Le château de Chambord (Loir et Cher) est une œuvre d’art unique au monde, une merveille de la renaissance, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, fruit d’une véritable mathématisation de l’architecture. Une grandiose folie due au roi François Ier. Un délire architectural aux proportions gigantesques avec ses 440 pièces, ses 83 escaliers et ses 365 cheminées sculptées. Chambord, c’est la démesure et le théâtre du faste de l’époque, surpassant Versailles. Commencé en 1518, les travaux dureront jusqu’en 1547 date de la mort du roi. Le château reste inachevé et prend sa forme définitive sous l’impulsion d’Henri II.
Château de Chambord (Creative Commons)
L’ombre de Léonardo Da Vinci
Construit au cœur du plus grand parc forestier clos d’Europe (5500 ha), Le château de Chambord est une œuvre commanditée par François Ier. Si le nom de l’architecte ne nous est pas connu, la conception du bâtiment semble sortir tout droit de la pensée fertile de Leonardo da Vinci. En effet, le maître italien venu s’installer à Amboise en 1516 sur invitation du souverain, en tant que « premier peintre ingénieur et architecte du roi », mourut en 1519 date des débuts des travaux de Chambord. Dans l’œuvre de Leonardo da Vinci, aucune création architecturale n’a dépassé le stade de l’esquisse et du projet sur papier. Chambord constituerait alors la seule œuvre architecturale et l’ultime testament artistique de ce génie de la renaissance italienne, Sachant la volonté de François Ier d’introduire l’art italien dans son royaume. En revanche, l’escalier central du château est bien une création originale du maître florentin.
Etude de Leonardo da Vinci pour un escalier à quatre volées (DR).
L’escalier à double révolution
Dans l’antre du château se trouve un escalier révolutionnaire qui dessert les deux étages et la terrasse de l’édifice. Cet escalier est placé au centre du donjon et distribue les pièces en symétrie. Ce plan est inspiré des villas toscanes, à savoir, un vestibule en croix desservi par un escalier central. Ce genre de construction fut décrit par l’architecte vénitien Andrea Palladio en 1570 avec quelques variantes à quatre révolutions.
L’escalier est constitué de deux vis qui montent l’une sur l’autre jusqu’aux terrasses. Les deux rampes semblent n’en former qu’une seule et pourtant jamais elles ne se croisent. Un noyau central, ajouré, permet aux courtisans de s’apercevoir d’une hélice à l’autre sans jamais se croiser ! Un véritable tour de passe-passe. Ce jeu de cache-cache permettait d’accueillir plus de personnes qu’un escalier à simple rampe.
Ce plan rotatif apparaît comme une construction organique et articulée, alimentée par la turbine de l’escalier et de son noyau central. Une forme de transcription à l’architecture des principes dynamiques universels que Leonardo da Vinci, l’ingénieur, étudie dans les domaines de l’hydraulique ou de l’aérologie. Avec cette construction étourdissante, le visiteur est pris dans une spirale illusoire et ludique ; propulsé par la pensée à l’intérieur même du génie visionnaire de la renaissance.
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