Comment êtes-vous entrés dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Guido Marini : En 2003, je suis allé à Dubaï travailler pour une compagnie de théâtre et de cirque en tant que maître de cérémonie dans un grand spectacle. Un magicien polonais faisait partie de l’équipe et un jour il m’a fait disparaître ma montre et me l’a laissé la retrouver accrochée dans un arbre ! Ce fut un vrai coup de foudre, je peux dire que la magie a « volé » mon cœur et que ce magicien a volé ma montre ! A ce moment-là, je travaillais comme acteur au théâtre et jamais de ma vie je n’avais considéré l’idée de devenir magicien. Quand je suis revenu à Rome, la magie m’a de nouveau rendu visite… un de mes amis m’a proposé de vendre des tours de magie avec lui. J’ai compris que c’était un signe et j’ai commencé à étudier l’art magique.
Deux ans plus tard, j’ai rencontré Isabella qui était danseuse et actrice dans le show business. Elle est entrée dans le monde de la magie grâce à moi mais elle a surtout apporté de la magie dans ma vie !
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai commencé à me lancer dans la magie en achetant beaucoup de tours et de livres car je voulais tout savoir sur ce monde mystérieux ! Je découvre alors très vite que je suis un accumulateur et un collectionneur. Celui qui nous a tant appris était Alvaro Cifri, « Mago Alvi » qui malheureusement n’est plus. C’était notre mentor, la personne qui nous a aidé à connaître beaucoup de choses sur la magie. Avec lui, en 2007, nous avons écrit et produit le spectacle familial Il Mago Girò e qualcosa cambiò !
Notre premier spectacle, en 2006, s’appelait Magic Waits. Nous partagions la scène avec un groupe qui jouait des reprises de Tom Waits, comme dans un clip vidéo en direct. Pour illustrer les dix-huit chansons, il fallait enchainer dix-huit performances différentes, dix-huit changements de costumes… une folie ! Mais cela a fonctionné et nous a donné un bon coup de pouce pour commencer notre carrière.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Nous avons très vite commencé à créer notre propre spectacle Chapeau Cinéma car nous nous sommes immédiatement sentis attirés par l’art de la chapeaugraphie ; c’était la meilleure combinaison entre magie et théâtre. Grâce à Mauro Caiani, « Mago Manuel », qui nous a vendu le premier chapeau, nous avons appris à l’utiliser. Nous avons pensé que la meilleure façon de savoir si notre travail était bon serait de le présenter devant des magiciens. Nous avons donc demandé au président du Rome Magic Club de participer au concours de sa convention mais il nous a dit que nous pourrions jouer que devant des enfants ! Ce fut une désillusion pour nous, mais maintenant je comprends que personne ne nous connaissait encore dans le monde de la magie.
Quelques mois plus tard, nous sommes allés à la convention magique de Bologne pour participer au concours de close-up et nous avons remporté le premier prix. Le président Gianni Loria nous a demandé de présenter quelque chose de différent et nous avons donc joué pour la première fois notre numéro Chapeau Cinéma devant des magiciens. Nous avons eu de bons retours. Ce jour-là, nous avons rencontré une personne spéciale qui a cru en nous depuis le début et qui nous a poussé à continuer dans cette direction. Cette personne est Jo Maldera, à qui nous devons dire « grazie », car c’est grâce à lui si nous avons persévéré. Il nous a invité à de nombreuses conventions magiques en France et à fait découvrir notre travail à Gilles Arthur, qui nous a décerné par la suite un Mandrake d’or en 2013. Jo n’a pas été le seul magicien français qui nous a soutenus dans notre cheminement artistique, il y a aussi Peter Din que nous avons rencontré pour la première fois au festival de San Marino.
A Saint Vincent, en 2012, nous avons remporté le troisième prix au Championnat d’Italie de magie avec le numéro Chapeau Cinéma. Nous avons reçu un très bon accueil du public et ce fut l’occasion de montrer notre travail à de grands artistes comme Silvan, Arturo Brachetti, Tony Binarelli, Bustric, Jeff McBride, Johnny Thompson, Jean-Philippe Loupi… dont nous avons gagné la confiance. Nous avons également eu la chance de travailler et de partager des idées avec le grand artiste Vito Lupo. Grâce à lui on s’est amélioré et on a appris beaucoup de choses !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
La plupart de notre travail se fait au théâtre pour des spectacles complets et des galas. C’est l’endroit que nous préférons et où nous nous sentons comme chez nous, car c’est notre première passion. Mais le théâtre est partout dans le quotidien : sur une place, dans une rue, dans une salle… Ces dernières années nous avons beaucoup voyagé grâce à notre spectacle, nous avons joué dans trente-quatre pays étrangers comme la Chine, la Russie, le Japon, la Suède, la Corée, le Qatar, le Royaume-Uni, la Malaisie, la Thaïlande… les réactions du public changent parfois mais les règles du théâtre et de la scène sont les mêmes partout dans le monde. Les théâtres du monde parlent la même langue !
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin avec leur spectacle Le Cirque invisible, leur fils James Thierrée, leur fille Aurélia, et surtout leur grand-père Charles Chaplin. Bien sûr, Laurel & Hardy, Buster Keaton, Max Linder et Jerry Lewis. Dans le théâtre visuel, les Mummenschanz, Momix et le Cirque du Soleil. Dans le monde magique, nous mettons sur le podium Voronin et Johnny Thompson.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Nous aimons la magie comique, mais nous sommes attirés par toutes les formes de « pensées magiques ».
Quelles sont vos influences artistiques ?
Nous sommes influencés par le cinéma, mais aussi par tout type d’art et de design ; Guido ayant étudié le design et la scénographie.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un(e) magicien(ne) débutant(e) ?
Le meilleur conseil lorsque vous commencez la magie est de regarder autour de vous toute sorte de magie, chacune d’elle apporte une connaissance qui vous servira un jour ou l’autre. Le deuxième conseil est d’étudier également le théâtre pour comprendre comment se comporter sur scène.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Depuis 2014, nous gérons Eclectica, le plus ancien magasin de magie d’Italie et nous organisons un important festival international de magie à Rome, Abracadabra la notte dei miracoli. La magie change avec la société, l’accent n’est pas à mettre sur le secret ou le truc mais sur une bonne présentation.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Nous croyons tellement aux influences artistiques, à l’utilisation de sa propre culture ou de ses capacités dans le cadre de l’art magique. Ce n’est pas par hasard si dans nos spectacles le théâtre est omniprésent, c’est la première forme d’art qui nous a rapproché de la scène, de la danse et du cinéma, une des grandes passions que nous avons en commun.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Les spectacles de théâtre, le patinage, la moto, la cuisine, les chats et les voyages.
A visiter :
– Le site de Disguido.
– La chaîne vidéo de Disguido.
– Le magasin Eclectica.
– Le festival Abracadabra.
Interview réalisée en mars 2021. Crédit photos – Copyrights avec autorisation : Guido Marini & Isabella R. Zanivan. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.