La formation cristalline renvoie dans l’œil à une fonction voyante. Cette image-cristal, autre nom pour la formation cristalline, contient le défilé ou la série des faussaires (autre nom pour la puissance du faux).
– 1er niveau : l’art de la description (avec la description organique, qui pose son objet comme indépendant via la décidabilité du réel et de l’imaginaire, et la description cristalline, qui se substitue à son objet).
– 2ème niveau : l’art de la narration (la narration véridique qui repose sur la décidabilité du vrai et du faux et la narration falsifiante qui pose l’indiscernabilité du vrai et du faux).
Aux niveaux du dire et du faire s’ajouteront, deux niveaux supplémentaires, cette fois philosophiques. Ils nous amèneront à donner deux autres définitions, à l’aveugle à présent, du faussaire ou de la puissance du faux.
Le problème brut ou mal préparé, à la fin de la précédente séance, est que des auteurs comme Orson Welles, Alain Resnais (accessoirement Alain Robbe-Grillet) posent dans le même mouvement la série des puissances du faux et se heurtent au problème du temps dans l’image.
On se préparait à un problème et on bute sur un autre. Le temps pousse et élève les problèmes à la puissance du faux. Pourquoi ? Parce que le temps est la plus profonde mise en question du concept de vérité ? C’est quelque chose d’enfantin. Non parce que dans le temps la vérité varie, il n’y a aucun intérêt à cette variabilité du contenu puisqu’on ne s’élève pas à la puissance du faux et à la forme du temps comme vide et pure. La vérité ne concerne que les essences c’est-à-à-dire ce qui est soustrait au temps. Le problème des futurs contingents est l’expression ou la petite histoire qui marque l’affrontement de la forme du temps et des malheurs qui sortent du concept de vérité : est ce qu’il y aura des vérités d’existence (l’existant étant le futur contingent).
On ne peut sauver le principe de non-contradiction qu’en apparence et au prix d’un formidable effort qui consiste d’abord à l’appliquer à l’un, membre de l’alternative (par exemple il y aura une bataille navale demain ou il n’y aura pas une bataille navale demain) sans contredire à une autre forme du principe de non-contradiction à savoir que du possible on ne peut pas faire sortir l’impossible. Or Deleuze et le stoïcien Chrysippe soutiennent la thèse paradoxale (classique dans sa forme) que du possible sort l’impossible. Si le principe de contradiction s’applique aux vérités d’existence c’est-à-dire à la forme du temps (le passage du futur au passage) alors vous perdez ce que vous avez sauvé d’une main.
Le paradoxe (ou argument) du dominateur posait la question de savoir si les actes du lendemain étaient dominés par le principe de non-contradiction et donc la nécessité. Un autre stoïcien de la première génération prenait le problème par l’autre bout pour sauver le principe de non-contradiction : seule l’alternative des propositions futures est nécessaire, il y a de nombreux inconvénients dont le principal consiste à limiter le principe de non-contradiction par une logique trivalente du vrai-faux-possible. Seul passé est nécessairement vrai or, paradoxe, du possible sort l’impossible. En niant que le passé soit nécessairement vrai, pour dire que le impossible ne sort pas de l’impossible, Cléante distingue le nécessaire et le fatal et fait que le passé n’est plus nécessaire mais fatal. Pour sauver le principe de non-contradiction et donc pour concilier la vérité et le temps, il devait nier qu’une proposition portant sur le passé soit nécessairement vraie. L’événement passé n’est pas nécessairement vrai, il est fatal.
On peut alors donner quatre définitions du faussaire :
– Le faussaire constitue des formations cristalline par opposition au grand créateur des formes organiques à savoir Dieu (l’homme de la description cristalline).
– Le faussaire fait que dans la narration on ne sait plus qui parle et de quoi ça parle (l’homme de la narration falsifiante).
– Le faussaire c’est celui qui du possible fait sortir l’impossible (prestidigitateur).
– Le faussaire c’est celui qui, du passé, fait quelque chose qui n’est pas nécessairement vrai (hypnotiseur, magnétiseur).
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