Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Depuis tout petits mon frère et moi sommes fascinés par la magie. À la télé ou dans le café-concert qu’avaient nos parents nous ne rations jamais un magicien. A seulement 8 ans nous attendions jusqu’à 2h du matin pour voir le show du magicien en direct. A l’âge de 10 ans nous avons trouvé un livre de magie et nous avons commencé à apprendre des tours, et nous avons ensuite acheté d’autres livres dans un magasin de magie…
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Nos premiers pas se sont fait grâce aux livres. Nous avons passé 6 ans à lire et pratiquer avant de rencontrer d’autres magiciens qui nous ont aidés par la suite.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Nous sommes très reconnaissants vis-à-vis de nos parents, ils nous ont toujours encouragé et aidé du mieux possible même s’ils n’étaient pas magiciens. Ils nous ont aussi donné la possibilité de faire des spectacles dans leur café-concert pour essayer des tours en public et nous roder.
Nos magiciens-guides ont été Wily Monroe et Ezra Moreno, ils nous ont appris ce qui n’était pas écrit dans les livres et nous ont ouvert une vision plus large de la magie en se nourrissant d’autres arts comme le cirque, le mime, le théâtre ou la danse.
Dans ce métier il faut toujours se battre. Nous avons eu des moments difficiles mais rien qui nous a vraiment freinés. Mais si vous voulez qu’on cite la pire expérience de notre vie artistique c’était de jouer à Aix en Provence pour la FFAP en 2012.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
En général on fait notre spectacle d’une heure pour les salles entre septembre et juin dans la programmation saisonnière des centres culturelles, et de mai à septembre notre spectacle de rue dans les festivals de théâtre et de cirque. Nous faisons aussi un peu de galas…
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Depuis notre enfance jusqu’à aujourd’hui nous sommes très admiratifs de Juan Tamariz. Le Cirque Plume nous a marqué quand nous avons commencé à apprendre le cirque.
Les autres artistes de référence pour nous sont : James Thierrée avec son mélange de cirque, magie et théâtre gestuel, Philippe Genty dans le théâtre de l’objet, Jérôme Deschamps avec son humour absurde et Peeping Tom qui est notre compagnie de danse préférée.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Ce que les gens commencent à appeler la magie nouvelle.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Nous avons fait une formation circassienne de 4 ans dans deux écoles de cirque. Pendant ce temps, nous avons vu beaucoup de cirque contemporain. Nous avons aussi crée des spectacles dans des compagnies de cirque. Ça nous a donné un style personnel quand nous nous sommes remis à faire de la magie. Désormais, nous ne créons plus pareil comme quand nous étions seulement magiciens.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
De ne pas s’enfermer dans la technique de la magie. La technique est très importante, mais elle ne doit pas devenir une obsession. Sans une bonne présentation et une mise en scène adéquate, un tour n’est pas très intéressant en soi-même. Cela ne peut pas s’apprendre chez soi devant un miroir, il faut sortir et prendre des cours pendant des années, ce qui décourage parfois les magiciens…
Voir aussi d’autres spectacles, qui ne soient pas seulement de la magie est très nourrissant. Le cirque contemporain et le théâtre d’objet sont proches de l’illusionnisme avec des effets visuels exceptionnels même si on voie le « trucage ». C’est une autre sorte de magie et d’approche.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Si on la compare à d’autres arts on s’aperçoit que la magie, dans sa grande majorité, n’a pas beaucoup évolué. On peut dire que c’est de la magie d’il y a 30 ans avec des costumes modernes, des musiques plus actuelles, ou avec un I phone comme nouvel objet. L’esprit est toujours le même : un personnage qui est un magicien nous fait une succession de tours l’un après l’autre sans aucune cohérence dramaturgique. Bien sûr, il y a quelques illusionnistes qui sortent de ce cliché, mais pour l’instant ils ne sont pas nombreux.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Elle est très grande. Si l’on veut transmettre quelque chose à travers de la magie, c’est important d’avoir des connaissances de ce qui se passe ou s’est passé autour de soi. Avant de créer il faut d’abord être touché, non seulement par un univers imaginaire et d’illusions comme celui de la magie, ou par la réalité dans laquelle on vie. C’est très utile de voir comme d’autres artistes ont joué avec ces émotions, quelles sont leurs interprétations du monde et quels moyens ils ont utilisé pour s’exprimer. De plus, nous sommes persuadés que la culture développe l’esprit critique et la sensibilité artistique.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La lecture, le cinéma, les voyages et pour mon frère jumeau Luis le surf.
– Interview réalisée en juin 2015.
A voir :
– Le site de la compagnie Doble Mandoble.
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