Le magicien d’origine bulgare Alex Goldfire, arrivé en France il y a pile 20 ans, fête cette date anniversaire par un spectacle réunissant ses illusions favorites ainsi que des nouveautés créées pour l’occasion.
Shadow box
Une boîte constituée de panneaux de toiles blanches sur roulettes est montrée vide et lorsqu’elle est allumée par un néon, elle produit des ombres représentant une main puis une silhouette féminine. Les mains viennent s’appuyer sur la toile élastique et la déformer. Petit à petit la silhouette grandit en taille réelle et laisse apercevoir une vraie femme à l’intérieur de la boîte.
La Shadow Box aussi appelée The Girl from the Light a été créé par le magicien anglais Cyril Yettmah (1880-1949) au début des années 1920 et popularisée par The Great Raymond dans les années 1920. C’était une illusion phare du spectacle de Fu Manchu (David Bamberg) dans les années 1930 et de Doug Henning dans les années 1970. Dans les années 1980, David Copperfield sera un adepte des illusions utilisant des ombres dans différentes variantes comme l’apparition d’une moto où la traversé de la grande muraille de Chine.
Nous retrouvons une description de la version de David Bamberg dans le Tarbell Course in Magic Vol. 4 (1945). Au fur et à mesure des décennies, les panneaux de papier translucides ont été remplacés par une toile élastique (invention des matières plastiques oblige) et la technologie LED a été intégrée. Cette illusion est aussi présentée par les Magic Unlimited qui font apparaître deux personnes coup sur coup. A noter également la très belle présentation de Michael Giles avec un bouquet de roses pour amener l’apparition de sa partenaire, ou la version déjantée de Philippart avec une tête décapitée d’Anja. D’autres versions de ce tour existent dont la Vertical Shadow Box de Peter Loughran ou l’Hologram illusion.
Twisting hands
« Tour de main » de Meir Yedid (présenté par un grand nombre de magiciens) en transition pour faire participer le public qui finit par applaudir dans leurs mains.
Le jeu de l’imaginaire
L’assistante du magicien Kristina tient quatre cartes Jumbo à dos bleu (annoncées comme étant les quatre dames). Un spectateur choisit une couleur à retirer du jeu. Un autre spectateur nomme une des deux dames de la couleur restantes. Le magicien annonce alors qu’il va retourner magiquement cette carte et la dame choisie s’avère être la seule face en haut. C’est également la seule dont le dos est rouge. Et à la surprise générale, les trois autres cartes sont révélées : leurs faces sont blanches.
B’wave est un effet de prédiction et de révélation en trois phases légendaire et dévastateur créé par Max Maven, et présenté ici avec des cartes géantes. Le meilleur tour de cartes du XXème siècle selon le défunt maître Eugene Burger, et on le croit sur parole !
One rope routine
Alex Goldfire présente une routine avec une corde qui se dédouble et dont les bouts et le milieu voyagent. Des manipulations et des enchaînements basés sur l’excellent Fiber optics de Richard Sanders qui reprend des passes de Paul Osborne et Hen Fetsch.
A travers la matière
Alex raconte que quand il était jeune, il regardait beaucoup la télévision et la chaîne National Geographic, où il est tombé un jour sur une émission montrant des moines tibétains s’adonner à des exercices étranges de méditation et de passages à travers les murs. Fasciné par ce qu’il avait vu, il se promit de réaliser ces étrangetés plus tard quand il deviendrait magicien.
Un miroir encadré est présenté au public et recouvert d’un tissu de velours. Une aiguille métallique pénètre alors à travers le tissu au niveau de la vitre et le cadre se tord à vue. Le velours est retiré et la vitre est montrée intacte et solide.
Cette version est de Wellington (USA) fabriquée spécialement pour Doug Henning à l’époque. La création originale de l’effet est attribuée au magicien anglais Oswald Rae. A noter également le tour Flexible Mirror/Needle Through Mirror commercialisé par Tony Karpinski.
