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DES DROITS EN MAGIE

Par Maître Pierre Fleury-Le Gros.

Collectif Artefake

Le 29 octobre 2009, la FFAP nous conviait à assister à la conférence de Maître Pierre Fleury – Le Gros intitulée La Magie protégée par le droit de la propriété intellectuelle.

Après une rapide et courte introduction de Peter Din nous expliquant qu’il y avait urgence à légiférer le plus tôt possible pour protéger réellement les créations magiques afin que le magicien professionnel puisse continuer à vivre de son métier (nous en sommes actuellement à un magicien professionnel pour deux cents magiciens amateurs et occasionnels), Maître Fleury – Le Gros, pour ne pas faillir à la tradition des conférences magiques, nous a proposé un DVD vierge accompagné d’un gimmick qu’il nomme craie-ion permettant de prendre des notes et éventuellement de les effacer pour la modique somme de 89 euros pièce et 200 euros les deux.

Il s’est ensuite lancé à corps perdu dans son exposé agrémenté de projections réalisées grâce à PowerPoint qui en a refroidi plus d’un lorsqu’il a rappelé les droits et les devoirs des utilisateurs de magie vis-à-vis des créateurs.

Maintenant, vous allez sans doute être déçu mais je ne vais pas entrer dans les détails car si je le faisais, je me retrouverai dans la même situation que beaucoup de magiciens estiment normale, c’est-à-dire utiliser à mon profit et sans vergogne le travail d’autrui.

En effet, dans notre souci de trop bien faire, il nous est arrivé une fois de reproduire mot pour mot une partie de conférence que l’auteur voulait garder pour lui lors de sa tournée. Et c’est ce qui arriverait si je reproduisais cette excellente conférence. Je vais donc simplement résumer une partie de la situation tout en vous mettant en garde sur le fait que le droit est avant tout une affaire de professionnels et que vous risqueriez de tomber de haut si vous vous mêliez d’interpréter la loi à votre façon.

Si actuellement la loi n’est pas encore respectée, les règles sont pourtant fort simples.

De même que tout artiste, comédien ou chanteur, amateur ou professionnel, est astreint à verser des droits d’auteur (à la SACD ou la SACEM) dès lors qu’il se produit publiquement, tout magicien devrait faire de même tant qu’il reproduit simplement toute œuvre reconnue originale, dès lors que le tour ou la routine a été publiée ou vendue.

Le seul cas où cette règle ne s’applique pas, c’est lorsque la prestation a lieu dans ce que l’on appelle « le cercle de famille ». Le fait de nommer « cercle de famille » une assemblée de cinquante mille personnes sous prétexte que c’est une « réunion privée » se tenant vingt pieds sous terre, dans un bunker désaffecté, n’est pas accepté. De même n’est pas reconnu exempt de droit d’auteur toute personne se produisant (apparemment) gratuitement ou pour une bonne cause.

Mais le fait d’être le premier à publier ou vendre une routine ou un tour ne signifie pas que l’effet produit appartient uniquement à son créateur.

Prenons l’exemple de la Traversée du ventilateur. Reconnu publiquement car publié dans la revue The Magic Wand, Vol. 14, no. 127 d’octobre – novembre 1925, cet effet original de Stanley Norton est pourtant présenté par d’autres magiciens sans qu’ils aient besoin de verser quoi que ce soit au premier créateur. Pourquoi ? Tout simplement pour la même raison qu’une même pièce de théâtre peut être mise en scène et interprétée par plusieurs troupes car tout peut être différent ; la mise en scène, les décors, les costumes, les éclairages, l’interprétation des comédiens. Cela signifie que si vous modifiez de façon originale le mécanisme de l’effet et que vous le présentiez également de façon originale (costume, texte, lumière, chorégraphie, etc.), vous avez le droit de le faire (*). Dès lors que vous ne faites que de la copie et que les points de similitude sont remarqués par un observateur lambda, vous ne faites que plagier et vous êtes doublement en tort. D’une part parce que vous vous attribuez le bien d’autrui et d’autre part parce que vous agissez sans autorisation.

(*) C’est pourquoi le Piano volant de Dany Lary a été reconnu différent de celui de Dominique Webb.

Ce qui nous amène au problème de l’autorisation qui en a surpris plus d’un.

Pour que tout soit fait légalement, il faudrait spécifier lors d’une vente ou d’une publication si le tour est autorisé ou non. S’il n’est pas autorisé (ou partiellement autorisé lorsqu’il y a contrat d’exclusivité) par son créateur, comme par exemple Origami de Jim Steinmeyer, même si on vous vend une copie minable, donc non autorisée, vous ne pouvez le présenter. S’il est autorisé, cela doit être mentionné mais un accord doit quand même être fait entre le créateur et l’utilisateur sous forme de contrat de représentation afin que le dit utilisateur puisse utiliser le tour. Attention, ce contrat de représentation est susceptible de modification au cas où le magicien deviendrait célèbre grâce à ce tour (par exemple le Flying de John Gaughan immortalisé par David Copperfield). Le créateur est alors en droit de demander quelque chose même si, au départ, il avait gracieusement accordé l’autorisation.

Comme vous le voyez, nous sommes actuellement loin de tout cela et chacun, impunément, fait son marché et récolte le fruit du travail des autres.

Maître Fleury–Le Gros a abordé beaucoup d’autres aspects concernant les droits et je ne peux que vous conseiller de l’inviter dans votre amicale pour en savoir plus.

PS : Quel dommage qu’Henri Decremps n’ait pas fait comme Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, le fondateur de l’actuelle Société des auteurs et compositeurs dramatiques en 1777, reconnue d’utilité publique en 1791. Si en plus d’avoir défendu une magie de qualité à l’aide de quatre livres seulement (de 1784 à 1787) et d’avoir défini les règles inhérentes à cet art, il avait eu le temps de faire protéger légalement ses créateurs, nous n’en serions pas là aujourd’hui et nos interprètes respecteraient nos créateurs.

Avant de vous quitter, voici une anecdote assez cocasse qui montre bien qu’il faut faire très attention en matière de création. Elle est extraite de la revue M-U-M , Vol. 48, no.1 de juin 1958, à la rubrique Random Reflections de Sam Aaronson.

« Nous sommes redevables à Ed Whitford de cette anecdote, transmise directement par Silent Mora (Louis McCord). Au début des années 20, quand Mora présentait le tour de La Femme sciée en deux au Théâtre Priscilla à Cleveland, le directeur du théâtre, Mike Carrig, reçut une sommation de Horace Goldin (1) et de l’N.V.A., ordonnant à Silent Mora de « cesser et de s’abstenir » de présenter cette populaire illusion. Carrig demanda à Mora de consulter le général Harboard, qui tenait un cabinet d’avocat. A la demande de celui-ci, Mora expliqua en détail, en décrivant exactement ce qui se passait, ce que le public voyait et, à la fin de son exposé, le général Harboard fit la remarque suivante : « Ce tour n’est ni de vous ni de M. Goldin car j’ai vu la même chose effectuée aux Folies Bergère à Paris en 1878, par les frères Hanlon, alors que je faisais mes études à Paris. » »

(1) Le plus drôle de l’histoire, c’est qu’il y avait litige entre Horace Goldin et P.T. Selbit pour la création de cette illusion alors que chacun avait le droit de la présenter puisque la méthode était différente.

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