Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai vécu toute ma vie dans la magie ! Ma mère était assistante de magicien et mon parrain était magicien. Je me retrouvais dans les coulisses assise sur des illusions en regardant ma mère se faire scier en deux ! Quand j’avais 14 ans, nous sommes allés à la convention Abbott’s Magic Get Together, dans le Michigan, et c’est là que j’ai acheté mon premier tour de magie. C’était une canne qui lévitait dans les airs. Depuis, je l’ai toujours et je l’emporte partout où je vais. C’est presque comme une couverture de survie pour moi. Après cette convention, j’ai réellement pensé à devenir magicienne.
Crédit photo : Staci Sagliano.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai donc acheté mon premier tour de magie chez Abbott et cela m’a conduit dans la bonne direction. Je suis allée à la bibliothèque municipale et j’ai lu tous les livres possibles sur l’art, les magiciens célèbres et le théâtre en général. J’ai également assisté au World Magic Seminar à Las Vegas, où le magicien Lance Burton organisait un week-end pour les adolescents. J’ai eu la chance d’être là avec un groupe de jeunes gens incroyables et nous avons appris des meilleurs. J’ai aussi participé au Tannen’s Magic Camp. À l’âge de 16 ans, j’ai joué comme illusionniste dans une émission intitulée Shazam pour un parc d’attractions. A raison de cinq spectacles par jour, tous les jours, cela m’a vraiment aidé à améliorer ce que j’avais pratiqué et à le montrer devant un public.
Crédit photo : Michael Messing.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Lance Burton est ma plus grande influence et m’a beaucoup aidé avec ses week-ends qu’il organisait et par ses conseils avisés. Il est non seulement un magicien incroyable, mais un être humain merveilleux. Mon objectif en tant qu’interprète est d’avoir autant de cœur sur scène que lui. Joanie Spina, qui a travaillé comme chorégraphe pour David Copperfield, a également eu une grande influence. Quand j’ai participé en 2013 au spectacle Illusions à bord du Costa Croisières produite par Connie Boyd, Joanie m’a donné un feedback sur mon spectacle et a travaillé ensuite avec moi sur la notion de mouvement.
Crédit photo : Connie Boyd.
Il y a aussi mon parrain Al Belmont, Terry Evanswood (que j’ai assisté à plus de 4 000 spectacles depuis 2010), Steve Chezaday (qui m’a enseigné la magie ambulatoire) et Ward Hall (qui a dirigé un cirque avec des attractions et je me suis enfuie avec lui en 2007). Ils ont tous laissé leur marque sur moi.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je réalise mes performances dans des lieux variés. Je joue actuellement mon propre spectacle de 1h25 au Sweet Fanny Adams Theatre à Gatlinburg dans le Tennessee. C’est un théâtre vaudeville de 160 places, idéal pour la magie. Je joue également sur des navires de croisière, dans des centres d’arts et en tant qu’artiste ambulante. Bien que ces conditions soient idéales, j’ai également travaillé complètement entourée dans des endroits comme le cirque Flic Flac en 2012, dans des bases militaires pour des tournées et à l’extérieur pour des milliers de personnes lors de festivals de musique et des foires.
Crédit photo : Niels Duinker.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
J’ai déjà mentionné que Lance Burton est une influence énorme et aura toujours un impact sur moi. J’aime aussi Doug Henning. Quand il arrivait sur scène, son amour de la magie était si sincère que le public l’aimait aussi. Il était tellement excité de partager son art et d’en inspirer les autres. J’espère pouvoir le faire aussi. David Minkin, que vous pouvez voir dans le documentaire Magicians : Life in the Impossible, m’a également beaucoup inspiré. David fait croire aux gens qu’il existe une vraie magie. Sa performance est si pure et sa présentation si authentique, qu’il me donne envie d’être une meilleure magicienne à chaque fois que je vois son spectacle.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Pendant presque toute ma vie, j’ai été attirée par la magie scénique, mais depuis un an, je suis de plus en plus attirée par la magie de close-up. J’ai même incorporé une partie de magie rapprochée dans mon spectacle, que je présente à l’aide d’une caméra avec une rediffusion en direct sur un écran. C’est tellement fascinant de voir la magie comme ça.
Crédit photo : Michael Messing.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je suis une « vieille âme » et j’aime les années 1920 à 1940, et cela transparaît parfois dans mes présentations. Je chante un peu dans mon spectacle, et les gens disent souvent que j’ai un « son » très vintage, un peu comme ce que l’on entendait dans les émissions de radio d’antan.
