Cet artiste plasticien et musicien dijonnais (né en 1994) travaille les arts plastiques en étroite relation avec le monde de la musique punk et rock. Ces œuvres sont engagées et en lien avec l’actualité, questionnant les rapports de force et d’autorité dans la société. Elles ont pour but de décloisonner les différents domaines artistiques pour les confronter et en tirer de nouvelles propositions plastiques.
A travers l’exposition d’objets simples et connus, Benjamin Grivot questionne le regard du spectateur par les matériaux et techniques qu’il utilisent. Cela a pour but de perturber la perception et l’apparence de ces objets « familiers » qui prennent une autre signification dans un glissement entre deux univers.
« Fake! » comme une accusation.
« Fake! » qui claque dans l’air.
« Fake! » qui sonne une insulte.
« Fake! », pas loin de « Fuck! »
« Le faux pour parler du vrai, discrètement, dans un glissement. Le faux dans un silence qui parle à sa façon du monde qui nous heurte. Le mot est aussi vif que les images proposées. Faux objets, faux artiste ? De copies en reproductions dans un monde cerné d’images jusque derrière nos paupières. C’est comme une répétition, un motif, une obsession, un vieux riff de guitare qui tourne en boucle depuis des décennies. Pris et repris, il n’a plus rien d’original mais il s’en fout. Alors qu’on voudrait se couper du réel et qu’on lui dirait bien d’aller se faire voir, celui-ci nous rattrape et nous frappe en pleine tête, comme le choc d’un charnier fictif et pourtant si vrai. Au-dessus, flotte péniblement une vieille injonction au bonheur. Elle est là depuis longtemps et nous surveille. Dans un coin du mur on gribouille le fond de notre pensée, qui persiste. Et on prend du recul pour comprendre que derrière, deux orifices nous regardent aussi, et on s’en serait bien passé. On fait demi-tour, on se faufile et on tombe sur ces mêmes quatre accords de guitares fossilisés. Enfin un avertissement, un énième, sûrement pas le dernier. » Benjamin Grivot
Toys (2017). Plâtre. « Lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, beaucoup de gens ont remarqué qu’un de ses gardes du corps portait en réalité une prothèse de main droite : sa véritable main était à l’intérieur de sa veste, tenant une arme et prête à s’en servir. Cette image m’a fasciné et beaucoup intéressé car c’était la première fois que les médias parlaient autant d’un garde du corps et qu’on le mettait ainsi dans la lumière. Cet homme n’est finalement qu’une arme, il est là pour protéger le président, comme un objet a sa fonction : s’il tombe, un autre le remplacera dans la minute qui suit. J’ai donc choisi de mouler ma main en cinquante exemplaires en reprenant ce geste représentant le revolver que chacun a fait dans son enfance. Le parallèle à l’enfance m’a paru très important et faisant directement le lien avec le président américain. Beaucoup de psychologues pensent, et je partage leur avis, que Donald Trump n’est ni plus ni moins qu’un enfant dans un corps d’adulte. Un enfant avec les pouvoirs du président du pays le plus puissant du monde. Un riche enfant à qui on ne refuse rien et qui jette ses jouets dans un coin s’il le souhaite. » Benjamin Grivot
Make America Deep Again (2021). Peinture acrylique sur toile. Diptyque (50×50). En détournant le slogan de la campagne 2016 de Donald Trump Make America Great Again (qui le tenait de Ronald Reagan en 1980), Benjamin Grivot s’engouffre dans l’Amérique profonde qui voit son modèle se replier sur lui-même et convoquer les instincts les plus sombres de son histoire. Deux orifices, deux cercles en forme de jumelles pour une vision biaisée de l’Amérique dans tout ce qu’elle a de plus obscène. Au choix : le glamour ou la vulgarité ? Les deux sont liés et inséparables, comme les deux faces d’une seule et même pièce, d’un seul et même pays.
Happy (2018). Acier, résine polyester et fibre de verre. Avec cette installation-sculpture, l’ambiance n’est plus vraiment à la fête. La légèreté des ballons utilisés pour les anniversaires est ici « plombée » par le matériau de fabrication. D’ailleurs, il ne s’agit plus ici de fêter quoique ce soit car le mot « Birthday » a disparu.
Fake plastic tree (2020). Résine polyester, poudre de MDF. « Cette branche de chêne évoque notre rapport faux à la réalité d’une nature en perdition. L’image précieuse du chêne est alors détournée par l’usage de la poudre de MDF, bois reconstitué et de synthèse utilisé pour la construction et l’ameublement. Au premier abord cette branche semble normale, puis on découvre sa véritable constitution, faite de plastique. » Benjamin Grivot
Attention au feu (2022). Résine polyester et fibre de verre (60×80).
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