Bagage, n. m. — Critérium de talent. Le magicien qui voyage avec 300 kilos de bagages peut être considéré comme un bon artiste. Avec 1.000 kilos, on est de suite un artiste de poids. Avec un wagon (il y en a), on est alors un très grand artiste, une manière de génie, etc. Celui dont le bagage n’excède pas 20 kilos, ou même qui n’en a aucun, est supérieur aux précédents.
Bagout ou bagou, n. m. — Bavardage hardi et effronté, sans valeur ni consistance. Genre de talent de ceux qui n’en ont pas et dont l’influence s’exerce surtout sur les attardés et autres bas de plafond.
Baguette, n. f. — Bout de bois quelconque, ou autre, qui, par une singulière grâce d’Etat, devient magique entre les mains du prestidigitateur, à qui, en réalité, elle est inutile, tout en étant nécessaire en public. Par un juste retour des choses d’ici-bas, lorsque le magicien a réintégré ses lares, sa baguette perd tout son pouvoir ; elle n’a plus guère d’utilité qu’entre les mains de l’épouse de l’artiste, qui s’en sert le plus souvent pour mener son mari et au besoin
taper dessus.
Baladin, n. m. — Farceur de carrefour, et quelquefois de salon. Escamoteur de bas étage, même s’il demeure sous les toits. Expression sans prestige et peu estimée par les membres de la corporation.
Balivernes, n. f. — Discours frivoles et sans importance tels que : professions de foi, discours politiques, programmes de prestidigitateurs, annonces de journaux, causeries de l’Illusionniste, etc., etc.
Balle, n. t — Petit corps ordinairement sphérique et généralement en plomb, que le
prestidigitateur fait mettre dans un pistolet avec lequel il se fait tirer dessus, après, toutefois,
qu’à l’aide d’astucieuses manœuvres, il s’est assuré que le projectile n’est plus dans l’arme. Lui malin.
Banal, ad. q. — Toute idée, invention ou exécution conçue, créée ou exécutée par un autre.
Banque, n. f. Etablissement financier dont le commerce consiste à avancer des fonds, en recevoir, etc., et auquel les prestidigitateurs font souvent allusion dans le tour de la « chasse aux pièces », tout en n’ayant avec ledit genre d’établissement, et dans la sombre majorité des cas, que des relations auxquelles on ne peut que reprocher une fâcheuse manque de suite.
Banquet, n. m. — Grand repas de corps, et quelquefois d’esprit, au cours duquel les convives échangent des vues pendant que les garçons changent les assiettes. Depuis quelques années, l’usage des banquets est très entré dans les moeurs de la prestidigitation. Ceux de la Chambre syndicale sont particulièrement suivis et somptueux. Le nombre des convives augmente sans cesse, au point qu’on n’est pas sans inquiétude sur les moyens à employer dorénavant pour satisfaire l’appétit de la Magie qui mange.
Maintenant, comme le prix du couvert devient de plus en plus élevé, il a été décidé que désormais le banquet serait gratuit, grâce à l’ingénieuse combinaison suivante : Un membre quelconque de la Chambre syndicale versera « pour vous » le montant de votre couvert qui, dès lors, ne vous coûtera rien. D’autre part, comme une politesse en vaut une autre, vous offrirez, à votre tour, un couvert à celui qui aura payé le vôtre. De cette façon, vos couverts personnels seront gratuits puisqu’ils ne seront pas payés par vous-même. Ce système, dont l’économie ne peut échapper à tout citoyen de bonne foi, est évidemment idiot de simplicité, mais encore
fallait-il le trouver. Notons qu’au dessert les assistants, qu’aucune épreuve n’a le don d’émouvoir, s’offrent
sans hésiter une copieuse et réciproque séance de prestidigitation. Ce qui, il faut du moins le supposer, augmente beaucoup l’agrément et le charme de ces joyeuses et fraternelles agapes.
Banquette, n. f. — Siège long, étroit, dur et incommode, sur lequel on fait asseoir les spectateurs dans les théâtres forains, chez qui l’économie est la première des vertus. Ce mot n’est pas le féminin du précédent. PHRASÉOLOGIE : Jouer devant les banquettes. T. DE SPORT : La banquette irlandaise. T. DE CUISINE : La banquette de veau, etc.
