Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon premier déclic remonte à l’âge de huit ans, quand un oncle a réalisé un tour de cartes lors d’un repas de famille. J’avais deux livres de magie à la maison, j’essayais de m’initier avec beaucoup de difficultés. Je m’endormais en voulant faire rêver les gens grâce à la magie, je voulais posséder un pouvoir pour rendre les gens heureux. Ce rêve s’est enfoui pendant de longues années avant de ressurgir des dizaines d’années plus tard.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
En 2008, le premier pas en spectacle de magie fût franchi lors du mariage de ma sœur, je mélangeais théâtre et magie pendant vingt minutes, dans un personnage reprenant Antonio Banderas dans Desperado. Une belle ovation s’en suivit, l’idée de progresser commença à germer. J’ai commencé à apprendre avec un ami magicien. La même année, mes voisins m’ont demandé de faire du close-up, j’ai acheté mes deux premiers DVD, FP, l’arme absolue de J.B. Chevalier et Au Cœur de La Magie de Sylain Mirouf. Je me suis inscrit au cercle de magie de Bretagne pour échanger, et faire évoluer ma magie. Les conférences de magiciens et les master class permettent également d’apprendre mieux et plus vite. En 2016, Roger Chabin président du Mental Art Magie m’a encouragé à me présenter sur mon premier concours (Festival International des stars de la magie et du cirque), ceux-ci permettent d’avoir des retours de magiciens et mentalistes expérimentés.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Il y a des paliers qui permettent de progresser. J’ai fait cinq ans de théâtre et cela vous pousse à travailler la diction, les déplacements scéniques, le jeu d’acteur. Grâce à ces années, j’ai pu construire mon personnage magique, Mr Z. Des opportunités, il y en a eu, et je peux remercier toutes ces personnes qui ont cru en moi. Franck, mon ami magicien qui a su trouver les bons mots à mes débuts et qui est toujours présents à chaque fois que j’ai besoin d’un conseil. La rencontre avec Pierre-Yves, le propriétaire du magasin de magie Abracadabreizh qui est devenu un ami. Arnaud Leray, un metteur en scène extraordinaire. Gérard Souchet, à mes débuts, autant pour le close-up après le spectacle du Festival International de Magie que pour les rencontres avec les artistes du festival, tous ces échanges vous enrichissent. Et récemment, l’OEDM et Antoine Salembier qui savent être à l’écoute pour améliorer notre numéro.
Dans quelles conditions travaillez-vous ? Quels sont vos domaines de compétence ?
Je possède un atelier de stockage, un pour le bricolage et une salle de répétition. Pour les gros shows nous réalisons des résidences de plusieurs jours avec les techniciens dans des salles adaptées. Selon les prestations, on se déplace en voiture avec remorque ou camion. J’ai de bonnes compétences de mise en scène, d’écriture et d’acteur, je suis également créatif et inventif. Être magicien c’est aussi posséder certaines capacités en tant que commercial, créateur et décorateur de matériel et costumes.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Le spectacle d’Arturo Brachetti et Le Festival International Vive La Magie à Rennes avec ses différents artistes ont alimenté mon désir d’aller plus loin pour devenir magicien professionnel. Mikaël Szanyiel, Voronin, Hugues Protat et le duo Scott & Muriel en magie comique excellent dans leurs domaines, ils sont de véritables exemples pour moi. En mentalisme, les spectacles de Derren Brown et Viktor Vincent m’ont fait comprendre à quel point il fallait travailler dur pour exceller dans ce domaine artistique.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’apprécie beaucoup la magie comique qui a donné naissance à notre spectacle Illusionnaute, où je suis sur scène avec Mzelle Pomme. J’aime bien intégrer des grandes illusions dans nos spectacles de magie théâtralisée. Le mentalisme, et la magie ésotérique (séance de médium de l’époque Victorienne) ont une belle part dans nos univers de spectacles. Cette dernière nous a permis de remporter des concours et d’être sélectionné au championnat de France FFAP 2022 à Poitiers dans la catégorie « mentaliste » avec notre numéro Esprit de Cayce.
Quelles sont vos influences artistiques ?
David Stone (livre : Close-up, les vrais secrets de la magie et DVD), Eric Leblon et Etienne Pradier ont été pour moi une grande source d’inspiration et de connaissance à mes débuts en close-up, ils le sont toujours. Pour mes créations, je suis beaucoup influencé par l’univers de Jules Verne, les films de Tim Burton et la folie de ses personnages. J’ai pu découvrir Eugene Burger, j’ai dévoré son livre Théâtre spirite. J’écoute beaucoup de musique, et certaines me donnent ce déclic qui ouvre un chemin à prendre pour un numéro ou une ambiance pour un spectacle. J’aime aussi puiser pour créer un personnage ou un tempérament, dans mon quotidien les personnes que je rencontre. J’exagère un ou plusieurs traits de caractère, une caricature en ressort. Le personnage de Bernardo (Gene Sheldon) dans Zorro a été une bonne source d’inspiration à mes débuts.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je lui conseille d’intégrer un club de magie, ou un groupe de magiciens, ça permet d’échanger et d’avancer plus vite sur les connaissances des arts magiques. De prendre des cours de magie avec un professionnel. Et après de travailler dur les routines, seul puis en public. Un regard extérieur permet d’évoluer plus rapidement. Surtout, de bien réfléchir aux achats car aux débuts tu as tendance à être boulimique en matériel de magie et avec le temps ça reste dans les tiroirs. Je lui dirai de foncer vers des conférences de magiciens et des masters class (ateliers magiques), et d’aller voir des festivals de magie. Et s’il a l’esprit compétitif, monter un numéro et le présenter sur des concours.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
De plus en plus de festival de magie ont lieu en France, et d’un grand niveau, avec de belles découvertes. J’ai le sentiment que les gens souhaitent fortement avoir des spectacles de cette qualité. Cela est extrêmement positif et crée de la demande, autant avec les particuliers que les entreprises. Il y a une très belle effervescence autour de la magie et du mentalisme. Depuis la fin du confinement, le travail ne manque pas.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Posséder une culture littéraire, musicale et cinématographique est très important pour développer son imaginaire. Faire en sorte que votre spectacle ou votre personnage emmène vos spectateurs dans une immersion totale. Regarder des concerts permet de voir les dernières technologies en lumière.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La pratique du VTT et la course à pied sont des bons moyens d’entretenir son corps et son esprit. Cela me permet de partir quelques heures en pleine nature et de me ressourcer. J’aime bien planifier deux treks de plusieurs jours en randonnée à pied dans l’année, en total autonomie. J’aime toujours jouer au basket-ball, trainer dans les salles voir des matchs de haut niveau. J’adore le cinéma, une grande source d’inspiration artistique.
– Interview réalisée en octobre 2022.
A visiter :
Crédits photos : G’Exprime, Sten Du Parc, Sophie Stanlnikiewicz. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.