Le magicien présente alors une plaque métallique qu’il place entre deux châssis sur roulettes avant de faire traverser son corps de part en part. Un très bel effet de pénétration de la matière bien amené par le préambule de l’aiguille à travers la vitre. Une illusion originale intitulée Through Steel Illusion, inventée et fabriquée par l’américain Dan Wolfe.
Superstars prédiction
Le magicien dit avoir eu un flash médiumnique et a placé une prédiction d’une célébrité sous forme de photo dans une enveloppe fermée tenue par son assistante du début à la fin du tour.
Il présente alors un album contenants des photos de différentes stars qu’il fait défiler devant nous : Marilyn Monroe, Michaël Jackson, Louis de Funès, Queen Elizabeth, Gérard Depardieu, Charlie Chaplin, Albert Einstein, les sept nains, Mr Bean, Alex Goldfire (joke)… Un spectateur est invité à choisir au hasard une célébrité en disant « stop » sur les feuilles effeuillées de l’album. Une fois la star choisie, la prédiction est ouverte et on découvre la même star… à l’âge de 6 mois. La photo est retournée et montre un autre bébé de couleur au même âge au cas où. Finalement la feuille est dépliée sur son grand côté pour laisser apparaître la vraie célébrité choisie par le spectateur.
Cette routine de Alex Goldfire, créée en 2003 est aussi présentée dans une autre variante par Bill Abbott dans son tour commercial Celebrity Smart Ass Bundle avec l’utilisation d’un jeu de cartes ; ce qui rend l’effet moins directe.
Le dé plat
Le magicien présente au public un dé plat de couleur noir où les points sont figurés en blanc. Il propose d’expliquer un tour grâce à un subterfuge permettant de cacher les points pour révéler les chiffres qu’il veut recto et verso. Ce débinage vire bientôt au vrai tour de magie qui finit par dérouter les spectateurs car les points apparaissent tout seuls sans logique. Sur un texte amenant tous les effets à venir, le dé est déplié et se transforme en domino, puis en château de cartes, en horloge, en billets de banque, pour finir par figurer un caleçon.
Le dé plat est une excellente routine de Duraty publiée dans Magie sur scène (1991), basé sur la Spot Card et l’effet original du magicien hollandais Marconick, A Gambler’s Dream publié dans Marconick Original Magic, Vol. 3 (1970).
Chasse aux pièces
Le magicien choisit dans la salle un enfant qui « ne lève pas la main » pour le conduire sur scène et commencer une séquence de chasse aux pièces interactive où l’argent est produit sur l’enfant et dans les airs puis jeté dans un seau avec un tintement retentissant.
Miser’s Dream (le rêve de l’avare) est une routine dans laquelle le magicien produit des pièces de monnaie dans les airs et les dépose dans un réceptacle, généralement un seau en métal. Il a été inventé au XIXe siècle et présenté par De Linski, puis Robert-Houdin en 1852 sous le titre Pluie d’or. Compars Herrmann était également adepte de ce tour vers les années 1861.
Mais la véritable révolution arrive avec l’américain T. Nelson Downs vers 1895, sous le titre du Trésor aérien, où il utilisait un chapeau à la place d’un seau. Le tour est alors popularisé et intégrera le répertoire de milliers de magiciens. Cette routine est vite devenue un classique, pratiqué entre autre par Al Fosso, Paul Fox, John Ramsay, Harry Willard, Penn & Teller. La meilleure version étant celle de Jeff McBride. La chasse aux pièces est décrite dans le Tarbell Course in Magic, Lesson 23 (1927), dans Classic Secrets of Magic de Bruce Elliott (1953) et dans The New Modern Coin Magic de J. B Bobo (1966).