Banquiste, n. rn. — Bateleur, charlatan, escamoteur, homme à promesses mensongères, etc., etc. Ne pas confondre avec banquier… et encore.
Barbe, n. f. — Voyez : Bavard.
Bassin, n. m — Voyez : Barbe.
Bavard, n. m. — Voyez : Bassin.
Benjamin, n. p — Fils de Jacob, frère de Joseph, qui, à la suite de mauvaises affaires, fut réduit à exercer la profession de servant de scène dans les théâtres de prestidigitation. A laissé une nombreuse lignée dont l’un
des derniers descendants a été longtemps engagé au théâtre Robert-Houdin. A donné son nom, ou plutôt son nom a été donné à une vulgaire pièce de dix centimes qui joue un rôle important dans un des plus mystérieux et à la fois des plus amusants tours du répertoire relativement moderne.
Bijou, n. m. — Petit objet de fantaisie en métal plus ou moins précieux, souvent emprunté par le prestidigitateur dans le but principal de faire briller la finesse de son esprit en disant : « Je le rends presque toujours ».
Boîte, n f. — Appareil dans lequel l’artiste enferme et transporte les siens. C’est cet objet qu’un de nos collègues, qui a le sens de la glorification plus développé que celui de l’analogie, appelle : « Panthéon », et que
le vulgaire appelle un peu ironiquement : la boîte à malices… dont quelques-unes sont parfois cousues d’un fil trop immaculé.
Boniment, n. m. — Annonce pompeuse de charlatan. En magie, discours de présentation d’une expérience au sujet de laquelle l’opérateur donne des explications aux spectateurs de façon à ce que ceux-ci n’y comprennent rien.
Bonneteau, n. m. — Petit jeu tout à fait honnête, pratiqué par des gens qui ne le sont pas du tout. Le hasard, à ce jeu, n’a jamais été plus singulier, car il fait toujours et invariablement tourner la chance du même côté. Pour l’autre côté, voyez : Poire.
Bouche, n. f. — Appareil buccal et parfois aussi appareil à gaz. Partie du visage de l’homme et même de la femme Très utile aux prestidigitateurs pour dire des boniments ou faire la tombola. Cet organe a des fonctions multiples, il sert indifféremment à recevoir les aliments, à donner passage au si bémol, à dire du mal de ses amis et aussi à embrasser sa femme et au besoin celle des autres. La bouche sert également à dire ce qu’on pense et aussi ce qu’on ne pense pas. Certaines personnes en font un usage abusif pour dire des bêtises. Excepté vous et moi, bien entendu.
PHR : La locution « ta bouche » n’est pas une simple désignation ; concurremment avec « la femme », elle constitue une brève et familière invitation au silence. Quant à la bouche du spectateur, son rôle doit se borner à rester admirativement béante devant les merveilles dont nous le submergeons.
Bougie, n. f. — Sorte de cylindre en cire contenant une mèche, qu’il ne faut pas vendre, parce qu’il y a aussi quelquefois un foulard à la place. Genre spécial de luminaire employé par les prestidigitateurs pour éclairer les vessies qu’ils font prendre pour des lanternes.
Boule, n. f. — Corps sphérique affectant généralement la forme ronde. Les prestidigitateurs se servent de cet
objet pour exécuter un tour appelé : les boules de billard, parce que celles qu’ils emploient ne peuvent servir à ce jeu. Bien qu’également du domaine de la géométrie, il ne faut pas confondre le tour des boules avec celui des cubes.
HTST : Le fameux Bosco avait coutume de suspendre, au-dessus de sa table, des boules de métal qui rendaient un son argentin. Mais ce n’est pas de là que vient l’expression : « Boules de son ».
Bravos, n. m. — Genre d’explosion qu’il n’est pas toujours facile de faire éclater.
Bredouille, n. f. — Retour de séance. Sauf exceptions.
Brosse, n. f. — Ustensile de propreté. Parfois adroitement employé pour faciliter une charge de chapeau et parfois aussi personnellement dans la fâcheuse circonstance relative au mot précédent.
Budget, n. m. — Tour d’équilibre de la plus haute difficulté.
Burlesque, ad. q. — Le présent dictionnaire.
E. Raynaly
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