Né en 1959, le polonais Michal Batory est diplômé de la prestigieuse Ecole Nationale des Arts Plastiques de Lodz, Il s’installe à Paris à la fin des années 1980. Ayant étudié la photographie et le dessin (qu’il pratiquait six heures par jours), Il s’est naturellement dirigé vers « l’affiche », un média universel regroupant ces deux disciplines, largement diffusé et permettant de facilement communiquer avec les gens. Touche à tout, Michal Batory expérimente d’autres pratiques pour construire et finaliser ses visuels. Il maîtrise l’art du collage et du photomontage dans la pure tradition des affiches polonaises et du surréalisme. Il est également expert en retouche numérique. Les travaux de Michal Batory sont, le plus souvent, une association incongrue de deux objets ou de deux idées qui engendrent la surprise, l’insolite, l’humour, la poésie et l’émotion.
Secrets de fabrication
Bienvenue à l’intérieur de l’atelier de l’artiste, reconstitué le temps d’une exposition personnelle. Dans cette première partie est présenté son travail de recherche préparatoire regroupant des carnets de croquis et des « maquettes-sculptures ». Michal Batory fabrique des petits assemblages, des montages plastiques bricolés, ressemblant à une sculpture, qu’il prend ensuite en photo. Pour finaliser ses photographies, il les retouche légèrement grâce au logiciel Photoshop. C’est là que se situe le coup de maître et l’alchimie particulière qui se dégage de ses images : une retouche discrète et efficace, qui ne dénature pas le travail original mais qui le transcende comme un acte purement magique !
« Pour trouver l’idée d’une affiche je dois d’abord recueillir le maximum d’informations sur le sujet que j’ai à traiter. Je lis, je rencontre les metteurs en scène, les chorégraphes. Après ce travail de documentation, je réalise dix à quinze croquis, ce qui me permet d’éliminer les mauvaises idées. Dans le croquis, tu peux tout imaginer. Après, je choisis une ou deux bonnes pistes et je commence à les réaliser. A ce moment là une nouvelle question se pose : comment réaliser cette idée ? Est-ce la peinture, la photo, l’un et l’autre ? » M. Batory
Les commanditaires
La deuxième partie de l’exposition regroupe une centaine d’affiches illustrant, principalement, les domaines de la danse, du théâtre, de la littérature et de la musique. La première aventure de Michal Batory avec l’affiche eut lieu en 1994 pour le Théâtre de la Colline à Paris. Une collaboration qui durera trois ans. Jusque là, habitué à travailler avec le photographe Myr Muratet et ayant des idées très claires sur les prises de vues et la lumière, il décide de faire bande à part en travaillant seul à la réalisation de ses projets à venir, pour éviter tout conflits artistiques.
De 1996 à 2002, il travaille sur les affiches des saisons musicales de l’IRCAM (l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) en composant des instruments hybrides à base d’éléments incongrus. Il construit des images volontairement ludiques pour essayer de réduire le fossé entre la création contemporaine et le public non averti.
De 2001 à 2008, il réalise les pochettes des disques « Signature » de la collection Radio France en faveur de la musique expérimentale et contemporaine. Il utilise la calligraphie à l’encre de chine appliquée avec les doigts. Parallèlement Batory collabore avec la salle de spectacle l’Arsenal à Metz de 2001 à 2004 pour des affiches de concerts et de chorégraphies.
De 2001 à 2009, il signe les affiches du Théâtre National de Chaillot. Une collaboration artistique très fructueuse, et de loin son meilleur travail à ce jour. Il faut dire que l’affichiste avait l’opportunité de rencontrer chaque chorégraphe et metteur en scène pour lequel il devait réaliser le visuel. Ceci lui permettait d’être au cœur du sujet et d’enrichir ses recherches préalables de documentation, faisant alors un travail de type journalistique autour des questions de la lumière, du décor, de la mise en scène, ou encore des intentions.
« Dans chaque image, il y a une métaphore. Chaque image à un sens. C’est quand il y a du fond que l’image peut devenir un tout petit peu plus éternelle qu’une image uniquement formelle. » M. Batory
Michal Batory est capable de toutes les audaces. Lâchant ses bricolages visuels, il réalise en 2010 un objet singulier pour la chanteuse Claire Diterzi : la Kalachguitare, conçue pour le spectacle Rosa la rouge et figurant sur l’album éponyme.
A lire :
– Michal Batory, Posters and graphic works (Edition Serge Malik, 2004).
L’ exposition Michal Batory, Artisan de l’affiche s’est déroulée du 20 janvier au 30 avril 2011 aux Musée des Arts Décoratifs de Paris. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Michal Batory. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant droits, et dans ce cas seraient retirés.