Bowling
« Il y a beaucoup d’imagination dans la tête d’un magicien et cela commence souvent par un dessin… » Alex Goldfire prend un grand carnet et dessine une boule de bowling, qui se matérialise et tombe au sol. Ce tour de Kevin James, Bowl-A-Rama est ici très bien présenté et justifié par la subtile phrase d’introduction qui fait référence à l’imaginaire et à la ressemblance entre la tête et la boule que le magicien est en train d’exécuter sur le papier.
Lévitation 1
Intermède muet où le magicien fait léviter un pied de micro sous couvert d’un foulard avec la technique de Kellar.
Malle des Indes
Une malle sur roulette est apportée sur scène. Elle est montrée vide et cadenassée. Jenya, la partenaire du magicien, habillée d’une robe rouge, se présente devant la malle et après avoir été cachée par un rideau, quelques secondes, se retrouve à l’intérieur. Une transposition flash efficace.
Cette version de l’illusion de Jim Steinmeyer Through a one inch hole (publiée dans le livre Device and Illusion) est de JC Sum qui l’a nommé Impassable avec une nouvelle utilisation du rideau due à Alex Goldfire.
Anneaux chinois
Kristina vient rejoindre sa partenaire danseuse et elles entament une chorégraphie hispano-argentine sur le thème du tango qui introduit la routine d’anneaux chinois de Alex Goldfire.
Une superbe routine de 6 anneaux progressive inspirée des techniques classiques de Dai Vernon, Lewis Ganson, Claudius Odin, Al Schneider, Han Ping Chien, Al Koran, Richard Ross.
Vostinovi
Le magicien présente un classique de la grande illusion où une femme est enfermée dans une boîte sur roulettes qui est ensuite transpercée par deux énormes cheminées et des épées métalliques de tous les côtés. Clou du numéro : la boîte s’ouvre en deux pour laisser voir une perturbante figure topologique à 360° qui amène les spectateurs à conclure de l’impossibilité de l’effet. Après avoir retiré les cheminées et les épées, la partenaire sort de la boîte comme si de rien n’était.
L’illusion Translucube, créée par Dominique Dega alias Domino et vendu dans les années 1980 par Guy Lore via son magasin Paris Magic, est une des grandes illusions les plus convaincantes qui soit, qui renverse le cerveau de par les subtilités de son design et de sa conception et qui, bien que présentée par les magiciens de la terre entière, est une des rares à traverser le temps sans perdre de sa puissance illusoire. La version que présente Alex Goldire est une création de Vostinic, une magnifique illusion et une vraie évolution par rapport à la classique Translucube.
Carte choisie
« Il existe plus de 100 000 tours de cartes différents sur terre et je vais vous présenter le tour le plus difficile au monde avec 52 cartes différentes… »
Le magicien fait choisir une carte librement et la perd dans le jeu après l’avoir mélangé. Le jeu est replacé dans son étui puis dans un foulard. Le magicien récapitule les étapes du tour et c’est alors qu’une seule carte traverse le foulard tenue par la spectatrice. C’est bien la carte choisie.
La carte au foulard est un classique de la cartomagie qui bien présenté a un fort impact sur le public malgré sa simplicité d’exécution. A méditer ! Nous en avons une première description en 1897 dans New Era Card Tricks de August Roterberg sous le titre Penetration of Matter, First method. Un chapitre est consacré à la carte qui traverse le mouchoir. Roterberg dit que ce tour a été inventé à Chicago mais il ne donne pas le nom de l’inventeur. Suivront ensuite les descriptions de S.W. Erdnase (1902), Camille Gauthier (1914), Jimmy Grippo, John Scarne, Lewis Ganson, Marconick…
Lévitation 2
Pour faire le lien avec les réseaux sociaux, Alex Goldfire a posté sur Facebook, il y a quelques mois avant la représentation, un questionnaire sur son pays natal en demandant à quoi faisait penser la Bulgarie ? Il a ensuite collecté les réponses et conçu un numéro spécial avec celles qui se détachaient le plus : le fameux yaourt bulgare et la chanteuse Sylvie Vartan.
