Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Mon père est aussi un magicien. Notre maison est pleine de « fleurs en plumes », de baguettes magiques et de foulards. Mon animal en peluche préféré était Rocky le racoon. Dès l’âge de deux ans, je suis monté pour la première fois sur scène avec mon père pour son spectacle de magie. J’apparaissais à la fin.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Mon premier pas en magie fut un tour de cartes que j’ai réalisé lorsque j’avais 2 ans ! J’imitais mon père : je mélangeais les cartes sur le sol, puis je les rassemblais et je les mélangeais à nouveau. Je regardais ensuite mon public (ma famille et mes parents) avec un regard perçant et ils applaudissaient. Je ne comprenais pas ce que je faisais là. Aujourd’hui, les gens applaudissent pour mes tours quand ils ne comprennent pas comment cela fonctionne.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Il y a beaucoup de gens qui m’ont aidé. Je vais vous donner quelques exemples :
Au début mon père Martin Mathias. Il est mon coach et « le cerveau » derrière tout ce que je fais. Je ne travaille pas avec une caméra vidéo ou un miroir quand je m’entraine. Je répète avec mon père. Nous avons travaillé pendant si longtemps ensemble que nous nous dispensions de dire un mot. Quand je vois son visage, je sais (par exemple) que ma main avec la carte empalmée est tombée trop rapidement.
Ensuite, il y a Eberhard Riese (Président du Magic Circle d’Allemagne). Il regarde une fois tous les 3 ou 4 mois mon travail et me donne des conseils : ce qui est bon et ce qu’il faut changer…
Ensuite, il y a mon équipe. Cinq jeunes gars qui m’aident quand je joue mon numéro Beachparty avec mes deux partenaires sur scène. Un à la lumière et deux derrière la scène. Ils ont beaucoup de choses à faire, il y a beaucoup de répétitions et ils font tout cela pour le plaisir !
Ensuite, il y a quatre conseillers pour mes spectacles : Renate Knopf et Stefan Craft (Régie), Gaston (interprétation), Michael Ewig (danseuse).
J’ai aussi beaucoup d’amis magiciens comme Patrick Lehnen, Toby Rudolph, Ulf Bürger. Nous nous rencontrons une fois toutes les deux semaines pour réfléchir sur des spectacles et des idées.
Un événement qui m’a freiné : la FISM 2012 de Blackpool. Nous avons commencé le congrès en présentant mon numéro Beachparty. Mais cela ne s’est pas bien passé pour nous. Nous avons fait quelques erreurs… mais je pense que cela m’a aidé à travailler encore plus durement pour la FISM suivant à Rimini.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je travaille dans presque toutes les conditions. J’ai commencé très tôt à faire ma propre magie. J’aime bien ce que dit Jeff McBride : « Saisissez toutes les occasions pour montrer votre magie en public et ainsi vous entrainer le plus souvent possible. » J’ai donc commencé par de la magie de table à table, puis les choses sont devenues de plus en plus grandes avec mon numéro scénique Beachparty.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Beaucoup de magiciens de rue m’ont marqué dans ma façon de faire de la magie. Par exemple l’italien Trabük ou le suédois Charlie Caper. Quand je les voyais exécuter le tour des gobelets, je voulais faire pareil. Ensuite, j’ai découvert les spectacles de Paul Daniels et de David Copperfield quand j’avais 12 ans, cela m’a marqué.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime tous les styles, sauf le mentalisme ; car pour le moment je n’ai pas trouvé le moyen de présenter ce genre d’effets (par « un jeune homme de de vingt ans »).
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je n’ai pas vraiment d’influences artistiques réelles à l’exception de la magie. Il y a toujours une partie de mon cerveau qui pense à la magie et je compare constamment les choses que je vois à la magie. Par exemple, si je vois un film, je me demande alors : « Est-ce que des choses de ce film pourraient être utilisées pour la magie ? »
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Cherchez un mentor. Tous les « vieux magiciens » ont le temps et la connaissance pour vous enseigner. Si vous trouvez quelqu’un, vous serez quatre fois plus rapide que si vous travaillez seul. Un gain de temps énorme.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je pense que la magie en Europe est sur le point de devenir encore plus populaire. Cela est une très bonne chose. Dans d’autres pays comme la Corée du Sud, la magie est déjà très populaire, et il y a beaucoup de bons magiciens. Quand je vois que Hans Klok ou les Ehrlich Brothers font des tournées en Allemagne avec de nombreux spectacles et qu’ils réunissent 2000 à 5000 personnes, j’espère que dans quelques années nous aurons un second « âge d’or » de magie.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Ma façon de faire de la magie n’est pas critique ou basée sur un système politique. Pour moi, la magie est un art qui aide les gens à déconnecter leur cerveau pendant un temps, à s’octroyer une pause et profiter de choses incroyables. J’espère toujours emmener mon public ailleurs, leur faire prendre « quelques jours de vacances », où ils lâcheront tout pendant quelques minutes.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Avant la FISM, Rien. J’ai sacrifié tous mes passe-temps pour participer à ce congrès mondial avec mes deux numéros. En ce moment je suis à la recherche de quelque chose qui me plaît. J’ai recommencé à étudier, j’aime jouer du piano, sortir avec mes amis et je lis beaucoup.
– Interview réalisée en décembre 2015.
A visiter :
– Le site de Jakob Mathias.
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