Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon intérêt pour la magie a commencé quand j’avais 10 ans. Mon père me ramenait à la maison des « petits trucs » amusants. Il m’apprenait d’abord le tour puis me le montrait. Après avoir été étonné par l’effet, il me l’enseignait.
Certains de mes plus beaux souvenirs avec mon père sont ces moments magiques. J’étais un enfant très timide, et être armé avec des tours de magie m’a vraiment aidé à devenir plus sociable. Mon premier tour était la magic coin box (fabriquée en bois).
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Je n’ai pas grandi dans une zone urbaine. Enfant, je n’ai jamais vu un spectacle de magie en direct. Je n’étais même pas conscient que l’on pouvait devenir magicien !
À l’âge de 30 ans je travaillais comme ingénieur dans les champs de pétrole. Je passais mon temps libre à essayer de faire des spectacles de stand up comedy. Dans mon premier comedy club, le MC, il y avait David Strassman, un talentueux ventriloque. Il avait fait de la magie quand il était enfant et faisait encore des tours de temps en temps, ce qui a renouvelé mon intérêt d’enfance. Il m’a alors appris certaines choses et je suis devenu de plus en plus accroc. J’étais un peu autodidacte avant cette rencontre. Je lui suis reconnaissant pour m’avoir encouragé et pour avoir ravivé mon intérêt pour l’art magique.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Il y a 30 ans, j’ai eu la chance de pouvoir pratiquer la comédie et la magie sur une scène ouverte dans un club de Bakersfield, en Californie. Le club était tenu par Paul Messier, qui est ensuite venu travailler au Comedy Store à San Diego. Paul ne m’a pas seulement donné l’occasion d’apprendre mon métier sur scène, mais 6 ans plus tard, il m’a donné l’opportunité de travailler sur un bateau de croisière.
Quand j’ai commencé mes représentations et essayé de créer mon entreprise, un ami m’a proposé un emploi à temps partiel pour conduire une limousine allongée. Il se faisait beaucoup d’argent, ce qui me semblait être un bon complément avec mon début de carrière dans la magie. Malheureusement, il s’est vite avéré qu’après avoir travaillé tard dans la nuit, je devais me réveiller à 5 heures du matin pour conduire des VIP à l’aéroport. Au moment de rentrer chez moi, j’étais tellement épuisé que j’ai dormi le reste de la journée ! J’ai vite compris que ce n’était pas pour moi et je me suis concentré sur ma carrière qui a vite décollé. La morale de cette histoire est de rester focalisé sur vos rêves si vous voulez obtenir quelque chose de concret.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai lentement évolué en faisant des comedy clubs, des soirées pour entreprises et en travaillant sur des navires. C’était dur de faire les transitions parce que souvent je travaillais toute une nuit et le lendemain je devais partir pour 3 à 6 mois sur un bateau…
Durant 15 ans, j’ai travaillé 48 à 50 semaines par an en mer. Les navires ont les meilleures salles, et un fabuleux personnel. Je préfère travailler sur un bateau que dans toutes les chambres de Las Vegas. En plus des grandes salles et du personnel disponible, je suis bien logé et la nourriture est excellente. J’ai eu l’occasion de parcourir le monde à plusieurs reprises. Je suis vraiment béni !
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Il y en a tellement ! J’adore le style chic de Lance Burton, mais j’ai rapidement constaté que je suis un peu maladroit et que je ne pouvais pas être comme lui sur scène ! Le Grand Tomsoni m’a été d’une grande influence. J’ai toujours voulu faire des productions de colombes, mais réalisées de façon comique convenait mieux à ma personnalité. Le Late night Show du comédien Craig Ferguson fut une inspiration pour moi et je sentais que je pouvais reproduire quelques-unes de ses « sottises ». Les magiciens comiques comme Harry Anderson, The Amazing Johnathan, Penn & Teller, Tom Ogden, Fielding Ouest, Mac King sont quelques-unes des personnes que je respecte et ils ont tous été d’un grand réconfort en m’assurant que j’étais sur la bonne voie.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime toute la magie, mais j’ai une préférence pour la comédie. Quand je fais un tour, il y a très souvent une partie comique qui vient s’ajouter. J’aime les tours de magie utilisant de nouvelles technologies comme le iPad et les écrans LED. C’est génial de prendre quelque chose qui est intrinsèquement magique comme un iPad et le rendre encore plus magique !
Quelles sont vos influences artistiques ?
Une grande partie de mon métier est axée sur la comédie et je m’efforce de me tenir au courant de l’actualité en ajoutant des éléments sociaux, politiques ou géographiques à mes tours, en fonction de mon humeur. De tout ce qui peut concerner le public ou le lieu dans lequel nous voyageons. Les gens qui m’ont le plus influencé à cet égard, sont Mitch Hedburg, Jeff Foxworthy et Craig Ferguson.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
La personnalité est plus importante que l’habileté. J’ai des amis qui sont 100 fois meilleurs que moi en manipulation, mais ils n’ont pas le charisme pour rendre leur « technique » amusante, par exemple. Peu importe comment votre public est impressionné, vous devez vous poser cette question : ce sont-ils amusés ? Pratiquer les tours n’est que la première étape. La suivante est de rendre sa représentation distrayante et agréable à regarder.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’aime toutes les nouvelles idées créatives produites par les jeunes magiciens ! Je pense que la magie est entre de bonnes mains pour les générations qui suivent.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Un artiste puise dans son propre style de vie ; la culture et le sens artistique dépendent en grande partie de son pays d’origine. Par exemple, vous pouvez clairement identifier des influences asiatiques devant des artistes asiatiques. C’est beau, c’est une situation unique.
Moi, par exemple, je ne pourrai jamais intégrer avec succès cette beauté artistique, cette imagerie et ces éléments visuels que j’associe aux merveilleux artistes des pays asiatiques. Le meilleur de l’art vient de l’âme. Et pour la plupart, je crois que l’âme est influencée par notre culture.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Travailler toute l’année sur un bateau de croisière, faire des itinéraires que vous avez fait de nombreuses fois auparavant, peut devenir ennuyeux mais offre beaucoup de temps libre. Ce temps, je le consacre à la photographie. Je suis passé par le Brooks Institute of Photography avant de travailler dans le domaine du pétrole, cela a toujours été un de mes hobbies. J’aime faire de la photographie glamour, et il y a généralement de beaux sujets disposés à prendre la pose à bord des navires comme par exemple les danseurs de troupe.
Après avoir passé quelques heures à faire une prise de vue, je m’enferme ensuite le reste de la semaine dans ma cabine, avec l’aide de Photoshop, pour obtenir exactement les photos que je veux. Certaines personnes aiment faire des puzzles, moi j’adore Photoshop, je trouve cela très apaisant et relaxant.
Sinon, j’aime faire de la randonnée dans les montagnes d’Alaska avec ma femme et chercher de l’or ! Quand nous venons en Europe, nous sautons dans un train à la recherche des sites que nous n’avons pas encore vus.
– Interview réalisée en mai 2014.
A visiter :
–Le site de Jeff Peterson.
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