Il a donc eu l’idée de faire léviter Sylvie Vartan mangeant un yaourt, mais pour faute de disponibilité de la chanteuse franco-bulgare, il proposera au public l’inverse : faire léviter un yaourt en écoutant du Sylvie Vartan. Un yaourt est soigneusement disposé dans un verre qui est lui-même posé sur un guéridon. Ce dernier se met à l’éviter sur la bande son. Le magicien se saisit alors du verre rempli de yaourt pour le déguster à la petite cuillère, le tout en lévitation.
Le fameux guéridon volant inventé par Dirk Losander dans une présentation tout à fait originale où l’utilisation d’un verre et d’une cuillère donne tout son sens à la belle subtilité du tour qui consiste en une deuxième phase de lévitation sans contact directe avec le guéridon.
Evasion 1
Alex Goldfire présente l’évasion la plus rapide et la plus visuelle d’un sac examiné faisable complètement entouré avec la complicité d’un spectateur. Le magicien fait examiner par le public un sac en tissus solide. Kristina entre alors dans le sac et Alex met dedans la chaussure du spectateur, après avoir entamé une petite chorégraphie avec.
L’ouverture du sac est fermée, nouée par une écharpe et tenue par la main du spectateur. Un rideau est levé autour du sac et en moins de 3 secondes, l’assistante du magicien se retrouve à l’extérieur du sac, complètement libre. Le sac est toujours fermé et tenu par la main du spectateur, qui l’ouvre lui-même pour récupérer sa chaussure. Il peut vérifier à nouveau le sac.
Le sac de Monte-Cristo (en référence à un épisode du célèbre Comte d’Alexandre Dumas) est une création de Alex Goldfire basée sur le Bamberg Bag escape dans les livres Tarbell’s Course of Magic et The secrets of Houdini. Un effet réalisé également par Doug Henning et Dani Lary, inspiré de Sack escape et des techniques d’évasion décrite par Harry Houdini. Nous en retrouvons une description dans l’ouvrage 33 Rope Ties and Chain Releases, a Manual for the Profession on the Art of Rope Tying and Methods of Obtaining Releases from Ropes, Chains and Shackles par Burling Hull (1915) et dans Out of a Sack publié dans The Secrets of Houdini par J. C. Cannell (1931). Plus surprenant, nous retrouvons également une description de la technique du Monte-Cristo sack trick dans un livre scientifique pour les nageurs intitulé Swimming Scientifically Taught : A Practical Manual for Young and Old de Frank Eugen Dalton (1918).
Les vinyles
Alex propose un hommage à son grand-père qui l’a beaucoup aidé pour ses tours quand il était encore en Bulgarie. Il aimait particulièrement sa routine de disques vinyles où trois disques noirs, mis dans une pochette en papier, changent de couleur au contact de foulards colorés.
La routine Color Changing Records ou Silk Serenade du magicien tchèco-suisse Pavel inventée dans les années 1970 est ici présentée sur de la musique jazzy dans une poétique sentimentaliste qui rappelle Grandpa’s Aces de David Copperfield.
Evasion 2
Pour clôturer le show, Alex Goldfire propose une dernière évasion en hommage à Harry Houdini où il doit se libérer d’une camisole de force en deux étapes.
Après avoir revêtue la camisole, il est solidement attaché à une structure métallique grâce à 7 mètres de chaîne. Sa mission est de se libérer en moins de 90 secondes. Le rideau se referme sur lui et ses assistantes et quand il s’ouvre on constate une transposition flash : il est libéré des chaînes et c’est maintenant ses partenaires qui sont prisonnières. Alex continue ensuite par la libération de la camisole de force à vue et se libère dans le temps imparti.
Conclusion
En 1h15, Alex Goldfire réussit à construire un spectacle riche, varié et familial où l’on retrouve des classiques intemporels de la magie parfaitement exécutés. Ses présentations sont dynamiques et esthétiques. Sa gestuelle et sa technicité exemplaire sont également mises en avant grâce à sa partenaire d’origine ukrainienne Kristina, danseuse de formation.