Le vaudeville a également influencé mon style, car j’ai joué dans un spectacle de vaudeville pendant plus d’un an et cela m’a appris le timing comique et à travailler mes expressions faciales à la Lucille Ball.
Crédit photo : Staci Sagliano.
Le spectacle de cirque et d’attractions (sideshow) a également eu un impact sur moi. Je me suis engagée avec une troupe itinérante quand j’avais 17 ans et j’ai appris des pratiques dangereuses comme avaler du feu, manger une ampoule électrique et résister à une chaise électrique. Je m’asseyais sur une chaise avec des milliers de volts d’électricité traversant mon corps et j’allumais des ampoules avec mes doigts ainsi que des torches avec ma langue (dans la tradition de « la femme électrique »). C’est cette inspiration qui est présente dans la routine que j’ai présenté en 2017 dans Fool Us chez Penn & Teller.
Jessica Jane dans l’émission Fool Us de Penn & Teller.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Allez à la bibliothèque et lisez autant que vous le pouvez ; pas que sur les tours, mais aussi sur l’histoire de la magie. Je suis passionnée par l’histoire de notre art et je collectionne même des objets ayant appartenus à des magiciens célèbres comme Houdini. Connaître l’histoire vous donnera une meilleure connaissance de l’art que vous pratiquez et vous découvrirez des trésors cachés perdus ou oubliés au fil du temps.
Crédit photo : Dana Wolpert.
Impliquez-vous également dans le théâtre. Qu’il s’agisse de cours d’improvisations ou de cours collectifs, cela vous permettra de passer du temps sur scène devant des gens et vous aidera à grandir en tant qu’artiste.
Enfin, rejoignez un club de magie. The International Brotherhood of Magicians est présent dans le monde entier et constitue un excellent moyen de rencontrer d’autres magiciens, de trouver un mentor et d’apprendre. J’ai eu l’honneur de figurer sur la couverture de leur magazine The Linking Ring en juin 2018.
Crédit photo : Michael Messing.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je pense que la magie est en pleine essor. Il y a des tonnes de spectacles magiques en tournée, d’émissions de télévision et même de films à ce sujet. Je suis également ravie de constater que de plus en plus de femmes deviennent des magiciennes professionnelles, car cet art a un peu la réputation d’être un « club de garçons ». Je me souviens quand j’étais adolescente qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes illusionnistes que je pouvais utiliser comme modèles. De nos jours, il y a beaucoup de femmes fabuleuses qui prennent le monde d’assaut !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Nous vivons à une époque où les émissions télévisées et les plateformes de vidéos en ligne telles que YouTube facilitent beaucoup plus les choses pour permettre au public d’accéder à la magie. Mais vous seriez surpris de voir combien de personnes me disent après leur émission qu’elles n’ont jamais vue de magie en live. Même si vous pouvez regarder de la magie via un écran, ce n’est pas la même chose que de la voir et de la vivre dans la vraie vie.
Crédit photo : Michael Messing, Tribute to Celeste Evans.
J’ai mentionné David Minkin un peu plus tôt, et c’est lui qui m’a dit que les gens éprouvent du rire tous les jours mais que ce n’est pas souvent qu’ils éprouvent un véritable émerveillement. Ayez conscience du sentiment que vous obtenez lorsque vous pensez avoir vu de la vraie magie… vous ne pouvez pas obtenir le même sentiment si vous regardez un écran. En tant que magicien, il est de notre devoir de donner aux gens ce ressenti, ce moment de pure magie. Quand quelqu’un viendra me voir jouer, je serai peut-être le premier spectacle de magie en live qu’il n’ait jamais vu, et je ne veux pas le décevoir !
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’apprécie voyager et j’ai la chance d’avoir un travail qui me permet de le faire souvent. Récemment, je suis devenue une passionnée de photographie et je prends autant de photos que possible sur la route. Je collectionne des disques et j’aime écouter de la musique vintage et de vieilles émissions de radio. La cousine de mon grand-père était Judy Garland, alors c’est peut-être pourquoi je suis tellement attirée par cette époque. Un de mes loisirs, un peu plus bizarre, consiste à comprendre comment les choses fonctionnent. Je vais acheter des objets justes pour les démonter et les remettre ensemble. C’est peut-être pour ça que j’aime tant créer des méthodes pour des effets magiques.
– Interview réalisée en octobre 2018.
A visiter :
– Le site de Jessica Jane Peterson.
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