La Fondation LUMA a été créée en 2004 par Maja Hoffmann à Zurich, en Suisse, afin de soutenir la création artistique dans les domaines des arts visuels, de la photographie, de l’édition, des films documentaires et du multimédia. Considérée comme un outil de production, la Fondation produit, soutient et finance des projets artistiques qui visent à approfondir la compréhension des questions liées à l’environnement, aux droits de l’homme, à l’éducation et à la culture.
En 2013, Maja Hoffmann lance LUMA Arles, un campus créatif interdisciplinaire où à travers des expositions, des conférences, du spectacle vivant, de l’architecture et du design, des penseurs, artistes, chercheurs, scientifiques, interrogent les relations qu’entretiennent art, culture, environnement, droits humains et recherche.
En juin 2021, la fondation ouvre son propre espace sur le Parc des Ateliers, un ancien site industriel de réparation et de construction de locomotives construit sur une partie de l’ancienne nécropole antique des Alyscamps au XIXe siècle. A la fois lieu de production et d’expérimentation pour les artistes comme pour le grand public. La tour LUMA se propose d’accueillir chaque année des expositions d’artistes majeurs, des œuvres de grandes figures de la création contemporaine, des commandes spécifiques et des projets in-situ. Des archives d’artistes, de photographes ou d’expositions, sont accessibles dans des conditions dignes des plus grandes institutions internationales.
La tour
La tour conçue par l’architecte star Frank Gehry et construite de 2014 à 2021 se veut comme une nouvelle proposition de ce que peut être un bâtiment culturel au XXIe siècle, en hommage à l’histoire de la ville d’Arles et de sa région. Tout d’abord à l’architecture romaine1 avec le « roman plan » de la rotonde à la base de la tour qui fait référence aux arènes antiques. Ensuite aux paysages des collines des Alpilles qui absorbent la lumière et colore la pierre comme le bâtiment le fait avec l’utilisation de plaques métalliques brillantes qui captent et renvoient la lumière et pénètrent dans le tambour de verre du rez-de-chaussée. Enfin, les murs des ascenseurs sont recouverts de carrés de sel cristallisé renvoyant à la production des salins locaux2.
La tour de 15 000m², aussi haute que large (56 mètres de haut sur 54 mètres de large), est composée de trois matériaux principaux : l’acier, le béton et le verre. Le bâtiment est construit comme un millefeuille en différentes couches superposées. Ses douze niveaux exploitent 2000m² de surface pour les expositions dans un espace labyrinthique. Les espaces intérieurs permettent différents usages, publics ou privés, des sous-sols à la terrasse panoramique du 9ème étage. On y retrouve un hall d’exposition de 1000m² nommé Galerie principale qui propose un espace d’un seul tenant sans pilier porteur, deux halls d’expositions de 500 et 350 m², un café-restaurant, un auditorium de cent-cinquante places, des ateliers d’artistes, une bibliothèque, des espaces d’archives (consultation, conservation), des espaces dédiés à l’événementiel et des salles de séminaires et des bureaux.
Dans une salle spécialement aménagée avec d’énormes photographies de la ville d’Arles, on peut découvrir les différentes maquettes qui ont servi aux recherches de la tour de Frank Gehry et son implantation sur le Parc des Ateliers (en version accélérée).
La collection
La tour expose une collection permanente, in situ, faisant partie du bâtiment dès sa construction comme l’énorme miroir tournant (Take your Time, 2008-2021) du danois Olafur Eliasson installé au-dessus de l’escalier à « double révolution » de Frank Gehry, ce qui permet de contempler cette prouesse architecturale conçue comme un trompe l’œil géant sur le modèle de Léonard de Vinci au château de Chambord. L’œuvre de Carsten Höller, Isometric Slides (2020) est un étonnant toboggan à « double révolution » (dialoguant avec l’escalier de Gehry) qui permet de descendre du 2ème étage au rez-de-chaussée.
Concernant les expositions temporaires de ce mois de mars, pas beaucoup de choses accessibles au grand public avec beaucoup d’art conceptuel. On notera également une utilisation de l’espace pour le moins minimale, donnant une impression de vide non exploité à cette tour.
Le parc
Un parc paysager a été conçu par Bas Smets de 2017 à 2021 et composé de jardins s’inspirant de la région, de la biodiversité du parc régional de Camargue où un écosystème a été recréé artificiellement. Le Parc des Ateliers a vu la réhabilitation de différents bâtiments dont La grande hall, Les forges, la mécanique générale, la formation et le réfectoire.
Notes :
1 La ville d’Arles possède un incroyable patrimoine architectural romain et roman classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1981. Les huit monuments concernés sont exceptionnels de par leur conservation. L’église romane Saint-Trophime et son cloître (XIIe et XIVe siècle). L’ amphithéâtre romain (Ier siècle) d’une dimension de 136m x 107m pouvait accueillir environ 21 000 spectateurs. Le théâtre antique (Ier siècle av. J.-C) bâti au cœur de la cité. Les cryptoportiques (Ier siècle av. J.-C), souterrains du forum romain aujourd’hui disparu. Les thermes de Constantin (IVe siècle), lieux publics des plus fréquentés et partiellement dégagés. Les vestiges des remparts romains. Le site des Alyscamps (IVe siècle), l’immense nécropole romaine et médiévale dont il reste un site romantique composé d’une église romane, de chapelles et d’une allée de sarcophages aménagée au XVIIIe siècle par les frères minimes. Pour compléter la visite de la ville, il faut absolument se rendre au Musée Départemental Arles Antique qui conserve des pièces archéologiques romaines de premier ordre : sculptures, mosaïques, céramiques, amphores… Les pièces maîtresses étant les tombeaux et le fabuleux chaland, bateau à fond plat de trente et un mètre de long, découvert en 2004 et exposé depuis 2013.
La tour de Gehry fait également penser à la tour Magne de Nîmes, l’imposant vestige gallo-romain de l’ancienne enceinte entourant la ville. Monument dans lequel nous pouvons aussi pénétrer par un escalier en colimaçon bétonner qui donne accès à une plateforme panoramique.
2 La vocation salinière en Camargue remonte à l’Antiquité. L’ingénieur romain Peccius a été chargé, au début de l’ère chrétienne, d’y organiser la production du sel. En 1856, les différents propriétaires de salins s’unissent pour fonder les Salins du Midi.
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