On sent à chaque instant le professionnalisme, le souci du détail et l’empathie qui animent Alex Goldfire pour offrir aux spectateurs une expérience marquante avec un répertoire simple et sans prétention aux antipodes des shows voulant « révolutionner » ou « dépoussiérer » la magie avec leurs prétendues nouveautés et effets originaux faisant plus plaisir au magicien qu’au public !
REPRÉSENTATION du 14 octobre 2022
Alex Goldfire revient sur scène quatre ans après son précédent spectacle dans la même salle, un charmant petit théâtre à échelle humaine où les spectateurs sont proches de la scène. Le magicien franco-bulgare a choisi de modifier l’ordre de ses illusions, d’en éliminer quelques-unes et d’en rajouter d’autres inédites. Il est ainsi passé de dix-huit à vingt illusions pour une durée totale de 1h40 (contre 1h15). Parmi les illusions qui ont été retirées : la lévitation du pied de micro et l’évasion de la camisole de force. Deux tableaux qui faisaient doublons avec le guéridon volant et Le sac de Monte-Cristo. Parmi les illusions ajoutées : Le tour des cinq cartes, une routine de bague empruntée, Les boîtes quantiques et une prédiction finale.
La trame générale a été revue pour alterner des illusions visuelles et des saynètes parlées avec la participation des spectateurs. Le répertoire, les choix des accessoires et des effets sont variés. On retrouve ainsi du début à la fin : La Shadow box,Twisting hands, Le tour des cinq cartes, Le bonneteau géant, Superstars prédiction, À travers la matière, La bague empruntée, One rope routine, La chasse aux pièces, La malle des Indes, Le dé plat, Les cerceaux argentés (anneaux chinois), La carte au foulard, Les boîtes quantiques, Le guéridon volant, Les vinyles, Le sac de Monte-Cristo, La boule de bowling, La prédiction collective et La Vostinic Box
Le tour des cinq cartes
Le magicien présente cinq cartes en main et en laisse échapper deux par terre. Il montre ensuite qu’il en a encore cinq en main. L’ opération est répétée plusieurs fois de suite jusqu’à ce qu’il ne reste que deux cartes en main, qui sont balancées au sol. C’est un tour qu’Alex Goldfire exécute depuis son adolescence et un de ses préférés. Il faut dire que cet effet fait partie des « classiques » de la cartomagie scénique de par sa simplicité, sa clarté et son impact sur le public. Un des très rares tours à un seul effet que l’on peut répéter. La version ici présentée est de Wayne Dobson qu’Alex a découvert grâce à Jeff McBride.
La bague dans la balle de tennis
Une bague empruntée à une spectatrice disparait sous un foulard tenu entre ses doigts. Pour détendre l’atmosphère, le magicien sort de son sac de sport deux bandeaux jaunes qu’il enfile, ainsi que la spectatrice. Il jongle ensuite avec trois balles de tennis et la femme choisit au hasard une des balles qu’elle signe avec un feutre. Le magicien place alors les deux autres balles dans un petit filet tenu par la spectatrice. Il saisit une raquette, tape dans la balle signée et celle-ci disparait en confettis jaunes. Le magicien donne alors un lot de consolation à la femme sous forme d’une boîte de trois balles, fermée avec un opercule en métal (comme une boîte de conserve). La spectatrice ouvre elle-même la boite et découvre sa balle signée au milieu des autres. Sa balle est alors secouée et on entend clairement à l’intérieur quelque chose. Le magicien prend des gants et un couteau pour réaliser une incision dans la balle d’où sort la bague de la spectatrice.
C’est un très bon moment de comédie et de tension bien joué par Alex Goldfire sur une musique d’échauffement. Nous devons cette routine totalement incongrue à l’esprit décalé du magicien comique américain Joel Ward qui l’a commercialisé un temps en quantité très limitée sous le nom de Ring in tennis ball.
