Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Quand j’étais petit, je voulais être prof, journaliste et magicien le week-end. L’univers des secrets m’a toujours fasciné. Comme beaucoup d’illusionnistes (outre un père qui savait faire un ou deux tours amusants), j’ai eu ma première mallette de magie à 4 ou 5 ans. Plus grand, j’ai pris plaisir à amuser la famille et les amis avec quelques pirouettes incompréhensibles.
Mais le vrai départ à lieu à l’âge de 16 ans quand j’ai franchi l’entrée d’une vieille boutique de magie dans la station de métro de Charing Cross à Londres. J’y ai flambé tout l’argent de mes vacances, y ait passé presque toutes mes après-midi et suis rentré en France des paillettes plein les yeux.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
A partir de ce moment là, j’ai commencé à effectuer de plus en plus de tours, à acheter toujours plus de matériel et j’ai pris conscience que le truc et le secret ne suffisent pas. Et pour paraphraser partiellement Robert-Houdin, le magicien est d’abord un comédien. J’ai donc pris des cours de théâtre et d’improvisation pendant plusieurs années mais aussi des cours de chant (j’en prends maintenant depuis 20 ans avec une vieille dame de près de 100 ans qui est extraordinaire).
J’ai lu de nombreux livres mais n’ai pris que 10 cours de manipulation de cartes avec une jolie magicienne aux cheveux longs (je ne sais pas si ce sont ses yeux ou ses manipulations qui me plaisaient le plus !). C’est en autodidacte que j’ai donc effectué un premier spectacle dans un Centre Culturel. Ce jour là plusieurs « décideurs » étaient dans la salle et m’ont rappelé pour d’autres aventures…
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
La pratique de l’hypnose a, je pense, été complémentaire car elle permet de mieux « sentir » le spectateur. Je me suis fait une ou deux frayeurs il y a longtemps en utilisant des procédés chimiques pour des expériences spectaculaires. J’ai donc enlevé toute chimie des tours que je pratique !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
La prestidigitation (ou le mentalisme car j’en fais de plus en plus) est une passion. Elle est là, à côté de mon métier premier de journaliste radio. Le livre sur Les secrets des mentalistes est le dixième que j’ai écrit sur la magie.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Il y a de nombreux magiciens qui sont très bons aujourd’hui. Mais je n’ai pas une vedette en tête. C’est le tour et la façon de le présenter qui sont uniques et mémorables. Reste que mon enfance a été marquée par celui qui était l’un des premiers magiciens à la télé : Gérard Majax.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime beaucoup pratiquer le mentalisme mais moins le voir (je connais trop les ficelles). Du coup j’aime la magie simple (plutôt de close-up). J’aime aussi la magie comique. Mon co-auteur (Tibor) me fait beaucoup rire car il rate parfois ses tours et c’est très drôle (car il ne le fait pas exprès !). Où il est extraordinaire, c’est qu’il est capable d’inventer des variantes extrêmement surprenantes de tours déjà existants. Ce que je déteste le plus : les magiciens qui sont plus lourds que lourds et ceux (beaucoup trop nombreux) qui ont un égo tellement important qu’il leur serait impossible de porter un chapeau haut de forme !
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je pense qu’un magicien doit se « nourrir » de tout. Le truc en lui même ne suffit pas pour créer la magie. Et « la magie, c’est quand l’âme agit ! »
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Aujourd’hui, il est aisé de se former : entre les livres, les DVD, Internet et ses milliers de vidéos, les boutiques de magie qui sont assez nombreuses en France. Le vrai secret : du travail pour maitriser quelques tours et les tester auprès de la famille et des amis proches pour se faire la main avant de se frotter à un public inconnu.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je suis très bon public. J’ai toujours mes yeux d’enfants quand j’assiste à une représentation.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Plus un magicien possède de « casquettes » différentes, plus il est riche et peut puiser dans ses différentes connaissances.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La magie ou plutôt les différents types de magie occupent une place importante dans les loisirs. Le chant vient rythmer également les semaines. Et la vie n’est-elle pas un théâtre merveilleux ?
– Interview réalisée en octobre 2016.
A lire :
– Les Secrets des mentalistes de Pascal Le Guern et Tibor (Editions Mazarine, 2016).
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