Mystère est le premier show permanent du Cirque du Soleil à Las Vegas. Sa création remonte à 1994. Toujours à l’affiche, plus de 20 ans après au Treasure Island, Hôtel-casino, ouvert en 1993 sur le thème des Antilles et des pirates.
La salle du Treasure Island a été spécialement conçue pour le spectacle avec un impressionnant système d’escamotage scénique ! Une marque de fabrique qui sera reprise, avec différentes variantes, dans pratiquement tous les spectacles suivants de la compagnie. Le plus impressionnant étant peut-être le plan incliné à la verticale de Ka.
Nous pénétrons dans une remarquable grande salle à l’italienne avec, au-dessus de nos têtes, une grande coupole décorée de tissus représentant des bateaux et des fleurs des vents. La scène est encadrée à cour et jardin de niches, habillées de projections en camouflage végétal, pour les musiciens et les comédiens. Le plateau est immense et s’avance jusqu’au milieu de la salle par un praticable.
Introduction
Sur scène sont disposés deux landaus et on entend des bébés pleurer. Un ventriloque arrive sur scène avec sa marionnette en forme de chenille (assez laide), il sera le monsieur loyal de la soirée intervenant ponctuellement.
Il y a aussi un trublion qui passe dans les rangs de la salle et vient perturber le spectacle. C’est une espèce de clown moderne qui va faire le lien entre les spectateurs et le monde scénique. La scène s’escamote et apparaissent des danseurs et des musiciens. Des gros tambours tombent des cintres et un autre personnage principal, représentant un homme oiseau, fait son apparition.
Un gros bébé (joué par un adulte) joue avec un ballon et interpelle une personne dans la salle en croyant reconnaître son père. Gentillet et vieillot.
Cube aérien
Un jongleur acrobate fait pivoter un grand cube métallique avec une facilité désarmante, lançant la structure haut dans les airs et la rattrapant le plus simplement du monde. Impressionnant mais une discipline vue depuis dans pas mal de cirque…
Mâts chinois
Des créatures masquées, à double faces, semblables à des plantes-araignées, grimpent sur des mâts. Les mouvements des artistes symbolisent la vie organique qui se perpétue et qui grandit. Les acrobates réalisent des équilibres incroyables et finissent par constituer une pyramide végétale. Le plus beau tableau du spectacle.
Clown
Le trublion-clown revient par le sous-sol de la scène avec une échelle et prend une photo de la salle à 360°. Le monsieur loyal vient pour le chasser mais tombe dans la fosse de la scène (effet spectaculaire).
Le grand bébé revient pour retrouver son père dans la salle et prend à parti un spectateur. La tête d’un gros escargot gonflable apparaît de la fosse…
Main à main
L’incarnation d’un véritable tour de force et de résistance exécuté par deux hommes sur un dôme rotatif. Un numéro qui conjugue force pure, équilibre et précision.
Le main à main est devenu, depuis 20 ans, une discipline à la mode et tous les cirques nous proposent leurs numéros qui se ressemblent tous ! Un ras-le-bol pour les spectateurs qui veulent voir de la nouveauté ou, à défaut, de l’originalité.
Tissu aérien
Semblant tombé du paradis, l’acrobate est l’incarnation d’un être mi-mortelle mi-divine reliant la terre et le ciel. Le ruban disparaît dans les airs et fait apparaître une trapéziste dans une belle transition.
Le grand bébé revient pour emmener son père avec lui dans une petite voiture motorisée. No comment.
Bascule et trampoline
Un impressionnant tableau où les athlètes, habillés de costumes impressionnistes et de perruques du XVIIIe, défilent à toute vitesse, à l’horizontale, sur un trampoline en forme de U ouvert.
Clown
Une plateforme scénique monte avec dessus un échassier habillé en Diable et une grosse boîte d’où sort le trublion du début. Celui-ci fait venir un spectateur sur scène et l’enferme dans la boîte constituée de barreaux au dos. Pendant ce temps, il va draguer la femme du spectateur dans la salle en lui proposant un verre de champagne. Un homme oiseau arrive sur scène et subtilise la clé de la boîte au trublion et libère le spectateur qui retrouve sa femme.
Trapèze
Des rêves prenant forme, nés des espoirs que suscite le nouveau millénaire. Le mouvement de pendule des trapézistes illustre l’écoulement sans fin du temps. Classique mais efficace.
Escargot
La fosse s’ouvre et réapparait l’énorme escargot gonflable à tête humaine (?) qui s’avance vers le public. Le reste des artistes entourent l’animal et saluent la salle.
Conclusion
Que reste-t-il de cette première création pour Las Vegas, 22 ans après ? Une impression mitigée. La scénographie, les costumes, la musique sont toujours aussi impressionnants. Le dispositif scénique qui fait apparaître ou disparaître les artistes est le gros point fort de ce show. La scène permet toutes les fantaisies et rend vraiment magique les transitions entre les tableaux. Les costumes sont d’une grande beauté et mixent judicieusement les formes organiques, minérales et animales avec les corps des athlètes. Enfin, la musique composée par René Dupéré est toujours aussi intemporelle.
Par contre, la mise en scène, l’histoire et les performances des circassiens ne sont plus au goût du jour. L’absence de logique et de narration font perdre pied à un moment donné. On ne saisit pas tout des différents personnages et des tableaux et l’escargot semble déconnecté du reste. Les disciplines, bien que parfaitement exécutées, restent sur un registre classique de présentation et n’ont pas le grain de folie des dernières créations du Cirque du Soleil, à part le tableau des mâts chinois. Outre l’intérêt historique du spectacle, Mystère semble être arrivé à bout de souffle et gagnerait à être remplacé par un autre spectacle de la compagnie qui n’en manque pas !
A lire :
– Le compte-rendu de Jean Merlin lors des premières représentations de Mystère dans son fabuleux livre Vegas, les vrais secrets (1995).
– Michael Jackson ONE.
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