Les boîtes quantiques
Le magicien invite deux personnes du public à l’assister. Il présente une série de trois boîtes en bois avec un tiroir coulissant et décorées d’un losange de couleur (rouge, vert et bleu). Les boîtes sont toutes vérifiées, vides et refermées. Le magicien ouvre la boite verte, fait choisir librement une carte d’un jeu, puis replace le tout dans la boite qui est confiée au premier spectateur. Le magicien demande à l’autre spectatrice de dire stop sur une page d’un livre et d’en mémoriser le numéro. Le livre est ensuite placé à l’intérieur de la boite bleue, confiée à la femme. Le magicien prend alors sa boite au losange rouge et dispose un post-it dessus pour masquer la couleur. Il pose alors cette question : « à qui appartient cette boite ? ». Il ouvre le tiroir et on découvre que c’est la boîte verte avec à l’intérieur la carte choisie et le jeu de cartes. Le magicien déchire alors un coin de la carte et le place dans un verre transparent posé sur un guéridon.
Le magicien repose la même question : « à qui appartient cette boite ? ». Il ouvre de nouveau le tiroir et on découvre que c’est la boîte bleue avec à l’intérieur le livre du début. Le magicien se rend à la page choisie par la spectatrice et la déchire pour la placer dans le verre. Le magicien referme sa boite, enlève le post-it et ouvre le tiroir : il est vide ! C’est bien SA boîte. C’est le moment des révélations finales. Le spectateur ouvre sa boite verte et découvre sa carte déchirée dont le bout (placé dans le verre) correspond tout à fait. La spectatrice ouvre sa boite bleue et découvre que sa page choisie a été déchirée du livre. Le magicien prend la page du verre qui correspond parfaitement à la déchirure.
Il y a une certaine lourdeur dans cette routine qui nécessite beaucoup de matériel, d’opérations et de mouvements qui ne sont pas tous naturels et fluides. Pas évident de s’approprier ce genre d’effet et il faudra encore un peu de temps pour qu’il colle parfaitement à l’identité d’Alex Goldfire. Cette illusion fait partie du répertoire du magicien suédois Tom Stone sous le nom de Quantum Logic. Elle a été conçue en 2014 et fabriquée ensuite par Andreas Sebring (Metalwriting).
La prédiction collective
Le magicien annonce, vers le début du spectacle, qu’il a eu une vision d’un voyage de rêve, notée sur une feuille prisonnière d’une capsule transparente et placée dans un coffre suspendu sur le devant de la scène à cour. Tout au long de la représentation, Alex Goldfire notera sur un paperboard les réponses, des différents spectateurs, choisies (au hasard) dans la salle, à savoir : un pays, le nom d’une célébrité, une compagnie aérienne, une action, un chiffre entre 1 et 100, une lettre de l’alphabet, le prix du voyage. A la fin, le magicien ouvre le coffre, en sort le tube transparent dans lequel se trouve un papier plié. Ce dernier est déplié progressivement et révèle les six choix exacts des spectateurs. Il s’agit d’une des meilleures méthodes de prédiction due à Dick Zimmerman (The Master Prediction).
Conclusion
L’impression finale du spectacle est très positive et on sent qu’Alex Goldfire a travaillé sa mise en scène pour plus de fluidité en attachant une grande importance aux transitions entre chaque numéro. Ses textes sont bien construits, les lumières bien calées et le choix musical pertinent (déambulation dans la salle et thèmes des saynètes sur scène). Pour ne pas perdre le fil de la communication, le magicien est constamment sur le qui-vive pour interagir et donner le change avec son public. La représentation commence et se termine par deux illusions saisissantes mettant en scène Kristina (la partenaire d’Alex qu’on aimerait un peu plus sur le devant de la scène) et des boîtes : une apparition et une disparition ; une façon logique de clôturer le spectacle.
A visiter :
– Le site de Alex Goldfire.
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