Manuel de Falla a composé L’Amour sorcier en 1914-1915 pour répondre à la
commande d’une célèbre danseuse de flamenco Pastora Imperio qui lui avait demandé
une « gitanerie musicale ». Ce ballet-pantomime fut révisé pour orchestre
symphonique et mezzo-soprano en 1916. En 1925, L’Amour sorcier est transformé en
ballet, certaines parties chantées sont supprimées et d’autres remplacées par des parties
instrumentales.
L’histoire
La jeune gitane Candela a perdu son mari. Après
sa mort, elle tombe amoureuse d’un autre homme, mais le
fantôme du mari rôde autour d’elle de manière obsédante
pour empêcher cette union. Elle cherche alors à se
débarrasser de lui. Aux douze coups de minuit, elle se met à danser autour du
feu pour chasser le fantôme. Mais rien n’y fait. Elle imagine alors un autre stratagème : elle demande à son amie Lucia de séduire le fantôme. Et alors que celui-ci a l’attention détournée par la jeune beauté, Candela peut enfin
se livrer à son nouvel amour.
Résurgence et sorcellerie
L’Amour Sorcier se déroule chez les gitans d’Andalousie, dans une atmosphère de superstition et de sorcellerie. Candelas est une jeteuse de sorts pratiquant la magie blanche et la magie noire. Elle est littéralement hantée par son ancien amour qui surgit chaque nuit comme un spectre et qu’elle cherche à exorciser. Dans la version « ballet » de 1925, le spectre de l’amant mort surgit chaque fois qu’un autre tente de prendre sa place. Le maléfice sera définitivement rompu lorsque Candelas parviendra à détourner l’attention jalouse du revenant vers une autre jeune fille.
L’Amour Sorcier est une étrange symphonie des ténèbres venue du fond des temps qui parle à notre inconscient. Cette page obscure et envoûtante, comme un feu follet, fit le tour du monde, grâce à La danse rituelle du feu, page la plus connue de ce ballet.
Manuel de Falla
Né à Cadix, Manuel de Falla fut un des principaux représentants de l’école espagnole
moderne. Lié à Claude Debussy, Maurice Ravel et Paul Dukas, il enchaîna les réussites
musicales et passa de nombreuses années à Grenade. Effrayé par la barbarie de la
guerre civile, le grand compositeur quitta l’Espagne pour l’Argentine. Il y mourut en 1946 sans avoir pu terminer sa cantate scénique l’Atlantide, à laquelle il avait consacré vingt ans de sa vie.