Née à Bruxelles, Clémentine de Vere est la quatrième fille et le dernier enfant de l’illusionniste anglais Charles de Vere (1843-1931) et de Julia Ferret de Vere (1852-1916) alias Okita. Elle a sept frères et sœurs. En 1892, la famille de Vere déménage à Paris et pendant son séjour en France, Clémentine de Vere est influencée par de nombreux artistes populaires qui jouent aux Folies Bergère, et par des magiciens tels que Servais Le Roy, Alexandre Herrmann et Harry Kellar.
En 1904, à l’âge de 16 ans, Clémentine de Vere épouse un artiste de cirque américain nommé Herman Weedon (de son vrai nom Herman Armond Wirtheim). Il organise avec le producteur Max Stein un spectacle pour sa femme à Vienne. Après avoir fait un enfant ensemble, ils se séparent en 1917. En 1909, Clémentine et son frère Camille, aident leur père Charles à développer son entreprise de magie à Paris : La Maison de Vere (magie, optique, électricité, mécanique) créée en 1892. Cette même année, Camille meurt du diabète et Charles de Vere vend sa boutique pour se retirer dans une maison de campagne à Rosny-sous-Bois. Il consacre alors tout son temps et son énergie à la préparation d’un grand spectacle magique itinérant qui sera présenté par l’une de ses filles. Il vend alors sa compagnie et se procure les meilleurs appareils, costumes, décors et publicités pour crée le personnage d’IONIA, « la déesse du mystère » et « l’Enchantresse » pour sa fille Clémentine.
C’est le 30 Janvier 1911, qu’Ionia débute ses représentations en Grande-Bretagne à l’Hippodrome Bermingham dans un spectacle entièrement conçu par son père nécessitant six tonnes de matériel, 22 lithographies et une équipe de neuf personnes. La mise en scène est volontairement spectaculaire et sophistiquée évoluant dans un style égyptien-oriental. Le répertoire est parfaitement exécuté par la jeune Ionia. Le spectacle se termine avec l’apparition, sous un voile, de deux filles sur une plate-forme vide. Ionia connait ses plus grands succès en Angleterre. Sa beauté naturelle y était pour beaucoup car ses illusions n’avaient rien de particulièrement original.
Ionia est engagée par les Folies Bergère de New York en 1911, un nouveau night-club qui espérait connaître le même succès spectaculaire que son homonyme parisien. C’était pour la jeune magicienne l’occasion de percer aux Etats-Unis. Malheureusement, entre temps, l’établissement ferme ses portes après six mois d’existence, fautes de clients. Ionia part alors en tournée à Vienne, Berlin, Copenhague, Paris, en Egypte et au Congo.
Ionia a une carrière éclaire avant de disparaître de scène en 1912. Son père tente, par la suite, de récupérer son investissement en vendant ses illusions et les affiches restantes. Durant de nombreuses années, le nom d’Ionia n’est connu que des collectionneurs de superbes et rares lithographies. On retrouve par hasard « Ionia l’Enchantresse » qui réalise un numéro de pantomime à Vienne en 1914. Elle se marie en 1919 avec le Prince Vladimir Eristavi Tchitcherine de Russie et devient la Princesse Clémentine Eristavi Tchitcherine. En 1928, elle divorce mais garde le titre de « Princesse ». Elle réside ensuite à Paris jusqu’en 1973, année de sa mort, où elle est enterrée à côté de sa mère et de son père.
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Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°214 (novembre-décembre 2018). Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Austrian National Library / State Library of Victoria / Christian Fechner / Coll. S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.