dans sa chanson « Bad » avec toutes ses mimiques.
A la fin de sa parodie, lorsqu’il se remonte les orphelines il ajoute : « pas étonnant qu’il chante si haut »
Il entonne ensuite une chanson Music of the night, tirée du Fantôme de l’Opéra (1). Il interprète magnifiquement l’histoire d’un homme défiguré qui vit dans les égouts. Un jour, celui-ci entend la voix d’une femme et il tombe immédiatement amoureux. A tel point qu’il emmène cette femme dans son égout et qu’il essaye de lui expliquer son amour.
Jean Régil commente : « Cette chanson dure cinq minutes, sans changement de plan (aujourd’hui les changements de plans n’arrêtent pas) avec seulement une douche et une poursuite (aujourd’hui l’artiste est inondé de lumières qui viennent de partout). »
(1) Célèbre roman de Gaston Leroux publié en 1910.
2- Michael Jackson (1958 – 2009) adorait la magie.
Jean Régil raconte une anecdote vécue par John Gaughan et toute la famille proche du chanteur qui suivait la répétition d’une grande illusion de type Asrah. (Célèbre lévitation inventée par Servais le Roy).
Lorsque Michael tombe dans la boite quelqu’un se précipite et demande aussitôt : « Michael, are you all right ? »
« Yes, I am ok ! » Répond une petite voix fluette d’outre tombe !
3- Attraction de Vaudeville = Music hall en Angleterre et Vaudeville en France (à ne pas confondre avec les pièces de théâtre de boulevard).
Il existait plusieurs stades : au début, stade un, on vous autorisait à jouer en étant mal payé devant un public bas de gamme qui n’hésitait pas à vous balancer des tomates au moindre faux pas. C’était formateur… Charlie Chaplin est passé par là.
Si vous étiez considérés comme bons on vous faisait jouer au stade deux puis trois. Avec un public de plus en plus facile et vous étiez de mieux en mieux payés !
a) Les Wiere Brothers présentés par Jerry Lewis. Dans la pure tradition des Marx Brothers (2) ou des Frères Jacques. Ces comédiens savent tout faire, chanter, danser, jongler, etc. Le numéro est peaufiné au cours des années, le résultat est formidable.
(2) « Je suis marxiste, tendance Groucho », disait je ne sais plus qui.
b) Le Slow Burn, l’art du comique lent a été créé par Stan Laurel (le partenaire d’Oliver Hardy). Avant, pour être drôle il fallait aller vite. Nous avons aussitôt la preuve du contraire avec le sketch de Jerry Lewis face à Raymond Burr (personnage principal de la série l’Homme de fer) .
c) Le numéro des Chesterfiels par Gilles Margaritis et Roger Caccia repris pour la Piste aux Étoiles en 1966.
Tout le sketch Largo Haendel repose sur les expressions du visage au millimètre de Roger Caccia qui ne dit rien.
Ce grand numéro burlesque de douze minutes était fait pour piéger un public non prévenu. L’accompagnateur Roger Caccia arrive en retard, se montre maladroit, modifiant la position de ses partitions ou de son coussin pendant un long moment sous le regard courroucé de Gilles Margaritis…
Au cours de ces trois dernières saynètes tous les magiciens présents sont écroulés de rire. Quelle leçon !
4- Fred Astaire (extrait non montré)
5- Le Pierrot de Valdès
Le lyonnais Jean Valdès fabriquait lui-même ses marionnettes.
C’était un gitan, un vrai artiste qui exprimait la tristesse cachée derrière la joie. Son personnage se présentait d’abord avec un visage souriant. Puis il retirait son masque et son vrai visage apparaissait. Il était d’une infinie tristesse. Sur l’air de l’adagio d’Albinoni, ce dernier passage est inoubliable. Atteint d’un cancer, il se savait perdu, il donnait une sensation de souffrance à sa marionnette et c’est toujours bouleversant de voir ce numéro d’une rare poésie.
6- Hommage à Samy Davis Junior pour ses soixante ans de carrière. (Quelques mois avant sa mort)
a) Gregory HINES dans un numéro de claquettes époustouflant. Gregory explique alors à Sammy Davis Junior que c’est à lui qu’il doit sa vocation. Sammy Davis le rejoint sur scène (il sort de l’hôpital et y retournera le lendemain).
Le duo est superbe de gaîté et de qualité. A la fin, Gregory Hines se baisse jusqu’au sol pour lui embrasser les pieds.
Commentaire de Jean Régil : « c’est important de bien faire son métier, car cela donne envie aux jeunes. Il y a tout dans cet extrait : l’humain, l’amour et la mort. »
Nate Leipzig conseillait ceci à Dai Vernon : l’important, le but ultime est que les gens vous aiment.
b) Sammy Davis Junior à cinq ans (extraits). C’est déjà une bête de scène.
c) Hommage de Michael Jackson à Sammy Davis Junior.
Extraits de la chanson You Were There : « Tu étais là avant nous, tu as encaissé les coups, tu as subi la honte…Oui tu étais là et nous t’en remercions, tu nous as ouvert le passage, et nous sommes là pour donner le meilleur de nous, oui je suis là, parce que tu étais là, avant » (3).
Magnifique moment d’émotion.
(3) Sammy Davis a été un des premiers noirs célèbres du Show-Biz. Il avait un humour très particulier. A une personne lui demandant son « handicap » pour s’inscrire à un club de golf, il répondit : « Je suis borgne, je suis juif et je suis noir ! Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? »
Commentaire de Jean Régil : « à la seconde ou Michael Jakson arrive sur scène, s’immobilisant dans la brume et les faisceaux, on sent que c’est un pro. »
7- Sacha Guitry
Dans cet extrait du quatrième acte de la pièce Deburau, Guitry parle du métier d’artiste et délivre ses conseils à un jeune acteur débutant.
extraits de ce dialogue :
« En scène sois léger, simple, charmant. Ne sois jamais vulgaire et pas trop intelligent. Adore ton métier, c’est le plus beau du monde. Il apporte l’oubli du chagrin et des maux. »
« Tu verras ce que c’est qu’une salle qui rit. N’oubli pas de les faire rire. »
« Laisse la gloire à ceux qui font pleurer. Soit un pitre, fais rire le public, dissipe sont ennui. On se souvient toujours si mal de ceux qui nous ont fait du bien. »
A méditer…
8- Broadway un final
Jean Régil : « Le Vaudeville final est la chanson qui termine une pièce, et dont chaque personnage chante un couplet. C’est très joyeux. Toutes les générations et tous les physiques sont représentés. Chaque spectateur peut s’identifier, contrairement aux shows actuels où tous les acteurs sont des canons. »
9- Clip de fin
« There is no business like show business » est la chanson la plus reprise pour tous les finals du monde du Music Hall, ici avec des extraits de Jacques Brel, Sammy Davis, Liza Minnelli, Franck Sinatra et Sweet charity de Bob Fosse.
10- Pour terminer :
une causerie intime de Jean Madd où il explique le plus grand des secrets ; celui où passe l’amour et le cœur.
Nous sommes sous le charme.
Jean Régil vient de nous présenter des scènes parfois rares dont le montage lui a demandé trois mois de préparation.
Il précise qu’aujourd’hui ces artistes extraordinaires n’auraient probablement pas leur place dans des émissions comme « incroyable talent » pour une simple question de temps d’antenne…
11- Livre recommandé, Maximum Entertainement par Ken Weber (2004) où vous pourrez trouver entre autre les six piliers du succès, maîtriser la technique, faire preuve d’humanité, contrôler les mouvements, enlever les points faibles, posséder un bon climax, etc.
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