Alexander Calder, un des plus grands sculpteurs du XXème siècle, connu pour ses « Mobiles » et ses « Stabiles » géants, était aussi un ingénieux manipulateur de marionnettes. Pas les marionnettes traditionnelles mais celles de sa propre invention, fabriquées en fil de fer, bois et tissu ; des figurines animées, inspirées du cirque traditionnel. Nous sommes en 1926, passionné par le cirque, Calder décide d’arrondir ses fins de mois en fabriquant des jouets à partir de dessins croqués sur le vif. Il fabrique ainsi des figures articulées qu’il est amené progressivement à mettre en scène et de passer de la présentation à la représentation. De 1926 à 1929, il improvise une multitude de personnages : Voltigeurs, jongleurs, écuyères, trapézistes, dompteurs, avaleurs de sabre, clowns, équilibristes, danseuses, et ménagerie ad hoc. La troupe, de près de 200 figurines, est au point et les numéros bien réglés. Le spectacle dure plus de deux heures avec entracte. Vingt numéros s’enchaînent, les cacahuètes, et la musique exotique (dirigée par sa femme) sont aussi au rendez-vous. Plusieurs dizaines de personnes y assistent à chaque fois. Le plus petit cirque du monde a trouvé son public et tourna dans le monde entier de 1927 à 1972.
La représentation de 1961 mise en images par Carlos Vilardebo
Pour la postérité, Calder offre une représentation de son petit monde au temps où le cirque passait à la télé. Dans un grenier, au dessus de ses « Mobiles », agenouillé, il joue le manipulateur espiègle pour nous offrir vingt-six minutes de pure poésie avec pour final un époustouflant numéro de trapézistes. Le réalisateur réussit un vrai film d’animation, en focalisant sa caméra sur les gros plans de personnages. Il met également en lumière la part d’enfance de Calder, qui s’amuse et nous amuse à travers cette féerie minimaliste.
Le cirque de Calder amorce une véritable révolution de la sculpture, qui devient alors un phénomène spectaculaire, vivant et éphémère. La sculpture semble pouvoir être faite par tous. Trimbalé dans des valises au gré des représentations qu’il organisait chez des particuliers ou en galerie, son cirque constitue un enjeu majeur dans sa production artistique : fonder un nouvel ordre sculptural établi sur le bricolage, l’équilibre et le mouvement.
En compléments, deux documents pour se familiariser avec le travail de cet artiste :
– Les Mobiles
Commencé en 1932, ces sculptures géométriques à la limite du pictural offrent au regardeur un ballet abstrait, un forme mouvante constamment changeante. La réalisation privilégie le mouvement de ces « drôles d’oiseaux » métalliques et vertébrés.
– Les gouaches de Sandy
Trois ans avant la mort de Calder, c’est à travers son travail « de peintre » que le réalisateur tisse des liens avec ses œuvres sculptées. On découvre notamment d’étonnantes gouaches sur fond d’eau.
A voir :
– Le cirque de Calder. DVD disponible aux éditions « les films du Paradoxe« .
A lire :
– Le compte rendu de l’exposition Calder, les années parisiennes à Beaubourg.
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